D’où vient le Sahel ? Enquête géohistorique sur une invention coloniale
Bibliographie | mots-clés | citer cet article
Depuis presque trente ans, les travaux de géohistoire se sont multipliés pour, sinon déconstruire, du moins montrer la dimension culturelle et historique des découpages géographiques qu’on aurait tendance à croire naturels. Qu’on pense notamment aux travaux de Martin W. Lewis et Kären Wigen (1997) ou de Christian Grataloup (2009) sur l’invention des continents, ou ceux de Philippe Pelletier (2011) sur l’invention de l’extrême-Orient. L’« invention de » passerait presque aujourd’hui pour un lieu commun. De fait, le Sahel n’échappe pas à cette grille d’analyse. L’espace géographique ainsi désigné a été découpé et dénommé selon un processus qui mérite d’être historicisé, ce que Jean-Loup Amselle a esquissé dans un ouvrage paru récemment, quoique l’accent soit davantage anthropologique (Amselle, 2022).
Que « l’invention du Sahel » soit liée à la colonisation ne surprend pas beaucoup : une très grande partie de la carte du Monde a été dressée par les Européens et porte durablement la trace de cette empreinte coloniale. L’intérêt dans le cas du Sahel est peut-être de se présenter voilé. « Sahel » est un mot d’origine arabe et peut donner l’impression d’être emprunté à la toponymie locale ; la dimension coloniale n’est pas manifeste. Pourtant, on pourrait s’étonner : sāḥil, en arabe, signifie « rivage, côte, littoral ». On trouve le toponyme sur les bords de la mer Méditerranée, en Libye, en Tunisie, en Algérie, au Liban… Que fait-il au sud du Sahara ? Par métaphore, le Sahel serait le rivage du Sahara. En 1922, cela paraît évident à Maurice Delafosse, gouverneur honoraire des colonies, professeur à l’École coloniale, qui affirme lors d’une conférence qu’« une zone de transition s'intercale entre le Soudan et le Sahara : c’est cette zone que nous appelons le Sahel, d’un mot arabe signifiant “rivage”. Bien entendu, il s’agit ici du rivage du désert » (Delafosse, 1922).
L’idée est formulée depuis le début du XXe siècle, elle a été répétée à l’envi pendant des décennies ; pourquoi, aujourd’hui, en douter ? Pourtant, on chercherait en vain dans la géographie arabe l’expression sahīl al-ṣahrā', « le rivage du désert », sinon, occurrence au demeurant exceptionnelle, pour désigner le rivage atlantique du Sahara. Jean-Loup Amselle a donc tout à fait raison de rappeler que la notion de « Sahel » apparaît pour la première fois en 1900 dans une communication du botaniste Auguste Chevalier sur « les zones et les provinces botaniques de l’Afrique occidentale française ». Est-ce pour autant une transposition d’une notion forgée en Algérie comme il l’avance ? Rien ne le prouve et on aurait tort, au contraire, d’ignorer la trace, aussi ténue qu’elle soit, du terme « sahel », orthographié « saheel », dans l’ouvrage de l’explorateur écossais Mungo Park. Faisant le récit le récit de son séjour au camp du roi du Ludamar, près de la ville de Benowm en avril 1796, il écrit : « Nous attendîmes quelques jours en vain qu’Ali et Fatima revinssent du Saheel* ». Le texte français est accompagné d’une note de bas de page, qui correspond à une parenthèse dans le texte anglais : « * Ce mot signifie le pays du nord ». Ainsi, il y a tout lieu de croire que le mot avait bien un usage local et on peut avancer l’hypothèse qu’il ait influencé les militaires français dans la dénomination de cet espace situé au nord du fleuve Sénégal et de la boucle du Niger.
Au regard de l’importance que continue d’avoir ce toponyme dans la géopolitique contemporaine, il importait donc d’en reprendre la généalogie de façon précise.
1. L’invention d’un espace zonal
Il serait anachronique de penser que le Sahel a toujours été cette longue bande de terres qui longe la bordure méridionale du Sahara et qui serait (mal) délimitée par deux isohyètes, aussi discutées qu’incertains. On pourrait reprendre, par exemple, la définition qu’en donne Paul Marty en 1921 dans son étude des tribus du Soudan, dont le troisième tome est plus particulièrement consacré aux « tribus maures du Sahel et du Hodh ». Alors qu’il a été interprète militaire en Tunisie puis chargé du Service des Affaires musulmanes à Dakar auprès du Gouvernement général de l’AOF, dès la première page, il écrit ceci :
« Dans la terminologie soudanaise, le Sahel est cet immense territoire de 500 kilomètres de longueur et de 100 à 200 de largeur, compris entre le Haut-Sénégal et le Moyen Niger, plus précisément entre le méridien Kayes-Nioro et la portion de Niger Sansanding-Macina. Il est, comme son nom l’indique, le “rivage” du Sahara, la lisière du Soudan et du désert. »
Paul Marty, 1921, Études sur l’islam et les tribus du Soudan, Paris, Éd. Ernest Leroux, tome 3, Les tribus maures du Sahel et du Hodh, p. 1.
