Mémoire du risque
La mémoire du risque désigne à la fois le souvenir collectif qu'une population garde des aléas et des catastrophes survenus dans le passé, et la dimension mémorielle attachée à ce souvenir (les commémorations, célébrations d'anniversaires, marronniers médiatiques, etc.). Elle est une dimension importante de la culture du risque. Comme toute mémoire, la mémoire du risque est imparfaite, inexacte, et sujette à une reconstruction postérieure ; elle n'est donc pas suffisante à la constitution d'une culture du risque qui implique aussi une politique de prévention et une éducation à la connaissance rationnelle du risque (Pagney Bénito-Espinal, 2019).
La mémoire du risque se transmet par les annales tenues dans de nombreuses sociétés de l'écrit (on a ainsi une connaissance fine des éruptions volcaniques survenues en Indonésie aux époques médiévales et modernes, tant en raison des indices géologiques que des témoignages écrits conservés à la cour des sultans) aussi bien que par les traces visibles dans le paysage (marques de crues, ruines...). La culture scolaire a aussi enraciné certaines catastrophes passées dans la mémoire collective, de la destruction de Lisbonne par le tremblement de terre de 1755 (bien connue en France grâce au Candide de Voltaire), à l'accident chimique de Seveso en 1976 en passant par la célèbre destruction de Saint-Pierre par l'éruption de la montagne Pelée de 1902 en Martinique.
La fréquence du risque permet de réactiver la mémoire comme dans le cas des crues régulières ou d'événements fréquents tels que les lahars sur les volcans indonésiens (de Bélizal, 2019).
L'attention médiatique portée quotidiennement aux catastrophes à travers le monde, qui n'est pas toujours exempte de sensationnalisme, peut contribuer à une saturation de l'information et, en provoquant ce que certains auteurs appellent une accoutumance au risque, faire diminuer la vigilance au lieu de l'accroître.
(JBB) novembre 2019
Références citées
- Édouard de Bélizal, « Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier », Géoconfluences, septembre 2019.
- Françoise Pagney Bénito-Espinal, « Construire une culture du risque efficiente ? Le cas de la Guadeloupe et de la Martinique », Géoconfluences, novembre 2019.
