Haie
Une haie peut être définie comme « une association continue, dans l’espace et le temps, d’arbustes et d’arbres, plus ou moins entretenue mais difficilement franchissable, située en limite de parcelle » (Balesdent et al., 2023, p. 97). Elle est le principal élément paysager définissant le bocage, dans l’ouest de l’Europe comme en Afrique (bocage bamiléké au Cameroun). En négatif, un paysage d’openfield est caractérisé par l’absence de haies. En Angleterre, le passage historique de l’openfield à un paysage fermé a traduit physiquement un mouvement d’accaparement foncier, les enclosures. Comme forme de clôture, elle est également présente dans les paysages de l’habitat individuel, notamment pavillonnaire, autour des jardins.
Obstacle à l’agrandissement des parcelles, à la mécanisation et à la motorisation de l’agriculture, une grande partie du linéaire de haies a été arraché, en France et en Europe, notamment à l’occasion d’opérations de remembrement. C’est depuis ces arrachages que l’on prend conscience des services écologiques rendus par les haies : conservation des sols, rétention de l’eau et régulation hydrique des milieux, production de bois, de fruits, etc., régulation microlocale du climat, maintien de la biodiversité, des équilibres interspécifique, et habitat écologique. La tendance actuelle est plutôt à replanter des haies, même si d’une part, les arrachages se poursuivent et d’autre part, il faut plusieurs décennies à une haie pour atteindre la maturité et remplir pleinement ses fonctions écologiques.
La tendance actuelle est plutôt à replanter des haies, même si d’une part, les arrachages se poursuivent et d’autre part, il faut plusieurs décennies à une haie pour atteindre la maturité et remplir pleinement ses fonctions écologiques. En fait, Léo Magnin (2024) a montré qu’il existe une contradiction entre l’incitation à replanter des haies, qui existe depuis plus de quarante ans, et la poursuite du productivisme agricole, d’autant que le nombre d’agriculteurs et d’agricultrices diminue continûment, alors qu’il faut de la main d’œuvre pour entretenir les haies. Entre 2006 et 2014, d’après le ministère de l’Agriculture (cité par Magnin, 2014, p. 9), la France a perdu 10 400 km de haies, et sur la période suivante, 2017-2021, 23 500 km ont été arrachés. Sur ces deux périodes, seuls 3 000 km de haies étaient replantés chaque année (ibid.).
(JBB), juillet 2024. Dernières modifications : janvier 2025.
Références citées
- Balesdent Jérôme, Dambrine Étienne et Fardeau Jean-Claude (2023), 80 clés pour comprendre des sols, éditions Quæ, 1re éd. 2015.
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Magnin Léo (2024), La vie sociale des haies. Enquête sur l’écologisation des mœurs, La Découverte, août 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Henri Girard, « Image à la une. Le bocage, une réponse à la désertification du Sahel ? », Géoconfluences, novembre 2024.
- Étienne Cossart et Mathieu Fressard (dir.), « Image à la une : "La terre fout le camp !", la lutte contre l'érosion des sols viticoles à Mercurey, Bourgogne », Géoconfluences, mars 2019.
- Anne Lascaux, « La recomposition d’un système agricole méditerranéen au prisme des migrations, l’exemple des cultivateurs marocains dans le Comtat », Géoconfluences, février 2019.
- Replanter des haies dans le bocage normand, brève de 2020
- Quelle agriculture pour demain ? Une sélection de la Bibliothèque des rapports publics, brève de 2023