Le provisoire qui dure. Géographie comparée de deux centres humanitaires parisiens
Bibliographie | citer cet article
Suite à l’annonce fin septembre 2017 dans les médias de la fermeture du CPA*((Les astérisques renvoient aux définitions des termes de l’encadré 1)) (Centre de Premier Accueil) de La Chapelle, à Paris en mars 2018, les autorités préfectorales ont vite évoqué l’ouverture prochaine de plusieurs autres centres d’accueil* pour « migrants » dans le cadre du dispositif de pré-orientation des populations primo-arrivantes* sur le territoire((FranceTVinfo, « La préfecture d'Île-de-France va ouvrir trois nouveaux centres pour migrants », 25 novembre 2017)). Un de ces centres d’accueil serait construit dans un département de la région Île de France et un second à Paris intra-muros. Chacun devrait avoir une capacité d’accueil de 200 à 250 places et vise à réduire les situations de campement de rue et orienter rapidement des personnes vers des structures d’hébergement d’urgence.
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Dès lors cette question d’actualité apparait pertinente car « l’espace des camps* n’est pas neutre, il est porteur d’un ou de plusieurs sens qui différent selon l’origine de ceux qui le perçoivent, la société qui l’occupe et les gens de l’extérieur » (Dedenis, 2006). Ces espaces apparaissent hétérogènes, (tentes, casernes désaffectées, gymnases, sites temporaires de regroupement) (Babels, 2017), autant qu’éphémères, situant les primo-arrivants dans un entre deux (Le Gall, et Rougé, 2014) de déplacements et de mobilités constantes. Très vite se pose alors la question de l’accueil fait au primo-arrivant et de l’espace social qu’on lui attribue. L’accueil comme ouverture du lien social, est « ritualisé avec et par des automatismes sociaux et culturels. Il n’a de sens que par la finalité de la rencontre, mais il peut avoir une influence sur cette dernière par l’organisation sociale qu’il engendre, et la persistance des impressions qu’il laisse » (Formarier, 2003). De fait, ces centres d’accueil interrogent plus largement sur les enjeux qui traversent la société d’accueil. La crise « migratoire » ne révèle-t-elle pas plutôt une crise de l’accueil ? Comme le souligne Alexandra Galitzine-Loumpet « habiter l’exil, c’est habiter plusieurs centres dans la durée et non seulement dans le déplacement, c’est privilégier les temporalités. […] L’exil ne s’oppose pas à la migration, ni le migrant à l’exilé, mais relie le déplacement dans l’espace au déplacement entre les espaces, aux recompositions de vécus de territoires dans le temps. » (Galitzine-Loumpet, 2016). Penser une spatialité bienveillante de l’accueil demande un positionnement dans le temps long et l’émergence d’espaces d’accueil pérennes possiblement appropriable par les personnes accueillies sur le territoire. Dès lors l’idée même d’accueillir le primo-arrivant soulève un positionnement politique qui se traduit dans l’espace et qui n’est pas neutre. En effet, le centre d’accueil humanitaire possède une spatialité propre et s’insère au sein d’un territoire avec lequel il interagit.
La spécificité de ces espaces, observée et analysée, éclaire une pensée critique connectée à la géographie sociale.
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L’approche géographique de ces espaces éclaire sur les modalités (relations et enjeux) de l’exercice du pouvoir, notamment municipal et régional, au sein de l’espace urbain autour de la question de l’accueil. Cette question se lit jusque dans la localisation et l’insertion dans le tissu urbain et l’architecture de ces centres humanitaires Porte de la Chapelle et à Ivry.
Nous développons cette question à travers les imbrications d’échelles observées, qui structureront notre propos : dans une première partie, nous montrons que la localisation de ces centres d’accueil dans l’espace urbain traduit certains enjeux des politiques publiques ; dans une seconde partie, nous évoquons l’organisation spatiale interne des centres et les aménagements. Cet aspect souligne une gestion par la logique de l’urgence et un impensé de l’accueil. Enfin, dans une troisième partie nous montrons que l’insertion de ces centres d’accueil, dans le tissu urbain alentour éclaire la manière dont les autorités accompagnent (en favorisant ou en entravant) le tissage des liens entre ces centres humanitaires et le tissu urbain. De cette insertion du bâti, dépend celle de ses habitants.
