Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier
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Un peu avant l’été 2004, un groupe de villageois vivant aux alentours de Jurangjero, au milieu des pins et des bambous poussant sur les hauts versants occidentaux du volcan Merapi, se rendit dans le fond de la vallée de la Putih. Accompagnés d’un imam et d’un guérisseur que l’on appelle un dukun, suivis par quelques journalistes et une poignée de curieux, ils commencèrent une série de prières et d’incantations destinées à faire revenir les lahars qui s’étaient raréfiés depuis quelques saisons. Ces coulées de débris volcaniques se déclenchent lorsque de l’eau liquide se mélange à du matériel volcanique peu consolidé, généralement des téphras cendreux (diamètre inférieur à 2 mm). À mesure qu’ils dévalent les pentes des volcans, suivant le réseau hydrographique, les lahars (encadré 1) incorporent à leur masse toujours plus d’éléments (téphras, fragments arrachés aux berges…) qui en augmentent la concentration et le pouvoir destructeur.
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Dès lors, comment expliquer que la petite procession informelle de 2004 semblait réclamer le retour de ces événements dangereux au Merapi ? C’est précisément qu’au-delà du risque qu’ils produisent pour les riverains des rivières du volcan, ils représentent aussi une ressource minérale très valorisée en sable et en blocs de lave pour la construction. Elle révèle aussi, au-delà de l’anecdote, le puissant lien spirituel entre le Merapi et ses habitants, qui est chaque année matérialisé par une grande procession officielle, le labuhan ndalem, encadrée par la cour du sultan de Yogyakarta et dirigée par une personnalité chamanique appelée juru kunci (gardien) afin de garantir de bonnes relations entre les hommes et l’esprit-protecteur du volcan (Martinez, 2018). Très étudié, très surveillé, le Merapi est non seulement au centre géographique de l’île de Java mais il constitue aussi l’un des cœurs historiques de la culture javanaise. Polarité essentielle du territoire de la principauté de Yogyakarta, il demeure très présent dans la spiritualité javanaise kejawen et occupe une place singulière sur Java et pour toute l’Indonésie.
Le volcan Merapi, situé à l’intersection de deux alignements de volcans au centre de l’île de Java (figure 1), culmine à plus de 2 900 mètres à une trentaine de kilomètres au nord de l’agglomération de Yogyakarta, capitale d’une petite province à l’autonomie relative, dirigée par une ancienne dynastie de sultans garants des traditions javanaises. Il est peuplé par plus d’un million d’habitants dont 400 000 vivent sur les hautes pentes du volcan, théoriquement interdites aux activités humaines. Le volcan est en effet célèbre pour son intense activité volcanique. Les travaux menés par l’équipe de Chris Newhall à la fin des années 1990 et ceux de Ralf Gertisser publiés en 2012 ont montré qu’après plusieurs éruptions d’assez grande intensité au XIXe siècle, le Merapi a connu une activité assez typique au XXe siècle, caractérisée par la croissance d’un dôme de lave dont l’écroulement produisait des écoulements pyroclastiques (ou nuées ardentes, soit une projection de fragments magmatiques solides à très haute température et à très grande vitesse donnant l’impression d’un « nuage » gris dévalant les pentes du volcan) atteignant une dizaine de kilomètres ; les pluies ultérieures remobilisaient ensuite ces dépôts en lahars qui les transportaient plus loin encore en aval. Les aléas directement ou indirectement associés aux éruptions sont donc potentiellement mortels, mais ils n’ont jamais empêché les populations de continuer à densément occuper les pentes du volcan. L’eau y est abondante, l’air plus frais et surtout les sols sont fertiles. Cependant, en dépit d’une assez bonne connaissance du danger révélée notamment par les travaux de Franck Lavigne et al. (2008) et de Pauline Texier et al. (2009), la vulnérabilité demeure assez élevée, issue de nombreux facteurs économiques, sociaux et culturels jouant profondément sur les représentations du volcan qu’en ont ses habitants. Les progrès réalisés dans la préparation des populations, la coordination efficace de la gestion de crise révélée lors de la dernière éruption à la fin de l’année 2010, ainsi qu’une culture du risque de mieux en mieux ancrée dans les mentalités ont permis d’éviter une catastrophe (Mei et al., 2013), mais ne doivent pas masquer la permanence et surtout les mutations récentes des risques sur ce volcan si particulier.
