La forêt ardéchoise : une ressource territoriale à révéler et à gérer, une nouvelle organisation de l'espace
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Sommaire de la partie 2
1. Quand l'arbre cache la forêt : les résineux dans le paysage, un problème d'entretien et de gestion des forêts
2. Les fragilités de la filière forêt-bois
3. Vers une nouvelle organisation de l'espace
Si en France le potentiel forestier existe, de nombreux indicateurs attestent de cela (ministère de l'Agriculture et de la Pêche, 2005), la ressource forestière fait défaut. Elle résulte d'un processus d'élaboration complexe dont les acteurs ont un rôle central. La récolte de bois en France est largement inférieure à la centaine de millions de mètres cubes de bois qui poussent chaque année dans les forêts françaises.
En effet, rien ne garantit actuellement qu'un propriétaire forestier privé se décidera à récolter du bois sur sa propriété. Les obstacles à la gestion forestière, ou à la récolte de bois, sont nombreux, qu'il s'agisse des difficultés liées à la desserte forestière ou à l'émiettement de la propriété. La question du devenir des espaces forestiers dans un département comme l'Ardèche, où le processus de reforestation a été particulièrement vif et rapide reste ouverte. Dans un contexte sociétal changeant, une nouvelle organisation de l'espace, quels sont les ressorts sur lesquels les territoires peuvent s'appuyer pour faire émerger la ressource forestière ?
1. Quand l'arbre cache la forêt : les résineux dans le paysage, un problème d'entretien et de gestion des forêts
Dans les Boutières ardéchoises (document ci-contre), en ce début du mois de mai, le vert tendre des jeunes feuilles dont se parent les feuillus tranche avec le vert foncé, sombre, des plantations de douglas visibles dans le paysage et dont les contours sont clairement identifiables. Malgré tout, si ces conifères (appelés aussi résineux) attirent particulièrement l'œil, ils ne couvrent pas tout l'espace laissant la part belle aux feuillus. Mais pour peu qu'ils aient été plantés à proximité d'un hameau, ils sont fréquemment l'objet de controverses et accusés de tous les maux (fermeture du paysage, non entretien et risque d'incendie, acidification des sols). Ils sont perçus comme une erreur aujourd'hui par ceux qui sont extérieurs aux lieux et qui consomment du paysage mais ils représentaient l'espoir de jours meilleurs à l'époque où ils furent plantés par ceux qui vivaient dans un monde paysan en déclin. |
Cliché : C. Dodane, mai 2005. |
Mais ce que montre cette photographie c'est que, plantations de conifères ou non, la forêt a été partout très conquérante et dans la plupart des cas, les feuillus aussi bien que les conifères arrivent aux portes des habitations. De plus, qu'il s'agisse d'un boisement feuillu ou résineux, il n'est pas systématique de dire que l'un est mieux géré ou mieux entretenu que l'autre.
Si au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la forêt feuillue s'est développée sur des surfaces bien plus importantes que la forêt résineuse, l'accroissement de la proportion des conifères durant cette période est en revanche principalement due aux plantations résineuses réalisées avec les aides du FFN. En effet, les premiers boisements et reboisements financés par le FFN étaient très majoritairement composés d'espèces résineuses : 87% des surfaces mises en plantation de 1955 à 1979 (Cottin, 1995). De 1980 à 1989, l'engouement pour les résineux demeurait encore très vif puisque la proportion de résineux utilisés avoisinait les 75%. Elle était encore de 64% de 1990 à 1999 (ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation, 1996). Les peupliers ont été les seuls à se maintenir aux alentours de 10% sur toute la période 1947 à 1999. À titre d'exemple, 99% des surfaces mise en œuvre grâce au FFN en Ardèche ont été plantées en conifères. Les plantations de conifères aidées par le FFN représenteraient les trois-quarts (75%) des nouvelles surfaces résineuses apparues dans la forêt française au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Si l'on intègre aux statistiques du FFN, les boisements et reboisements volontaires, ceux ayant fait l'objet d'un autre mode de financement que le FFN (y compris les améliorations avec introduction de plants forestiers), alors la part de l'ensemble des plantations résineuses serait encore plus élevée.
Même en petite quantité, les résineux sont présents partout, ce qui accroît l'impression d'une augmentation importante. Vincent Moriniaux (1999) a consacré sa thèse à l'étude de l'enrésinement en France depuis le XVIe siècle. L'enrésinement, dont il n'existe pas de terme équivalent dans les autres langues que la nôtre, a été plutôt mal vécu par les Français. Alors que la forêt française est au deux tiers feuillue (9 millions d'hectares soit 64% des surfaces forestières françaises [i]) et que l'introduction artificielle de conifères y a été plus modérée qu'ailleurs (en Allemagne et en Irlande, les résineux couvrent respectivement les deux tiers et 90% de la surface forestière), le rejet de l'enrésinement révèle surtout un conflit autour des résineux plantés récemment lorsqu'ils constituent des peuplements monospécifiques et équiennes (ou futaie résineuse pure composée d'une seule essence du même âge).
En matière de paysages forestiers, les résineux sont parfois désignés comme des boucs émissaires, par une population en prise avec un environnement en pleine mutation qu'elle ne maîtrise pas ou plus. Mais, en réalité c'est souvent l'arbre qui cache la forêt. L'ère de l'enrésinement irréfléchi est révolue. D'une part, les forestiers sont aujourd'hui de plus en plus attentifs aux conséquences, non seulement écologiques, mais également paysagères, de la gestion des forêts [ii]. D'autre part, les conifères ont, dans beaucoup d'endroits, réussi à se faire une place dans le paysage. Enfin, la diminution des crédits d'État alloués à l'investissement forestier (la loi de finance de 2000 a mis fin au FFN) a freiné les nouveaux boisements.
Toutefois, certaines espèces de conifères très colonisatrices puisque pionnières, comme le pin sylvestre, le pin d'Alep en région méditerranéenne et localement le pin maritime, se sont développées sur des surfaces relativement importantes en France sans qu'elles n'aient été plantées [iii]. Dans le Massif Central, l'exemple du pin sylvestre est très marquant puisqu'il y occupe tout de même prsè de 360 000 ha comme espèce principale dans les futaies et les peuplements mélangés, soit 10% de la surface des formations boisées de production [iv]. À la différence du douglas et de l'épicéa commun, le sapin pectiné et le pin sylvestre ont été peu plantés.
L'arbre choisi, que l'on plante de manière ordonnée, n'a pas la même signification pour le paysan ou l'agriculteur que l'arbre qui pousse, symbole de la nature non domestiquée, du saltus, signe paysager d'un enfrichement douloureux. Choisi, l'arbre est symbole de la vie, de la force, de l'ancrage à la terre (Giono, 1983). Il a été préféré à la friche, symbole de l'abandon, de la défaite, qui portait atteinte aux valeurs et à la morale paysanne. Mais s'agit-il de l'arbre en général, d'un arbre ou de tous les arbres ? Certains plaisent-ils plus que d'autres (Corvol, 2009) ? Qualifiés par leur famille botanique, certains conifères se sont attirés les foudres des Français principalement à partir des années 1970 (Moriniaux, 1999).
