Limite(s)

Publié le 02/07/2024

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La limite est une ligne réelle ou imaginaire qui sépare deux espaces. Elle définit donc une entité spatiale en la distinguant d’une autre : c’est par exemple Romulus qui aurait créé Rome en traçant une limite à la charrue.

La limite est, avec l'étendue, l'un des principaux attributs d'un espace. C’est elle qui permet de borner, de localiser un ensemble spatial. Par extension, c’est la ligne au-delà de laquelle on passe dans un « ailleurs » mais aussi la ligne qu’on ne peut pas franchir. La limite crée donc une discontinuité entre les deux systèmes territoriaux qu’elle sépare, selon leurs différences et les rapports qu’ils entretiennent.

Le terme de limite a été très utilisé dans de nombreux domaines en géographie : on parle aussi bien de la limite des neiges permanentes, de limites climatiques et biologiques, que de limites culturelles, politiques ou économiques. La limite « nord-sud » fut ainsi pendant longtemps un objet d’étude privilégié de la géographie scolaire.

La notion de limite peut recouper celle de frontière. L’étymologie de limite provient du latin limes (lisière, bordure). Or le limes était aussi le dispositif fortifié bornant certaines frontières de l’Empire romain. Mais si toute frontière est une limite, toutes les limites spatiales n’ont pas forcément le statut de frontière, qui est reconnu par l'appropriation des espaces et la reconnaissance juridique internationale de la limite. Au sens strict, seule la limite entre deux États souverains est une frontière. Pour les échelons inférieurs comme la province ou la région, on parle de limites administratives.

La question des limites spatiales fut longtemps à la fois un impensé et une évidence, dans le cadre d’une géographie classique dont une des finalités était le découpage du monde. La question de l’établissement des limites d’un ensemble spatial était un préalable à toute étude de cet espace. Roger Brunet fut en 1968 un des premiers à réfléchir à la question des limites dans sa thèse complémentaire sur « Les phénomènes de discontinuité en géographie », et à distinguer limite et discontinuité. En effet, une limite peut être une discontinuité franche, une rupture territoriale, mais aussi être graduelle et marquée par des effets de seuil, de gradient, de confins, de marges ou au contraire d’interfaces.

Étudier une limite pose également la question de la nature des phénomènes étudiés et de leur superposition par cospatialité : une limite politique, comme une frontière, n’est pas forcément une limite linguistique ; ainsi entre l’Allemagne et l’Autriche, la discontinuité politique se double d’une continuité linguistique. De même, l’étude des limites du monde méditerranéen fit-elle appel à des critères bioclimatiques, comme la limite de l’olivier, ou aussi à des notions culturelles voire politiques.

(ST), texte original remanié plusieurs fois. Dernières modifications (SB et CB) février 2023.