Figure 1a. Localisation du Merapi sur la carte du risque volcanique en Indonésie
Le volcan Merapi se situe au centre de l'île de Java, à l'ouest de la ville de Surakarta. Voir la carte interactive de la PVMBG pour suivre les éruptions en temps réel. |
Figure 1b. Vue aérienne du Merapi et des volcans voisins
Vue aérienne des alignements est-ouest et nord-sud auxquels appartient le volcan Merapi. On remarque que le cône actif du volcan, en gris, est largement orienté vers le sud. Le versant oriental visible ici, très verdoyant, n’est que très marginalement affecté par les éruptions, la forêt y est intacte. Le bas du versant, au premier plan de l’image, montre un paysage rural densément peuplé, principalement tourné vers la production de riz. Les autres édifices de la région ont une activité volcanique bien moindre que celle du Merapi. Cliché : Édouard de Bélizal, 2012. |
La présente étude de cas cherche à présenter la complexité des espaces et de la temporalité du risque sur le Merapi. Elle permettra de comprendre le fonctionnement des aléas éruptifs et non éruptifs typiques des volcans de subduction d’Asie du Sud-Est et illustrera les capacités de gestion mises en œuvre par les acteurs publics indonésiens. Enfin, elle interrogera plus spécifiquement la place spécifique du Merapi en tant que territoire profondément polarisant dans la culture javanaise : si sa célébrité lui permet d’être surveillé et géré avec efficacité, elle produit aussi une attractivité qui démultiplie les risques et en produit de nouveaux, nécessitant un effort d’adaptation permanent. Symboliquement, le Merapi semble concentrer, sur un petit territoire, l’intégralité des enjeux de développement auxquels fait face aujourd’hui l’Indonésie.
1. Des aléas variables dans l’espace et le temps
Les aléas du Merapi, directement ou indirectement produits par les éruptions, produisent des espaces et des temporalités de danger bien spécifiques qu’il faut avant tout délimiter pour comprendre et spatialiser les risques.
1.1. Les aléas éruptifs : une extension variable sur une durée limitée
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La situation centrale du volcan Merapi et sa proximité avec les traditionnels pôles du pouvoir (royaumes indianisés, sultanats…) ont permis de collecter une solide chronologie de son activité éruptive historique. Cette excellente connaissance est cependant loin d’être partagée pour les autres édifices volcaniques indonésiens. L’archipel compte en effet 127 volcans actifs dont 25 sur la seule île de Java. Ces derniers produisent généralement des éruptions explosives, typiquement associées au contexte de subduction (voir encadré 2) et que l’on retrouve notamment au Merapi (voir encadré 3).
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Figure 2. Nuages de cendres remobilisés par le vent pendant la saison sèche
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Les aléas éruptifs concernent ainsi principalement les flancs ouest et sud du volcan sur une dizaine de kilomètres pendant quelques semaines ; en revanche, en cas de retombées aériennes, un rayon plus large est concerné et nécessite plus de temps pour récupérer.
1.2. Les aléas post-éruptifs : l’expansion dans le temps et l’espace du risque
Si les éruptions ne durent que quelques jours à quelques semaines, les lahars qui les suivent prolongent non seulement le temps du risque de catastrophe mais étendent aussi l’espace concerné. Ils sont produits par la forte intensité des pluies de mousson qui surviennent d’octobre à juin sur les flancs du Merapi et qui entraînent dans les rivières les dépôts mal consolidés d’une éruption sous forme d’une coulée de débris. Le stock très abondant de matériaux pyroclastiques produits par l’éruption de 2010 a eu trois conséquences : d’abord, le déclenchement de lahars particulièrement massifs, ensuite, une extension des lahars à l’intégralité des bassins-versants du nord, de l’ouest et du sud du volcan, enfin, une situation d’urgence qui a duré plusieurs années, avec des lahars recensés jusqu’en 2016 (figure 3).
Figure 3. Les risques liés aux lahars sur les flancs du volcan Merapi dans les années suivant l’éruption de 2010
Conception et réalisation : É. de Bélizal, 2016. |
Figure 4. Les lahars de 2010 au centre de l’espace urbain de l’agglomération de Yogyakarta
Conception et réalisation : É. de Bélizal, 2016. |
Il s’opère un glissement de l’exposition aux aléas : on passe des pentes du volcan à ses parties plus basses (figure 3 et figure 4). Ces aléas sont ainsi d’autant plus dangereux : en atteignant la plaine annulaire qui entoure le volcan où les rivières ne sont plus encaissées, les débordements sont particulièrement fréquents dans des espaces de plus en plus densément peuplés voire urbanisés. Pendant la première partie de l’année 2011, ce sont 266 lahars qui se sont produits dans 17 rivières ; au plus fort de la saison des pluies, entre janvier et mars, 3 événements ont atteint le centre-ville de Yogyakarta, situé à une trentaine de kilomètres du cratère du volcan (figure 4). Il s’agissait heureusement d’écoulements déjà très dilués, n’ayant plus la force destructrice des coulées de débris. Ils ont toutefois inondé des quartiers souvent très modestes, à l’habitat parfois informel localisé directement sur les berges de la rivière Code. Alertés à temps, les habitants ont pu se mettre à l’abri, mais des dizaines de maisons ont été endommagées.
Les lahars sont également responsables de profondes transformations paysagères sur le talus distal du volcan, là où la pente diminue considérablement et où ils s’épandent considérablement (figure 5, encadrés 4 et 5) puisque le réseau hydrographique n’est plus encaissé. Au total, entre 2010 et 2016, 430 lahars ont été recensés.
