Appellations
L'Appellation d’origine contrôlée (AOC) a été créée en 1935, principalement pour lutter contre la fraude qui s’est largement développée suite à la crise du phylloxéra (1868-1895). Le principe est simple : une zone délimitée (en fonction de l’exposition, de la nature du sol, etc.) et des règles communes de production (encépagement, taille de la vigne, etc.). Le tout est strictement noté dans un cahier des charges soumis à l’INAO et à la Chambre d’Agriculture. Les vins AOC représentaient 49 % de la production viticole française en 2010, les vins d'indication géographique protégée (IGP) - nommés vins de pays avant 2009 - en représentent environ un quart.
Ce modèle s'est propagé dans le reste du monde sous l'influence de l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV, née en 1923), largement construite autour de la France. L'Union européenne a également intégré ces signes de qualité sous la forme des Appellations d'origine protégée (AOP). De nombreuses AOC françaises sont aussi des AOP. Les Indications géographiques protégées (IGP) sont beaucoup plus souples.
Elles se rapprochent d'ailleurs davantage des signes utilisés dans le Nouveau Monde (AVA aux États-Unis, DO au Chili par exemple). Les règlementations sont très limitées - elles visent surtout à garantir la santé du consommateur selon un principe américain - et concèdent davantage de liberté en termes de cépage, d'année ou de provenance des vins (souvent une proportion de 75% ou 85%). Elles ont été imposées par l'Europe pour défendre ses Appellations les plus copiées ("Chablis", "Port", "Chianti", "Champagne", "Margaux", etc...) avec, comme réciprocité, l'ouverture de son gigantesque marché. Toutefois, les négociations permettent depuis peu aux Américains d’utiliser à bon droit des termes que leurs grands-parents utilisaient naguère (clause dite du "grand-père"). Il devrait donc toujours y avoir du "Chablis de Californie". Le droit américain des marques semble l’emporter sur le droit européen des signes de qualité. Les tractations sont toujours en cours auprès de l’OMC – et non de l’OIV, non reconnue par cette dernière institution – dans la rubrique des Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Les récents échecs des négociations à l’OMC en ce qui concerne l’agriculture n’ont pas permis de faire avancer ce dossier toujours en suspens.
(ST), 2011. Dernière modification (JBB), décembre 2021.
Pour compléter
- Reblochon : Serge Bourgeat et Catherine Bras, « Entre ancrage local, mondialisation culturelle et patrimonialisation… Une géographie de la tartiflette », Géoconfluences, décembre 2021.
- Rhum de la Martinique : Yves-Marcelle Richer, « La Martinique : de l’île sucrière à l’île-terroir », Géoconfluences, juin 2021.
- Jurançon : Grégoire Berche, « Les campagnes viticoles du Jurançonnais : dynamiques des vignerons indépendants au sein d’un système productif en recomposition », Géoconfluences, juin 2018.
- Bergerac : Éric Rouvellac, Les terroirs de l'aire AOC Bergerac. Géoconfluences, 2007.
- Hélène Velasco-Graciet et Jean-Claude Hinnewinkel, Espace et temporalités du vignoble : une comparaison franco-chilienne. Géoconfluences, 2007.
- Jean-Robert Pitte, La mondialisation au service des vins de terroir. À propos du rapport Pomel de mars 2006. Géoconfluences, 2007.
- Raphaël Schirmer (dir.), Azedine Chaouch, Perrine Gros, Marie-Gabrielle Leclair et Emmanuelle Leclercq, Les vins californiens en quête d’une image territoriale. Géoconfluences, 2007.
Liens externes
- INAO : www.inao.gouv.fr
- OIV : www.oiv.int
- Les signes de qualité en Europe : http://ec.europa.eu/agriculture/quality/index_fr.htm
- Sur le site de l'OMC, les ADPIC : www.wto.org/french/tratop_f/trips_f/trips_f.htm