Document 1. Le Sahel d’après Paul Marty (1921)
Le Sahel d’alors ne serait donc qu’une portion du Sahel d’aujourd’hui. Cependant, la dilatation de l’idée de Sahel a été rapide, à en croire la précision que se croit obligé d’apporter le géologue Raymond Furon en 1929 en début d’un article sur le Sahel soudanais :
« Nous appellerons ici Sahel soudanais la région nommée Sahel par tous les Soudanais, c’est-à-dire une zone s’étendant depuis la frontière de Mauritanie à l’ouest, jusqu’au Niger entre Ké Macina et Mopti, à l’est (soit 750 km).
Du nord au sud, il mesure 300 kilomètres en moyenne, sa limite méridionale étant à peu près celle des cercles de Nioro, Nara et Macina. Le Nord est limité par une falaise de grès anciens : le Dahar, courant de Tichit à Oualata, Néma et en direction du lac Faguibine. Au nord de cette falaise commence le désert saharien.
Le Sahel soudanais correspond à quatre cercles : Néma, Nioro, Nara et Macina.
Cette précision n’est pas inutile puisque au point de vue climatique le terme “Sahel” a un sens beaucoup plus large et sert à désigner toute la zone qui s’étend au sud du Sahara, depuis les côtes de Mauritanie jusqu’au lac Tchad. Il ne s’agit ici que du Sahel occidental. »
Raymond Furon, 1929, « Le Sahel soudanais », La Géographie, tome 51, p. 149.
Document 2. Le Sahel d’après Raymond Furon (1929)
La précision est importante. Le Sahel désignerait d’un côté, une région ; de l’autre, une zone biogéographique qui formerait « la bordure méridionale du désert » selon René Chudeau dans le volume consacré au Sahara soudanais et publié en 1909. Il ajoutait : « les précipitations y varient probablement entre 150 et 500 millimètres ». Mais cette division de l’Afrique de l’Ouest en « plusieurs zones, grossièrement parallèles entre elles », il la reprenait à Auguste Chevalier.
La présentation que fit Auguste Chevalier en avril 1900 et qu’on considère généralement comme l’acte de naissance du « Sahel », n’est connue que par son résumé dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences. L’auteur donnait un tableau de la diversité de la végétation de l’Afrique occidentale française, entité qui venait d’être créée en 1895. Comme le précise une note de bas de page, ceci résultait d’observations faites au cours d’une mission scientifique confiée à l’auteur par le général de Trentinian, alors gouverneur du Soudan français (1898-1899), et d’une autre mission d’exploration botanique au Sénégal (1899-1900) confiée à l’auteur par Jean-Baptiste Chaudié, premier gouverneur général de l’Afrique occidentale française.
« Pendant ces deux missions, l’auteur a parcouru la brousse sur un itinéraire d'environ 8 000 km et visité successivement le Haut-Sénégal, le moyen et le haut Niger, les anciens États de Samory et de Thiéba, le Sindou, le territoire de la Volta, la boucle du Niger, le territoire de Tombouctou, une partie du Sahel ; enfin, au Sénégal, une partie du Cayor, du Baol, la curieuse région littorale des Niayes ; puis une partie de la Casamance, notamment les territoires de la rive droite (Yacine, Fogny, Iton) et sur la rive gauche le pays des Floups. »
Auguste Chevalier, 1900, « Les zones et les provinces botaniques de l’Afrique occidentale française », Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, tome CXXX, p. 1205, note de bas de page.
Document 3. Voyage d’Auguste Chevalier en 1898-1899
Dans cet extrait, le Sahel apparaît parmi les territoires parcourus et préexiste à la communication d’Auguste Chevalier. Il serait donc faux, ou du moins inexact, de lui imputer l’invention ex nihilo du Sahel. Auguste Chevalier reprit le nom pour l’appliquer, sous forme adjectivale, à une zone géographique définie par des caractéristiques botaniques.
« En allant du nord au sud, on observe successivement :
1º La zone sahélienne, caractérisée par quelques espèces sahariennes et des espèces ligneuses peu nombreuses, de taille souvent réduite et ne formant que des taillis très peu épais. Le sol est presque partout sablonneux et nu.
2º La zone soudanienne, la plus vaste de toutes, constituée en grande partie par des plateaux de latérite presque nus en saison sèche et qui deviennent en hivernage (de juin à novembre) d’épaisses prairies ou des savanes formées de hautes graminées et de nombreuses légumineuses. Les arbres sont d’espèces très variées et souvent de belle taille. Ils ne forment jamais de forêts impénétrables ou même épaisses. Ils sont rarement enlacés par des lianes.
3º La zone guinéenne, constituée à proximité de la côte par des terrains bas et marécageux, souvent coupés de larges estuaires saumâtres bordés de palétuviers. Dans l’intérieur, le pays est souvent montagneux et couvert de rivières ou de ruisseaux à courant assez rapide. Les régions basses et les vallées sont généralement constituées par de hautes forêts compactes ou même impénétrables lorsque les arbres sont enlacés de lianes. Il y existe également de grandes clairières, couvertes de hautes graminées, de rizières, de champs de mil. Les régions montagneuses et les plateaux de latérite sont couverts de taillis clairs et de savanes, comme dans la zone soudanienne. Les cours d’eau sont souvent bordés d’un épais fouillis de végétaux, parmi lesquels dominent les Bambous, les Eleis, les Raphia. »
Auguste Chevalier, 1900, « Les zones et les provinces botaniques de l’Afrique occidentale française », Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, tome CXXX, p. 1206.