Figure 5. Sédimentation et érosion dans le lit de la Gendol sur le talus distal (partie basse du volcan)
A : L’évolution du corridor de la Gendol à Plumbon ; B : le bedrock (roche-mère) incisé ; C : évolution du profil du corridor (2011-2012), mesures au télémètre. A et B : clichés É. de Bélizal, 2011 et 2012 (orientés vers le sud). |
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La grande route reliant Yogyakarta à Semarang, autre grande métropole indonésienne, a été fermée plusieurs fois en janvier lorsque les lahars de la Putih, trop profonds pour passer par les buses aménagées sous la chaussée, ensevelissaient la route. À partir du mois de mars, elle a été définitivement fermée après la destruction d’un pont au-dessus de la rivière Pabelan (au nord-ouest du volcan).
L’énergie des lahars amène donc des recompositions du réseau hydrographique du volcan à l’origine de dégâts spectaculaires, prolongeant longtemps la situation d’urgence d’une crise volcanique. Cette dernière procède donc schématiquement en deux temps : pendant les quelques semaines d’une éruption ce sont les versants ouest et sud du volcan qui sont directement menacés ; pendant les années qui suivent, les parties basses, distales, du volcan sont à chaque saison des pluies menacées par les lahars. Toutefois, si les lahars qui ont suivi l’éruption de 2010 ont été particulièrement nombreux, étendus et puissants, s’ils ont pu causer de nombreux dégâts, ils ne sont en revanche responsables que d’un nombre heureusement fort réduit de victimes, moins de 30 personnes, soit dix fois moins que les morts causés par l’éruption elle-même. Cette performance est due d’abord à un système de gestion de crise qui s’est révélé efficace.
Figure 8. Nombre de maisons détruites et endommagées par les lahars
Relevé dans chaque commune qui a subi des dégâts pendant la saison des pluies 2010-2011 (É. de Bélizal, 2013). |
2. Gérer les risques et les crises : avant, pendant et après, une temporalité élastique entre l’urgence du temps court et l’adaptation sur le temps long
La gestion de crise volcanique au Merapi en particulier et en Indonésie en général est axée autour de trois éléments essentiels : le zonage du risque, la surveillance permanente du volcan et l’information des populations.
2.1. La gestion de la crise éruptive : une capacité de réponse face à l’urgence
La carte des risques constitue le document de référence de la gestion de crise. Établie par le bureau de géologie du Ministère de l’Énergie et des Ressources Minérales, elle représente l’extension probable des aléas volcaniques, y compris les lahars, ainsi que le bâti, le réseau routier, le sens d’évacuation et les centres d’accueil et de soins (figure 9). Une notice explicative donne quelques pistes sur les scénarios possibles. Le zonage se caractérise notamment par l’interdiction de résider dans la partie la plus dangereuse, exposée à tous les aléas. Dans les faits, cette disposition n’est pas respectée : près de 400 000 personnes habitent ces espaces très exposés aux aléas, notamment parce que les pouvoirs publics n’ont pas les moyens de faire appliquer efficacement la loi. Dans les années 1980, le gouvernement avait par exemple organisé des transmigrations de villages entiers vers les fronts pionniers de Sumatra et de Bornéo pour limiter les populations à risque sur le Merapi trop densément peuplé, tout en offrant des opportunités foncières aux migrants. Cela s’est avéré être un échec, puisque de nombreux retours informels se produisirent dès les années 1990, entraînant le repeuplement de hameaux qui n’avaient plus d’existence officielle.
