Capacité d'accueil / capacité de charge touristique
La capacité de charge touristique est le nombre de touristes qu’un lieu (/ un système touristique) peut recevoir sans en être durablement modifié. Les multiples définitions de ce terme reposent toutes sur la volonté de trouver quantitativement le nombre idéal de touristes pouvant fréquenter un lieu sans le transformer de manière préjudiciable, ce qui est évidemment une illusion. Ce terme a été forgé à partir des sciences physiques, le lieu mis en tourisme étant conçu comme un matériau solide sur lequel s’exerce une pression l’étirant et pouvant provoquer à terme sa modification irrémédiable.
Cette définition pose problème, pour plusieurs raisons :
a) parce qu’il n’existe pas d’activité humaine sans effet sur son environnement ;
b) parce qu’on ne sait pas calculer la contenance théorique d’un site à aménager ;
c) parce qu’on ne sait pas définir un optimum de "charge" d’un lieu existant ;
d) parce qu’on est fondé à se demander pourquoi il faudrait considérer les lieux touristiques à travers cette notion et pourquoi ne le ferait-on alors pas pour une ville.
On se trouve donc en présence d’une notion d’allure scientifique mais de contenu totalement soumis aux représentations de ceux qui la produisent et/ou l’utilisent.
Il n’en reste pas moins que des professionnels du tourisme utilisent encore cette notion, notamment pour servir de caution à des produits estampillés tourisme durable, vert, équitable ou solidaire. Sans l’afficher ouvertement, la capacité de charge devient alors un prétexte justifiant, sous des allures rationnelles, la fermeture d’un site à certaines populations jugées trop pauvres et/ou trop incultes pour l’apprécier vraiment (mise en place de péages au prix prohibitif, accessibilité filtrée par des autorisations, etc.).
Certains opérateurs touristiques plus avisés lui préfèrent la notion plus vague de "capacité d’accueil". Si la quantification d’une capacité de charge repose sur une illusion scientifique, il n’en demeure pas moins que les gestionnaires des lieux touristiques peuvent être fondés à limiter le nombre des touristes dans un lieu, en fonction de la prise en compte de la qualité de la visite touristique comme du souci d’atténuer l’impact d’une fréquentation sur un milieu jugé fragile.
En France, la loi "littoral" se borne à suggérer les moyens de l'estimer : "Son estimation doit découler d'une approche globale portant sur des unités de territoire qui, par leur homogénéité de caractéristiques géographiques, naturelles, paysagères, constituent des entités résidentielles et touristiques. Son estimation porte sur la totalité des urbanisations existantes ou à créer et prend en compte les espaces naturels qu'il faut préserver d'une fréquentation excessive". La capacité d'accueil est ici conçue comme capacité d'urbanisation. Une circulaire du 22 octobre 1992 précise que la capacité d'accueil résulte "d'une appréciation des possibilités d'urbanisation des unités de territoire. La part de cette capacité d'accueil qui peut être consacrée au tourisme constitue la capacité d'accueil touristique". Elle prend alors en compte l'ensemble des équipements et des infrastructures.
La capacité d'hébergement désigne le nombre de lits qu’offre l’ensemble des hébergements d’une destination touristique. On distingue généralement les hébergements relevant du secteur marchand (camping, hôtels, résidences de tourisme, locations mises sur le marché) du secteur non marchand (chez des parents et amis).
Pour compléter, pour prolonger :
- On peut évoquer l'exemple de l'île de Pâques (Rapa Nui en polynésien), dont le patrimoine, notamment les statues moai, attire chaque année environ 65 000 visiteurs. Sous la pression des 5 000 habitants de l'île, les autorités chiliennes avaient rendu obligatoire une "Carte spéciale visiteurs" (TEV) à obtenir à l'aéroport de Santiago du Chili, le seul à desservir Rapa Nui. Cette carte a été jugée illégale par la cour suprême chilienne en octobre 2009.
> Parc national de Rapa Nui : http://whc.unesco.org/fr/list/715
Mise à jour : janvier 2011