Auguste Chevalier précisait ensuite son découpage et expliquait que la zone sahélienne correspondait à deux provinces : celle de Tombouctou et du Sahel, et celle du Macina, du Kaarta et du Fouta sénégalais. Le processus métonymique d’extension d’un nom préexistant est ici manifeste.
Il a transposé son analyse en une carte botanique agricole, forestière et pastorale de l’Afrique occidentale, publiée une première fois dans tome 22 de La Géographie en 1912, puis dans le tome 1 de son ouvrage de synthèse en 1920, Exploration botanique de l’Afrique occidentale française. Il explique en préambule que douze formations principales végétales ont été représentées, regroupées en cinq grandes zones : le désert du Sahara, la zone sahélienne, la zone soudanaise, la zone guinéenne et la grande forêt vierge. On insistera sur le fait qu’il s’agit bien de la cartographie d’une « zone sahélienne », et non du « Sahel ».
Document 4. Exploration botanique de l’Afrique occidentale française : la division en zones (1920)
Version simplifiée de la carte d’Auguste Chevalier dessinée par E. Baronnet. Voir l’original sur gallica.bnf.fr).
Document 5. La zone sahélienne d’après Auguste Chevalier (1920)
Nonobstant, le toponyme « Sahel », sur les cartes administratives de l’époque, reste bien limité à la région de Nioro. Sur le plan typographique, le nom est traité de la même manière que ceux du Hodh, de l’Azaouad, du Djouf, etc. Le Sahel n’est qu’une région parmi bien d’autres.
Document 6. Le Sahel sur une carte politique et administrative de l’AOF, 1928
Source : gallica.bnf.fr / Bnf
2. Une province du Soudan français
Dans sa conférence de 1900, Auguste Chevalier, en parlant d’une « zone sahélienne », forgeait un adjectif qui dérivait de toute évidence d’un des territoires traversés : la région du Sahel. La création de cette région militaire en 1895 a été relatée dans l’Histoire de la conquête du Soudan français, publiée par le lieutenant Gatelet en 1901. Mais la matière même de cette histoire se trouve dans une « notice historique sur la région du Sahel » rédigée par le commandant de Lartigue en 1896 et publiée en 1898 dans un supplément du Bulletin du Comité de l’Afrique française.
« Le colonel de Trentinian décida, le 2 novembre, qu’il serait créé, à la date du 1er décembre, une région nouvelle dite du Sahel ; elle comprendrait : 1° l’ancien cercle de Nioro, moins les territoires du Ouagadou, des Kolons et des Bakounou ; 2° les territoires précités forment unité administrative sous les ordres d’un officier portant le titre d’administrateur du Ouagadou ; 3° le cercle de Sokolo, détaché de la région Nord-Est. »
Commandant de Lartigue, « Notice historique sur la région du Sahel », Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, n° 4, supplément au Bulletin du Comité de l’Afrique française, avril 1898, p. 87.
Document 7. Les cercles de la région militaire du Sahel, à partir d’une carte du Soudan français, Paul Vuillot, 1897
Source : gallica.bnf.fr / BnF. À noter que les cercles ne sont pas indiqués tels quels.
Je n’ai pas trouvé de carte militaire qui délimiterait cette région militaire et ses cercles, qui sont la plus petite unité administrative coloniale, mais la notice de 1898 renvoie à une carte publiée l’année précédente dans une autre notice du même commandant de Lartigue, à propos des « Maures du Sénégal et du Soudan ». Le toponyme en majuscules espacées, « SAHEL », recouvre d’autres toponymes, du Tagant et d’el-Djouf, donnant l’impression qu’il subsume ces régions. Mais il est positionné au nord du Soudan français et en réalité, n’indique pas la région militaire du Sahel, mais un espace plus vaste.
Document 8. Le Sahel sur une carte du commandant Lartigue, 1898
« Notice sur les Maures du Sénégal et du Soudan », source : gallica.bnf.fr / BnF.
Deux cartes publiées à la fin de L’Histoire de la conquête du Soudan français permettent de confirmer cette distinction. Sur le croquis n° 10, représentant la troisième campagne du lieutenant-colonel Archinard en 1890–91, on trouve un large toponyme, écrit en majuscules, « SAHEL », au nord de Nioro. À ce moment-là, la région militaire du même nom n’avait pas été créée. Le nom semble donc renvoyer à un territoire qui serait peuplé de Maures, comme l’indique la parenthèse située sous le toponyme. Sur le croquis n° 13, qui illustre la conquête de Tombouctou entre 1894 et 1896, on retrouve le même toponyme avec la même référence aux Maures entre parenthèse. En revanche, plus au sud, on peut lire, en biais, « RÉGION DU SAHEL ». De toute évidence, il s’agit bien ici de la région militaire française, créée en 1895. Elle semblerait donc tenir son nom d’un espace plus vaste situé au nord, le Sahel.
Dans le Bulletin du Comité de l’Afrique française de 1898, on trouve deux notices consacrées à cette région et rédigées par le commandant de Lartigue, une notice historique et une notice géographique. Elles portent sur la région militaire. Cependant, quelques indications ici et là font de façon récurrente référence au Sahel comme étant une région située au nord de cette dernière.