Figure 9. Exemples de l’évolution de la « cartes des risques » publiées par le Bureau de Géologie, 2002-2011
Remarquer le prolongement des zones d’exposition aux aléas éruptifs le long de la Gendol, suite à l’éruption de 2010. |
L’autre élément d’action est la détection des éruptions. Le Merapi est un volcan particulièrement bien doté en capteurs qui en permettent une surveillance d’une très grande précision ; cela permet donc aux volcanologues du Bureau de Volcanologie de Yogyakarta (BPPTKG) de prédire à quelques jours près l’imminence d’une éruption. Le système de gestion de crise indonésien est ainsi organisé en trois paliers (niveaux 2, 3 et 4) qui correspondent, chacun, à une série d’acteurs à mobiliser et d’actions à engager. Le passage d’un niveau d’alerte à l’autre est déterminé en fonction d’un seuil sismique. Il n’y a cependant pas de trajectoire irrésistible : le volcan peut très bien être momentanément placé en niveau 2 voire 3 puis retourner ensuite à la normale. Le niveau 4 correspond à l’imminence de l’éruption : l’évacuation de la zone interdite est obligatoire et les centres d’accueil, préparés et équipés dès le niveau 3, sont censés fonctionner immédiatement. Or, l’une des plus importantes difficultés auxquelles font face les responsables des gestions de crise volcanique est l’impossibilité de prédire le déroulement d’une éruption. Si les prodromes sont plutôt bien connus, ces derniers ne préjugent pas nécessairement de la manière dont le magma sera éjecté. Schématiquement, les volcanologues sont donc capables de prédire l’imminence d’une éruption, mais ne peuvent savoir à l’avance quel en sera le scénario. La capacité d’adaptation des responsables est donc absolument cruciale pour pouvoir prendre au bon moment les décisions nécessaires. C’est précisément ce qu’il s’est passé en octobre 2010 : le réveil du volcan n’était pas une surprise dans la mesure où l’on se trouvait exactement dans la récurrence habituelle des éruptions puisque la dernière datait de 2006. Pourtant, les responsables se sont très vite rendu compte que l’intensité dépassait celle des événements passés et que la gestion prévue, qui correspondait aux petites éruptions, ne pouvait fonctionner pour un tel scénario d’éruption sub-plinienne. Le charismatique patron du bureau de la géologie de Bandung, Surono, a réussi à étendre au jour le jour la zone à évacuer pour éviter une catastrophe de grande ampleur (figure 10). Cela n’a malheureusement pu empêcher plus de 350 morts, principalement tués par une coulée pyroclastique de plus de 17 km de long, survenue dans la rivière Gendol. Toutefois, le bilan aurait pu être bien pire si les décisions n’avaient pas été prises et surtout si elles n’avaient pas été appliquée et suivies. La possibilité d’anticipation permise par le système progressif des niveaux d’alerte est bien entendu à signaler, mais le rôle des populations et la diffusion de l’information ont également été remarquables (encadré 5).
Figure 10. L’adaptation du périmètre d’évacuation lors de la phase éruptive du volcan entre octobre et décembre 2010 (Mei, 2013)
Les trois zones « KRB I, II et III » sont celles que la carte des risques délimite (voir la figure 9). Initialement prévu pour une petite éruption comme celle de 2006, ce zonage s’est révélé inadapté à l’éruption plus intense de 2010 : la délimitation de la zone interdite (qui correspond théoriquement à KRB III) a ainsi profondément évolué au cours des différentes semaines de l’éruption). Période A : du 26 octobre au 2 novembre 2010. Période B : du 3 novembre au 4 novembre 2010. Période C : du 5 au 12 novembre 2010. Période D : du 13 au 18 novembre 2010. Période E : du 19 novembre au 2 décembre 2010. L’urgence a pris fin le 3 décembre 2010. |
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La gestion de la crise éruptive a ainsi montré une bonne capacité de réponse face à une situation urgente nécessitant une révision au jour le jour du zonage pendant l’éruption, même si de nombreux problèmes ont été relevés (manque d’équipements dans certains centres surpeuplés, notamment ; difficultés liées à l’évacuation des centres d’accueil se retrouvant en zone de danger suite à l’extension de cette dernière). Cela montre la très difficile gestion par scénarios : d’une éruption à l’autre, les processus à l’œuvre et l’espace concerné peuvent être très différents. L’action globalement réussie des acteurs publics et des populations a en partie été permise par une diffusion efficace des informations et une bonne connaissance des populations qui habitent un volcan où les éruptions sont fréquentes.
2.2. La gestion des lahars : la création d’un système d’alerte spontané efficace
Jon Major et al. avaient déjà souligné, en 2003, la très difficile organisation institutionnelle des alertes liées aux coulées de débris et estimait que seule une implication des populations locales formées aux signes avant-coureurs pouvait se révéler efficace. Il ne fait nul doute que l’intensité et la fréquence des lahars qui se sont produits pendant et surtout après l’éruption de 2010 auraient pu conduire à une catastrophe majeure tant les territoires traversés étaient peuplés. Pourtant, les populations ont systématiquement été prévenues à temps et ont réussi à s’éloigner des rivières : les dommages ont été surtout matériels, avec un bilan humain très inférieur à ce que l’on aurait pu craindre.
Le système mis en œuvre repose sur un relais d’information tout simple, organisé à l’échelle d’une vallée voire d’un bassin-versant. Des postes d’observation sont installés en amont dans les parties où les lahars, contraints par l’encaissement souvent profond du réseau hydrographiques, ne présentent aucun risque de débordement. Des équipes se relaient pour surveiller en temps réel la rivière ; lorsqu’un lahar est vu ou entendu, ils transmettent l’information aux postes situés plus en aval (posko). Ces derniers avertissent alors directement les personnes présentes dans le lit majeur de la rivière (notamment les mineurs qui creusent les dépôts pour en récupérer le sable et les blocs) par le biais d’un kentongan (petit gong en bois) ou d’un sifflet. Les communautés alentour sont alertées par sms ou directement par deux ou trois membres du posko qui font le tour des habitations à moto. Il faut compter entre un délai entre 30 et 45 min en moyenne pour évacuer les parties distales des rivières du Merapi, ce qui s’avérait suffisant en 2011 (figure 11 et 12).
