Écologie industrielle, écologie territoriale

L’écologie industrielle est un mode de pensée selon lequel les pratiques industrielles, notamment la circulation des flux dans le processus de production, doivent s’inspirer de l’écologie scientifique, laquelle considère tout flux (d’énergie, de matière…) comme une boucle, à l’échelle planétaire comme à celle de l’écosystème.

1) Une première acception du terme est la déclinaison, à l’échelle du parc d’activité ou de la zone industrielle, d’une stratégie de bouclage des flux de matières et d’énergie, appuyée sur le développement de synergies de substitution (permettant de remplacer une matière première nouvelle par la récupération d’un flux considéré comme un déchet ou un sous-produit de production) ou de mutualisation (permettant de mettre en commun une ressource entre des acteurs géographiquement proches). L’objectif serait alors d’assurer un découplage entre la consommation de matières et le résultat, c’est-à-dire le produit (Allenby, 1994).

2) Une seconde acception, de nature plus gestionnaire et opérationnelle, propose le déploiement d’une stratégie à l’échelle des entreprises pour internaliser les externalités négatives (pollution, déchets, pression sur les ressources) liées au développement industriel. Des politiques publiques adaptées (taxation, subventions) permettraient la viabilité du modèle de production/consommation de masse à l’échelle planétaire (Frosch et Gallopoulos, 1989).

3) Une dernière approche s’écarte de ces visions partielles et opérationnelles de l’écologie industrielle pour en proposer une lecture stratégique et transformative à l’échelle des entreprises et des territoires, dans la lignée de travaux critiques sur le caractère technique des approches précédentes (Chertow, 2007). L’écologie industrielle et territoriale se présente alors comme une approche analytique et opérationnelle, reposant sur une vision structurée, interdisciplinaire et engagée pour mobiliser les acteurs des territoires vers des modèles de développement plus durables. Elle associe une analyse des acteurs (entreprises, habitants, acteurs publics), des flux (matériels et immatériels) et des territoires (Maillefert et Robert, 2014). Des méthodologies ont ainsi été construites par différents projets de recherche, le plus souvent, en France, sous l’égide de l’Ademe (aujourd'hui Agence de la transition écologique). De nombreux retours d’expérience et de travaux d’évaluation ont été réalisés et collectés par le réseau OREE et sont disponibles pour le grand public. Depuis quelques années, les impératifs de transition écologique s’expriment sous un registre nouveau, celui de l’économie circulaire. De nouveaux modèles économiques émergent et interrogent les formes de mise en valeur du territoire, jusqu’alors centrées sur les dimensions productives, en incluant la question des usages et des habitants. Ils proposent une vision renouvelée de la transition économique, écologique et sociale, mais aussi territoriale, dans un contexte de montée des incertitudes environnementales, témoignant sans doute d’un changement nécessaire de régime socio-écologique.

>>> Voir aussi : économie circulaire.

Muriel Maillefert, octobre 2020, dernière relecture (SB et CB) février 2024.

Références

• Allenby B.R., 1994, “Understanding Industrial Ecology from a Biological Systems Perspective”, Total Quality Environmental Management, p. 343-354.
• Chertow, M. R., 2007, “’Uncovering’ Industrial Symbiosis”, Journal of industrial ecology, 11, 1, p. 11-30.
• Frosch R-A., Gallopoulos N-E., 1989, “Strategies for manufacturing”. Scientific American, 261, Special Issue “Managing Planet Earth”, September, 144 – 152.
• Maillefert M. et Robert I. (coord.), 2014, « Écologie industrielle, économie de la fonctionnalité », Revue Développement durable et territoires, vol. 5, n° 1.
• Sia Partners « L’écologie industrielle et territoriale en France, maillon clé de l'économie circulaire », juin 2020, étude pour l’Ademe.

Liens externes

• Site de l’association OREE : www.oree.org