120 ans de trajectoires migratoires des Nobel en une image
La revue Nature vient de publier (en anglais) une étude intitulée « Comment gagner un prix Nobel ». Elle revient sur les facteurs biographiques concourant à favoriser – statistiquement – l’obtention de la plus haute distinction scientifique.
Nature a analysé 346 prix Nobel attribué à 646 personnes, une même récompense pouvant être partagée entre deux ou trois récipiendaires. Le prix Nobel a été attribué presque chaque année depuis 1901 dans trois disciplines, chimie, physique et physiologie ou médecine. La revue analyse leur structure par âge, avec une dispersion relativement homogène, et par genre : les femmes ont nettement moins de chances, statistiquement et historiquement, d’obtenir une récompense, même si cela s’est légèrement amélioré au cours de la période la plus récente. Autre évolution, le prix est de moins en moins une récompense individuelle, il est de plus en plus partagé entre plusieurs personnes.
L’article donne surtout à voir les trajectoires migratoires des scientifiques obtenant la récompense suédoise, en deux points : du lieu de leur naissance au lieu d’exercice professionnel au moment où ils reçoivent le Nobel. On obtient ainsi un exemple de migration d’un groupe professionnel, qui dessine une mondialisation des scientifiques dominée par deux pôles principaux. C’est ce que résume l’image GIF animée ci-dessous.
Birth = naissance. Award = récompense. Source : Smith et Ryan, Nature 2024.
Beaucoup d’entre eux, 54 % des Nobel dans les trois matières étudiées, sont également nés aux États-Unis. L’Europe vient derrière, mais davantage en tant qu’espace d’origine des Nobels qu’en tant qu'espace de travail au moment de la récompense ((Dans ce documentaire, les premières minutes dressent le portrait-robot d'un récipiendaire du Nobel : c'est un homme blanc né en Allemagne et travaillant aux États-Unis et prénommé John ou ses dérivés.)). Ce que dessinent ces migrations sur une période de plus d’un siècle, c’est l’histoire de la domination des États-Unis sur l’économie de la connaissance au cours du XXe siècle. Les évolutions récentes, notamment le rôle croissant des pays émergents, en particulier la Chine, sont toutefois gommées par cette approche de long terme.
(JBB), octobre 2024.
Source
- Kerri Smith and Chris Ryan, “How to win a Nobel prize”, Nature, 3 october 2024
Pour compléter avec Géoconfluences
- Laurent Carroué, « La Silicon Valley, un territoire productif au cœur de l’innovation mondiale et un levier de la puissance étatsunienne », Géoconfluences, mai 2019.
- Myriam Baron et Laurent Jégou, « Carte à la une : le monde selon... le Web of Science », Géoconfluences, octobre 2016.
- Pierre-Yves Trouillet, « Les populations d'origine indienne hors de l'Inde : fabrique et enjeux d'une "diaspora" », Géoconfluences, septembre 2015.
- Virginie Chasles, « Les flux internationaux de personnel de santé, une illustration des inégalités de développement », Géoconfluences, juin 2012.