Gated community (quartier résidentiel fermé)
Un quartier résidentiel fermé, traduction possible de l'anglais gated community (pluriel : les gated communities), est un quartier homogène socialement, généralement habité par des populations aisées, clos, et accessible par un nombre minimal d'entrées gardées par un personnel privé. D'autres dispositifs de sécurité peuvent s'y ajouter (caméras, barrière, badge d'accès...). On parle aussi d'une enclave résidentielle fermée.
La community en anglais est une petite communauté d'habitants, un quartier ou un groupe fréquentant un même lieu de culte ; le terme peut être un équivalent au mot quartier en français dans certains contextes. La clôture peut être matérialisée par un mur, un grillage, un terrain de golf, ou encore un plan d'eau. Pour limiter les entrées et les sorties des habitants, des services privés peuvent leur être proposés à l'intérieur de l'enclave résidentielle : écoles, centres de soins, poste de sécurité, clubs de loisirs... En Amérique latine, afin de maximiser leurs profits, les promoteurs tendent à réaliser de plus en plus des complexes multifonctionnels fermés. Verticalisés, ils comprennent des logements mais aussi des restaurants, des hôtels, des centres commerciaux et des bureaux, opérant la semi-privatisation de quartiers entiers, rues comprises, comme c’est le cas par exemple à Monterrey au Mexique (Hassaine Bau, 2022).
Dans certains pays, l'influence des classes aisées sur le reste de la population tend à généraliser les quartiers résidentiels fermés. Au Brésil par exemple, certains logements sociaux produits dans le cadre du programme « Ma maison, ma vie » sont des quartiers résidentiels fermés (Moret, 2018). D’une façon générale, les espaces les plus inégalitaires tendent à produire le plus d’hétérotopies résidentielles, notamment parce que des écarts de richesse importants accentuent le sentiment d’insécurité des possédants, même issus des classes moyennes.
Dans certains pays d'Afrique orientale et du Moyen-Orient, le terme de compound peut être employé pour désigner une gated community (Lanne, 2017).
(JBB) mai 2018. Dernières modifications : mai 2022, novembre 2023.
Références citées
- Hassaine-Bau Leïly, « Les territoires de l'élite à Monterrey (Mexique), une géographie de la grande richesse », Géoconfluences, mai 2022.
- Moret Alice, « Une "gated community low cost" au Brésil : le logement social, du droit à la ville à la distinction sociale ? », image à la une de Géoconfluences, avril 2018.
- Lanne Jean-Baptiste, « Portrait d’une ville par ceux qui la veillent. Les citadinités des gardiens de sécurité dans la grande métropole africaine (Nairobi, Kenya) », Géoconfluences, 2017.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Anne-Lise Boyer, « Image à la une : Green Valley, Arizona : vivre vieux et heureux au pied d’une mine à ciel ouvert », Géoconfluences, 2016.
- François Madoré, 2005, « Nouveaux territoires de l'habiter en France : les enclaves résidentielles fermées », Géoconfluences
Bibliographie complémentaire
- Blandy Sarah, « La peur de la délinquance et du désordre et l’extension des quartiers résidentiels sécurisés en Angleterre », Déviance et Société, 1er janvier 2009, vol. 33, no 4, p. 557–572.
- Capron Guénola, Quand la ville se ferme : quartiers résidentiels sécurisés. Paris : éd. Bréal, 288 p., 2006.
- Dorier E., Berry‐Chikhaoui I., Bridier S., Baby‐Collin V., Audren G., Garniaux J., 2010, « La diffusion des ensembles résidentiels fermés à Marseille. Les urbanités d’une ville fragmentée », rapport de recherche rendu au PUCA, 213 p. [en archive ouverte, pdf].
- Dorier‐Apprill E., Audren G., Garniaux J., Oz R., Stoupy A., 2008, « Ensembles résidentiels fermés et recompositions urbaines à Marseille », Pouvoirs Locaux, numéro spécial : Sécurités : Les espaces visibles et les réalités invisibles, institut de la décentralisation, n° 78, p. 92–98 [en archive ouverte, pdf].
- Le Goix, Renaud, 2003, Les "Gated Communities" aux États-Unis. Morceaux de villes ou territoires à part entière ?. Thèse de Géographie. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I.
- Le Goix, Renaud, 2005, « La dimension territoriale des gated communities aux États-Unis : La clôture par contrat », Cercles 13, 97-121.
- Le Goix, Renaud, 2006, « Les gated communities aux États-Unis et en France : une innovation dans le développement périurbain ? », Hérodote 3/2006 (no 122), p. 107-137.