Diagonale des faibles densités
La diagonale des faibles densités est une représentation commode et schématique des territoires moins densément peuplés que la moyenne française, formant une bande traversant le pays du Nord-Est au Sud-Ouest.
L’inquiétude pour une France « du vide » date de la fin du XIXe siècle, et elle est restée vive même après la fin de l'exode rural avec des ouvrages comme La France du vide de Roger Béteille (1981). Dès les années 1970, cependant, des géographes s’opposent au discours alarmiste et péjoratif sur les faibles densités (Oliveau et Doignon, 2016), et l’expression « diagonale du vide », qui a connu une grande fortune dans la géographie scolaire, est aujourd’hui abandonnée par les géographes (Bouron et Georges, 2019).
Cette diagonale relierait une succession de territoires allant de la forêt des Ardennes aux Landes de Gascogne en traversant la Champagne, le Gâtinais, la Puisaye, le Sancerrois, le Berry, la Sologne, le Bourbonnais, la Marche, les Combrailles, le Limousin, le Périgord, et le Quercy. On note que pour certains de ces espaces, la faible densité n'est pas incompatible avec une certaine centralité : les maisons de champagne sont fortement connectées à l’Europe et au monde via la commercialisation d’une production agricole renommée. On remarque également que la diagonale englobe des agglomérations non négligeables comme Reims ou Limoges, qui disposent par exemple de services de haut niveau comme une université.
Cependant, certains des territoires cités précédemment sont bien en déprise agricole ou démographique. Alors que beaucoup d’espaces ruraux ont connu un retournement démographique bien documenté depuis la « Renaissance rurale » (Kayser, 1990), de nombreux cantons connaissent encore un solde démographique négatif, moins à cause des départs qu’à cause des décès : la population âgée meurt progressivement, et le nombre de nouveaux arrivants susceptibles de faire des enfants ne suffit pas à la remplacer. D’autant que la faiblesse de l’emploi dans ces espaces limite les arrivées d’actifs au profit des retraités. Ce qui explique l’apparente contradiction entre un solde migratoire positif et un solde naturel négatif. La diagonale des faibles densités correspond, dans certains cas, aux campagnes fragiles identifiées par Pierre Pistre dans sa thèse de 2012, ou aux territoires hyper-ruraux du sénateur Bertrand (2014).
Pour autant, on trouve aussi des territoires de faible densité ailleurs que dans ladite diagonale, par exemple la partie occidentale du Bassin parisien, dans des départements comme l’Orne, ou encore en Lozère, département métropolitain ayant la plus faible densité de population.
(JBB), mai 2017. Dernière modification : janvier 2022, relu en novembre 2024.
Références citées
- Bertrand Alain, Hyper-ruralité : un pacte national en 6 mesures et 4 recommandations pour "restaurer l’égalité républicaine", rapport sénatorial
- Béteille Roger, La France du vide, Paris, Librairie technique, 1981, 256 p.
- Bouron Jean-Benoît et Georges Pierre-Marie, Les territoires ruraux en France, Ellipses, 2019 (2e éd.), p. 92–96.
- Kayser Bernard, La renaissance rurale. Sociologie des campagnes du monde occidental, Colin, 1990.
- Oliveau Sébastien et Doignon Yoann, « La diagonale se vide ? Analyse spatiale exploratoire des décroissances démographiques en France métropolitaine depuis 50 ans », Cybergeo, janvier 2016.
- Pistre Pierre, Renouveaux des campagnes françaises : évolutions démographiques, dynamiques spatiales et recompositions sociales. Thèse de doctorat, 2012.
Pour compléter
- Samuel Depraz, « Habiter les espaces de faible densité : impensés et richesse des "vides" », Géoconfluences, mars 2020.