Les effets de la frontière sur l'apprentissage de l'allemand en Alsace et en Moselle
NB. Le contenu de cet article donne des informations disponibles au moment de sa publication en 2008.
L'Alsace et la Moselle germanophone [2] sont des espaces frontaliers de l'Allemagne qui s'individualisent par des pratiques linguistiques spécifiques : usage de dialectes germaniques (alsacien, platt lorrain), mais aussi un apprentissage de l'allemand, comme langue vivante dans l'enseignement, plus important qu'ailleurs en France. Comment expliquer cette spécificité ? Que doit-elle à la proximité de la frontière politique franco-allemande ? En quoi la complexité de cette frontière politique, qui ne correspond pas à la limite linguistique entre parlers germaniques et romans, peut-elle influencer encore aujourd'hui les formes de l'extension spatiale de l'apprentissage de l'allemand ? Quels sont les effets de l'évolution fonctionnelle contemporaine de la frontière, de son "ouverture", en liaison avec le processus de construction européenne, sur cette pratique linguistique ? Il s'agira dans cette contribution d'analyser l'extension et les logiques spatiales d'une pratique linguistique, l'apprentissage de l'allemand, en fonction des effets de structure et des dynamiques liés à la frontière politique.
Une pratique linguistique liée à la proximité de la frontière politique
On peut mettre en évidence la spécificité linguistique des espaces français frontaliers de l'Allemagne à différentes échelles et à différents niveaux d'analyse.
Au niveau académique en France, les régions du grand Est (Alsace, Lorraine, Franche-Comté et Champagne-Ardenne) s'individualisent par un apprentissage de l'allemand plus important qu'ailleurs dans le pays. En 2000-2001, on dénombre ainsi 46% de germanistes LV1 (première langue vivante) dans le second degré dans l'académie de Strasbourg, 29% dans l'académie de Nancy-Metz et respectivement 15 et 17% dans les académies de Reims et de Besançon (pour une moyenne nationale de 9,4%) [3]. À l'échelle du grand Est, on peut mettre en évidence le comportement très spécifique des trois départements frontaliers : le Bas-Rhin, le Haut-Rhin ainsi que la Moselle. Ces deux échelles d'analyse permettent également de mettre en évidence un véritable gradient avec une décroissance progressive de l'intensité de l'apprentissage de l'allemand avec l'éloignement à la frontière politique (figure ci-dessous à gauche).
L'apprentissage de l'allemand LV1 et son évolution
Toutefois l'analyse menée au niveau des établissements [4], si elle confirme l'existence de ce gradient, nous montre que sa régularité est perturbée par l'existence de deux seuils (ou ruptures brutales), l'un situé au niveau de la limite linguistique (entre parlers germaniques et romans), l'autre correspondant à la limite administrative des deux départements alsaciens et de la Moselle (figure ci-dessus à droite) (voir également à ce sujet : C. Buxeda, 2003-b et 2003-c). Ainsi, jusqu'à 20 km de la frontière, on observe un premier palier avec des proportions élevées de germanistes LV1. Il correspond à la zone dialectophone d'Alsace et de Moselle. La baisse rapide de l'apprentissage de l'allemand entre 20 et 50 km de la frontière, correspond aux établissements de la zone non dialectophone d'Alsace et de Moselle. Au-delà de 50 km, c'est-à-dire au-delà des limites administratives des deux départements alsaciens et de la Moselle, la décroissance se poursuit mais de façon beaucoup moins rapide et plus régulière, avec des proportions de germanistes s'échelonnant entre 20 et 10%. La limite administrative constitue bien une rupture brutale, puisque si l'on considère les établissements situés dans une bande de 30 km de part et d'autre de cette limite, l'écart dans l'intensité de l'apprentissage de l'allemand est encore une fois très significatif avec une moyenne de 36% de germanistes LV1 côté Alsace-Moselle et de 20 % côté reste du grand Est (résultats d'une analyse de la variance [5].
Ainsi, les analyses précédentes permettent de montrer que les formes de l'extension spatiale de l'apprentissage de l'allemand dépendent en grande partie de la proximité de la frontière d'État franco-allemande, avec une combinaison de gradients et d'effets de seuil. Comment interpréter ces effets frontière ?
Le fait que l'on apprenne davantage l'allemand dans le nord-est de la France peut s'expliquer simplement par le fait que l'apprentissage d'une langue est plus important là où les liens ou les interactions potentielles avec les locuteurs de l'autre côté de la frontière sont les plus forts, par un simple effet de proximité spatiale. Le fait que l'on observe un gradient de décroissance assez régulier dans l'intensité de cette pratique linguistique confirmerait alors l'hypothèse que l'apprentissage de l'allemand se comporterait comme d'autres pratiques transfrontalières dont l'intensité diminue plus ou moins régulièrement avec l'éloignement à la frontière politique (comme le travail frontalier par exemple). Toutefois, le double effet de seuil est là pour nous montrer que d'autres mécanismes sont à l'œuvre. La persistance de la limite dialectophone en particulier (premier seuil) peut être interprétée de différentes façons. On peut y lire la persistance d'une structure spatiale héritée [6], à savoir la non-correspondance entre frontière politique et limite linguistique, qui a contribué à faire de ces espaces frontaliers une zone spécifique sur le plan linguistique, ou plus largement culturel ou identitaire, ce qui se traduirait encore aujourd'hui dans la géographie de l'apprentissage des langues. On peut également y voir la transcription spatiale des politiques linguistiques mises en œuvre en Alsace et en Moselle pour favoriser l'apprentissage de l'allemand. Ces différentes pistes vont être creusées dans la partie suivante.