1. Des contextes politiques différenciés au cœur de territoires urbains
Les deux centres s'inscrivent dans des espaces urbains différents mais présentant des similarités : les terrains qui leur ont été consentis sont des interstices urbains situés dans des quartiers populaires.
1.1. L’ancienne gare de fret de La Chapelle : centre de premier accueil ou campus universitaire ?
En vue de faire face à un nombre croissant de personnes en errance* et vivant dans des campements de rue à Paris, la Ville de Paris avait réquisitionné, auprès du Campus Condorcet Paris-Aubervillers Cité des humanités et des sciences sociales((https://www.campus-condorcet.fr/)), le terrain d’environ un hectare de l’ancienne gare de fret de la Chapelle pour y construire un centre humanitaire. Le CPA (Centre de Premier Accueil) ou Centre Humanitaire Paris-Nord, géré par Emmaüs Solidarité a donc ouvert ses portes en novembre 2016, par un portage financier réunissant la Ville de Paris et l’État pour accueillir « inconditionnellement » tous les primo-arrivants. Pourtant le Centre Humanitaire Paris-Nord sera démonté fin février 2018((« Porte de la Chapelle : Paris s’engage à mettre le terrain à disposition du Campus à l’été 2018 », page sur le site du Campus Condorcet, 12 juillet 2017.)). Situé dans l’extrême Nord du 18ème arrondissement de Paris (figure 1), entre les boulevards des maréchaux, d’anciens rails, le boulevard périphérique et l’entrée de l’autoroute A1, le CPA est localisé au cœur d’un quartier dont l’ensemble des espaces sont classés en « Politique de la Ville » (Porte Montmartre, Porte des Poissonniers – Moskova, Porte de La Chapelle – Charles Hermite).
Figure 1 : Le CPA construit au cœur de cinq quartiers prioritaires de la Politique de la Ville
Quartiers de la Porte de La Chapelle – Charles Hermite, Porte Montmartre – Porte des Poissonniers – Moskova, La Chapelle – Évangile, Plaine Trezel Chaudron, et Michelet Les Puces Debain
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Sources : enquêtes de terrain et http://sig.ville.gouv.fr/
Conception, recherches et photographies au sol : Clélia Gasquet-Blanchard, 2017
Réalisation : C. Gasquet-Blanchard et J.-B. Bouron, Géoconfluences, 2018.
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Cet espace en pleine restructuration et aux indicateurs soulignant une situation très défavorisée nous renseigne sur la précarité des populations y résidant (tableau 1).
Tableau 1 : Situation sociodémographique des quartiers prioritaires observés autour de la Porte de la Chapelle(Porte Montmartre - Porte des Poissonniers – Moskova et Porte de La Chapelle – Charles Hermite)
Source : Secrétariat général du CIV - SIG Ville - Insee, 2013, http://sig.ville.gouv.fr/ |
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Devant le CPA, les primo-arrivants ne pouvant pas entrer attendent alentour. Ces quartiers très défavorisés deviennent alors lieu de campements de rue*, notamment sous les ponts et rails et dans chaque interstice urbain le permettant (pelouses des pentes du périphérique par exemple). Ces campements de fortune sont régulièrement délogés par les forces de l’ordre. Un campement* rom, aux allures de bidonville*, est installé sur les rails de l’ancienne petite ceinture.
Figure 2. Une entrée controlée et soumise à un parcours balisé
Photographie 1 |
Photographie 2 |
Photographie 3 |
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Aux abords du CPA, porte de La Chapelle, les espaces apparaissent fragmentés, de fait, par les travaux en cours, mais aussi plus insidieusement, par la présence permanente de cars de CRS (photographie 1) et patrouilles de police, devant la bulle et alentours, ou par les barrières Vauban qui orientent la file d’entrée des primo-arrivants (photographie 2) autant qu’elles empêchent l’installation de campements de rue devant le CPA, ou des bénévoles renseignent les personnes qui se présentent et en contrôle l’accès. Ces campements aux abords du CPA existent comme l’illustre la photographie 3 ou l’on voit des personnes assises sur le terreplein central du carrefour de la porte de la Chapelle, au troisième plan, on distingue du linge qui sèche. (Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017) |
Cette localisation du CPA indique une volonté des autorités de maintenir ce projet dans un « entre-deux » (Rougé, Le Gall 2014), au cœur de l’Île de France en même temps qu’en marge de la capitale, en le situant sur un terrain disponible dans l’urgence en vue d’une réponse rapide à la « crise migratoire ». Dans la mesure où ce terrain appartient à la ville de Paris en vue de la construction du Campus Condorcet, il est donc rapidement réquisitionnable sans pour autant garantir la pérennité de cet espace.