Ici, une petite note de bas de page à propos du cours du Kolimbiné, un affluent du Sénégal :
« D’aucuns prétendent que le Kolimbiné prend sa source dans le Sahel et forme les mares successives connues sous le nom de lignes d’eau de Toya ; d’autres prétendent que le Kolimbiné serait le Ouadou, qui longe les frontières du Sahel, près Kobi ; d’autres, que ce ne serait que le marigot de Nioro » (De Lartigue, 1898, p. 110).
Là à propos d’un autre cours d’eau :
« Un gros marigot, connu sous le nom de Diéremtakaré-Pho ou de Ouadou (dans le Kingui à Ahmaké-Kobi), passe à proximité de presque tous les villages, il coule vers l’Ouest, fait un coude brusque dans le Sahel et reparait à Dionkolané. On trouve dans le lit de ce marigot l’eau à environ 80 centimètres de profondeur sous la couche de sable. » Ibid., p. 117.
Ailleurs, ce sont les Saracollets du Kingui, notamment le chef du village de Tourourou, au nord-est de Nioro :
« Diavvandos s’applique aussi bien à ceux-ci qu’à ceux-là. Dama Diavvara, homme jeune, de grande taille, vigoureux, connaît le Sahel aussi bien que n’importe quel Maure ; il l’a parcouru dans tous les sens et est en relations avec toutes les tribus et les gens influents. Il favorisait la fraude et prélevait de ce fait des droits pour lui-même dans les premiers temps de l’occupation. Il est probable qu’il agit encore ainsi aujourd’hui mais il le fait si habilement que, malgré quelques plaintes de Maures lésés, il nous a été encore impossible de découvrir la vérité. » Ibid., p. 118.
En janvier 1891, face aux troupes françaises menées par le colonel Archinard, Ahmadou Tall, le souverain de l’Empire toucouleur, prit la fuite par le Sahel :
« Se sentant cerné de tous les côtés sur les territoires du Soudan et craignant de tomber entre nos mains, Ahmadou, avec l’aide d’un Maure de Néma, Baba Hanim, et le secours de Moctar Scheikh, chef des Meshdoufs, est remonté dans le Sahel jusqu’à Néma [dans l’actuelle Mauritanie, NDA], près de Oualata, pour se diriger, de là vers l’Est et le Macina. »
Commandant de Lartigue, « Notice historique sur la région du Sahel », Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, n° 4, Supplément au Bulletin du Comité de l’Afrique française, avril 1898, p. 74.
Quel est alors ce Sahel ? En 1897, le commandant de Lartigue avait consacré une notice « sur les Maures du Sénégal et du Soudan ». En appendice, il faisait une description des principales régions du Sahel, dont voici de brefs extraits :
« 1° Adrar mauritanien. – L’Adrar mauritanien, qu’il ne faut pas confondre avec l’Adrar nigritien, dont il sera parlé plus loin, est situé à l’est d’Arguin et sur la même latitude ; c’est à sa limite septentrionale que se trouve la Sebkha El Khadera (endroit salé bleu) qui fournit du sel à presque tout le Soudan. […]
2° Tagant. Le Tagant est situé au sud-est de l’Adrar mauritanien, auquel il ressemble par son climat, sa configuration et ses cultures. […]
3° Hodh. – À l’est du Tarant et au nord des cercles de Nioro, Goumbou et Sokolo se trouve un vaste plateau d’une étendue considérable, appelé le Hlodh et habité par de nombreuses tribus de Maures, les Kountas, les Ouled Sidi Mahmouds, les Ouled Nacers, lesOUuled M’Bareks, les Meshdoufs et les Oulad Mahmouds. C’est dans le Hodh à sa lisière méridionale que se trouve la vaste région du Jambre, vaste forêt de gommiers qui fournit la gomme exploitée de presque tout le Soudan. […]
4° Djouf. – Au nord du Hodh commence le désert du Djouf (Djouf veut dire le Creux), qui est encore inexploré et dont l’étendue serait, dit-on, de 300,000 kilomètres carrés. […] Entre le Hodh à l’Ouest, le Djouf au Nord, Tombouctou à l’Est, et la frontière septentrionale du Macina, se trouve une autre contrée déserte d’une étendue beaucoup moindre et nommée El Méraïa (le Miroir). On aurait dû plutôt l’appeler la mer d’Alfa, car cette plante la couvre en grande partie.
5° Azaouad. – Au sud-est du Meraïa et à l’est du pays des lacs du Niger, s’élève la ville de Tombouctou, au sud de la région qu’on appelle l’Azaouad. L’Azaouad est un immense espace compris entre les mines de sel de Taodeni au Nord, Mabrouck à l’Est, Tombouctou au Sud et El Akela à l’Ouest ; c’est un pays absolument désert, parcouru par les Bérabichs et traversé du Nord au Sud par la route d’Arouan à Tombouctou que suivent toutes les caravanes arrivant dans cette ville. L’Azaouad est entièrement recouvert par une forêt de mimosiers. […]
6° Tombouctou. – […]
7° Mabrouck. – Il nous reste quelques mots à ajouter sur Mabrouk, capitale de la région qui s’étend entre l’Azaouad et l’Adrar oriental, dont nous ne nous inquiéterons pas, cette contrée étant située bien au-delà de nos frontières. […] »
Commandant de Lartigue, « Notice sur les Maures du Sénégal et du Soudan », Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, n° 3, supplément au Bulletin du Comité de l’Afrique française, juillet 1897, p. 63–65.