Pourtant, planter des arbres n'est-ce pas la promesse d'une terre accueillante pour ses descendants ? N'est-ce pas témoigner de sa présence sur terre quand l'homme sera mort, l'arbre vivra encore ? C'est le pari que nombre de propriétaires terriens issus de la paysannerie ont fait dans les moyennes montagnes françaises dès lors que fut créé le FFN. L'arbre était pour eux une valeur d'avenir. Il s'agissait de planter des arbres, des milliers peut-être sur une parcelle de quelques hectares, mais certainement pas d'en faire une forêt. Mais à qui et à quoi serviraient leurs bois ? Ils ne le savaient pas : aux constructeurs, aux papetiers, pour la fabrication de biocarburant, pour la combustion ou pour fixer du carbone ?
Notes
[i] En 1998 : année moyenne pour l'ensemble des départements français et pour les seules formations boisées de production (source : IFN).
[ii] Les références législatives, réglementaires est contractuelles sur le paysage sont nombreuses (loi paysage - 1993, convention européenne du paysage - 2000, prise en compte du paysage dans les documents cadre de gestion forestière (Orientations et Schéma régionaux de gestion sylvicole), et les documents d'aménagement (Plan simple de gestion approuvé par le CRPF, Plan d'aménagement forestier réalisé par l'ONF), politique paysagère des Parcs naturels régionaux, guide pour la prise en compte du paysage dans la gestion forestière, etc.). Toutefois, en matière de gestion forestière l'application de ces mesures reste très limitée. Voir l'article de Simon Laurent et Fourault Véronique (2004). Les paysages forestiers méditerranéens : d'un objet de connaissance dévalué à une reconnaissance législative émergente ? [en ligne] Actes du colloque SYMPOScience 2004, Bordeaux : Cemagref. Disponible sur : www.symposcience.fr/exl-doc/colloque/ART-00001260.pdf
(consulté le 27/09/2010).
[iii] Selon l'IFN, le pin sylvestre occupe 110 000 ha dans les Alpes-de-Haute-Provence, 90 000 en Lozère, 80 000 dans la Drôme et en Haute-Loire, 60 000 dans les Hautes-Alpes et les Alpes-Maritimes, 45 000 en Ardèche, 42 000 en Corrèze, 35 000 dans le Puy-de-Dôme, etc. soit au total 1,1 million d'ha en France.
[iv] Pour l'ensemble des 58 Régions Forestières Nationales de notre base de données en lien avec le Massif Central.
Clément Dodane, 2010.
Les controverses à propos des résineux dans le paysage sont en réalité un problème en trompe l'œil. Qu'ils durent ou qu'ils disparaissent, les problèmes de gestion et d'entretien des espaces boisés continueront de produire les mêmes effets. Au fil des ans, les boisements résineux de petite superficie, de l'ordre de quelques ha, disparaîtront. C'est ce que constatent les techniciens de la forêt privée [2] : bien souvent après exploitations des arbres, la parcelle n'est pas replantée. Mais, il ne faut pas s'y tromper, le propriétaire qui fait réaliser une coupe à blanc-étoc (ou coupe rase) de quelques ha de conifères, ne replantant pas après, tendra plutôt à se désengager, à se désintéresser de son bien forestier, hormis chez quelques propriétaires forestiers ayant la maîtrise technique de la régénération naturelle (Pro Silva, 1995 ; Schütz & Oldeman, 1996 ; Schütz, 1997), qui leur permet d'assurer la continuité de leurs peuplements à moindre coût même sur de petites parcelles et de petites propriétés. Il ne s'agit certainement pas en soi d'un travail paysager.
La résultante de tout cela, n'est-ce pas l'apparition d'une "forêt-friche" (Léonard, 2003) ? Cette "forêt-friche" est-elle meilleure que le boisement de conifères ? Les arbres issus de la reconquête spontanée grandiront eux aussi, l'entretien sera encore moins assuré faute de rentabilité économique. Ainsi, dans un territoire comme l'Ardèche, les enjeux forestiers sont avant tout ceux de la gestion et de l'entretien de ces espaces boisés qui cumulent un grand nombre de handicaps. Ceux-ci sont responsables de l'inertie des propriétaires forestiers et de la filière forêt-bois, avec pour conséquences une économie liée à l'exploitation du bois très réduite et des coûts d'entretien et de gestion des forêts ardéchoises toujours plus lourds. À qui incombera la charge de ces coûts ? La question reste en partie ouverte.
Le dernier grand feu de forêt en Ardèche, au cours de l'été 2003 dans le Haut-Vivarais (1 300 ha parcouru sur 2 300 ha incendiés en Ardèche en 2003), est là pour rappeler les problèmes auxquels doit faire face la collectivité, le coût exorbitant de la prévention et de la lutte contre les incendies de forêt. En Ardèche, cela se chiffre annuellement en millions d'euros. Rapporté à l'unité de surface forestière, il peut être égal à la rentabilité économique moyenne de la forêt. Les facteurs d'aléa (sécheresse, canicule, tempêtes) aggravent toujours plus la situation. L'augmentation des vulnérabilités liées aux faibles densités humaines laisse penser qu'en l'état le coût de la prévention (à la charge du département) et de la lutte (à la charge de l'État) contre les incendies de forêt devrait croître dans les années à venir.
Des obstacles à la gestion forestière : infrastructures de transports ...
La mobilisation des bois grâce aux équipements de desserte est une problématique en soi, à laquelle le Fonds forestier national (FFN) [voir partie 1] n'a pas apporté de réponse suffisante lors de la mise en œuvre des boisements et reboisements. Pourtant, elle est maintenant devenue incontournable pour mobiliser des bois en forêt. C'est un problème crucial pour le devenir de la gestion forestière en France, quand actuellement l'essentiel des ressources financières d'un propriétaire provient de la vente des bois (Cinotti, 2003) ; qu'il s'agisse de l'État (forêt domaniale), des communes (forêt communale) et des particuliers (forêt privée).
Dans le cas de la forêt privée ardéchoise, l'aménagement de dessertes forestières a souvent été relégué à l'avenir et rarement prévu lors des opérations de boisement et de reboisement. De 1953 à 1999, tous types de propriétés confondues (une piste en forêt domaniale ou communale pouvant desservir des bois privés), seuls 660 km de pistes et de routes forestières, y compris les pistes de Défense forestière contre l'incendie (DFCI), ont bénéficié d'aides spécialement affectées à leur création.
Rapporté à la superficie totale des forêts de production, 242 000 ha, cela représente 0,27 km pour 100 ha. À titre d'exemple, le CRPF du Limousin avance quelques données chiffrées sur la densité de pistes (débardage) et de routes forestières (transport) pour des conditions de desserte suffisante (document ci-contre). Ces chiffres sont à considérer comme des minima aux 100 ha (= 1 km²). Cet exemple illustre les efforts considérables qu'il reste à faire sur le long terme. |
Les conditions d'une desserte suffisante
Source : CRPF Limousin,
"L'organisation de la desserte au sein de la propriété www.crpf-limousin.com/pdf/.../20desserte.pdf |
Le pari consistait à croire qu'au bout de trente ans la récolte de bois de valeur motiverait la mise en place des dessertes nécessaires. Il est vrai que la part dédiée à ces équipements dans les aides du FFN était plafonnée, du moins dans les premières années, ce qui a eu pour conséquence néfaste l'absence de réalisations. Or les prévisions se sont avérées fausses de telle sorte que des bois de valeur restent sur pied actuellement faute de desserte pour être mobilisés. Il eut été préférable d'organiser les conditions d'une bonne accessibilité avant de planter et non l'inverse.