1.2. Ivry : les bassins d’une usine des eaux de Paris comme soubassement du centre d’hébergement d’urgence pour familles primo-arrivantes
La situation au CHUM d’Ivry est très différente. Toute personne hébergée dans ce centre humanitaire y arrive accompagné par transfert depuis le CPA. Le CHUM est situé sur les bassins de l’usine des eaux de Paris (appartenant à la ville de Paris) au cœur de la commune d’Ivry-sur-Seine. Le lieu cédé à la Ville de Paris s’étend sur 4 800 m². Le CHUM est financé à 80 % par la Mairie de Paris et 20 % par l’État. Le CHUM ne s'en trouve pas moins dans un quartier plutôt défavorisé (Tableau 2).
Tableau 2 : Situation sociodémographique des quartiers Politique de la ville observés à Ivry(Gagarine et Ivry Port)
Source : Secrétariat général du CIV - SIG Ville - Insee, 2013, http://sig.ville.gouv.fr/ |
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Bien que populaires, les alentours directs du CHUM ne sont pas classés en quartier prioritaire de la Politique de la Ville. Situé dans une zone industrielle notamment côté Seine (photographie 4) et plus enclavé que le CPA en terme d’accès aux transports en commun, le CHUM se situe néanmoins à proximité directe d’une promenade en bord de Seine, de bâtiments d’habitation, de commerces et de différentes commodités (restaurants, crèche, etc.) (figure 3), permettant de se projeter plus facilement dans une vie de quartier.
Figure 3 : LE CHUM construit à proximité des quartiers prioritaires Gagarine et Ivry PortSources : enquêtes de terrain et http://sig.ville.gouv.fr/
Conception et recherches : Clélia Gasquet-Blanchard, 2017
Réalisation : C. Gasquet-Blanchard et J.-B. Bouron, Géoconfluences, 2018 |
Photographie 4 On distingue en arrière-plan, derrière deux batiments industriels, le CHUM d’Ivry en bois clair, notamment le toit d’une yourte et les quartiers d’habitation. (Cliché : Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017) |
La situation est toute différente du CPA : la ville de Paris externalise sur un de ses terrains l’accueil des familles primo-arrivantes au sein du territoire municipal d’Ivry tout en finançant, avec l’État, le projet ; cela aux conditions posées par la ville d’Ivry (que les travailleurs du centre soient des habitants de la commune et que le centre d’accueil puisse héberger 50 personnes roms vivant dans des campements de rue à Ivry). Administré par Emmaüs Solidarité, le CHUM a ouvert partiellement en janvier 2017. L’ensemble des bâtiments a été livré en février 2017. Sa capacité d’accueil est d’environ 350 personnes, (femmes seules, avec enfants, ou familles primo-arrivantes*). Celles rencontrées durant notre terrain sont majoritairement originaires d’Afrique Subsaharienne et d’Asie Centrale.