Bref, le Sahel, d’après ce qu’écrivait le commandant de Lartigue en 1897, correspondrait au Sud-Ouest du Sahara, ou, pour le dire autrement, à la région désertique située au nord-ouest de Timbouctou. Mais le toponyme de Sahel n’apparaît pas sur les cartes de l’époque…
Document 9. Timbouktou, carte Richard de Régnauld de Lannoy de Bissy, 1886
Source : gallica.bnf.fr / BnF.
3. Le Sahara atlantique
Le Sahel est-il une partie du Sahara ? C’est effectivement ce qu’écrivait le géographe allemand Carl Ritter dans sa Géographie générale comparée, dont le tome III parut en français en 1836.
« La partie la plus occidentale du désert, du côté de l’Océan Atlantique, porte déjà, dans Edrisi, un nom particulier, Lamtuna (desertum). Leo Africanus ct ceux qui lui succédèrent lui donnent le même nom que les Portugais donnèrent au Sénégal, c’est-à-dire Sanhaga (Zanhaga, nom qui provient probablement des indigènes). Maintenant, Sahel (Saheel) c’est-à-dire le grand espace, est le nom le plus commun pour cette portion occidentale du désert ; on le trouve, par exemple, à la frontière septentrionale, au sud-est de la province marocaine de Souse ; de plus, vers l’intérieur, là où·est situé Walat (Gualat, El-Waladla), près des forêts de gomme du Sénégal, et enfin à la frontière méridionale, du côté des steppes du Niger, où Jackson a prouvé que Mungo-Park le regarda à tort comme désignant le pays situé au nord, attendu qu’il ne signifie, comme nous venons de le dire, autre chose que vaste plaine de sable. »
Carl Ritter, 1836, Géographie générale comparée, ou étude de la Terre dans ses rapports avec la nature et avec l’histoire de l’homme, Paris, Paulin, tome III, p. 261.
Il opposait ainsi un Sahara oriental de rochers, de cailloux et d’oasis, à un Sahara occidental, ou Sahel, composé essentiellement de sables. L’ouvrage de Carl Ritter a été une référence et on retrouve cette définition au fil du siècle.
En 1874, Louis Grégoire, professeur d’histoire et géographie au lycée Condorcet, publia trois volumes d’un Géographie universelle, physique, politique et économique. Dans les paragraphes consacrés au Sahara, il proposait une division en trois parties, à commencer par le Sahara occidental :
« Le Sahara occidental, qu’on appelle souvent Sahel, est parsemé d’oasis, souvent placées en longues lignes, à cause de l’humidité portée par les courants aériens, ou bien encore à cause de cours d’eaux souterrains, qui parcourent le désert en différents sens ; c’est là aussi que l’on rencontre les puits, et c’est dans leur direction que marchent les caravanes du Maroc au Soudan.. »
Louis Grégoire, 1874, Géographie universelle, physique, politique et économique, Paris, Garnier frères, Troisième partie. Asie, Afrique, Amérique et Océanie, p. 183.
En 1884, Lucien Lanier, lui aussi professeur d’histoire et de géographie au lycée Condorcet, dans un volume sur l’Afrique, reprenait cette tripartition du Sahara : « 1° Sahara occidental ou Sahel. – Il est traversé par les caravanes qui vont du Maroc au Soudan » (p. 266). On voit ainsi comment le terme, même rare, de Sahel pour désigner cette partie du Sahara a pu se diffuser via des ouvrages de géographie générale. On finit par le retrouver en 1889 dans le dictionnaire illustré de Larive et Fleury, « à l’usage des maîtres, des familles et des gens du monde » :
« Sahel. La partie occidentale du Sahara, et dont le sol est formé par des graviers ou du sable à gros grain. || La colline à laquelle est adossée la ville d’Alger ; elle est couronnée par le curieux monument bâti par Jules II et dit Tombeau de la chrétienne. »
Larive et Fleury, 1889, Dictionnaire français et illustré des mots et des choses, Paris, Georges Chamerot, tome III, p. 224.
Où on croise une deuxième définition qui était bien établie à l’époque, comme l’atteste par exemple le « Glossaire géographique de l’Afrique septentrionale » par lequel se terminait le tome XI de la Nouvelle géographie universelle d’Élisée Reclus, paru en 1886, et dans lequel il donnait une définition des mots arabes utilisés dans ce volume : « Sahel, rive, littoral. Ex. : Sahel d’Alger, monts du littoral. Sahel, Sahara occidental » (p. 899). Pour en rester à cette dernière définition, notons qu’Élisée Reclus introduit le terme de « Sahel » dans la partie de l’ouvrage consacrée au Sahara occidental, non pas en s’appuyant sur une tradition géographique antérieure, mais directement par l’attestation d’un usage local.
