Latérite
La latérite, du latin later (brique), est un sol rouge, très oxydé et très dur, typique des régions tropicales. Les pédologues parlent aussi de sols à sesquioxydes (Balesdent et al., 2023, p. 21). Ces sols peuvent former une couche superficielle parfois très dure et qui représente une contrainte pour l’agriculture. En climat semi-aride, cette couche, qu’on appelle zipellé au Burkina Faso, empêche l’infiltration de l’eau pendant les rares épisodes pluvieux (Baudin, 2023, p. 44-45). Le phénomène de latérisation intervient sur des roches soumises à la chaleur et l’humidité, à faible pente et avec peu d’érosion. Lorsqu'elles arment le dos d'une butte témoin ou d'un plateau, les latérites peuvent former une cuirasse épaisse et résistante à l'érosion.
Au dessus, un sol friable permettant la pénétration racinaire. Au dessous, une coche de latérite dure. Cliché : Terre Verte, Burkina Faso, décembre 2017. |
Tranchée creusée dans une couche latéritique au Burkina Faso. Cliché : Terre Verte, mars 2022. |
Ces sols ont souvent perdu une grande partie de leurs éléments nutritifs. Ils peuvent néanmoins être le support d’écosystèmes très riches, telles certaines forêts équatoriales, grâce à la remobilisation cyclique des éléments organiques (Balesdent et al., 2023, p. 21), mais la moindre perturbation, anthropique ou non, peut aboutir rapidement au lessivage et à l’érosion des sols. Inversement, une bonne gestion de l’écoulement de l’eau et des apports organiques peut faire de ces sols le support d’une agriculture durablement nourricière (Baudin, 2023). Des latérites travaillées par les racines des plantes et protégées du ruissellement peuvent devenir friable, et former un sol fertile.
Alors que les observateurs coloniaux européens imputaient l’usage d’instruments aratoires légers (« qui se contentent de gratter le sol »), comme la houe ou l’araire, à un retard civilisationnel des agricultures tropicales, on peut en fait y voir une forme d’adaptation au risque d’érosion des sols.
(JBB), octobre 2024. Relecture : Henri Girard.
Références citées
- Balesdent Jérôme, Dambrine Étienne et Fardeau Jean-Claude (2023), 80 clés pour comprendre des sols, éditions Quæ (1re éd. 2015).
- Baudin Frédéric. Wégoubri, un bocage au Sahel. Entretiens avec Henri Girard, CEM, 2023 (1re éd. 2017).
Pour compléter avec Géoconfluences
- Henri Girard, « Image à la une. Le bocage, une réponse à la désertification du Sahel ? », Géoconfluences, novembre 2024.