1.3. Le CPA, Porte de la Chapelle et le CHUM d’Ivry : Espaces ségrégés, espaces intégrés ?
La localisation du CPA et du CHUM illustre un processus « de gestion spatiale d’une population » et comment cette gestion (logement en périphérie, dans des zones industrielles), traduit un dispositif au cœur de la politique migratoire (Bruslé, 2015), notamment dans le contrôle de celle-ci que caractérise l'approche « hotspot » (Babels, 2017) des politiques européennes. Cette dernière s’illustre notamment par cette « tendance croissante à sécuriser la gouvernance de l’immigration, à minorer la spécificité des flux de réfugiés et à recourir à une législation d’urgence pour gérer les migrations. » (Bassi, 2015). Le CPA en est un exemple probant par la procédure même de réquisition du terrain et sa fermeture prochaine qui montre une réaction dans l’urgence et un impensé de long terme pour une question sociale et politique pourtant loin d’être résolue. Cette organisation de l’espace et des procédures participe à assigner le devenir des primo-arrivants. En effet, leur statut d’hébergé au sein de ces structures n’est que temporaire et caractérise ces individus à un moment de leur parcours. Cet accueil reste temporaire et induit une dépossession des populations de la maîtrise du temps (Le Courant, 2014). Par ailleurs, « aucun de ces choix ne coïncide avec celui des exilés, non consultés à ce propos les niant comme sujet » (Vollaire, 2016). À cette tendance s’associe celle d’assimilation des différents statuts (étrangers en situation irrégulière, demandeurs d’asile, etc.)
2. Des temporalités de l’accueil différenciées à l’image de l’aménagement de ces centres humanitaires (quelles appropriations possible de l’espace ?)
La situation des deux centres d'hébergement interroge sur les temporalités de l’accueil et aménagement des lieux.
2.1. Le CPA, un espace hors sol
Le CPA s’organise selon deux types d’accueil :
- Un accueil de jour dit inconditionnel sous la Bulle (photographie 5), et qui permet d’orienter les personnes, et notamment les femmes seules et familles vers le CHUM d’Ivry, un hébergement en hôtel, ou tout autre CHU (Centre d’hébergement d’Urgence).
- Un centre humanitaire de premier accueil pour les hommes seuls, pour une durée de 5 à 10 jours, sans renouvellement possible, dispose d’environ 400 places sur une surface de 10 000 m²: la halle d’hébergement.
Au sein de ce centre humanitaire, le pôle santé, administré par le Samu Social de Paris, est localisé à proximité de la Bulle. Depuis novembre 2016, plus de 11 491 personnes ont été hébergées dans la Halle, 5 000 bilans infirmiers et 3 700 consultations médicales ont été réalisés par le pôle santé du Samu Social de Paris Nord (Samu Social de Paris, Rapport interne 2017).
La Bulle comme le pôle santé, construits dans une enfilade de conteneurs, font miroir à la politique d’accueil de court terme de ce centre de transit (photographies figure 4) et apparaissent en opposition avec la Halle, seul vestige « en dur ».
Figure 4. Signifier le provisoire par le choix des matériaux
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Photographie 6 |
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Ces espaces sont construits entièrement avec des matériaux démontables. Dans la Bulle, l’accueil dit « inconditionnel » s’effectue également dans des conteneurs (photographie 6). Après avoir pris un ticket, vient l’entretien qui détermine si l’on sera hébergé ou bien réorienté vers une autre structure. Les locaux, dans une ancienne gare de fret aux murs jonchés de tags et de graphs, soulignent l’abandon par les pouvoirs publics de cet espace. Cela rappelle aussi sa démolition prochaine en vue de la construction de bâtiment du Campus Condorcet (photographie 7), malgré la présence d’une halle d’hébergement d’urgence au sein du bâtiment. Les chambres sur pilotis de contreplaqué, dont l’entrée est protégée par des bâches (photographie 8), rappellent l’idée d’une construction hors sol. Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Le plan de la halle (figure 1) montre une organisation des quartiers par couleurs, pour permettre aux personnes de se repérer. Pourtant, à l’intérieur de la halle hébergement, l’architecture et les matériaux utilisés renvoient au sentiment d’un espace hors sol.
L’un des arguments pour justifier du caractère démontable de la structure est la fragilité de la gare de fret qui ne pouvait pas supporter le poids conséquent de matériaux plus pérennes. De fait, la halle d’hébergement s’étale sur deux étages, mais elle n’a pas pu être construite sur l’ensemble de la structure, comme initialement prévu. Cette situation souligne une fois encore l’impensé de long terme autour de ce centre d’accueil qui aurait potentiellement pu accueillir un nombre plus important d’homme seuls.
La faible appropriation des espaces qui en résulte se donne aussi à voire via une ségrégation de fait s’opérant entre les groupes pratiquant quotidiennement le centre d’accueil.
