Bruxellisation
En urbanisme, la bruxellisation désigne la transformation rapide et brutale d’un patrimoine urbain remarquable dans un contexte de forte spéculation immobilière. La notion implique aussi l’éviction des classes populaires. Pour Jean-Claude Michéa cité par Serge Latouche (2019), la bruxellisation est une destruction des villes en temps de paix. Par ailleurs sa forte dimension sociale et symbolique l’apparente à un urbicide. Elle est l'une des traductions concrètes du modèle de la ville néo-libérale.
La référence à Bruxelles (verbrusseling en néerlandais) naît des grands travaux qui ont touché la ville dans la deuxième moitié de XXe siècle pour faire de la ville une capitale européenne et une métropole tertiaire. La tour ITT, construite entre 1968 et 1971 sur le site d’un manoir remarquable détruit pour l’occasion et jouxtant l’abbaye de Cambre, est l’un des symboles de cette frénésie modernisatrice (RTBF, 2017).
En réaction et simultanément, Bruxelles a vu émerger des mouvements de lutte contre la modernisation urbaine ainsi que des théories rejetant les préceptes de la charte d’Athènes et du fonctionnalisme, théories formalisées dans la déclaration de Bruxelles de 1980 (Comhaire, 2012).
(JBB) juin 2020.
Références citées
- RTBF, « Massacre architectural dans la capitale : une histoire de la bruxellisation », 30 août 2017.
- Comhaire, Gaël. « Activisme urbain et politiques architecturales à Bruxelles : le tournant générationnel », L'Information géographique, vol. 76, no. 3, 2012, p. 9-23.
- Michéa Jean-Claude , L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, Micro-Climats, 1999, cité par Serge Latouche, « Décroissance et topophilie », revue Topophile, 13 novembre 2019.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Ninon Briot, « Image à la une. Vues de Bruxelles, sur les traces de la bruxellisation », Géoconfluences, septembre 2023.