Figure 11. Un poste d’information sur la rivière Opak, au sud du volcan
Cliché É. de Bélizal, janvier 2011. |
Figure 12. Répartition des postes d’observation (amont) et d’information (aval) sur le bassin-versant Opak-Gendol au sud du volcan
Cette gestion communautaire a pu fonctionner d’abord grâce au fort investissement des jeunes pendant la phase éruptive dans des équipes de Save And Rescue (SAR), renforcé par l’usage des téléphones portables et des réseaux sociaux. L’apport des technologies de l’information et de la communication à la gestion des risques et des crises est de plus en plus manifeste, aussi bien dans les pays développés (Islande, Italie…) qu’en développement (Équateur, Indonésie). Par ailleurs, l’efficacité de la gestion communautaire trouve ses racines dans la tradition d’entraide qui existe dans les villages javanais. Nommé gotong royong, ce système apparaît comme un capital social et culturel permettant aux villageois sinistrés de bénéficier de l’aide immédiate de leurs voisins (Sarrazin et al., 2018), fondé sur une forte tradition d’implication et de volontarisme personnel au service de la communauté. Des associations d’étudiants également, fortement mobilisées, montrent la permanence du lien qui unit le volcan Merapi à ses habitants, y compris à ceux résidant en ville à Yogyakarta. Enfin, de nombreuses ONG locales ont aidé les groupes de jeunes à installer des postes de surveillance équipés de radio et de talkiewalkies (Jalin Merapi, notamment) et ont diffusé des plaquettes d’informations relatives à l’observation des lahars (figure 13).
Figure 13. Une plaquette d'information sur les lahars distribuée par une ONG locale
Exemple d’une plaquette d’information distribuée dès janvier 2011 aux riverains des rivières Boyong et Code, puis en mars aux riverains de la Gendol et de la Opak au sud du Merapi. Le document, réalisé par une ONG locale, prodigue une information concise et précise sur les lahars et sensibilisent les habitants aux procédures d’alerte. On n’oubliera pas qu'on se situe sur le talus distal du volcan, qui n’est pas habitué à subir les aléas naturels ni à évacuer en cas d’urgence. Ce document est souvent accompagné de réunions organisées à l’échelle d’un quartier pour expliquer ce qu’il faut prévoir comme équipement d’urgence, comment évacuer, quels sont les numéros à joindre, comment se tenir informé.
L’éruption de 2010 et les lahars qui ont suivi pendant plusieurs années ont ainsi rappelé que les risques sont connus par les populations, ce qui en facilite la gestion et la réduction du risque de catastrophe. Si les autorités ont accompli un travail important de coordination et de décision, il convient également de noter l’investissement des communautés locales et notamment des jeunes, qui montrent que la gestion des risques et des crises passe, avant tout, par la capacité des habitants à anticiper et à s’adapter au fonctionnement physique de leur territoire.
3. Entre résilience et création de nouvelles vulnérabilités sur un volcan singulier
La résilience est en géographie généralement définie comme la possibilité d’un système territorial à revenir à son fonctionnement d’avant une perturbation, qui a pu être une crise ou une catastrophe. La notion est cependant polysémique (Reghezza-Zitt, 2013) et a pu être abondamment discutée (Rufat, 2012). Elle peut servir de cadre théorique permettant, cependant, d’envisager les trajectoires qu’ont suivi les territoires du Merapi après la crise éruptive de 2010. Celle-ci n’a certes pas été une catastrophe et n’a pas opéré une totale rupture ; en revanche, elle a cristallisé de nombreuses dynamiques qui conduisent à renforcer l’instabilité voire la vulnérabilité des structures sociales et économiques au Merapi.
3.1. Le problème du relogement
Les habitants, justement, ne doivent pas uniquement composer avec les aléas auxquels ils sont exposés, mais aussi avec les instances administratives en charge du relogement post-catastrophe. Les travaux de la géographe Annabelle Moatty ont notamment insisté sur les conflits produits par l’obligation faite à une communauté de s’installer dans un autre village, jugé plus sûr (Moatty et al., 2017). D’une part, une déperdition existe en termes de surface habitable mais aussi de qualité de vie, puisque les habitations proposées sont des modèles standardisés ne correspondant pas exactement aux anciennes maisons. D’autre part, dans le cas des relogements des habitants des villages dévastés par l’éruption, les foyers concernés se retrouvent contraints d’habiter loin de leur territoire d’origine, moins haut qu’auparavant, dans un village où ils ne sont en plus pas forcément toujours les bienvenus. Pour les éleveurs âgés qui avaient l’habitude d’aller à pied chercher du fourrage dans les sous-bois d’altitude, le chemin est désormais beaucoup plus long. Il en résulte donc un abandon potentiel des quartiers de relogement : sous le vernis d’une reconstruction portée haut par les autorités comme le signe d’une résilience efficace se profile l’échec relatif d’une politique de relogement ne tenant pas toujours compte de la manière avec laquelle les relogés habitaient leur ancien territoire. Des consultations ont certes été menées, mais toutes les demandes n’ont pu être satisfaites. En revenant vivre illégalement dans leur ancien village, ces personnes se placent en marge du système de gestion des crises car les localités non officiellement reconnues ne bénéficieront pas des possibilités d’évacuation, ce qui peut contribuer à augmenter considérablement la vulnérabilité. Toutefois, les relogements des personnes ayant subi les dévastations des lahars ont été, en revanche, globalement moins problématiques (Moatty, 2015) en partie parce que les villages, situés sur le talus distal du volcan, ne dépendent pas de l’accès aux finages d’altitude.