Figure 5. Des espaces faiblement appropriés
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Photographie 9 |
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Pour les hommes qui résident dans les chambres de quatre (photographie 9), des équipements ont été installés mais l’appropriation du lieu par les hébergés (pour quelques jours) apparaît difficile au moment de nos observations. Des pochoirs géants de couples « migrant-accueillant » sous un parapluie, dont on postule que le thème est celui de la mise à l’abri, apparaissent en décalage total avec ce lieu hors sol. Ils ont parfois été collé sur d’anciens tags (photographie 10). Même les arbustes n’ont pas été plantés (photographie 11). De même, les équipements sportifs, qu’il s’agisse des cages mobiles de football pour enfants installées sous la Bulle alors qu’il y fait 52 C° (photographie 12), ou bien des équipements de type parcours sportif (vélo, altères… photographie 13) ou équipement collectifs (ping-pong, babyfoot, photographie 14) ne semblent pas appropriés par les hommes hébergés au moment de nos visites. Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Figure 6. Des espaces favorisant la ségrégation
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Photographie 17 |
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Primo-arrivants, bénévoles et chercheurs se côtoient tout en constituant des groupes séparés qui se rencontrent dans des espaces dédiés mais qui se mélangent difficilement hors de ces cadres (photographies 15 et 16). De manière plus visible, on distingue entre le premier étage de la Halle et le rez-de-chaussée, un inter-étage climatisé et équipé de double vitrage qui héberge les locaux de l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) (photographie 17). Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Cette ségrégation des espaces participe à la destitution des identités humaines des primo-arrivants, à qui l’on rappelle constamment l’éminence de leur départ. De plus, ces dispositifs participent à rappeler des phénomènes de « permanence de la catastrophe, urgence sans fin, mise à l’écart des « indésirables », dispense de soins conditionnée par le contrôle, le filtrage, le confinement ! » (Agier 2008). Ce phénomène rappelle l’urgence des interventions des humanitaires qui s’opposent pourtant à la lenteur des temporalités nécessaires aux primo-arrivants (souffrance, ennui, mélancolie, tissage de nouveaux liens…) (Agier, 2013). Cette nécessité se donne à voir dans l’isolement de certains hébergés qui se mettent volontairement en retrait dans certains espaces du CPA justement hors des structures hors-sol construites, illustrant la nécessité de s’isoler. Ces processus d’appropriation du lieu de vie, aussi éphémère soit-il, ont été montrés par Céline Bergeon (2014) qui décrit par l’analyse du squat comment l’habitat précaire et temporaire apparait néanmoins comme ressource pour les primo-arrivants, en terme d’« être au monde » et de quotidienneté (créer un chez soi).
Figure 7. Créer un chez soi dans un hébergement collectif
Photographies 18 et 19 : La nécessité de s’isoler est ici illustrée par cet homme à l’écart, dans un espace non aménagé de la Halle, ou cet autre homme regardant son téléphone sur un banc près du « patio » à l’entrée du 1er étage de la Halle. Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Voir aussi >>> Louise Schreyers, « Le jardin et la tente : "habiter" un camp de réfugiés, image à la une de Géoconfluences, mars 2017. L’auteure pose la question de ce que signifie « habiter », au sens géographique, quand on vit un « hors-lieu » où tout semble voué à rester éphémère. |
Si au CPA, la structure du centre ne semble pas permettre la prise en compte de ces temporalités de moyen et de long terme, au CHUM d’Ivry, la pérennité de la structure permet une appropriation des lieux, plus chaleureux, qui autorise un tissage des liens.
2.2. À Ivry, un accueil à moyen terme dans une structure pérenne
Le CHUM d’Ivry est composé de six îlots d’hébergement avec des appartements en bois, chauffés. Il se veut être conçu comme un village dont les îlots (figure 8), construits sur pilotis, (en raison du caractère inondable de la zone), sont disposés autour de yourtes, espaces de convivialités, et de repas. À l’intérieur de ces blocs, les logements sont modulables en fonction du nombre de personnes accueillies dans les logements (allant de 12 m² à 45 m², selon la structure familiale des personnes hébergées).
