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Rayonnement, influence

Publié le 16/10/2024
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En géographie, le rayonnement d’un territoire désigne le fait de bénéficier d’une image positive à l’extérieur. Littéralement, le rayonnement est l’action de rayonner, comme la lumière à partir du soleil. C’est un processus d’émission. Transposée en termes spatiaux, cela correspond à une logique centrifuge (vers l’extérieur), tandis que l’attractivité est centripète (tournée vers le centre). Cette image positive, radieuse, peut renvoyer à des éléments assez variés, mais pas toujours faciles à cerner plus précisément : une culture, un mode de vie, une capacité à innover… Le rayonnement pourrait légitimer ou résulter de l’influence, qui est une action en théorie plus efficiente, car censée être capable de modifier les choix d’autres acteurs spatiaux.

Dans les programmes de terminale actuellement en vigueur en France, il est une question ainsi formulée : « La France : un rayonnement international différencié et une inégale attractivité dans la mondialisation » (Bulletin Officiel). Dans le paragraphe d’explicitation, on peut lire, précisément, que « la France maintient son influence à l’étranger via son réseau diplomatique et éducatif, des organisations culturelles, scientifiques et linguistiques (instituts français, Organisation internationale de la francophonie, Louvre Abu Dhabi, lycées français à l’étranger…), mais également à travers les implantations de filiales d’entreprises françaises » (ibid.).

 Le texte du programme associe le rayonnement à l’image de la France. Cela peut être sa culture : ici diffusée par des écoles, des instituts, des ambassades, un musée… Cela peut être bien plus, comme l’implication croissante de la Chine dans les opérations de maintien de la paix et dans les différentes institutions onusiennes afin de gagner en visibilité (Rouiaï, 2018). Influence et rayonnement sont des éléments constitutifs d’une autre notion, celle de soft power, et dans ce cas, la capacité à influencer les autres États, c’est-à-dire à les contraindre dans leurs actions, est bien plus précise.

Le contenu de la notion de rayonnement reste assez flou. Il est difficile à mesurer, contrairement à l’attractivité, qui peut être approchée par exemple par le nombre de touristes, le nombre d’étudiants étrangers, le nombre de travailleurs transfrontaliers… Citons une tentative, entreprise par Laurent Chapelon, de mesurer le rayonnement des villes portuaire en faisant l’hypothèse que ce rayonnement serait proportionnel à la facilité d’accès de ces villes aux principaux marchés économiques européens (Chapelon, 2006). Cela reste une approche indirecte.

Finalement, dès 1992, Roger Brunet, dans Les mots de la géographie, avait probablement raison de mettre en garde contre ce terme : « Le côté dominateur et flatteur du mot rayonnement devrait amener à en restreindre l’usage à de réels rayonnements (créations culturelles, innovations) et à lui préférer en général soit desserte, soit attraction, qui sur ce sujet est plus rigoureux et moins sentimental, même s’il implique un mouvement dans l’autre sens, centripète. » On fera remarquer que dans les mots-clés des articles de géographie, celui de « rayonnement » n’est pas toujours traduit en anglais, ou s’il l’est, c’est par la notion, beaucoup plus précise, de (spatial) diffusion.

Vincent Capdepuy, avril 2024.


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