Aujourd'hui, il est pratiquement impossible pour un propriétaire forestier de financer la desserte sur la seule vente des bois. Les Association syndicales libres ou autorisées sont un cadre approprié pour la réalisation collective de pistes ou de routes forestières. Toutefois, chaque création nécessite souvent un délai de plusieurs années entre le projet formulé par certains propriétaires, l'étude, l'animation, le montage des dossiers, les phases de terrain et l'achèvement des travaux. Autrement dit, les progrès en la matière ne sont envisageables que sur le long terme et à condition que des budgets publics importants (crédits de l'État ou des collectivités territoriales) soient affectés à la création d'infrastructures de transport sans lesquelles il est impossible de mobiliser des bois à destination des industries.
En Ardèche certains territoires s'approprient le problème et tentent de le résoudre pour faire du bois qui se trouve en forêt une véritable ressource territoriale. Les équipements de desserte qui ont été aidés sont des routes, des pistes forestières, des pistes de DFCI et des améliorations de route ou de piste. La courbe qui présente les longueurs annuelles des équipements de desserte réalisés en Ardèche (document ci-dessous) est issue du dépouillement des archives du FFN et du rapport Bros (1993) [3].
Avant l'intervention de l'Europe, à partir de 1980, les créations de desserte ont été pratiquement inexistantes dans le département. Mais dès les premiers programmes forestiers européens, les investissements en la matière ont pu être subventionnés à hauteur de 50%, lorsqu'ils étaient complémentaires d'un boisement entre 1980 et 1991, puis librement jusqu'en 1999. Ainsi, de 1958 à 1999, 660 km de dessertes ont été créées ou améliorées grâce aux aides du FFN, de l'État et des subventions de l'Europe. La desserte forestière est un élément clé de la révélation d'une ressource forestière à l'échelle d'un territoire. C'est aussi un élément central pour l'attribution des aides en faveur de la forêt actuellement. |
La desserte forestière aidée |
Que révèle aussi le manque de pistes et de routes forestières dans les sylves ardéchoises ? Tout d'abord, cela reflète la jeunesse des forêts de ce département. Dans leur évolution, de nombreux peuplements forestiers en sont juste au stade des premières éclaircies ou des premières coupes de bois. Il ne pouvait donc pas, de fait, exister de desserte forestière adaptée, quand 50 ans auparavant l'on était en présence d'un pré ou d'un champ (avant boisement), dont l'accessibilité par les bêtes de somme n'avait rien à voir avec celle des engins forestiers actuels.
Un deuxième élément de réponse, permet de souligner un manque de tradition forestière en Ardèche. En plantant, peu de propriétaires anticipaient le moment venu où ils devraient vidanger (amener des bois abattus sur une piste forestière) leurs premières coupes de bois. En effet, les raisons qui ont poussé certains propriétaires fonciers à boiser n'étaient pas déterminées par une logique de gestion. Toutefois, et c'est un élément très important, il a fallu attendre en réalité qu'un technicien embauché à la direction départementale de l'Agriculture et de la Forêt (DDAF) s'en occupe particulièrement pour que la situation évolue. Ce n'est véritablement qu'à partir de ce moment là que des réalisations importantes ont été mises en chantier en Ardèche, en moyenne 32 km par an de 1980 à 1999 (tous types d'aides confondus, créations et améliorations). Ainsi, il est possible de considérer ce chiffre comme une référence moyenne pour estimer la desserte qu'un technicien peut initier annuellement. Combien donc de techniciens faudrait-il mobiliser pour créer annuellement le double, voire le triple, de dessertes et atteindre les normes de densité souhaitables (voir document supra) ?
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Comme le nom de ce schéma l'évoque (Schéma de mobilisation des bois, ci-dessus), il ne s'agit plus de considérer tout l'espace de façon homogène vis-à-vis de son accessibilité. L'idée de mobilisation est intéressante parce qu'elle détermine la suite donnée à chaque projet et qu'elle n'est pas exclusive. Les solutions techniques envisagées pour mobiliser les bois depuis une piste sont multimodales, à l'aide d'un tracteur, d'un câble [5], d'un hélicoptère ou de chevaux, en fonction de la valeur des produits et des contraintes. Cependant, chaque solution de mobilisation concerne potentiellement plusieurs propriétaires (publics ou privés) ou groupements de propriétaires, dont la motivation à gérer leurs forêts dépend aussi de paramètres sociologiques qu'il est nécessaire de prendre en compte. S'il s'agit de petites forêts privées, une entente doit exister en amont entre les parties pour que le projet puisse être mené à terme.
... et structure de la propriété forestière
Le processus de reforestation (voir l'article associé), en engendrant des nouvelles forêts par millions d'ha, a conduit au développement spectaculaire du nombre de propriétés forestières et, par voie de conséquences, de nouveaux propriétaires forestiers qui se comptent en centaines de milliers à l'échelle du Massif Central (Scees, 1987, 2002). Les recherches entreprises montrent que le FFN n'a pas été utilisé uniquement pour satisfaire les objectifs fixés par la loi. Tant en France, qu'en Ardèche, la moitié des surfaces aidées par le FFN sont de petites plantations de moins d'un ha à quelques ha, installées sur d'anciennes terres agricoles en landes, en friche ou déjà arborées. Celles-ci sont l'œuvre de petits paysans ou de leurs héritiers. Les centaines de milliers d'ha aidés par le FFN à l'échelle du Massif Central ont donc pour principale raison d'être un "pansement" face aux transformations que la société paysanne subissait : difficultés des hommes et des exploitations, exode rural, déprise agraire, mutations de l'agriculture française (Fel, 1962 ; Bonnamour, 1966 ; Gachon, 1967 ; Mendras, 1967).
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Ces nouvelles forêts résineuses sont donc régies dans l'ensemble par des principes étrangers aux modèles sylvicoles canoniques. À celles-ci peuvent être associées les nouvelles forêts spontanées qui, plus encore, échappent à toute norme sylvicole (Brédif & Arnould, 2004). De plus, la convergence du désengagement des agriculteurs vis-à-vis de la forêt et des modes de transmission de la propriété forestière ont pour effet de concentrer celle-ci chez les retraités et rien ne laisse penser que cette tendance s'inversera dans un avenir proche. Elle s'inscrit dans une tendance de diminution constante de la rentabilité de la propriété forestière. C'est donc par héritage ou donation que l'on devient propriétaire forestier et rares sont ceux qui souhaitent l'être réellement. En règle générale, la propriété forestière en France est plutôt subie que désirée et cela vaut aussi dans les nouvelles forêts résineuses. Les nouvelles forêts s'inscrivent donc dans un autre répertoire que celui de la production de bois.
Au demeurant, même si certains propriétaires conservent cet objectif, des héritages font qu'ils en modulent l'application. De nombreux groupements forestiers de petits propriétaires sont des créations ad hoc encouragées et aidées par l'Administration forestière d'État. Ces groupements forestiers concentrent de façon manifeste les difficultés de gestion, qui se retrouvent d'ailleurs uniformément dans l'ensemble des petites et des moyennes propriétés forestières. Or, les hommes, en tant que décideurs, sont au cœur de la gestion durable des nouvelles forêts.
