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Une nouvelle typologie des espaces ruraux en France

Publié le 02/03/2023
L’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) vient de publier un rapport sur les espaces ruraux en France, rédigé par Magali Talandier et la coopérative Acadie. Il prolonge et renouvelle l’approche de la typologie publiée en 2011 par la DATAR sous la direction de Mohamed Hilal. La France d’outre-mer est exclue de l’étude.

Référence : Acadie et Talandier Magali, Étude sur la diversité des ruralités « Typologies et trajectoires des territoires ». Rapport final, ANCT, février 2023, 86 p.

Le rapport se compose de deux parties, la première présente la démarche permettant d’aboutir à la typologie des territoires ruraux, présentés dans leur très grande diversité sociale, économique, démographique. La seconde analyse les territoires ruraux sous l’angle de leur contribution aux différentes transitions.

Les composantes de la typologie

Démographie des territoires ruraux
démographie

Source de la carte : Acadie et Talandier, 2023, p. 17.

La carte fait apparaître les espaces ruraux périphériques, que ce soit à l’échelle du pays ou à celle des aires urbaines, qui sont les plus dynamiques, tandis que les territoires ruraux intérieurs ou enclavés restent en partie en déprise démographique.

Dynamiques sociales des espaces ruraux
dynamiques sociales

Source de la carte : Acadie et Talandier, 2023, p. 20.

Les espaces ruraux les moins accessibles, ainsi qu’une large frange intérieure du Languedoc et un grand bassin parisien, forment des campagnes fragiles socialement. À l’inverse, les grandes couronnes des villes et les espaces ruraux frontaliers sont socialement très favorisés.

Nous reproduisons ci-dessus deux cartes tirées du rapport mais il propose une carte pour chacune des composantes prises en compte dans la typologie : fonctions économiques (p. 18), accessibilité, attractivité et centralités (p. 19), profil des populations (p. 21), logement (p. 22).

Le résultat : une typologie en quatre ou huit classes

Le rapport aboutit alors à la typologie synthétique proprement dite, en deux cartes. La première (ci-dessous à gauche) donne la typologie en quatre grandes catégories : ruralité résidentielles (principalement les grandes couronnes périurbaines) ; petites polarités (les bourgs offrant des services) ; ruralités productives (tournées vers les fonctions agricoles et industrielles, situées surtout dans le Nord et l’Ouest) et les ruralités touristiques (dans les massifs montagneux du Sud et de l’Est, sur les littoraux, et dans les parcs naturels régionaux). La seconde carte (ci-dessous à droite) détaille ces catégories pour offrir à la lecture la très grande diversité des espaces ruraux : ruralités résidentielles aisées ou mixtes ; petites polarités industrielles et artisanales ou mixtes ; ruralités productives ouvrières ou agricoles ; enfin ruralités touristiques à dominante résidentielle (on pourrait parler d’économie présentielle) ou spécialisées.

Typologie synthétique en 4 catégories

typologie des espaces ruraux

Source de la carte : Acadie et Talandier, 2023, p. 23

Diversité des communes rurales

typologie des espaces ruraux

Source de la carte : Acadie et Talandier, 2023, p. 24.

La typologie de 2022 confrontée avec celles de 2003 et de 2011

Le rapport esquisse également des comparaisons particulièrement intéressantes avec deux typologies précédentes, celles de 2003 et celle de 2011. Les comparaisons avec la typologie de 2011, une décennie après, permettent de faire ressortir finement des évolutions, dans la mesure où la méthodologie employée, même si elle comporte des innovations indispensables pour prendre en compte les progrès scientifiques dans la connaissance du rural, ainsi que les évolutions de zonages statistiques, s’appuie sur des mécanismes similaires.

La typologie de 2022 (à droite) confrontée avec celle de 2011 (à gauche)

2011

Source : Hilal Mohamed, Barczak Aleksandra, Tourneux François-Pierre, Schaeffer Yves, Houdart Marie M., Cremer-Schulte Dominik, Typologie des campagnes françaises et des espaces à enjeux spécifiques (littoral, montagne et DOM), 2011, page 17.

typologie des espaces ruraux

Source de la carte : Acadie et Talandier, 2023, p. 24.

 

Les contributions des espaces ruraux aux différentes dimensions de la transition

La suite du rapport analyse les contributions des espaces ruraux aux différentes dimensions de la transition : d’abord avec trois approches systémiques : services environnementaux, alimentaires et énergétiques (p. 58), économie productive (p. 60), accueil et mobilités des personnes (p. 63), qui débouchent ensuite sur les transitions proprement dites (p. 67–70) : agro-écologiques, agro-industrielles, agro-métropolitaines, agro-techniques, faisant chacune l’objet d’une carte et synthétisée dans une typologie (carte ci-dessous).

Typologie systémique. Contributions des espaces ruraux aux transitions

Espaces ruraux et transitions

Source de la carte : Acadie et Talandier, 2023, p. 66.

 

Ce travail renouvelle l'approche des espaces ruraux, en permettant de souligner trois éléments. D'abord, les territoires ruraux ne forment pas un ensemble homogène. Ils se distinguent par leurs profils (démographiques, socio-économiques), par leurs trajectoires (voir Gros-Balthazard, 2019) et par les questions auxquelles ils sont confrontés (déclin, vieillissement ou au contraire nouveaux besoins liés à la croissance démographique). Ensuite, les territoires périurbains, qui sont inclus dans l'étude, peuvent être analysés avec les mêmes grilles de lecture que les territoires ruraux. Si, sous l'angle des mobilités quotidiennes, il peut être pertinent de les étudier en interrelation avec les villes, sous d'autres aspects (mobilités résidentielles, accès aux services, diversité sociale...), ils sont comparables avec certains espaces ruraux situés au-delà des dernières couronnes. Enfin, les territoires ruraux ne sont pas passifs face aux enjeux contemporains tels que la question des transitions, quel que soit le nom qu'on leur donne (développement durable, anthropocène...). Ils peuvent être des creusets d'innovation sociale, écologique et économique, et leurs habitants sont autant acteurs des mutations en cours que les autres citoyens.

 


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