3.2. De l’extraction de sable au tourisme post-catastrophe : une fragile reprise économique
Les aléas volcaniques sont une aubaine, au Merapi en particulier (De Bélizal, 2017) mais sur la quasi-totalité des volcans habités du monde aussi. Les éruptions et leurs effets, en dépit du risque potentiellement mortel qu’elles représentent, contribuent à fixer les populations qui bénéficient des matériaux volcaniques. Les sables et les blocs sont tellement importants pour une Indonésie en pleine urbanisation que le tarissement de la Putih au milieu des années 2000 a paradoxalement conduit à une procession pour demander à ce que reprennent les lahars. L’activité d’extraction est effectivement très lucrative, avec des bénéfices pouvant atteindre le quadruple voire le quintuple du salaire quotidien d’un agriculteur. Pratiquée depuis des siècles – les sites hindouistes et bouddhistes de Prambanan et de Borobudur ont été construits en blocs d’andésite récupérés dans les rivières – l’activité a connu un pic suite à l’éruption de 2010, qui se place dans la continuité des mutations engagées depuis la fin des années 1990. La quantité de matériel pyroclastique et les dépôts de lahars étaient tels que les pouvoir publics ont largement soutenu de nombreux investisseurs privés, équipés de pelleteuses. Là où pendant très longtemps l’activité était purement informelle et très libre, les dépôts étant accessibles gratuitement à des riverains qui avaient l’habitude de venir chercher du sable pour compléter leurs revenus ou bien pour leur usage personnel, elle est rapidement devenue une industrie à l’organisation obscure. Le manque d’encadrement législatif, la profusion des acteurs, la privatisation de parcelles dans les lits majeurs des rivières, l’embauche de personnels extérieurs au Merapi et l’augmentation considérable de l’activité (des milliers de camions sont comptés pour une seule carrière en quelques heures seulement) contribuent à brouiller considérablement ce qui, au départ, était une activité spontanée d’adaptation aux occurrences répétées de lahars. L’extraction est devenue en quelques années une industrie dont les importantes retombées économiques ne profitent pas aux populations du volcan car l’activité a conservé l’informalité qui l’avait longtemps caractérisée. Incontrôlée, anarchique, elle a conduit à des carrières complètement engorgées de camions et de plus en plus proches du cratère : l’impossibilité d’évacuer ces sites très encaissés et embouteillés en permanence contribue, là aussi, à augmenter considérablement la vulnérabilité des travailleurs (figure 14).
Figure 14. Une carrière envahie par un lahar
Les travailleurs, avertis à temps, ont pu se mettre à l'abri mais il n’existe pas de lieu protégé destiné à l’accueil des personnes et des véhicules de travail : la pelleteuse et les travailleurs attendent la fin de l’écoulement sur des berges peu consolidées formées dans les dépôts gravelo-sableux des lahars précédents. On remarquera l’extrême exposition : les travailleurs savent que les débordements sont peu probables en fin de lahars. La vapeur qui se dégage du flux est liée à la température encore très haute des dépôts pyroclastiques entraînés par l’eau de pluie. Cliché : Édouard de Bélizal, mars 2011. |
Les stratégies d’adaptation économiques se sont profondément diversifiées depuis l’éruption de 2010. En plus de l’extraction de sable, la mise en tourisme des villages détruits de Kepuharjo et Kinahrejo a été le moyen, pour les jeunes qui y résidaient, de maintenir leur lien affectif et économique à ces territoires qu’ils ont longtemps habités. Le tourisme agit comme un moyen d’assurer des débouchés à des populations souvent peu formées et qui se ont brutalement perdu le peu qu’elles avaient, mais il permet aussi de surmonter le traumatisme en redonnant vie aux villages dévastés. L’activité est spatialement structurée autour d’un pôle essentiel qui est le « Café Merapi » à Kinahrejo, qui anime un dense réseau de trajets en jeeps reliant des sites remarquables (des blocs imposants apportés par les coulées pyroclastiques, des points de vue sur le volcan…) et en passant par les carrières dans les fonds de vallée. Des buvettes se greffent aux points de passage obligés des jeeps, avec de nombreuses échoppes de souvenirs. La démultiplication des compagnies (les casques rouges et les casques orange, notamment) souvent rivales, ainsi que la visite des carrières où les jeeps participent à l’engorgement, font très vite apercevoir les limites de cette activité. La mise en tourisme des villages détruits a malgré tout abouti à un regain de dynamisme économique autour des paysages des destructions de l’éruption de 2010 réactivant d’ailleurs le fonds culturel et spirituel auquel est associé le Merapi : le clou du spectacle est la maison de l’ancien chaman gardien du volcan, tué par les premières coulées pyroclastiques en octobre 2010.