2. Les fragilités de la filière forêt-bois
À côté de géants de l'industrie du bois en France ou ailleurs en Europe (de 1 million de m³ de bois ronds sciés en France à 15 millions de m³ en Allemagne), les unités de première transformation en Ardèche font pâle figure. Bon an, mal an, la trentaine de scieries ardéchoises produisent 80 000 m³ de sciages. Quatre entreprises seulement ont une production supérieure à 4 000 m³. On ne produit même pas sur tout le département 1 000 m³ de sciages de châtaignier [7], le feuillus le plus scié, alors que c'est un bois qui possède de très grandes qualités techniques, surtout en termes de durabilité et de mise en œuvre. Or, dans l'inventaire forestier départemental de 1995, l'IFN estime à 3,7 millions de m³ le volume sur pied de châtaignier en Ardèche. Les Ardéchois n'ont pas encore pris conscience des richesses qui abondent dans leurs forêts. Ainsi, 99% des sciages produits en Ardèche sont-ils résineux.
Ce constat suggère deux points de vue différents. D'un côté, à l'échelle des territoires, ces entreprises de petite taille prennent toute leur importance parce qu'elles s'insèrent dans un tissu économique local. À l'avenir, à condition de maintenir leur nombre (concentration et cessation d'activité ne cessent de le faire diminuer) et leur répartition géographique, elles pourraient participer à transformer le potentiel bois ardéchois, notamment celui du châtaignier, en ressource territoriale [8]. Ce point de vue est en partie celui des élus locaux. D'un autre côté, les industriels de la filière forêt-bois ne peuvent que souligner la faiblesse de la première transformation (entreprises d'exploitation forestière et scieries) dans le département. En soi, les petites scieries n'ont pas réellement d'avenir. Leurs coûts de sciage sont beaucoup plus élevés que ceux d'autres concurrents, ne serait-ce que Rhône-alpins (3 à 6 fois plus), sans compter que la concurrence en la matière est en réalité internationale. Elles ne sont pas toutes en mesure, non plus, d'offrir l'ensemble des services qui passent actuellement pour une norme standard : séchage, traitement, tri par dimensions et par qualités.
De plus, elles n'ont pas les capacités financières suffisantes pour investir dans de nouveaux outils de production, ce qui d'ailleurs nécessiterait qu'elles quittent leur implantation historique pour de nouveaux sites afin de mieux organiser leur chaîne de production, du parc à grumes à l'aire d'expédition. En Ardèche, l'on trouve encore de petites scieries dans certains fonds de vallée, en partie insérées dans le tissu urbain, à l'étroit, sans possibilité d'agrandissement, ni de réorganisation. On pourrait imaginer de nouvelles unités de sciage à proximité de la vallée du Rhône afin d'éviter les problèmes de desserte que connaît l'Ardèche intérieure, le site serait plus facilement accessible à port de camion. Mais rien ne garantirait que les bois consommés proviendraient des forêts ardéchoises, ce qui ne servirait pas la problématique d'une récolte de bois, faible en Ardèche.
Pendant longtemps, les scieries sont allées "au bois" pour mobiliser la ressource dont elles avaient besoin pour alimenter leur activité. La ou les personnes préposée(s) aux achats de bois se rendaient en forêt pour estimer les coupes de bois mises en vente et faire une offre de prix [9]. Ce mode d'approvisionnement est encore utilisé par de nombreuses scieries, surtout lorsqu'elles s'approvisionnent localement. Dès lors qu'elles se sont développées et que la ressource locale n'était plus suffisante pour alimenter leur consommation, les scieries ont progressivement dû organiser la venue des bois à elles. Maintenant, les plus importantes d'entre elles ont passé des contrats d'approvisionnement avec des opérateurs forestiers pour des volumes précis, aux dimensions et aux qualités connues, livrés en temps et en heure sur leur parc à grumes. Seules les coopératives forestières pour la forêt privée et l'ONF pour la forêt soumise au régime forestier sont en mesure d'honorer ces contrats d'approvisionnement, forts des propriétés qu'ils ont en gérance.
Quant à la seconde transformation, elle utilise plus couramment les bois du Nord pour leur rapport qualité / prix, que les bois ardéchois. Il y a peu encore les produits sciés en France n'offraient pas de services comparables à ceux de nos voisins scandinaves (aboutage des bois, tri par qualité, séchage, marquage, emballage). Il est en effet frappant de voir une entreprise locale de seconde transformation utiliser des bois du Nord, alors que son environnement forestier laisse présager d'un potentiel important en matière première bois. Cette situation paradoxale a été observée dans une menuiserie en Ardèche (mais elle se retrouve fréquemment ailleurs aussi) : devant l'entreprise en question un stock de bois attirait l'œil et avait fière allure. Il s'agissait de madriers empaquetés sous un film plastique. Les bois avaient tous la même dimension, ils étaient aboutés et chaque madrier était marqué, à son extrémité, à la peinture (document ci-dessous à gauche) renseignant sur sa provenance : la scierie de "Alholma" à Pietarsaari en Finlande. Alors que ces bois avaient parcouru 2 500 à 3 000 km par voie de mer et près de 1 000 par route, derrière la menuiserie, le versant boisé porte de jolis peuplements de douglas d'une quarantaine d'années qui, une fois transformés, auraient peut-être été une bonne alternative.
Coopératives forestières et approvisionnements en bois en France
Mais après le Programme forestier national de 2006 (Maapar, 2006) qui scande que le temps de la récolte est venu, ne se dirige-t-on pas vers une fin progressive des aides de l'État à destination de l'investissement forestier ? Est-ce aux communes, aux PNR, aux départements, aux régions qu'incombera dorénavant le rôle d'investir dans les espaces boisés qui composent leur territoire ? Seront-ils les seuls ? L'idée que les différents acteurs de la filière forêt-bois-papier doivent contractualiser entre eux est de plus en plus forte. Par exemple, la coopérative forestière Coforet qui œuvre en Ardèche illustre bien cette nouvelle tendance (carte ci-dessus à droite). Elle a récemment investi dans deux unités de sciage de petits bois résineux d'éclaircie, en Saône-et-Loire et dans le Doubs, afin d'améliorer sa compétitivité et d'offrir à ses adhérents la possibilité d'écouler des bois d'éclaircie à faible valeur individuelle.
Si à leur début les coopératives forestières se sont contentées de vendre du bois sur pied, elles ont développé, à partir des années 1990, une offre de bois abattus et façonnés bord de route qui est devenue majoritaire dans leur mode de commercialisation. Dorénavant, elles passent des contrats d'approvisionnement avec des industries de première transformation pour la livraison de milliers de m³ de bois. Depuis peu, elles prennent des parts seules ou aux côtés des industriels dans la création de nouvelles unités de sciage au plus près des ressources forestières de leurs adhérents. Elles sont devenues des acteurs incontournables de la gestion des forêts privées et de la représentation de leurs adhérents auprès des instances administratives et politiques. À l'avenir, les acteurs des territoires devront donc savoir susciter et attirer à eux les initiatives privées en complément des leurs. Ils doivent travailler de pair avec les acteurs de la filière forêt-bois, et réciproquement, pour bâtir des projets innovants.
