Déforestation, déboisement, défrichement
Déforestation et déboisement ont le même sens, celui de couper les arbres d’une étendue boisée. Le terme de défrichement introduit une précision : c’est un déboisement ayant pour but la mise en culture de la parcelle concernée. On parle ainsi des grands défrichements à l’époque de l’optimum climatique médiéval, dont le résultat paysager et environnemental est une importante déforestation à l’échelle de la France et d’une partie de l’Europe. Les trois mots existent sous leur forme verbale : déforester, déboiser, défricher. Le résultat est, dans tous les cas, le remplacement de la forêt par une autre formation végétale ou par un sol artificialisé. À ce titre, la déforestation fait partie d’une catégorie plus large, le changement d’usage des sols, qui est, à l’échelle mondiale, l’un des grands changements globaux.
La déforestation contribue au changement global à plusieurs titres : réduction des habitats écologiques et extinctions d’espèces, émissions de CO2 (le carbone stocké dans la biomasse étant restitué à l’atmosphère sur une durée très courte), et fragilisation des sols. Toutefois, il est problématique de parler de déforestation à l’échelle mondiale, car il s’agit d’un bilan (surfaces reforestées moins surface déforestées) et, s’il est globalement négatif, en de nombreuses parties du monde les surfaces boisées progressent. C’est le cas par exemple en France, où le minimum forestier a été atteint en 1827, date depuis laquelle on assiste à une croissance des superficie forestières et une fermeture progressive du paysage. Il faut aussi distinguer les déboisements relevant d’une pratique traditionnelle de gestion agro-sylvicole, comme la culture sur abattis-brûlis, et les défrichements de grande envergure destinée des productions agro-industrielles, comme les plantations d’hévéa destinées à produire du charbon de bois dans le Mato Grosso brésilien, ou celles de palmiers à huile en Indonésie et en Malaisie.
Si les programmes de reforestation se multiplient, tous ne se valent pas : il est en effet difficile de prétendre reconstituer un milieu dans sa complexité, d’autant que la question de la référence écologique se pose. Certains programmes de reforestation servent même de compensation aux émissions de CO2 et visent donc uniquement à soulager les consciences tout en repoussant la recherche de solutions à long terme.
(JBB), septembre 2022, dernière modification : septembre 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Hervé Théry, « Rondônia : "anthropisation" d’un État amazonien, 1975-2020 », Géoconfluences, septembre 2022.
- Pierre Gautreau, Lorenzo Langbehn, Marie Gisclard, Gabrielle Marquis-Dupont, « Réguler les fronts agricoles sud-américains ? Expériences et négociations environnementales en Argentine, en Uruguay et au Brésil », Géoconfluences, janvier 2022.
- Jean-Benoît Bouron, « Étudier les relations environnement-sociétés à partir du cas de l'huile de palme à Bornéo », Géoconfluences, décembre 2018.
- Marion Daugeard et François-Michel Le Tourneau, « Le Brésil, de la déforestation à la reforestation ? », Géoconfluences, octobre 2018.