Paris 2024, pour une géographie olympique
L'attribution des Jeux Olympiques de 2024 à la ville de Paris est l'occasion de renouveler les approches de la « géographie olympique » et plus généralement de la géographie du sport. Les géographes ont déjà publié de nombreux travaux sur le sujet, montrant les effets d'entraînement possibles pour les villes hôtes, mais également les dérives spatiales et sociales qui peuvent accompagner un événement de cette ampleur. Outre les attentes qu'ils suscitent en termes de retombées économiques et d'effets positifs sur l'image de la ville, soigneusement mise en récit par le marketing territorial, les jeux olympiques sont l'occasion de repenser la ville, pour proposer un modèle urbain exemplaire et représentatif de son époque. Ainsi le projet de Tokyo 2020 propose-t-il un projet fondé sur la compacité et l'accessibilité par les transports en commun. L'arrivée de visiteurs en grand nombre est l'occasion d'une rénovation des infrastructures urbaines (gares, aéroports). Mais d'une manière générale, les géographes insistent sur les écarts entre la cohésion affichée dans le projet initial présenté par la ville au Comité international olympique et les politiques inégalitaires menées sur le terrain par les pouvoirs publics pour préparer les jeux. À Pékin comme à Rio de Janeiro, les Jeux Olympiques ont aussi été le prétexte à l'éviction d'une partie des classes populaires de la ville, et la destruction des quartiers vétustes a pu donner lieu à une spéculation immobilière effrenée. Dans tous les cas, l'une des interrogations poussée par les auteurs concerne le devenir de sites parfois pharaoniques, souvent construits ex-nihilo et déconnectés des besoins quotidiens des habitants, une fois les jeux passés et l'enthousiasme sportif retombé. Dans certains cas comme à Athènes, les équipements sont à l'abandon et donnent naissance à des friches urbaines. Dans la plupart des cas, les populations défavorisées sont exclues tant de l'événement que de ses retombées positives. Les erreurs du passé, déjà largement étudiées par les chercheurs en sciences sociales, peuvent donc inspirer les politiques des prochaines éditions de ce grand rendez-vous sportif mondial. |
Rio de Janeiro : le village d’athlètes des Jeux panaméricains, construit à Barra en 2007, a été reconverti en habitat de milieu de gamme. Source : Pascal Gillon, « Les Jeux Olympiques de Rio 2016, un héritage mais au profit de qui ? », Géoconfluences, 6 juillet 2016. |
Quelques ressources
Géographie des jeux olympiques
- Daniel Florentin et Charlotte Ruggeri, « Des jeux et des villes, les liens ambigus entre urbanisme et olympisme », entretien avec Sylvain Lefebvre et Romain Roult, Urbanités, 13 septembre 2017.
- Jean Marc Holz, Les jeux olympiques et leurs territoires, Presses Universitaires de Perpignan, Collection Études, 2011. Compte-rendu de Brigitte Manoukian dans La Cliothèque, mai 2012.
- Gillon Pascal, Grosjean Frédéric, Ravenel Loïc, Atlas du sport mondial, Business et spectacle : l'idéal sportif en jeu, Autrement, 2010.
- Jean-Pierre Augustin, « Les Jeux Olympiques, l'événement spatial par excellence », Bulletin de l'Association de géographes français année 2009, vol. 86, n° 3, p. 303-311. Fait partie d'un numéro thématique : L'événementiel et les villes touristiques
- Jean-Pierre Augustin , Géographie du sport. Spatialités contemporaines et mondialisation, Armand Colin, collection U, 2007.
- Jean-Pierre Augustin et Pascal Gillon, L’Olympisme. Bilan et enjeux politiques, Armand Colin, 2004, 173 p.
- Pierre Lagrue, « Jeux olympiques - L'élection des villes olympiques ». in Universalis éducation, Encyclopædia Universalis.
- Jean-Pierre Augustin , « Installations olympiques, régénération urbaine et tourisme », Téoros, 27-2 | 2008, 31-35.
-
Charly Machemehl et Luc Robène, « L'olympisme et la ville. De la candidature à l'héritage », Staps 3/2014 (n° 105) , p. 9-21
Athènes 2004
-
Adeline Henry, Projet urbain et Jeux olympiques : Le cas d’Athènes 2004, thèse de doctorat, Université de Franche-Comté, 2005. (pdf)
Turin 2006
-
Egidio Dansero et Alfredo Mela, « La territorialisation olympique », Revue de Géographie Alpine, 95-3 | 2007, 5-15.
Pékin 2008
- Antoine Lefebvre, « Pékin entre patrimoine et modernité : une mutation de la morphologie urbaine observée par satellite depuis 50 ans », Cybergeo : European Journal of Geography, avril 2017.
-
Sylvie Ragueneau, « Peut-on réinventer Pékin ? », Géographie et cultures, 65 | 2008, 111-132.
Londres 2012
-
Manuel Appert , « Les JO 2012 à Londres : un grand événement alibi du renouvellement urbain à l'est de la capitale», Géoconfluences, 2012
Sotchi 2014
-
David Teurtrie , « Sotchi 2014, les stratégies territoriales de la puissance russe », Géoconfluences, 2014.
Rio de Janeiro 2016
- Pascal Gillon, « Les Jeux Olympiques de Rio 2016, un héritage mais au profit de qui ? », Géoconfluences, 6 juillet 2016.
- Marie-Christine Doceul et Pascal Gillon, « Éclairage - Rio : ressources classées », Géoconfluences, 6 juillet 2016.
- Portail national histoire-géographie, « Un événement : les XXIe Jeux olympiques d'été à Rio de Janeiro », Éduscol, juillet 2016.
- Benjamin Motte-Baumvol, Carlos David Nassi, Gregório Coelho de Morais Neto, Larissa Lopes et Patrícia de Aquino Lannes Brites, « Motorisation croissante et évolution des déplacements domicile-travail à Rio de Janeiro entre 2002 et 2012 », Cybergeo : European Journal of Geography, janvier 2017.
Tokyo 2020
- Raphaël Languillon-Aussel, « Tokyo, ville globale olympique : de l’échec du projet de 2016 au succès de la candidature de 2020 », Géoconfluences, 2017. (à paraître prochainement)