Figure 15. Lahar sur la Gendol, février 2011
Lahar enregistré le 28 février 2011 dans la rivière Gendol à une vingtaine de kilomètres du sommet du volcan dans la carrière de Plumbon. Remarquer que le pont (qui est en réalité un passage en maçonnerie surbaissé, sans piliers) est intégralement recouvert par le flux. Repérer la population rassemblée sur les berges, très exposée aux risques de débordement. Il s’agit des travailleurs de la carrière (l’une des pelleteuses est présente en arrière), qui ont été avertis près d’une demi-heure avant l’arrivée du lahar et ont pu sortir du lit majeur à temps. Il s’agit également de personnes momentanément bloquées par le passage du lahar et attendant que le flux cesse pour franchir la rivière. Vidéo par Édouard de Bélizal.
Figure 16. Route coupée par le même lahar, 40 minutes plus tard
Même lahar que précédemment, filmé 40 min plus tard au même endroit avec une prise de vue centrée sur le pont, peu à peu dégagé à mesure que l’écoulement perd de son intensité. On remarque la grande taille des blocs laissés par le lahar. Le lahar a encore coulé une heure avant d’être complètement achevé et de libérer le passage aux travailleurs de la carrière et aux personnes souhaitant emprunter le pont. Vidéo par Édouard de Bélizal.
3.3. Un volcan à part : une identité culturelle forte
Le gardien des clés (juru kunci) matérialise l’essentiel équilibre que doit assurer la cour du sultan de Yogyakarta (kraton) entre le volcan et l’océan (Dove, 2007 ; Lavigne et al., 2008). Le palimpseste culturel javanais garde en effet vivaces certaines traditions spirituelles anciennes, héritées de l’animisme, de l’hindouisme ou du bouddhisme qui ont pendant des siècles guidé les dynasties royales de la région. Sous la couche de l’islam, pratiqué actuellement par une très grande majorité des habitants du volcan, se perpétue un lien au territoire qui relève du surnaturel voire du sacré, et maintient la géomancie ancienne du nécessaire équilibre entre les puissances tutélaires du feu et de l’océan qu’assure la cour du sultan. Outre la procession annuelle organisée par le kraton, il n’est pas rare d’observer des initiatives plus ou moins solennelles de prières aux esprits du volcan, opérant un syncrétisme entre les rites ancestraux et les pratiques musulmanes. Ainsi, la personnalité du juru kunci – qui est du reste aussi un imam – s’est maintenue comme un acteur clé à prendre en compte dans la question de la gestion des risques et des crises. Pendant toute la deuxième partie du XXe siècle, le gardien fut le charismatique Mbah Maridjan, dont le rayonnement a largement dépassé les limites du village de Kinahrejo où il résidait, voire du Merapi. Ses prises de position en porte-à-faux des recommandations des autorités scientifiques et politiques dans les années 1990 et 2000 lors des périodes de crise volcanique et d’évacuations ont été largement relayées par la presse régionale et nationale. Longtemps considérée comme un contre-pouvoir traditionnel face aux scientifiques et aux décisions politiques, l’influence de Maridjan a pu un moment être considérée comme un frein aux évacuations et à l’application des procédures de gestion de crise s’il refusait d’évacuer. Il a pu ainsi être accusé de montrer le mauvais exemple, d’autant plus que sa personnalité charismatique lui a donné une dimension symbolique excédant son statut de gardien, lui faisant endosser le rôle de garant de la culture et de l’identité javanaises. C’est ainsi vêtu de son costume javanais traditionnel qu’il a posé pour vanter les mérites d’une marque de « fortifiant » (ou d’aphrodisiaque, si l’on tient à insister sur une image plus sulfureuse). Paradoxalement, cet éclatement des cadres traditionnels, culturels et géographiques de l’influence du juru kunci a contribué à en diffuser l’image très largement, comme à la dévaloriser auprès de certaines populations du Merapi. Au demeurant, Texier et al. avaient montré en 2009 que son influence spirituelle, réelle, demeurait somme toute assez restreinte à la partie sud du volcan. Elle fut en tout cas suffisante pour qu’en octobre 2010, au moment où l’éruption se déclarait, il soit accompagné par une vingtaine de fidèles qui furent tués avec lui par les premières coulées pyroclastiques. Sa mort a été très largement couverte par les médias, sa tombe est aujourd’hui très visitée et les vestiges de sa maison accueille des centaines de touristes chaque jour. Quasiment sanctifié même s’il a été critiqué pour avoir bradé son prestige à la fin de sa vie, l’ancien juru kunci personnifie à lui seul la complexité du canevas culturel dont le Merapi est le centre. Ces éléments permettent de comprendre la complexité du lien qui relie les populations au volcan et invitent à considérer leur territoire non plus seulement comme un seul espace à risque, mais comme un système aux temporalités multiples, où des aléas meurtriers dans l’immédiat fournissent aussi, à plus long terme, des ressources qui attirent et fixent des populations.
