Transect

Publié le 02/12/2025

Auteur(s) : Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie, responsable éditoriale de Géoconfluences de 2002 à 2012 - DGESCO et École normale supérieure de Lyon
Léa Ferreira
Aurélie Delage, maîtresse de conférences en aménagement et urbanisme - Université de Perpignan Via Domitia / UMR 5281 Art-Dev
David Giband, professeur des Universités - Université Perpignan Via Domitia
Raphaël Languillon-Aussel, chercheur, agrégé de géographie - Université de Genève

PDF

Le transect désigne la traversée, selon une ligne imaginaire, d'un espace géographique afin d'en analyser les composantes paysagères. C’est un outil de représentation de l’espace, qui permet une observation de terrain selon une perspective verticale, contrairement aux dispositifs plus classiques d’observation en géographie que sont la carte ou le plan.

Sur le modèle des profils topographiques, et à l’instar des coupes urbaines de l’architecture, il s’agit de porter sur un même document des éléments morphologiques (relief, formes urbaines), accompagnés d’éléments descriptifs immatériels visant à éclairer l’espace (ambiances, flux de population, etc.), et d’éléments d’analyse produits par les chercheurs. Le transect combine donc des caractéristiques de la carte (spatialisation exhaustive d’une donnée tel que le relief) et du croquis, par la schématisation et la sélection analytique qui traduisent un tri de l’information.

La pratique du transect, ou coupe urbaine, est courante en architecture : un groupe de personnes s’assigne une marche le long d’une ligne fictive, et consigne in situ des éléments de composition urbaine, d’ambiances (sonores, visuelles, olfactives) et toute autre observation. La traduction graphique fait ensuite la synthèse organisée le long du transect de l’ensemble du matériau récolté. Elle peut également faire l’objet d’une restitution dans l’espace public : le transect devient « lieu de débat et de rencontre entre les acteurs de l’urbain » (Pousin et al., 2016).

Cette méthodologie, plutôt associée aux approches sensibles, fait désormais l’objet de transpositions dans d’autres domaines tels que les paysages alimentaires (Buyck et Meyfroidt, 2020) ou l’analyse des dynamiques socio-spatiales au regard des questions de sobriété foncière (Delage, Giband et Languillon-Aussel, 2025). Le transect territorial, à l’échelle plus vaste d’un bassin de vie permet une cartographie en coupe, augmentée d’un certain nombre d’éléments d’analyse stylisés, issus du diagnostic préalable (données socio-démographiques), mais aussi de contexte : législatif, économique, politique, etc. En fonction des besoins, on peut superposer plusieurs niveaux d’analyse, et figurer des flux (de population, de capitaux), des dynamiques (report, zones de tension, angles morts), mettant en exergue les relations entre les différents espaces (concurrence, complémentarité, gradients, effets de frontière physique, mentale ou symbolique). Sans aller jusqu’à la précision d’une coupe géologique, il est possible de reporter quelques éléments de sol ou de sous-sol utiles à l’analyse, en matière de risques ou de fertilité des sols par exemple. Surtout, le profil topographique intègre le relief et les éléments naturels (plaine, fleuve, littoral, etc.) comme clé de compréhension de l’organisation des territoires.

Encadré méthodologique : produire un transect

1. Choisir le tracé

Un transect est une ligne souvent droite, allant d’un point A à un point B. En urbanisme, on peut suivre une rue, notamment quand il s’agit d’une pénétrante reliant le centre à la périphérie. À l’échelle du transect de territoire, cela peut être le long d’un axe structurant, qu’il soit naturel (cours d’eau) ou artificiel (route majeure). Le tracé permet de traverser des espaces de natures différentes (ville, périurbain, espace rural, montagne…) dont on étudiera les interactions. Le choix de cette ligne est parfois évident du fait de la configuration des lieux, parfois il résulte du travail de terrain et des lectures qui permettent d’identifier des situations contrastées (des « vides » et des « pleins », des ruptures naturelles ou d’origine humaine) ou un gradient signifiant. Le tracé peut néanmoins comporter une ou deux brisures si cela permet de suivre un mouvement du relief ou une logique d’urbanisation pertinente pour le territoire et l’analyse.

2. Tracer la coupe

Pour un transect en France, l’IGN propose sur son Géoportail la fonction « établir un profil altimétrique », dans l’onglet « outils », et le menu « mesures ». Il suffit de tracer le transect sur l’écran, et le profil altimétrique est généré dans une fenêtre.

Il est également possible de créer une coupe dans Google Earth (explications pas à pas : https://pedagogie.ac-montpellier.fr/google-earth-creer-un-profil-topographique)

3. Faire une capture d’écran du profil altimétrique et la coller dans un logiciel de dessin assisté par ordinateur (de type Inkscape, logiciel gratuit).

4. Redessiner le profil (le vectoriser) pour retravailler l’échelle des altitudes et des distances (et avoir un relief plus ou moins prononcé).

5. Ajouter des couches d’analyses :

en « linéaire » : données démographiques (évolution de la population), économiques (revenus des ménages, prix de l’immobilier), politiques (périmètres spécifiques de lois), etc.
en « dynamiques » : flux de populations, d’activités, de richesses, etc.

Essayer d’avoir un code couleur pour chaque type d’information pour aider au tri visuel (entre les thèmes, entre ce qui est factuel et ce qui relève de l’analyse, etc.).

(ST), 2007 et (LF), 2021, repris, remanié et augmenté par Aurélie Delage, David Giband et Raphaël Languillon-Aussel, novembre 2025.

Références citées

Buyck Jennifer et Meyfroidt Aurore (2020), « Explorer les paysages alimentaires pour régénérer la fabrique agriurbaine », Territoire en mouvement, 44-45 | 2020.
Delage Aurélie, Giband David et Languillon-Aussel Raphaël (2025), « La lutte contre l’artificialisation des sols en France, de la loi ZAN aux territoires », Géoconfluences, décembre 2025.
Pousin Frédéric, Marco Audrey, Bertaudière-Montès Valérie, Barthélémy Carole et Nicolas Tixier (2016), « Le transect : outil de dialogue interdisciplinaire et de médiation », VertigO, hors-série 24 | juin 2016.