Pastoralisme, estive, remue, transhumance
Le pastoralisme désigne l’élevage nomade ou itinérant. Dans l’élevage sédentaire, les animaux restent sur le territoire de l’exploitation. Ils peuvent être nourris à l’herbe, dans le pré, ou par des aliments, en stabulation, que cette nourriture soit produite dans l’exploitation ou achetée à l’extérieur, ou les deux alternativement (au pré à la belle saison et en stabulation à la mauvaise saison). Le pastoralisme, en revanche, implique une mobilité des troupeaux, soit saisonnière, soit toute l’année (nomadisme). Les espaces qui sont traversés par les troupeaux pour qu’ils s’y nourrissent sont appelés des parcours. Lorsque le pastoralisme est associé à l’agriculture, on parle d’agropastoralisme.
Le pastoralisme vise à exploiter la complémentarité des milieux, en particulier dans les espaces à fortes contraintes comme les régions froides (éleveurs de Rennes de l’Arctique), les montagnes ou les espaces arides (Sahel, Asie centrale). En montagne, l’estive (ou remue) consiste à gagner les pâturages d’altitude en été et à redescendre dans la vallée l’hiver : la mobilité est verticale. La transhumance, en revanche, désigne une mobilité horizontale : les troupeaux et les éleveurs traversent une distance plus grande, parfois avec de nombreuses étapes intermédiaires.
Le plus grand système pastoral du monde fondé sur la transhumance est l’élevage sahélien, qui concerne une grande partie des 250 millions d'Africains vivant du pastoralisme (Chauvineau-Bost, 2022, p. 261). Les troupeaux suivent des circuits établis en fonction des pâturages et des points d’eau de façon à optimiser le fourrage. En saison sèche, ils gagnent le sud, puis à mesure que la saison des pluies avance, reverdissant progressivement les pâturages, ils retournent vers le nord. Cette mobilité transfrontalière est remise en question par l’insécurité régionale et par les changements globaux (ibid., p. 262). Le plus, le développement des cultures dans le sud du Sahel a augmenté les conflits autour de la ressource en eau : un troupeau de 500 vaches peut consommer en une journée 12 000 litres d’eau (ibid.).
(JBB), juillet 2023.
Références citées
- Chauvineau-Jost Jérôme (2022), « L’agriculture face à l’accroissement des risques naturels et des menaces climatiques » in Libourel Éloïse et Gonin Alexis, Agriculture et changements globaux, Atlande.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Ninon Blond, « Systèmes agricoles dans le Tigray (Éthiopie), entre héritages et recompositions contemporaines », Géoconfluences, mai 2023.
- Gilles Muller, « Dynamiques, mutations et recompositions paysagères des territoires ruraux alsaciens », Géoconfluences, mai 2021.
- Camille Escudé-Joffres, « Les régions de l’Arctique entre États et sociétés », Géoconfluences, septembre 2019.
- Christian Bouquet, « Le Sahara entre ses deux rives. Éléments de délimitation par la géohistoire d’un espace de contraintes », Géoconfluences, décembre 2017.
- Jean-Benoît Bouron, « Le Plan Loup, une réponse de l’État à un conflit socio-environnemental », Géoconfluences, avril 2017.
- Léa Billen, « Image à la une : jardins féminins aux portes du Sahel », Géoconfluences, mai 2016.
- Irène Mestre, « Image à la une : les pâturages du Kirghizistan, entre marges et réseaux », Géoconfluences, avril 2014.