Tiers-Monde
Le Tiers-Monde (en anglais Third World) est né sous la plume du démographe français Alfred Sauvy en août 1952, dans l’hebdomadaire français L’Observateur, en référence explicite au tiers état de la Révolution française et à la formule de l’abbé Sieyès : « car enfin ce Tiers Monde, ignoré, exploité, méprisé, comme le tiers état, veut lui aussi être quelque chose » (Sauvy, 1952, cité par Bouron, Carroué et Mathian, 2022). Connaissant un fort succès, elle est mobilisée dès la Conférence de Bandung de 1955 pour refuser les logiques de bipolarisation introduite par la Guerre froide dans le cadre de la décolonisation et de la montée du mouvement des non-alignés. L’expression est ensuite reprise dans une publication de l’Institut national d’études démographiques (INED) en 1956. Elle devient une clé de lecture majeure de l’ordre mondial pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, Le tiers-mondisme peut désigner à la fois, d'une part une idéologie prenant la défense des pays pauvres et de leur émancipation, tant politique qu’économique, et d'autre part une idéologie de l'aide au développement et de l'intervention humanitaire.
Aujourd'hui désuète, l'expression a cédé la place à d'autres termes : pays en voie de développement ou PVD, pays en développent, pays du Sud, puis du « Sud » (avec les guillemets), puis des « Suds » au pluriel. On parle aujourd'hui de pays précaires et émergents, ou plus fréquemment du Sud global (Capedpuy, 2023).
(JBB) janvier 2024.
Références citées
- Bouron Jean-Benoît, Carroué Laurent et Mathian Hélène, « Représenter et découper le monde : dépasser la limite Nord-Sud pour penser les inégalités de richesse et le développement », Géoconfluences, décembre 2022.
- Capdepuy Vincent, « Le Sud global, un nouvel acteur de la géopolitique mondiale ? », Géoconfluences, septembre 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Vincent Capdepuy, « La ligne Nord-Sud, permanence d’un clivage ancien et durable », Géoconfluences, janvier 2024.