Paysages de la vigne
Les paysages de la vigne ont souvent été qualifiés de remarquables car, tout paysage étant une construction sociale, on leur a attribué une forte valeur patrimoniale. En conséquence un certain nombre d’entre eux font l’objet de mesures de protection tant au niveau local, régional ou national qu’international. Ainsi, en 2021, neuf sites viticoles sont protégés par l’UNESCO au titre des « paysages culturels ». Ils sont situés dans cinq pays différents (France, Hongrie, Italie, Portugal et Suisse). En France, il s’agit des « climats des vignobles de Bourgogne », des « côteaux, maisons et caves de Champagne » et des « villages de la juridiction de Saint-Émilion ». Ces exemples témoignent bien du fait que le paysage de la vigne ne se limite pas aux champs, mais qu’il prend en compte l’histoire et l’ensemble des réalisations liées à cette activité.
La vigne est fondamentalement une culture durable, permanente. Les cartes topographiques repèrent les vignes avec un figuré particulier, signe d'une culture pérenne, à haute valeur ajoutée économique mais aussi paysagère. Les visions obliques, depuis les « routes du vin », ou verticales (photos aériennes), permettent une identification immédiate d'un type de paysage parmi les plus originaux de l’espace rural.
Le caractère géométrique des vignobles contribue à signer leur personnalité paysagère : espacement régulier des ceps, alignement d'échalas en bois, piquets en béton ou en métal, taille uniforme. Le vignoble est le monde de la régularité, de la répétitivité.
Ce qui pourrait être facteur de monotonie et créer la lassitude est un puissant motif de structuration et donne au paysage une clarté et une lisibilité évidente. Le caractère soigné de la culture : des tuteurs, des terrasses, des murs, des haies d'arbustes, des clôtures confirme cette impression de maîtrise et de rigueur.
La place de la vigne, dans l'ensemble du paysage agraire, de la monoculture, la « mer de vignes », à la « coltura promiscua », où la vigne se marie, plus ou moins discrètement, avec d'autres plantes, constitue un facteur de différenciation régionale, en complément avec les dispositifs topographiques : vignobles de coteaux, de plaines ou de plateaux.
(ST) d’après Paul Arnoud, 2004. Dernière modification (SB et CB) mars 2022
Source
- D’après Paul Arnoud, « Les paysages de la vigne en France », Géoconfluences, 2007.