Cette forte identité culturelle est un atout culturel et un outil social qui permet aux communautés du Merapi de comprendre et de connaître les risques qu’ils peuvent encourir, mais que néanmoins ils acceptent. Il existe ainsi une culture du risque solidement ancrée, assurant aux populations certains réflexes essentiels en cas d’alerte. Elle permet aussi de donner une visibilité au volcan et d’y favoriser une mise en tourisme qui permet aux habitants de se trouver des débouchés économiques. L’attractivité du volcan, toutefois, amène une quantité de nouveaux acteurs qui augmentent l’exposition aux aléas (dans les carrières, notamment) et qui risque d’amorcer un déséquilibre entre les bénéfices issus des nombreuses ressources et des dangers auxquels les nouveaux habitants sont mal préparés.
Conclusion
Les espaces et les temporalités du risque au Merapi sont à envisager sur le temps court voire très court du déclenchement d’aléas – sur des espaces plutôt restreints autour du volcan lui-même ou bien pouvant se communiquer plus loin autour (retombées aériennes, lahars) – mais aussi au temps plus long de la préparation puis de la reconstruction. Si la dernière éruption, en 2010, a été bien gérée, elle a également produit, par l’ampleur de ses dégâts, de profondes recompositions économiques et sociales. Ces dernières révèlent la résilience efficace des sociétés, qui n’a pas abouti à un simple retour en arrière mais qui, au contraire, a amorcé des dynamiques dont l’évolution à moyen terme amène de nouvelles vulnérabilités. Elles correspondent au foisonnement économique et social visible sur l’ensemble du territoire de l’île de Java : une pression démographique rurale mal surmontée, une urbanisation rapide qui occupe de plus en plus d’espaces exposés à des aléas naturels, l’explosion de l’ouverture aux flux touristiques comme outil de développement.
Ces mutations ne doivent cependant pas faire oublier la permanence d’un fonds culturel complexe qui continue de façonner l’identité singulière du Merapi. Par rapport aux autres volcans indonésiens, ce dernier bénéficie d’une histoire et d’un légendaire qui ont tôt focalisé l’intérêt des scientifiques, qu’il s’agisse des volcanologues, des géographes ou des anthropologues. Les risques, même potentiellement aggravés par les dynamiques actuelles, y sont compris et gérés. Ce n’est cependant pas le cas des dizaines d’autres volcans de l’archipel indonésien. Lavigne et al. (2008) avaient remarqué que même les populations des volcans voisins du Merapi, le Sumbing et le Sindoro, n’avaient pas conscience d’habiter sur des édifices actifs puisque les éruptions y ont été rares. La situation semble plus préoccupante encore pour les périphéries orientales de l’archipel où les volcans, en plus d’être mal connus, sont habités par des populations dont la marginalité géographique, économique et sociale est une source de vulnérabilité. La singularité géographique et culturelle du cas du Merapi ne doit pas donc pas fausser l’idée sur la gestion des risques volcaniques en Indonésie : ces derniers demeurent encore très élevés.
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Pour faire le lien avec les sciences de la terre
Sur le site de notre partenaire Planet Terre :
- Olivier Dequincey et Pierre Thomas, Aléas et risques, 2017
- Frédéric Chevrel et Pierre Thomas, Le Pinatubo (Philippines), vingt-sept ans après, 2019.
- Michel Detay et Pierre Thomas, Le dôme de lave du Paluweh (ou Rerombola, Indonésie) : mise en place, effondrements, nuées ardentes et autres courants de densité pyroclastiques, 2014.
- Michel Detay et Pierre Thomas, La mise en place d'un dôme de lave : l'exemple du Paluweh (Indonésie), 2014.
- Olivier Dequincey, Lusi, volcan de boue de Sidoarjo (Indonésie) : naissance, controverses et impacts, 2012.
Édouard DE BÉLIZAL
Docteur en géographie, professeur en CPGE au lycée de Saint-Just, Lyon.
Mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :Édouard de Bélizal, « Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier », Géoconfluences, septembre 2019. |
Pour citer cet article :
Édouard de Bélizal, « Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier », Géoconfluences, septembre 2019.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/asie-du-sud-est/articles-scientifiques/volcan-merapi-risques-indonesie