3. Vers une nouvelle organisation de l'espace
La reforestation qui s'est opérée depuis un siècle en Ardèche a engendré une nouvelle organisation de l'espace. L'exemple développé ici est caractéristique des pentes ardéchoises. Ailleurs, où l'agriculture occupe une part plus importante du territoire, les espaces maintenus ouverts ne se concentrent pas uniquement autour des habitations ou en fond de vallée. Malgré tout c'est bien souvent l'impression de terres agricoles au milieu de la forêt qui ressort plutôt que l'inverse.
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Cet autre exemple (photographie ci-dessous à gauche) d'un paysage du centre de l'Ardèche depuis le Serre-en-Don (1 199 m), celui des Boutières, montre comment passer du terrain, de l'analyse de données statistiques et de la carte, à la lecture paysagère et in fine à la révélation des enjeux sociétaux et territoriaux. Au premier plan de la photographie, dans les pentes du Serre-en-Don, jusqu'à la vallée de La Dorne, en contre-bas, les plantations résineuses d'épicéas et de douglas, mises en place dans les années 1980, appartiennent au GF de Ranc Bardon. Au centre, dans le plan médian, on peut identifier la petite vallée de la Cornuscle qui se jette dans La Dorne. Cet espace est en grande partie situé sur la commune de Mariac. L'espace agricole (1) se concentre en fond de vallée et sur le bas des pentes. Les terrasses qui structuraient tout l'espace agricole des pentes, au XIXe et au début du XXe siècle, ont complètement disparu sous la végétation. Quelques prés restent ouverts autour de certaines fermes en haut des pentes. La forêt, la friche et les landes couvrent pratiquement les 3/4 de la superficie communale. L'évolution est récente au point que les données cadastrales donnent un taux de boisement proche de la moyenne nationale (27%) pour les communes concernées, alors que la réalité est tout autre. La principale caractéristique du paysage réside dans l'abondance des nouvelles forêts résineuses que l'on repère à leur couleur foncée (2).
Pointeur kmz sur la vallée de la Dorne, image Google Earth ci-contre, 44°52'48.46"N, 4°21'8.07"E |
Elles appartiennent, à plus de 95% de leurs surfaces, à des propriétaires privés à qui revient l'initiative de leur gestion. De la micro plantation à la grande propriété, chaque entité a une histoire, liée à celle de son propriétaire. Régulièrement, la forêt change de propriétaire et la passation de témoin entre générations est un élément déterminant qui conditionne l'évolution des peuplements forestiers. Un propriétaire absent est généralement le corollaire d'une forêt non gérée. Certaines plantations de douglas, réalisées grâce aux aides du FFN, sont maintenant devenues de véritables forêts de production de bois d'œuvre après le regroupement des parcelles en unités de gestion de plusieurs dizaines d'ha, la création de pistes de desserte et une gestion soutenue (éclaircie, élagage). Les taches vert olive (3) révèlent quant à elles l'existence de la forêt feuillue. Celle-ci est en fait l'agrégation de plusieurs autres types, qu'il est difficile de caractériser. Il peut s'agir d'anciennes châtaigneraies abandonnées qui portent encore les troncs gigantesques d'arbres multiséculaires, dont les sous-bois ne sont plus entretenus et les châtaignes non ramassées, tout comme d'accrus forestiers s'étant développés sur d'anciennes parcelles agricoles abandonnées, ou encore un boisement lâche lorsque le couvert forestier n'est que partiel. Quelques pins sylvestres apparaissent ça et là. Suivant l'altitude et l'exposition, on trouve plutôt le chêne, le hêtre, le châtaignier ou le frêne. Au dernier plan, le Suc de Sarra (à l'extrême gauche) qui culmine à 1 520 m et le Mont Mézenc (au centre avec quelques taches blanches de neige) d'une altitude de 1 753 m, marquent le début de la Montagne ardéchoise et son prolongement en direction de la Haute-Loire. Les pourtours de ces sommets sont couverts de forêts domaniales, de Bonnefoy, de Borée et du Mézenc, faisant partie du domaine privé de l'État. La forêt domaniale de Bonnefoy s'organise autour des ruines de l'abbaye du même nom. Elle a été acquise à la révolution française à la suite de la dépossession de l'Église de ses biens. C'est une vieille forêt de sapins pectinés qui a toujours été conservée depuis que l'homme s'est installé en ces lieux vers l'an 1000, dans ce qui était un désert forestier. La forêt domaniale du Mézenc est composée de nombreuses plantations d'épicéas, subventionnées par le FFN et seulement d'un petit reliquat de vieille forêt.
Le paysage, par ce qu'il dit, mais aussi par ce qu'il ne dit pas, peut être un révélateur des enjeux, sociétaux et territoriaux, liés au territoire. La prédominance des formations boisées par rapport aux espaces agricoles pose à la fois des questions sur le devenir de l'agriculture, sur la fermeture du paysage qui se poursuit et sur l'entretien de l'espace dans un territoire où la ressource humaine mobilisable est de moins en moins nombreuse.
Faire émerger la ressource territoriale
Depuis quelques années, les inventaires de la forêt française conduits par l'IFN montrent que la pénurie de bois résineux qu'a connu la France tout au long du XXe siècle, faute de potentiel suffisant, pourrait se trouver résolue avec l'arrivée à maturation de millions d'ha de conifères plantés grâce aux aides du FFN à partir de 1950, dotant la France d'un potentiel forestier intéressant [10]. Cependant, malgré ce potentiel, la ressource forestière fait défaut. Or, c'est la résultante d'un processus d'élaboration complexe. Un acteur central de construction de la ressource forestière est le propriétaire dont le rapport à l'objet forêt est sous-tendu par des systèmes relevant du biologique, du social, du psychologique, du naturel, du géographique, de l'économique, du politique et du législatif (voir le document "la forêt au cœur des systèmes", page associée). En effet, rien ne garantit actuellement qu'un propriétaire forestier se décidera à récolter du bois sur sa propriété. Les études montrent que pour les petits et moyens propriétaires, la compréhension des politiques forestières est loin d'être évidente tout comme le fonctionnement de la filière forêt-bois (Didolot, 2003 ; Marty, 2004 ; Afomac, 2008). Pourtant ces propriétaires forestiers auraient dû alimenter "l'offre" et les millions d'ha plantés grâce au FFN auraient d'ores et déjà dû produire leurs effets, ce qui n'est pas encore la réalité. L'enjeu est donc de trouver les voies, les conditions et les moyens pour que ce potentiel devienne une ressource territoriale [8].
Comment passer des notions de potentiel et de territoire à celle de ressource territoriale ? Est-ce la ressource qui délimite le territoire ? Peut-il exister des ressources sans acteurs et des acteurs sans ressources ? Du point de vue de l'économiste, la ressource est une dotation préexistante, à combiner pour produire des valeurs. Mais la ressource territoriale se construit et n'est donc pas préexistante. Elle relève à la fois de discours et de jeux d'acteurs, d'économie et de technique forestière, de dimensions territoriales et historiques, de stratégies et d'élaboration de contrats multiacteurs (Coll., 2004). Ce sont les travaux engagés sur la ressource qui vont permettre de faire émerger le territoire "support" qui conditionne la spécificité de la ressource (en fonction de critères d'appropriation et de contextualisation) ainsi que son dynamisme, dès lors que d'autres territoires lui feraient perdre sa spécificité par imitation.
