Tropisme (héliotropisme, balnéotropisme…)

Le tropisme est la tendance de certains organismes vivants à croître dans une direction, le cas le plus connu étant celui des plantes qui poussent vers la lumière.

En sciences sociales, en particulier en géographie et en histoire du tourisme, a fait grand usage du mot comme suffixe pour désigner l’attraction de certaines aménités sur les touristes : héliotropisme (vers les régions plus ensoleillées), haliotropisme vers les littoraux maritimes, balnéotropisme vers les littoraux baignables en général, y compris lacustres, etc.

Contrairement à ce que l’origine biologique du mot laisse entendre, il ne s’agit en rien d’une attraction naturelle : c’est un construit social et historique qui procède d’un retournement de valeur à l’égard de régions longtemps répulsives (Corbin, 1988). Ainsi les régions ensoleillées ont-elles été d’abord fréquentées en hiver, et les régions maritimes l’ont été au départ pour des raisons sanitaires dans un contexte hygiéniste. Le balnéotropisme, associé à la recherche du « sea, sand and sun », ne s’est développé qu’au milieu du XX^e siècle à la faveur de la société de loisirs et de la démocratisation du tourisme.

Les tropismes touristiques fonctionnent également pour les mobilités résidentielles, les destinations touristiques étant aussi fréquemment des régions à solde migratoire positif. Celle littoralisation du peuplement peut être en partie saisonnière (cas des résidences secondaires) et en partie définitive (cas des retraités par exemple), dans tous les cas elle entraîne une tension immobilière.

(JBB), février 2025.

Référence citée

• Corbin Alain (1988), Le territoire du vide. L'Occident et le désir de rivage.  Flammarion - Champs histoire, nouvelle éd. 2018.