Figure 8. L'organisation spatiale du CHUM d'Ivry
Une structure en îlots d’hébergements répartis autour de yourtes : |
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Photographie 20 |
Photographie 21 |
Photographie 22 |
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Photographie 23 |
Photographie 24 |
Photographie 25 |
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De part et d’autre de l’allée centrale minérale du CHUM d’Ivry, qui devient fréquemment un terrain de foot pour les enfants qui y sont hébergés, les yourtes sont construites en regard des îlots d’hébergement (photographie 20). Durant la canicule de juin 2017, le long du pôle santé, les habitantes cherchent l’ombre en ce jour de ramadan (photographie 21 et 22), entre les deux photos prises à quelques jours d’intervalle, des bâches pour ombrager le site ont été installées, prenant en considération les pratiques habitantes des lieux. À l’intérieur des yourtes, espaces collectifs de restauration et de convivialité, les coloriages des enfants ont été affichés pour égayer les lieux (photographie 23). Les coursives entre les îlots d’habitation sont appropriées par les familles qui sortent des chaises devant leur logement pour discuter entre voisins (photographie 24). L’aménagement de bacs pour la plantation de fleurs et de plantes aromatiques s’oppose aussi aux arbustes observés au CPA (photographie 25). Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Les familles y sont donc accueillies pour des durées pouvant aller de quelques semaines à plusieurs mois. Elles sont ensuite transférées dans des CADA (Centre d’accueil pour Demandeurs d’Asile) sur l’ensemble du territoire national.
Comme au CPA, au sein de ce centre, le Samu Social de Paris a la responsabilité d’un pôle santé qui structure le premier pas vers l’accès aux soins pour les familles résidant dans le CHUM. C’est un lieu de consultation de santé primaire au cœur du CHUM qui a ouvert ses portes mi-février 2017. Il est perpendiculaire aux différents blocs d’habitation et est de fait le premier bâtiment vers lequel les populations ont accès, puisque situé en amont des bureaux d’Emmaüs. Au moment de l’enquête, le pôle santé est en train de se structurer, son activité se développe au fur et à mesure de l’identification des besoins des populations accueillies sur le site. Depuis son ouverture en février 2017, le CHUM d’Ivry a déjà accueilli 105 femmes enceintes, dont 23 ont accouché durant leur séjour au CHUM (Samu Social, Rapport interne, 2017). Dans ce contexte, un accent particulier a été mis par le Samu Social de Paris sur les soins périnataux. Les acteurs partenaires de l’extérieur (maternités alentours) ou intervenant au sein du pôle santé d’Ivry sont nombreux (entre autre Médecins du Monde, la Protection maternelle et infantile, etc.).
Cette organisation des soins, structurée au fur et à mesure de l’identification des besoins des populations, illustre les enjeux de l’accueil de moyen terme, autour d’une prise en charge médico-sociale de qualité. En effet, s’appuyant sur le milieu associatif et le dispositif de droit commun, le pôle santé structure une offre de soin de proximité particulière, car localisée à l’intérieur du CHUM d’Ivry et due à une intervention pluri-institutionnelle associative et de service public. Ce dispositif (pilote pour le Samu Social) induit une réflexion sur la prise en charge sanitaire de l’ensemble des personnes prises en charge par le Samu Social de Paris, puisque le pôle santé permet aux personnes un accès aux soins rapide.
2.3. Temps court et temps long, quand l’organisation spatiale donne à voir les temporalités et contraintes de l’accueil
La comparaison entre le CHUM et le CPA informe sur l’importance des temporalités de l’accueil qui participent à contraindre l’investissement des lieux par les populations qui y sont accueillies.
Par ailleurs, cette différenciation s’observe aussi au travers de la contrainte qui est faite des mobilités vers ces structures. Hors de ces choix, les possibilités sont maigres et soulèvent la question de mobilités contraintes. Effectivement, « la non fixité du domicile provient aussi des choix politiques, législations et règlements eux-mêmes. Pour celles et ceux qui ne désirent pas particulièrement "vivre à la rue", c’est-à-dire l’immense majorité, les possibilités d’accueil ou hébergement sont en effet très limitées » (Orfeuil, Ripoll, 2015). Les interdictions y sont d’ailleurs telles (interdiction de visite, de conjoint, d’y consommer de l’alcool, de cuisiner…) que certains préfèrent dormir à la rue ou trouver d’autres alternatives (squat, campement…). On interroge dans une dernière partie, à travers les observations effectuées le lien, pour les personnes hébergées, entre ces centres et la ville.
