Quel bilan pour la COP 28 ?
Bibliographie | citer cette brève
Depuis la première d’entre elles organisée à Berlin en 1995, les conférences des parties (COP) de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) sont devenues au fil des années des évènements diplomatiques majeurs. Depuis la COP3 et la mise en place du protocole de Kyoto (1997-2015), les négociations entre les « parties » (les États) réunis annuellement sont plus ou moins fructueuses : à l’échec de la COP 15 de Copenhague qui avait vu notamment la Chine faire obstruction à des objectifs climatiques ambitieux en 2009 est fréquemment opposée la réussite de la COP 21, dont l’organisation en 2015 avait débouché sur l’Accord de Paris, premier accord universel sur le climat, visant à limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à + 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à + 1,5°C maximum. Depuis lors, les COP successives s’efforcent de déterminer les moyens de parvenir à ces objectifs.
Document 1. Émissions de CO2 dans le monde en 2018 (y compris importées)Source des données : OCDE Stat, 2023. |
Comme toute négociation multilatérale, les COP sont fondées sur la recherche de compromis, et leur bilan peut donc paraître mitigé et mêler avancées et limites, comme le montre un bref passage en revue des points-clefs de l’accord final, aussi dénommé « consensus des Émirats arabes unis » puisqu’il a été obtenu sous la présidence de Sultan Al-Jaber, ministre de l'Industrie et des technologies avancées des Émirats arabes unis, PDG de la compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi, et fondateur de Masdar, grande entreprise émiratie des énergies renouvelables. Le texte final, au sein duquel chaque mot est pesé, reflète des jeux d’acteurs délicats entre grandes puissances économiques et diplomatiques comme les États-Unis, l’Union européenne ou la Chine, pays producteurs d’énergies fossiles, gros consommateurs d’énergie (au premier rang desquels la Chine et les pays du Nord global), pays ambitieux en matière climatique (High Ambition Coalition), pays des Suds dont certains sont regroupés au sein du G77, pays des Suds les plus pauvres parmi lesquels les PMA ou encore les petits États insulaires – ces différentes catégories pouvant d’ailleurs se recouper – mais aussi organisations internationales comme l’OPEP, groupes de pression (ONG, lobbies, société civile).
Document 2. Avancées et limites de la COP 28
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Le texte final contient ainsi des avancées majeures, même si certaines demeurent symboliques. Le caractère inédit de la mention de la sortie des énergies fossiles est sans conteste une avancée considérable, même si nombre de propositions sont encore très insuffisantes. Reste que l’accord est non-contraignant et repose sur la bonne volonté des États. Ceux-ci doivent maintenant présenter des engagements (contributions déterminées au niveau national) en accord avec les objectifs fixés, et les mettre en œuvre à l’échelon national. Il est donc encore trop tôt pour dire si la COP 28 représente un tournant, d’autant que l’épineuse question du financement des politiques d’atténuation (c’est-à-dire de réduction des émissions de gaz à effet de serre) et d’adaptation se reposera avec acuité lors de la prochaine COP, organisée en 2024 à Bakou en Azerbaïdjan.
Ressources bibliographiques
Pour aller plus loin
- Site officiel de la COP 28 : https://www.cop28.com/
- CCNUCC (ONU Changements climatiques) « L'accord de la COP28 marque le "début de la fin" de l'ère des combustibles fossiles », communiqué, 13 décembre 2023.
- CIRAD, « COP28 | Une multiplication des initiatives en faveur de l’agriculture et de l’alimentation, mais des négociations à petits pas », 15 décembre 2023
- Bonpote.com, « COP28 : qui aurait pu prédire une telle issue ? », 13 décembre 2023
- France Culture, « COP28 : un accord fossilisé ? », 13 décembre 2023
- Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires / ministère de la Transition énergétique, « Présentation de la COP 28 ».
Pour compléter avec Géoconfluences
- Magali Reghezza-Zitt, « Sociétés humaines et territoires dans un climat qui change. Du réchauffement climatique global aux politiques climatiques », Géoconfluences, avril 2023.
- Bernadette Mérenne-Schoumaker, « La Scandinavie, un modèle de transition énergétique ? », Géoconfluences, mars 2019.
Clara LOÏZZO
Professeure en classes préparatoires aux grandes écoles, lycée Masséna, Nice
Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cette brève :
Clara Loïzzo, « Quel bilan pour la COP 28 ? », Géoconfluences, décembre 2023.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/quel-bilan-pour-la-cop-28