Pourquoi la ressource que constituent les nouvelles forêts n'est-elle pas révélée à l'échelle locale lorsque la composante forestière est forte ? En Ardèche, la forêt passe plutôt pour être non entretenue et être aussi un foyer potentiel pour les incendies. Sa jeunesse est certainement un élément d'explication puisqu'elle engendre des structures forestières complexes et difficiles à lire. Inversement, les vieilles forêts qui portent de hautes futaies correspondent plutôt à l'image que l'on se fait d'une forêt productive. Or, sauf à rentrer à l'intérieur de certains massifs (forêts domaniales dans la Montagne ardéchoise par exemple), il n'en existe que trop peu d'exemples en Ardèche, pour que l'association forêt / ressource forestière émerge chez les élus. Ils pensent plus facilement à la forêt envahissante ou à la forêt qui brûle, du moins dans certains secteurs du département.
Quel processus permet de révéler la ressource territoriale ? Prenons l'exemple des ressources territoriales révélées par la création, en 2001, du Parc naturel régional des monts d'Ardèche (PNRMA). C'est sur l'espace des pentes et sur l'aire du châtaignier que s'est construit en Ardèche le territoire du PNRMA (carte supra). La généalogie de cette identité territoriale ardéchoise correspond peu ou prou à la dynamique d'évolution de la châtaigneraie. Les premières manifestations de sauvegarde de la culture du châtaignier et de la châtaigne datent des années 1990. En une décennie, l'idée de créer un PNRMA, avec une châtaigne comme logo, germera chez les castanéiculteurs. Certains propriétaires forestiers ardéchois s'intéressent à nouveau au châtaignier comme essence forestière, en raison notamment des aides allouées au balivage [11] par le PNRMA. Avec l'obtention de l'AOC "Châtaigne d'Ardèche" en 2006, les castanéiculteurs ardéchois regardent vers l'avenir avec cette ressource territoriale redécouverte : la châtaigne d'Ardèche, longtemps supplantée par sa cousine italienne, revient à l'honneur pour la fabrication du marron glacé, transformé, notamment, dans la région d'Aubenas par les Établissements Sabaton, la Maison Imbert et la Société Sanofruit.
Autour de la châtaigneraie, la promotion du territoire
La promotion du Parc naturel régional des monts d'Ardèche (PNRMA) s'appuie, entre autre, sur les caractères identitaires du territoire : châtaigneraies, terrasses, etc. le châtaignier, arbre emblématique, et les terrasses, finement aménagées depuis des siècles, constituent le paysage caractéristique de cette partie centrale et méridionale du département de l'Ardèche. Ce sont ces paysages, si particuliers, qui justifient la création du PNRMA par arrêté ministériel en 2000, sur 136 communes du département. Dans sa Charte constitutive, le PNRMA insiste sur l'importance et le rôle des paysages sur tout son territoire, "qui forment l'atout majeur de son développement" (PNR des Monts d'Ardèche, 2002). Des événements comme la fête de la Castagnade témoignent de cette construction et participent à fonder l'identité de ce territoire. |
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Voir : www.decouverte-monts-ardeche.fr et, des acteurs : www.parc-monts-ardeche.fr/.../article=1768
Les nouvelles forêts qui appartiennent désormais à des dizaines de milliers de propriétaires forestiers privés concentrent les difficultés en matière de gestion. La politique forestière de soutien à la forêt privée, lancée en 1963 (loi Pisani [12]), ne répond plus à la situation actuelle. Elle n'est plus en mesure de stimuler suffisamment la gestion durable des forêts privées, à mettre en perspective de nouvelles influences sur les sylves en provenance d'une société majoritairement urbaine (Schmithüsen, 1999 ; Barthod, 2005). Il est donc nécessaire de trouver d'autres moyens d'action et de nouveaux cadres territoriaux d'application qui sont au cœur de la démarche de réflexion territoriale (Dodane, 2008).
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Dans le même temps, l'émergence locale de nouvelles structures territoriales (PNR, Communautés de communes, Pays) pose à leurs acteurs la question des ressources et d'un dessein commun à la société vivant sur ces territoires. Quels rôles peut jouer la forêt pour une société rurale renaissante (Kayser, 1990) ? Les propriétaires forestiers privés seront-ils les seuls concernés par la gestion durable de leurs forêts ? La réflexion territoriale, à tous les stades (état des lieux, négociation, choix des projets retenus) peut permettre une meilleure mobilisation de la ressource bois dans certaines zones et avoir pour corollaire son abandon dans d'autres. C'est une conception du devenir des espaces boisés qui a de plus en plus droit de citer. Interrogé sur l'avenir des forêts en Ardèche, certains acteurs des territoires pensent que : "Sur les plantations et l'animation des groupements forestiers, on a investi de l'argent et il faut continuer à en investir pour rentabiliser ces opérations. Ailleurs, où il n'y a pas de pistes, pas de plantations, il ne faut pas ou plus investir. Il faut se diriger vers une nouvelle façon de concevoir la gestion, où l'inaction serait une forme de gestion à part entière." [13]. Mais n'est-ce pas se priver d'éventuelles ressources liées à ces espaces boisés ? Les acteurs d'un territoire le peuvent-ils ? Est-ce réaliste pour une collectivité qui, en souhaitant la non-gestion d'une partie de son territoire, devra aussi en assumer la charge, à défaut de leur propriétaire ?
L'espace rural, d'une logique productive à une logique résidentielle, de loisir et de nature
Si la tendance d'un basculement de la forêt des champs à la forêt des villes est à l'œuvre dans de nombreux espaces ruraux plus ou moins proches des villes, il n'en est pas ainsi partout. Il reste en effet de nombreux espaces interstitiels qui, au contraire de la tendance actuelle d'un repeuplement généralisé continuent de perdre des habitants (voir la carte des évolutions démographiques en Ardèche de 1962 à 2006, page associée). C'est notamment le cas de la Montagne ardéchoise où une dynamique de boisement des terres agricoles est encore à l'œuvre au début des années 2000. L'analyse historique et spatiale de laréglementation des boisements en Ardèche montre qu'elle a accompagné le phénomène de reforestation. N'est-ce pas l'apparition d'un "désert forestier" (Lévy, 1994 ; Léonard, 2003) en référence aux faibles densités de population [14] (documents ci-dessous) à laquelle on assiste dans la Montagne ardéchoise alors que l'espace cultivé y avait mieux résisté jusqu'à présent à la dépopulation ? Les derniers agriculteurs qui ne peuvent prendre en charge la gestion de tout l'espace agricole continuent de boiser ou de laisser de côté une partie de leurs terres soumises à une dynamique de boisement naturel.
Un "désert forestier" ardéchois ?
Ce basculement est d'autant plus en marche que l'on est aux prémices d'une analyse économétrique de la valeur de la biodiversité et tout particulièrement des services rendus par les écosystèmes forestiers. C'est l'objet d'un rapport au Premier Ministre réalisé par un groupe de travail présidé par Bernard Chevassus-au-Louis (inspecteur général de l'agriculture), récemment publié (avril 2009) : "Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes".