3. Quels liens avec la ville ?
Les centres d'accueil ne sont pas des isolats géographiques, ils sont en relation avec leur environnement.
3.1. Le CPA, construit au milieu du très populaire quartier de La Chapelle
Régulièrement, des campements de rue s’organisent autour du CPA, régulièrement ils sont évacués par la police (notamment en août 2017) et se reforment de fait en raison de l’impossibilité du CPA et des autres dispositifs mis en place sur le territoire national d’accueillir l’ensemble des primo-arrivants. Des collectifs de riverains très actifs leur apportent une aide. Néanmoins, on observe aux alentours du CPA des primo-arrivants invisibilisés, et des forces de l’ordre constamment présentes pour empêcher les installations et donc leur visibilité. Ce phénomène s’observe jusque dans les entraves spatiales faites pour empêcher toute installation.
Figure 9. L’appropriation des lieux hors du CPA
Photographie 26 |
Photographie 27 |
Photographie 28 |
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S’il y a bien une appropriation de l’espace, elle s’insère aux confins des espaces urbains et tout est fait pour l’entraver, comme l’illustrent les photographies 26 et 28. De grosses pierres ont été disposées sous les voies pour éviter l’investissement des espaces protégés des intempéries (photographie 31), des barbelés sont installés devant chaque grille qui pourrait être escaladée pour accéder à un morceau de pelouse (photographie 26). L’appropriation se réduit donc à une présence éphémère, comme les restes d’un campement de fortune, sous cette rambarde de pont jouxtant le périphérique, où une femme a tenté de s’abriter pour la nuit (photographie 28). Cette appropriation existe également plus au cœur de la ville comme ici le long du tram, entre la porte d’Aubervilliers et la porte de La Chapelle où l’on distingue deux corps de personnes au petit matin dormant encore sur des bouches d’aération propulsant de l’air chaud (photographie 27). Elle existe aussi dans une démarche active de la part des hébergés comme le soulignent, au crayon rouge, les dessins d’un homme tenant un parapluie entre deux collages (photographie 29) ou cet oiseau (photographie 30). Ils illustrent cette nécessité de laisser une trace en se réappropriant l’existant, une manière d’encrer sa singularité et son passage dans cet « entre-deux » de transit. Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
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Photographies 29 et 30 : Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Cette appropriation souligne une territorialisation de l’espace public par sa transformation en espace intime par les personnes à la rue, non hébergées (Zeneidi-Henry, 2008). Cette appropriation territoriale a un effet sur les pratiques urbaines alentours (évitement, contournement, ou mobilisation et visite par les riverains, répression par les force de l’ordre), ce qui montre qu’elles perturbent l’ordre social et qu’elles ne sont pas tolérées par les autorités qui usent de stratégies pour empêcher les installations dans l’espace public (photographie 28), comme cela a été très récemment médiatisé par la Fondation Abbé Pierre (Le Monde, 07/12/2017).
L’appropriation fine des espaces interroge des processus observable à l’intérieur du CPA malgré les temporalités courtes de l’accueil. Tristan Bruslé (2015) souligne que l’appropriation des travailleurs migrants, notamment de leur dortoir, est indispensable pour en faire un espace de résistance face à la dépersonnalisation qui est faite de leur identité. On observe effectivement les traces de certains passages soulignant la nécessité de marquer les lieux où l’on passe et où on a existé/résidé.