« « À l’ouest de la dépression transversale qui s’étend du Sud Oranais au Niger et qui est occupée peut-être, dans toute sa longueur, par le lit fluvial du Messaoura, le Sahara n’offre point de puissant massif montagneux qui en fasse une région naturelle distincte. Dans son ensemble, cet immense pays, comprenant une surface qui dépasse deux millions de kilomètres carrés, n’est qu’une succession de dunes, de dépressions, de hamâda peu élevées, de chaînes rocheuses, de petites montagnes qui ne dépassent guère la hauteur de 500 mètres. Les riverains de l’oued Saoura donnent à tout le désert occidental, qui occupe pourtant une largeur de plus de 1 000 kilomètres, le nom de Sahel ou “Littoral”, comme si ce n’était qu’une simple plage maritime.. »
Larive et Fleury, 1889, Dictionnaire français et illustré des mots et des choses, Paris, Georges Chamerot, tome III, p. 867.
Cependant, sur la carte du Sahara occidental qui accompagne le texte, on ne trouve nulle mention du Sahel. L’intérêt du texte d’Élisée Reclus est d’ancrer le terme dans un usage local : le nom de « Sahel » n’est pas donné par les Européens mais bien par les habitants de l’oued Saoura, dans le sud-ouest de l’Algérie. Or dans cette archéologie du « Sahel », que connaissons-nous des savoirs locaux, ou autochtones ?
Document 10. La plaine du Sahel d’après Élisée Reclus (1886)
Bien souvent, dans un contexte marqué par l’oralité, les témoignages sont, comme celui précité, indirects, rapportés par des auteurs européens. Ainsi, en 1897, le commandant de Lartigue, dans sa « Notice sur les Maures du Sénégal et du Soudan », faisait un portrait rapide du chef des Talib Moctar : « Le chef général me disait à Goumbou qu’avec son chapelet pour toute arme il pouvait se rendre seul et avec tous les trésors de la terre sur lui d’un point à un autre du Sahel jusqu’au Maroc et jusqu’à Tunis sans crainte d’être inquiété » (p. 60). Goumbou se trouve à l’est de Nioro, en bordure du désert, et ici, le toponyme « Sahel » désigne de toute évidence le Sahara occidental. Mais le propos est au style indirect, tandis qu’ailleurs, les mots sont cités directement :
« Le chef de la fraction des Djebiret, le nommé Lahonet Aroun Ould Fallouf, a prouvé maintes fois, par son attitude, qu’il nous haïssait profondément. C’est lui qui, rencontrant un jour le capitaine Sensarric, dans une tournée que celui-ci faisait un peu en dehors de notre frontière, lui dit : “Ne t’aventure plus dans le Sahel car, si je t’y rencontre, je te ferai fusiller.” »
Commandant de Lartigue, 1897 « Notice sur les Maures du Sénégal et du Soudan », Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, n° 3, supplément au Bulletin du Comité de l’Afrique française, juillet 1897, p. 51.
Le Sahel, d’après ses habitants, serait donc bien cet espace désertique situé au nord des territoires que les militaires français étaient en train de conquérir le long du Sénégal et du Niger. En 1935, Maurice Delafosse publia un dictionnaire de mandingue, où on trouve à l’entrée sāheli trois sens différents:
« sāheli “zone située en bordure du désert, région dite Sahel, le nord”. Cf. songoï, sāhel, peul sāḥal, arabe sāḥil ساحل »
Maurice Delafosse, 1935, La langue mandingue et ses dialectes (Malinké, Bambara, Dioula), vol. 2, Dictionnaire mandingue-français, Paris, Imprimerie nationale / Paul Geuthner, p. 618.
Le mot semble renvoyer à un espace, le Sahel, peut-être plus particulièrement à sa bordure soudanaise (sous l’influence de la colonisation ?), et à une direction, le nord, qui renvoie très logiquement au point de vue des locuteurs mandingues, les habitants du Mandé.
4. Sāḥil ou sahl, littoral ou plaine ?
L’ambigüité du terme « sahel » n’est pas nouvelle. En 1810, James G. Jackson notait, selon lui, une erreur commise par Mungo Park dans le récit de son voyage jusqu’au Niger.
« Il dit, Saheel signifie le pays du nord. Seule une ignorance de l’arabe a pu ainsi l’égarer ; Sahel dans cette langue ne signifiant rien de plus qu’une vaste plaine. Ainsi, les vastes plaines au sud-est de la rivière Suse [oued Souss] sont appelées Saheel ; le bas pays près d’El Waladia [Oualidia] s’appelle Saheel ; et si un Arabe passait au-dessus de la plaine de Salisbury, il l’appellerait Saheel. »
James Grey Jackson, 1810, An Account of the Empire of Marocco and the District of Suse, Philadelphie, Francis Nichols, p. IX.
Il est tellement enraciné dans les représentations communes que Sahel désigne un littoral, d’après le mot arabe sāḥil, qu’il serait très tentant de penser que c’est James G. Jackson qui se trompe. Or on pourrait s’arrêter sur une autre remarque, faite par Maurice Delafosse dans sa traduction d’un manuscrit arabe rédigé par Mamadi Aïssa, alors cadi et président du tribunal de la province de Nioro. C’est l’histoire du royaume de Ouagadougou. À un moment, il est question d’« une fraction des Douaïch qui se trouvent du côté du Sahel », et Maurice Delafosse insère une note de bas de page expliquant l’emploi et le sens de ce dernier terme :
« Le rédacteur de la copie du texte arabe a orthographié sâhal (forme incorrecte d’ailleurs d’un mot signifiant “plaine”), alors que le nom du Sahel ou région limitrophe du Sahara et du Soudan est généralement orthographié sâhil (par un h fort), mot signifiant “littoral”. À Nioro, le mot sahel est employé couramment pour désigner le Nord. »
[Mamadi Aïssa], 1913, Traditions historiques et légendaires du Soudan occidental, trad. d’un manuscrit arabe par Maurice Delafosse, Paris, Publication du Comité de l’Afrique française, p. 9.
