Décroissance
La décroissance est un concept politique, économique et social qui remet en cause l’idée selon laquelle l’augmentation des richesses produites conduit à l’augmentation du bien-être social. La théorie économique de la décroissance vise donc à réduire la production de biens et de services afin de préserver l'environnement. Elle se distingue des modèles de croissance économique et de développement durable (Nicholas Georgescu-Rogen, l'un des fondateurs du courant de la décroissance dans les années 1970, disait qu'il n'y a pas le moindre doute que le développement durable est un concept nuisible) qui considèrent qu'il est possible, grâce aux évolutions technologiques (recyclage, écoconception, etc.) de produire autant de biens et de services en consommant moins d'énergie et de matières premières. Pour les théoriciens de la décroissance, toute consommation puisant dans des ressources non renouvelables ou toute utilisation de ressources à un rythme supérieur à leur renouvellement diminue irréversiblement nos ressources. Constatant que l'humanité vit "au-dessus de ses moyens", les partisans de la décroissance déclarent l'état d'urgence en affirmant que nous sommes à l'aube d'un danger d'anéantissement si nous ne parvenons pas à devenir beaucoup plus sobres.
On trouve des militants de la décroissance dans certains mouvements anti-productivistes, anti-consuméristes et écologistes, parfois appelés "objecteurs de croissance", voire "décroissants". Ils contestent l'idée d'un développement économique infini : selon eux, la production et la consommation ne peuvent pas être durablement accrues ni même maintenues. Les indicateurs économiques comme le PIB correspondent à une destruction du "capital naturel" qui est épuisable. Ils prônent, au plan individuel, la démarche dite de "simplicité volontaire" et, au plan global, une "relocalisation" des activités économiques afin de réduire l'empreinte écologique et les dépenses énergétiques. En France, ce courant, représenté notamment par l'économiste Serge Latouche, fait partie des mouvements écologiques les plus radicaux autour de la critique du consumérisme.
Le débat ainsi défini est utile sur le plan démocratique et sociétal, obligeant à s'interroger sur les mots, les choix, les actes, les gaspillages de ressources. Il permet de mettre à jour certaines contradictions, certains dilemmes : il sera certainement indispensable de repenser les modes de consommation, d'industrialisation, de réduire la prédation des ressources. Mais bien des domaines exigeront de la croissance qualitative : dans l'agriculture, la santé, par exemple. Enfin, il ne va pas de soi qu’une décroissance soit forcément soutenable, ou conviviale, et encore moins démocratique. On remarque que les régimes politiques qui ont engendré, dans les faits, de la décroissance étaient le plus souvent de nature autoritaire, voire dictatoriale, entravant les forces productives et créatrices. Aussi, pour éviter l'application totalitaire de leur programme, les "anti-croissances" pensent à un changement "par le bas", qui viendrait du simple citoyen, informé, donc conscient des enjeux en cours : il faut repenser la consommation et chaque individu doit s'impliquer dans cette réflexion.
(ST) novembre 2009.