Mégafeu
Un mégafeu désigne, dans les médias et le langage courant, un incendie de grande dimension, avec des conséquences graves pour l’environnement et les populations humaines. Aziz Ballouche (2025) souligne que pour l’instant, aucune définition scientifique consensuelle n’est arrêtée. En effet, les mégafeux désignent des réalités très différentes :
- Par leur taille. On peut parler d’un grand feu en France à partir de 100 hectares, et on commence à parler de mégafeu à partir de 1 000 ha en Europe, 10 000 ha aux États-Unis et 100 000 ha en Australie, même si le seuil de 10 000 ha est le plus courant.
- Par leurs caractéristiques. Certains événements considérés comme des mégafeux sont en réalité un grand nombre de foyers distincts. En fonction du type de végétation et des conditions locales (climat, météo, topographie…) le fonctionnement de ces incendies peut aussi être très différent.
- Par leurs causes. Alors que la foudre est à l’origine de la majorité des incendies au Canada, l’action anthropique (le brûlis volontaire) est de loin la première cause des feux de brousse dans les régions sahéliennes.
Les mégafeux ne sont pas toujours des feux de forêt, et ces derniers sont même très minoritaires dans le monde, en surface brûlée, par rapport aux végétations basses (savanes, prairies…). On utilise aussi en anglais le terme wildfire, difficilement traduisible. En zone intertropicale on parle de « feux de brousse ». Pour parler des grands incendies de végétation en général, on peut utiliser l’expression d’incendie de biomasse (ibid.).
Si les feux de biomasse de grande dimension sont associés au changement global au sens large, voire sont l’un des changements globaux, les liens entre dérèglement climatique et mégafeux sont loin d’être simples. À l'échelle locale, le réchauffement climatique peut signifier des sécheresses plus fréquentes ou plus longues, mais pas partout. En milieu humide, la déforestation peut aggraver le risque d’incendie, mais en milieu sec, c’est le reboisement, notamment associé au recul du pastoralisme et de l’agriculture paysanne, qui peut avoir le même effet.
À l’échelle globale, il y a consensus scientifique pour établir que le changement climatique explique de plus en plus les superficies brûlées et la dynamique des incendies (Burton et al., 2024 cités par Ballouche, 2025). Mais par ailleurs, la tendance est à la diminution des surfaces brûlées depuis un quart de siècle à l'échelle mondiale. Il est difficile de mesurer quelle est la contribution des politiques préventives et la gestion des forêts à la limitation des surfaces brûlées et dans quelles mesures elles atténuent les effets de forçage contraires liés au réchauffement climatique.
(JBB) d’après Aziz Ballouche, septembre 2025.
Références citées
- Ballouche Aziz (2025), « Mégafeux, du vocabulaire médiatique à la caractérisation scientifique », Géoconfluences, septembre 2025.
- Burton, C., Lampe, S., Kelley, D.I., Thiery, W., Hantson, S., Christidis, N., Gudmundsson, L., Forrest, M., Burke, E., Chang, J., Huang, H., Ito, A., Kou-Giesbrecht, S., Lasslop, G., Li, W., Nieradzik, L., Li, F., Chen, Y., Randerson, J., Reyer, C. & Mengel, M. (2024). “Global burned area increasingly explained by climate change”. Nature Climate Change, 1-7.