ساحل, سهل ou bien ساهل… La dernière forme est clairement fautive, mais la question mérite d’être posée. Il y aurait plus de sens que le nom « Sahel » provienne du mot sahl, dont la transcription savante ne rend pas complètement la prononciation. Mais en l’état actuel de mes recherches, cette question de l’étymologie reste ouverte.
Un dernier texte, cependant, mérite d’être cité, qui était connu de Carl Ritter et qui vient confirmer à la fois l’ancienneté du nom « Sahel » et son autochtonie. L’historien portugais João de Barros, qui, au milieu du XVIe siècle, a livré un récit des découvertes portugaises en Asie, a donné une description des côtes de l’Afrique et un peu de l’intérieur, notamment de ce vaste désert qui s’étend des côtes de l’Atlantique jusqu’à la mer Rouge. D’ouest en est, il distingue trois espaces, qu’il nomme en reprenant des termes rapportés par les explorateurs portugais.
« Ce désert n’est pas aussi stérile partout. Certaines parties sont habitées dans des oasis, qui sont les Abeses dont parle Strabon [Livre XVIII, 5, 24, NDA], et le reste est pâturé par de nombreux Alarves [Arabes] qui le parcourent en tribus. En raison des qualités qu’il présente, ils lui donnent des noms différents. La terre qui n’est que sable fin, ils l’appellent Çahel ; celle qui est couverte d’un peu d’herbes ou d’arbustes, comme une lande pauvre, qui est la partie qu’ils broutent, ils l’appellent Azagar ; et celle qui est composée de petits cailloux comme du sable épais, Çahará ; c’est pourquoi la plupart des habitants de cette contrée se rendent à cette rivière Çanagá [Sénégal], et d’autres vont à la recherche des oasis dont nous avons parlé, qu’ils utilisent à la place des vergers. À cause de cette rivière, la terre la plus peuplée est celle qui la longe, où il y a quelques villes, dont la principale est Tungu-butu [Tombouctou], qui en est éloignée de trois lieues du côté du nord, où, à cause de l’or qui lui vient de la grande province de Mandingue, beaucoup de marchands viennent du Caire, de Tunis, d’Oran, de Tlemcen, de Fez, du Maroc, et d’autres royaumes et seigneuries mauresques. »
Joam de Barros, 1552, Asia: dos feitos que os portugueses fizeram no descobrimento e conquista dos mares e terras do oriente, Lisbonne, Germano Galharde, Primeira decada, Livre III, chapitre 8, fol. 33.
Il y aurait donc le Sahel, plus sableux ; l’Azagar, qui pourrait correspondre au nom amazigh Azaghar qui désigne un espace de pâturage en piémont de l’Anti-Atlas ; et le Sahara, plus pierreux. C’est donc, à ma connaissance, la mention la plus ancienne du Sahel.
Conclusion
Au terme de cette enquête géohistorique, plusieurs remarques s’imposent.
- La première est que la notion de « Sahel » pour désigner une zone géographique caractérisé par un milieu particulier, s’étendant d’ouest en est le long de la lisière du Sahara, résulte bien d’une invention, c’est-à-dire d’une analyse typologique élaborée par un botaniste, Auguste Chevalier, dans le contexte de la conquête coloniale opérée par la France en Afrique subsaharienne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, au moment où est créée l’Afrique occidentale française.
- La deuxième est que cette appellation n’est pas la transposition d’un terme appris au Maghreb lors de la colonisation de l’Algérie et de la Tunisie. Le toponyme préexistait à l’installation des Français. Lorsqu’Auguste Chevalier explore ces territoires en 1898-1900, c’est déjà le nom d’une région militaire française créée en 1895 autour de la ville de Nioro, au Mali actuel – dont le nom complet, aujourd’hui, est d’ailleurs Nioro-du-Sahel. Quant au nom de cette région militaire, il provient d’une région beaucoup plus vaste, s’étendant au nord et correspondant à la partie occidentale du Sahara.
- La troisième est que l’orthographe et le sens originels de ce nom, Sahel, restent incertains. Depuis plus d’un siècle, on l’a compris, en France, comme désignant le « rivage » du Sahara, le sāḥil. Sous cet angle, on pourrait effectivement considérer qu’il s’agit d’une transposition de ce qui était connu en Algérie et en Tunisie, les sahels littoraux. Pourtant, plusieurs éléments permettent de penser que le Sahel saharien désignerait plutôt une plaine, sahl. Seule une étude attentive de manuscrits anciens permettrait de confirme ou d’infirmer cette hypothèse.
- La quatrième remarque est qu’il est délicat pour les géographes de se positionner comme prescripteurs de tel ou tel usage. Olivier Walther et Denis Retaillé dénonçaient la confusion récente entre Sahel et Sahara occidental dans le traitement des attentats terroristes ou des prises d’otages au Mali ou dans les pays voisins (Walther & Retaillé, 2010). Au regard des définitions actuelles de ces espaces, c’était vrai. Cependant, on se rend bien compte que sur le temps long, le Sahel a bien correspondu à cette partie du Sahara et que finalement, l’usage de ce nom permet de lui redonner l’unité géographique qu’une analyse en bandes longitudinales avait rompue. Reste que nous pouvons constater, enquête, expliquer, mais difficilement prescrire.