Les auteurs proposent de retenir 970 €/ha/an comme valeur de référence moyenne pour l'ensemble des services rendus par les écosystèmes forestiers (document ci-contre). Dans cette analyse, la production de bois en tant que telle représente moins de 10% de la valeur globale des différents services rendus par les écosystèmes forestiers français (75 €/ha/an en moyenne sur le total de 970). Les valeurs relatives au stockage du carbone (Dodane, 2007) et aux usages récréatifs représentent respectivement 530 et 260 €/ha/an. Bien que ces valeurs soient très largement supérieures à celles mesurées par le Laboratoire d'économie forestière (LEF), unité mixte de recherche ENGREF/INRA (Peyron, 2008), les conclusions sont les mêmes : la valeur globale d'un écosystème forestier est beaucoup moins déterminée par celle des bois à récolter que par tous les autres avantages qu'il suscite, stockage du carbone, récréation y compris chasse, biodiversité, eau, protection, etc. |
Estimations de la valeur des divers services de la forêt française |
Il est fort probable que notre société change son mode d'appréciation de la valeur d'une forêt. Cette nouveauté puise principalement ses fondements dans les espaces urbains et dans la quête de nature des citadins (Hervieu & Viard, 1996). En effet, la plupart des services environnementaux répertoriés dans le rapport cité précédemment existent déjà dans les espaces ruraux, mais en tant que ressource naturelle, aucune valeur monétaire et marchande ne leur étant encore allouée.
Conclusion générale
L'origine et les fondements des nouvelles forêts résineuses du Massif Central se trouvent dans l'analyse de la paysannerie, de sa vie, de son rapport à la terre, au travail, au temps et de son système de valeur. Ces hommes, dont beaucoup étaient des ruraux et des paysans, ont choisi de boiser certaines terres agricoles qui n'étaient plus cultivées, préférant voir l'arbre remplacer la friche. Quittant définitivement la terre et leur pays, d'autres ont également fait le choix de l'arbre. Les centaines de milliers d'hectares aidés par le FFN à l'échelle du Massif Central avaient donc pour principale raison d'être un "pansement" face aux transformations que la société paysanne subissait.
La mise en œuvre du FFN révèle un âge d'or (seconde moitié du XXe siècle) où l'argent à disposition des investissements forestiers ne manquait pas. Les milliers d'ha de résineux plantés en Ardèche grâce aux aides du FFN témoignent de la façon dont les forestiers d'État se sont appropriés l'outil, ainsi que de l'ardeur et de l'ingéniosité dont ils ont véritablement fait preuve dans sa mise en œuvre locale. Les forestiers préoccupés de boiser firent un véritable travail de promotion, voire de propagande du FFN, pour convaincre des propriétaires à se lancer dans l'aventure forestière. Mais, cette propagande, si elle a permis de donner au FFN l'ampleur qui fut la sienne, n'en est pas moins à l'origine de difficultés en matière de gestion. En Ardèche, comme sur tout le territoire national d'ailleurs, la moitié des surfaces aidées par le FFN sont de petites plantations de moins d'un hectare à quelques hectares. Celles-ci sont l'œuvre de petits paysans ou de leurs héritiers. Cette portion des nouvelles forêts est donc régie dans l'ensemble par des principes étrangers aux modèles sylvicoles classiques. À celles-ci peuvent être associées les nouvelles forêts spontanées qui, plus encore, échappent à toutes normes sylvicoles de part leur nature. Le Fonds Forestier National a davantage agit en transformant le visage des sylves françaises et in fine des paysages ruraux, qu'il n'a permis de résoudre le déficit chronique de la ressource ligneuse résineuse en France.
Le désengagement des agriculteurs de la forêt et les conséquences des modes de transmission de la propriété forestière (essentiellement par héritage ou donation) tendent à la concentrer chez les retraités. Cette tendance ne semble pas devoir s'inverser dans un avenir proche. La propriété forestière est plutôt subie que désirée. Au demeurant, même si certains propriétaires forestiers conservent pour objectif la production de bois, la transmission d'un patrimoine reste un des principaux objectifs des propriétaires âgés.
Des pistes existent pour faire accéder au stade de ressource territoriale les nouvelles forêts françaises. Dans les campagnes renaissantes, l'arrivée de nouveaux habitants, tels les retraités et les urbains, marque la différence avec l'ancienne société paysanne. Une évolution s'opère petit à petit, qui privilégie des sylves créatrices de patrimoine, productrices de paysages de campagne comme contrepoids à la ville, à des espaces boisés dédiés à la valorisation économique du bois. En même temps, certains acteurs locaux refusent le fatalisme d'une forêt non gérée qui ne servirait pas les intérêts d'une communauté sur son territoire, mais pour ce faire les paradigmes traditionnels devront être dépassés.
Le grand bond en avant de la récolte de bois en France auquel laissait croire les 2,3 millions d'ha aidés par le FFN, n'a toujours pas eu lieu. Au lieu de cela, elle stagne depuis près de 20 ans. Le passage des forestiers d'État à la forêt privée dans le cadre de la loi Pisani a montré que les principaux modèles sylvicoles issus des vieilles forêts n'étaient pas applicables en forêt privée dès lors qu'il s'agissait de petites et de moyennes propriétés non tenues de réaliser un plan simple de gestion et peu soucieuses de rentabilité forestière. C'est certainement une erreur d'appréciation que de concevoir les nouvelles forêts, les nouveaux propriétaires et les nouvelles territorialités qui se sont dessinées, comme fonctionnant sur les mêmes principes que les vieilles forêts. Les propriétaires de ces dernières étaient les héritiers d'une tradition forestière, dans des territoires où la forêt et le bois étaient, historiquement, des éléments moteurs de l'économie locale et plus généralement de la vie au pays. Ce raisonnement peut s'appliquer au discours repris par tous et élevé au rang de pensée unique sur l'insuffisance de la récolte de bois dans les forêts françaises. En définitive, l'on gagnerait à penser les nouvelles forêts comme un objet relativement autonome, qui n'a pas encore trouvé sa juste place dans ce qui est couramment appelé la forêt française. Leur intégration ne peut s'envisager que sur la durée et en comptant sur la résilience de leur propriétaire. Il importe de réfléchir, d'ores et déjà, à de nouvelles formes de durabilité pour les nouvelles forêts.
Notes
[1] Clément Dodane, post-doctorant, université de Lyon, UMR 5600, EVS / université Jean Monnet Saint-Etienne. Ces deux pages reposent sur des documents et des extraits sélectionnés et aménagés (présélection et organisation générale : Sylviane Tabarly) à partir de la thèse de doctorat en géographie de l'auteur, soutenue le 4 décembre 2010 : Les nouvelles forêts du Massif Central, enjeux sociétaux et territoriaux. Ces hommes qui plantaient des résineux pour éviter la friche [en ligne]. Thèse . Lyon : École normale supérieure Lettres et sciences humaines, 517 p., 2009.
Disponible sur : http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00466263/fr
[2] "La forêt privée est définie par opposition à la forêt relevant du régime forestier, c'est-à-dire la forêt appartenant à l'État, aux collectivités publiques et à certains établissements publics. Elle comprend donc la forêt appartenant aux personnes physiques ou morales privées et aux organismes publics hors régime forestier" (SCEES, 2002).
[3] Bros Pierre (1993). Rapport au comité de suivi du PIM. Les actions forestières réalisées avec l'aide du FOEGA. Privas : Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt, 9 p.
