Tibet (Xizang)
Le Tibet est une région de hauts plateaux au nord de l’Himalaya, souvent surnommé le « toit du monde ». La Région autonome du Tibet (Xizang en chinois) désigne l’entité administrative résultant de l’annexion du royaume théocratique en 1950 par la République Populaire de Chine (RPC) et officiellement créée en 1965. Elle est depuis soumise à un contrôle sévère et répressif, et une politique de sinisation et d'intégration y est poursuivie à travers notamment le peuplement par des Chinois d'ethnie Han qui aboutit à rendre la population autochtone tibétaine minoritaire, ce qui est déjà le cas dans les grandes villes (Lhassa, Xigatse, Gyangtse).
Le désenclavement de la région pour mieux l'arrimer au reste de la Chine s’est par ailleurs traduit par la construction d'une ligne de chemin de fer (dite ligne « Qing-Zang »), entre Golmud au nord-est, ville de la province du Qinghaï, et Lhassa au sud-ouest, capitale du Tibet : voie ferroviaire la plus haute de la planète (passage par le col de Tanggula à plus de 5 000 mètres d'altitude), elle est entrée en service en 2006 et elle permet aujourd’hui de rejoindre en une quarantaine d’heures Lhassa depuis Pékin.
La maîtrise de cet immense territoire présente un intérêt géostratégique majeur pour la RPC : il surplombe l'Asie du Sud, permet le contrôle des accès en direction de l'Asie centrale et il est frontalier de l'Inde alors que les contentieux frontaliers entre les deux pays sont encore d’actualité. C'est un château d'eau (d’où proviendraient 30 % des ressources hydrauliques de la Chine selon la presse officielle) assurant l'alimentation des bassins versants de fleuves majeurs, dont le Yangzi et le Fleuve Jaune qui y prennent leur source. Il recèle enfin un grand nombre de ressources d'intérêt stratégique tels que des gisements de cuivre et de chrome et des réserves estimées de lithium, d'uranium et de borax les plus riches du monde.
Le cas du Tibet est l’un des nombreux sujets de crispation dans les relations internationales de la Chine. La région est instrumentalisée par ses partenaires ou par ses rivaux, qui évitent le sujet (voire soutiennent la Chine) pour s’attirer les faveurs de ses dirigeants, ou au contraire le mentionnent (ou se font les défenseurs du Tibet) lorsque le but recherché est de les agacer.
(ST), janvier 2010. Dernière modification (LF) en mars 2021.
Pour compléter
- Nashidil Rouiaï, « Sur les routes de l’influence : forces et faiblesses du soft power chinois », Géoconfluences, 2018.
Liens externes
- Isabelle Attané, « La population tibétaine entre imprégnation et marginalisation », Outre-Terre, 2009, p. 219-226.