Sahel
Le Sahel désigne une zone, c’est-à-dire une région étirée d’ouest en est, de transition entre le Sahara et les régions à climat plus humides au sud. Il est caractérisé par une courte saison des pluies et un long hivernage sans précipitations ; sa végétation est une steppe ou une savane sèche à acacias.
S’il est d’usage d’affirmer que le nom vient, par métaphore, d’un mot arabe signifiant « rivage », le Sahara étant une coupure dans les échanges comme le serait une mer, Vincent Capdepuy (2024) estime que l’origine du toponyme est sans doute à chercher ailleurs. Le mot Sahel a pu aussi bien désigner la partie occidentale, sableuse, d’un Sahara qui deviendrait plus pierreux à l’est, ou être un toponyme local pour des régions situées en Mauritanie et Mali. En tout cas, l’utilisation pour décrire la frange sud du Sahara est récente : elle apparaît dans les années 1900 à 1920 sous la plume des fonctionnaires coloniaux français (ibid.)
Le terme a connu un succès important ; il est utilisé en anglais avec la même orthographe. Il permet de mettre l’accent sur les points communs aux régions d’Afrique situées entre 13 et 17 degrés de latitude nord. Au niveau des milieux, ces points communs sont des écosystèmes fragiles en raison de l’irrégularité des pluies, de sols minces, souvent latéritiques, et d'une végétation sujette aux feux de brousse (Girard, 2024). La croissance démographique a aggravé ces fragilités en raison de l’intensification de pratiques agricoles adaptées à des usages beaucoup extensifs, notamment le brûlis et le surpâturage. La désertification est accentuée par les changements climatiques, et l'isohyète des 200 mm, qui sépare par convention le Sahara du Sahel, s'est déplacée de 250 km vers le sud depuis le début du dernier cycle de sécheresse (Mainguet, 2003), ce qui correspond à une perte d'environ 800 000 km² de terres utilisables pour les agriculteurs et les éleveurs. L’embocagement est une piste suivie localement par les agronomes, s’inspirant de systèmes agraires existant ailleurs en Afrique (ibid.).
Historiquement région de contact, le Sahel est aujourd’hui une zone grise pour la plupart des États concernés, soumise à des problèmes majeurs d’insécurité, de terrorisme et de lutte armée. Trois de ces États se sont eux-mêmes positionnés en marge de la CÉDÉAO pour fonder la Confédération du Sahel (Bouquet, 2024).
(JBB), novembre 2024.
Références citées
- Bouquet Christian (2024), « Le Burkina Faso, le Mali, et le Niger quittent la CÉDÉAO pour fonder la Confédération du Sahel », Géoconfluences, septembre 2024.
- Capdepuy Vincent (2024), « D’où vient le Sahel ? Enquête géohistorique sur une invention coloniale », Géoconfluences, novembre 2024.
- Girard Henri (2024), « Image à la une. Le bocage, une réponse à la désertification du Sahel ? », Géoconfluences, novembre 2024.
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Mainguet Monique (2003), Les pays secs : environnement et développement, Ellipses, 160 p.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Armelle Choplin et Olivier Pliez, « Un Sahara, des Sahara-s. Lumières sur un espace déclaré "zone grise" », Géoconfluences, 2013.