[4] "Une station est une étendue de terrain de superficie variable (quelques m² à plusieurs dizaines d'ha), homogène dans ses conditions physiques et biologiques : mésoclimat, topographie, géomorphologie, sol, composition floristique et structure de la végétation spontanée. Une station forestière justifie, pour une essence déterminée, une sylviculture précise avec laquelle on peut espérer une productivité comprise entre des limites connues. Un type de station est un résumé et une synthèse des caractères d'un ensemble de stations analogues selon les critères précédents." (Source : Inventaire Forestier National (2010). IFN : Définitions relatives à la typologie des stations [en ligne]. Disponible sur :
www.ifn.fr/spip/spip.php?article20 (Consulté le 27/09/2010)).
[5] Le débardage par câble consiste à équiper temporairement une parcelle d'une ligne de câbles, d'une longueur variant de 300 à 400 m (dépassant même les 1 000 m. en montagne), à laquelle seront suspendues les grumes, ce qui permet d'éviter la construction et l'entretien d'un voie d'accès et la circulation des tracteurs.
[6] Les données du cadastre en Ardèche répertorient 159 500 ha de terrain dont la nature de culture est le bois (base de 2002), alors que l'IFN donne pour les forêts privées une superficie de 227 700 ha (inventaire de 1995).
[7] La loi Pisani (du nom du ministre de l'agriculture de l'époque), oblige, depuis 1963, chaque propriétaire de plus de 25 ha d'un seul tenant à faire adopter un Plan Simple de Gestion (PSG). Cependant, un propriétaire peut posséder un ensemble forestier de 30 ha et ne pas être soumis à PSG si celui-ci est composé de deux sous-ensembles d'un seul tenant de 15 ha chacun. Les propriétaires forestiers devant faire agréer un PSG sont actuellement 21 500 (source : Centre National Professionnel de la Propriété Forestière / CNPPF, au 31 décembre 2006) à l'avoir fait pour une superficie de 2,5 millions d'ha environ. C'est presque le quart des forêts privées qui sont déjà soumises à PSG. Les propriétés qui devraient être dotées d'un PSG et qui n'en ont pas sont soumises au Régime spécial d'autorisation administrative de coupe (RSAAC).
La situation se complique avec les propriétés d'un seul tenant de moins de 25 ha. La loi d'orientation forestière (LOF) de 2001 préconise l'abaissement du seuil à 10 ha au-delà duquel un propriétaire forestier privé doit réaliser un PSG. Cette mesure, si elle était obligatoire, concernerait près de 100 000 ensembles cadastraux d'un seul tenant, répartis dans 65 000 propriétés forestières d'un seul tenant, pour seulement 1,5 millions d'ha (15%).
La réalisation des premiers PSG n'a réellement débuté qu'au cours de la décennie 1970. Il aura fallu pratiquement quarante ans aux Centres régionaux de la propriété forestière (CRPF) pour asseoir un quart de la forêt privée française dans une dynamique de contractualisation sur des objectifs de gestion. La nouvelle tâche que la LOF de 2001 sous-tend est irréalisable du strict point de vue des organismes d'État en charge de l'animation de la forêt privée. En dessous de 10 ha, le nombre de propriétés d'un seul tenant explose littéralement pour atteindre 1,3 millions d'unités. Loin d'être insignifiant, cette catégorie de propriétés représente tout de même 3,5 millions d'ha soit 35% des surfaces forestières privées françaises. Les propriétés forestières de moins d'1 ha d'un seul tenant atteignent pratiquement les 4 millions d'unités pour une surface de seulement 1,5 millions d'ha (15%). Cette catégorie de propriétés pose problème si l'on attend d'elle une éventuelle gestion forestière. En règle générale, plus la taille de la propriété est petite plus le morcellement du parcellaire forestier est déterminant pour la mise en œuvre d'une éventuelle gestion forestière, que ce soit en termes d'accès, de mobilisation des bois et surtout de motivation du propriétaire à gérer son bien.
[8] Sources : DRAF, SERFOB, SRSA. Enquête Annuelle de Branche - Production des branches - Exploitation forestière et scierie - Rhône-Alpes, 1996, 2001, 2005, 2006.
[9] "On admettra qu'il s'agit d'une caractéristique construite d'un territoire spécifique et ce, dans une optique de développement. La ressource territoriale renvoie donc à une intentionnalité des acteurs concernés, en même temps qu'au substrat idéologique du territoire." (Coll., 2004)
[10] En France, selon les régions, les départements, les pays et plus généralement en fonction des pratiques de chaque opérateur, les modes de ventes et d'achats des bois (en bloc et sur pied, à l'unité de produit) sont différents : grandes ventes d'automne de l'ONF aux enchères descendantes à la bougie, petit propriétaire forestier qui négocie ses bois sur pied au quart (méthode de cubage, d'estimation du volume) avec le marchand de bois local.
[11] À l'échelle française, la récolte annuelle de bois d'œuvre issue des boisements et reboisements aidés par le FFN devait augmenter fortement, si l'on se réfère aux documents d'évaluation officiels, pour atteindre 10 millions de mètres cubes entre 2010 et 2020, avant de redescendre vers 8 millions de mètres cubes vers 2030 en raison de la baisse des surfaces reboisées à partir des années 1970 (Cottin, 1995 ; Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation, 1996). À l'échelle du Massif Central, le potentiel que représentent les nouvelles forêts résineuses se compte en millions de mètres cubes de bois sur pied, et au niveau départemental, en centaines de milliers de mètres cubes. Mais depuis le milieu des années 1980, la récolte globale de bois commercialisés en France stagne et ce sont plutôt les précautions d'usage qui s'avèrent être vraies plus que les hypothèses de récolte sous-tendues par les calculs de disponibilité en tout genre. Les années 2000 et 2001, post tempêtes de 1999, n'ont été qu'un épiphénomène en matière de récolte de bois en France, elles n'ont pas été le signe annonciateur d'un sursaut concernant la récolte de bois dans les forêts françaises. Les tempêtes, à l'instar de la nouvelle qui a touché le Sud-Ouest au début de l'année 2009, semblent plus à même d'augmenter la récolte de bois que les préconisations des grands rapports sur la forêt et les politiques forestières mises en œuvre depuis bientôt trente ans.
[12] Sélection de tiges d'avenir dans un taillis.
[13] Entretien réalisé en Ardèche en novembre 2006, encadrement technique d'une collectivité territoriale.
[14] La plupart des communes de la Montagne ardéchoise ont une densité de population en 2006 inférieure à 10 habitants au km².
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Clément DODANE,
Université de Lyon, UMR 5600, EVS, université Jean Monnet Saint-Étienne
Édition de la page web : Sylviane Tabarly,
pour Géoconfluences, le 4 octobre 2010.
Dernière modification (JBB) mars 2021.
Pour citer cet article :Clément Dodane, « La forêt ardéchoise : une ressource territoriale à révéler et à gérer, une nouvelle organisation de l'espace », Géoconfluences, octobre 2010. |
Pour citer cet article :
Clément Dodane, « La forêt ardéchoise : une ressource territoriale à révéler et à gérer, une nouvelle organisation de l'espace », Géoconfluences, octobre 2010.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/territ/FranceMut/FranceMutScient8b.htm