Vous êtes ici : Accueil / Glossaire / Désert médical

Désert médical

Publié le 22/11/2024
PDF

On appelle communément « déserts médicaux » les espaces où le nombre de médecins (et plus généralement de professionnels de santé) pour 100 000 habitants est faible, et dans lequel les délais d’accès aux soins s’allongent du fait de l’augmentation du nombre de patients par médecin. Le terme présente donc une dimension spatiale mais aussi temporelle. Ses conséquences sont l’allongement des délais afin d’obtenir une consultation, au « risque d’une dégradation de l’état de santé du patient » (Vie publique. 2022) mais aussi le « déport des consultations vers les urgences » et les difficultés croissantes pour s’inscrire auprès d’un nouveau médecin traitant. Les déserts médicaux présentent donc un risque de rupture du service public de santé.

Aucun seuil minimal du nombre de médecins ne fait consensus. En France, l’Assemblée nationale a proposé en 2018 de qualifier de désert médical toute zone possédant un ratio médecin par habitant inférieur de 30 % à la moyenne nationale. Le terme et la réalité qu’il recouvre ont pris de l’importance dans le débat public à partir des années 2000, se sont amplifiés à partir de 2017-2018 et ont culminé lors de la crise du covid-19 (2020-2021). Depuis 2017, les Agences régionales de santé (ARS) doivent identifier ces zones, afin d’établir un indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL). Une cartographie interactive (CIDM), réalisée par l’ordre des médecins, permet de visualiser cette offre médicale.

Le problème des déserts médicaux ne concerne pas que la France mais touche de très nombreux pays : pays en développement pour lesquels l’offre de soin est classiquement basse, notamment dans les espaces ruraux, pays d’Europe du fait du vieillissement de la population de médecins, Canada, pays pour lequel ce phénomène se combine avec celui de la distance et des déplacements …

La moyenne française est de 339 médecins en activité pour 100 000 habitants (2022), dont 150 généralistes. Malgré le départ en retraite de nombreux médecins âgés, il n’y a pas de baisse actuelle du nombre de médecins, mais un risque futur du fait du vieillissement de la population médicale.

bar
Médecins actifs et inactifs ou retraités en France true 2012;2013;2014;2015;2016;2017;2018;2019;2020;2021;2022   true
  Médecins actifs 215663;217216;218844;220509;222176;224002;225307;226723;228410;229174;230902;231923;232891   #e31e51
  Médecins inactifs ou retraités 45715;47250;49228;51460;54178;57084;60533;64251;68345;72668;76228;80249;84663   #a3a3a3

 Source des données : Ordre national des médecins, Atlas de la démographie médicale en France, 2022.

Les déserts médicaux sont plutôt liés à une évolution de la répartition de ces médecins et à leur concentration croissante, notamment dans les grandes villes : le nombre de généralistes pour 100 000 habitants atteint 635 à Paris et est inférieur à 100 dans l’Eure, la Seine-et-Marne et l’Eure-et-Loir. Avec seulement 49 généralistes pour 100 000 habitants, Mayotte est le désert médical le moins bien doté au niveau départemental (Sécurité sociale 2022). Les écarts sont encore plus importants en ce qui concerne les spécialistes : un tiers des enfants n’a plus d’accès direct à un pédiatre, un quart des femmes à un gynécologue (2024). Le vieillissement des personnels de santé est beaucoup plus marqué dans les départements qui ont déjà un problème de manque de médecins, notamment un grand bassin Parisien et les marges du bassin Aquitain (ONM, 2022).

Le terme de « désert » médical peut être considéré comme excessif, il s’agirait plutôt d’une peau de léopard correspondant pour une grande part aux interstices de l’espace urbanisé français.

(JBB) septembre 2017, dernières modifications (SB et CB) novembre 2024.


Références cités
Pour compléter avec Géoconfluences 
Affiner les résultats par :