3.2. Au CHUM, un investissement des lieux envisageable en raison de temporalités différenciées
À Ivry, des liens se développent avec la ville. On observe différents cas de figure pour les personnes résidant dans le CHUM. En effet, certaines personnes évoquent peu de déplacements en raison de contraintes budgétaires, des transports en commun, d’autres ne sortent que peu du CHUM, par peur. Inversement, certains se promènent dans Ivry, le long des quais qui bordent le CHUM se rendant à Paris, notamment Gare du Nord – un lieu fréquemment évoqué – pour retrouver des compatriotes ou regarder les boutiques. Il semble que l’espace social extérieur au CHUM puisse être approprié en fonction de facteurs individuels, familiaux, contextuels. Par ailleurs, des sorties collectives sont organisées par le pôle social : fête de la ville, match de football, etc. Ces dernières structurent le lien entre le CHUM et la ville, dans un quartier pourtant en plein aménagement, demandant un réel effort (aux acteurs du CHUM) pour développer et entretenir ce lien.
Photographie 31 |
Photographie 32 |
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Photographies 31 et 32: Malgré la construction du CHUM dans une zone industrielle d’Ivry, en plein réaménagement, en été, certains espaces de proximité comme les quais peuvent être appropriables par les résidents du centre. Clichés de Clélia Gasquet-Blanchard, juin 2017. |
Dès lors, la pérennité de ces structures interroge les possibilités qui sont offertes aux primo-arrivants en termes d’intégration au sein d’un territoire plus ou moins valorisé par les politiques publiques et de ce fait plus ou moins appropriable par les populations primo-arrivantes accueillies comme riveraines. Le lien de ces structures à la ville, plutôt cloisonné au CPA et plutôt ouvert au CHUM, révèle leur ancrage au sein du territoire urbain et traduit également les faibles (au CHUM) voire nulles (au CPA) possibilités d’établir du lien sur le territoire pour les populations qui y sont accueillies.
Conclusion
Le CPA, comme le CHUM, inscrits dans leurs territoires respectifs et pratiqués, apparaissent comme des « espèces d’espaces ». Comme le souligne Le Gall et Rougé (2014) ces centres et leurs alentours « ne se laissent pas facilement nommer, définir, délimiter, ni dans l’espace, ni dans le temps d’ailleurs. Espaces résiduels ou de ruptures, de jonctions, de transitions, voire de transactions, ouverts, fermés, bâtis, non bâtis ..., présentant des natures, des fonctions, des temporalités, des statuts incertains, flous ». Qu’il s’agisse de leur construction, de leur organisation et de leur possible appropriation par les populations qui y sont accueillies, ou encore leur lien avec la ville, la mise en regard de ces deux centres humanitaires aux portes de Paris nous renseigne sur une politique d’accueil fondée sur l’insuffisance des structures mises en place, et localisées dans des espaces en mutation permettant de garantir l’aspect provisoire de ces structures si besoin au regard de l’évolution de l’aménagement urbain . Les évacuations régulières par les forces de l’ordre des campements de rue aux abords du CPA le rappellent et soulèvent des questions éthiques (traitement des individus, assignations identitaires imposées aux primo-arrivants). Celles-ci mettent en lumière la juxtaposition de ces statuts identitaires (« hébergés », primo-arrivant à la rue) selon des temporalités, illustrant la précarité des statuts. Ces situations interrogent sur les intrications existant entre le social et le spatial. En effet, « la réflexion sur le socio-spatial invite à examiner les rétroactions que le spatial exerce sur le social. Agir directement sur le spatial pour agir indirectement sur le social, c’est ce que peut l’aménagement, entendu comme mise en cohérence de l’organisation du territoire avec un projet de société » (Bret, 2010). Penser alors l’aménagement des espaces d’accueil dans le temps long permettrait de penser un accueil de moyen, voire de long terme pour permettre aux primo-arrivants de trouver des repères, de localisation et d’aménagement, suffisant pour répondre à une possible intégration sociale.
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- Blog de recherche Les non-lieux de l’exil
- Un numéro spécial du Bulletin de l’association des géographes français : Véronique Lassailly-Jacob (dir.) « Territoires d'exil : les camps de réfugiés » ; BAGF, 83e année, 2006-1 (mars).
Clélia GASQUET-BLANCHARD
maîtresse de conférences en géographie au département SHS, EHESP, UMR CNRS ESO, Laboratoire Rennes 2
Mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :Clélia Gasquet-Blanchard, « Le provisoire qui dure. Géographie comparée de deux centres humanitaires parisiens », Géoconfluences, février 2018. |