- La cinquième et dernière remarque ouvrira sur un autre nom. Tout au long de cette enquête, il a été régulièrement question du Soudan. Aujourd’hui, le nom est celui d’un État ; deux depuis la création du Soudan du Sud en 2011. Pourtant, historiquement, le Soudan a pu désigner toute la région sise au sud du Sahara, comme l’atteste le nom de la colonie du Soudan français dont est issu le Mali actuel. Une trace de cet ancien Soudan subsaharien demeure dans la dénomination de la zone soudano-sahélienne. Le Sahel se serait substitué au Soudan, toponyme déchu, réduit dans son extension.
Document 11. Synthèse : reconstitution d’un scénario d’un basculement toponymique
Bibliographie
- [Aïssa Mamadi], 1913, Traditions historiques et légendaires du Soudan occidental, trad. d’un manuscrit arabe par Maurice Delafosse, Paris, Publication du Comité de l’Afrique française, p. 9.
- Amselle Jean-Loup, 2022, L’invention du Sahel, Vulaines-sur-Seine, Éd. du Croquant
- Chevalier Auguste, 1900, « Les zones et les provinces botaniques de l’Afrique occidentale française », Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, tome CXXX, p. 1205.
- Chevalier Auguste, Exploration botanique de l’Afrique occidentale française, Masson, 1920.
- Chudeau René, 1909, Missions au Sahara, tome II, Sahara soudanais, Paris, Librairie Armand Colin, p. 144.
- De Barros Joam, 1552, Asia: dos feitos que os portugueses fizeram no descobrimento e conquista dos mares e terras do oriente, Lisbonne, Germano Galharde, Primeira decada, Livre III, chapitre 8, fol. 33.
- De Lartigue, 1897 « Notice sur les Maures du Sénégal et du Soudan », Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, n° 3, supplément au Bulletin du Comité de l’Afrique française, juillet 1897, p. 41–72.
- De Lartigue, 1898, « Notice historique sur la région du Sahel », Renseignements coloniaux et documents publiés par le Comité de l’Afrique française, n° 4, supplément au Bulletin du Comité de l’Afrique française, avril 1898, p. 74.
- Delafosse Maurice, 1922, « Les populations noires de l’Afrique », La Géographie, volume 32, p. 463.
- Delafosse Maurice, 1935, La langue mandingue et ses dialectes (Malinké, Bambara, Dioula), vol. 2, Dictionnaire mandingue-français, Paris, Imprimerie nationale / Paul Geuthner, p. 618.
- Furon Raymond, 1929, « Le Sahel soudanais », La Géographie, tome 51, p. 149.
- Grataloup Christian, 2009, L’invention des continents : comment l’Europe a découpé le monde, Paris, Larousse.
- Grégoire Louis, 1874, Géographie universelle, physique, politique et économique, Paris, Garnier frères, Troisième partie. Asie, Afrique, Amérique et Océanie, p. 183.
- Jackson James Grey, 1810, An Account of the Empire of Marocco and the District of Suse, Philadelphie, Francis Nichols, p. IX.
- Lanier Lucien, 1884, L’Afrique. Choix de lectures de géographie, Paris, Eugène Belin, p. 266.
- Larive et Fleury, 1889, Dictionnaire français et illustré des mots et des choses, Paris, Georges Chamerot, tome III, p. 224.
- Lewis Martin W. & Wigen Kären, 1997, The Myth of Continents: A Critique of Metageography, Berkeley, University of California Press.
- Marty Paul, 1921, Études sur l’islam et les tribus du Soudan, Paris, Éd. Ernest Leroux, tome 3, Les tribus maures du Sahel et du Hodh, p. 1.
- Park Mungo, 1799, Voyage dans l’intérieur de l’Afrique, fait en 1795, 1796 et 1797, trad. par J. Castéra, Paris, Dentu / Carteret, tome I, p. 230.
- Pelletier Philippe, 2011, L’Extrême-Orient : l’invention d’une histoire et d’une géographie, Paris, Gallimard.
- Reclus Élisée, 1886, Nouvelle géographie universelle, tome XI, L’Afrique septentrionale, Paris, Hachette, p. 899.
- Ritter Carl, 1836, Géographie générale comparée, ou étude de la Terre dans ses rapports avec la nature et avec l’histoire de l’homme, Paris, Paulin, tome III, p. 261.
- Walther Olivier & Retaillé Denis, 2010, “Sahara or Sahel, the fuzzy geography of terrorism in west Africa”.
Mots-clés
Retrouvez les mots-clés de cet article dans le glossaire : désert | géographie coloniale | géohistoire | toponymie | Sahel | zone.
Vincent Capdepuy
Docteur en géographie, professeur d'histoire et géographie, académie de La Réunion
Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :
Vincent Capdepuy, « D’où vient le Sahel ? Enquête géohistorique sur une invention coloniale », Géoconfluences, novembre 2024.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/geographie-du-politique/articles/sahel-enquete-geohistorique