Entre effets de structures hérités et dynamiques transfrontalières : la complexité des effets de la frontière sur les logiques spatiales contemporaines de l'apprentissage de l'allemand
Nous avons précédemment mis en évidence la spécificité importante de l'Alsace et de la Moselle, mais si l'on descend à un niveau d'analyse plus fin, celui de l'établissement, on peut constater qu'au sein même de cet ensemble, la proportion de germanistes LV1 varie considérablement d'un collège ou d'un lycée à l'autre. Il s'agit dans cette partie de s'appuyer sur certains des résultats obtenus à partir d'un ensemble d'analyses statistiques (voir annexe ci-dessous) afin de montrer en quoi les effets, hérités ou actuels, de la frontière peuvent expliquer ces différences inter-établissements en matière d'apprentissage de l'allemand ou, pour le dire autrement, pour montrer en quoi la frontière d'État, par ses effets de structure ou ses dynamiques contemporaines, peut influencer les logiques spatiales de cette pratique linguistique.
Complément 1. Quelques précisions concernant les résultats et la méthode utilisée
Les résultats utilisés ici sont issus d'un ensemble d'analyses statistiques menées dans le cadre d'une thèse de géographie (C. Buxeda, 2006). Ces analyses visent à identifier les éléments du contexte permettant d'expliquer les différences entre les établissements d'Alsace et de Moselle en matière d'apprentissage de l'allemand et donc à comprendre les logiques spatiales de cette pratique linguistique.
Les proportions de germanistes LV1 des établissements ont donc été mises en relation avec un certain nombre de variables afin de caractériser l'établissement et son contexte socio spatial (commune et aire de recrutement) (C. Buxeda, 2003-b). Afin de tester nos hypothèses sur les facteurs induisant un apprentissage plus ou moins intensif de l'allemand, nous avons utilisé des modèles statistiques, principalement la régression multiple, l'analyse de la variance et le modèle Logit. Il s'agit de modèles "explicatifs" au sens statistique, dans la mesure où l'on exprime la variable dite "à expliquer" (ici le taux d'apprentissage de l'allemand LV1) en fonction d'une ou plusieurs variables dites "explicatives". Les différentes étapes de l'analyse ont consisté dans un premier temps à tester le pouvoir explicatif de chacune des variables prise séparément (analyse bivariée) sur les différences d'intensité en matière d'apprentissage de l'allemand des établissements, puis dans un second temps à tester le pouvoir explicatif de ces variables toutes choses égales par ailleurs quant aux autres variables explicatives (analyse multivariée). Ceci permettait notamment de vérifier si certaines variables explicatives étaient redondantes (c'est-à-dire disposant d'un pouvoir explicatif similaire) (pour des précisions et des exemples de mise en œuvre de cette méthode voir C. Buxeda, 2003-b, 2003-c et 2007).
Nous avons pu ainsi dégager au final différents "modèles explicatifs" des logiques spatiales de l'apprentissage de l'allemand en Alsace-Moselle mais aussi pour chacun des trois départements concernés (Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle elle-même subdivisée en Moselle germanophone et non germanophone). Pour résumer, ces modèles se caractérisent par la combinaison de trois grandes familles de facteurs permettant d'expliquer les différences inter-établissements en matière d'apprentissage de l'allemand : le rôle des politiques linguistiques, le rôle des structures socio-spatiales héritées (pratique et limite dialectophones), le rôle des dynamiques transfrontalières contemporaines induites par l'ouverture de la frontière politique.
Il ne s'agit bien sûr pas ici de présenter l'intégralité des résultats obtenus mais d'opérer une sélection de quelques-uns d'entre eux, obtenus aux différentes étapes de l'analyse (bivariée ou multivariée) et pour différents sous-ensembles (Alsace-Moselle ou chacun des trois départements frontaliers) choisis pour leur caractère illustratif des effets de la frontière (ou des frontières) sur l'apprentissage de l'allemand.
Cécile Buxeda, pour Géoconfluences le 3 mars 2008
L'apprentissage de l'allemand, une pratique liée aux dynamiques d'ouverture de la frontière politique
L'ouverture de la frontière ne correspond en aucun cas à sa disparition ou à son effacement, mais plutôt à une atténuation de l'effet barrière de la frontière qui permet de mieux exploiter la discontinuité (ou certain de ses aspects) que la présence de la limite d'État a contribué à créer, comme le montre l'essor des flux transfrontaliers (voir annexe ci-dessous). Dans notre espace d'étude, nous avons choisi deux exemples, particulièrement représentatifs, de ces flux afin d'analyser leur influence sur l'apprentissage de l'allemand : le travail frontalier vers l'Allemagne dans le Bas-Rhin (fondé en grande partie sur le différentiel de salaires) et les migrations résidentielles des Suisses vers le sud de l'Alsace (fondées notamment sur les différentiels en termes de coût d'accession à la propriété et de disponibilité en termes d'espace).
Les différentes analyses effectuées montrent qu'en Alsace-Moselle en général, et dans le Bas-Rhin en particulier, le travail frontalier vers l'Allemagne est un facteur très significatif de différenciation des établissements en matière d'apprentissage de l'allemand.
C'est dans les communes de scolarisation où le travail frontalier vers l'Allemagne est important que l'on apprend le plus l'allemand dans les collèges et les lycées. Dans le Bas-Rhin, la proportion d'établissements avec "beaucoup" de germanistes est de 87% dans les communes de scolarisation où les travailleurs frontaliers vers l'Allemagne sont bien représentés et de 31% dans les autres (test d'indépendance du Chi2, graphique ci-contre) [7] . Ce résultat peut se comprendre aisément. Le travail frontalier est en effet un phénomène majeur : certaines communes du Bas-Rhin notamment envoient plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, de leurs résidents travailler en Allemagne, ce qui représente parfois largement plus de la moitié de leur population active (C. Buxeda, 2003). Cette pratique transfrontalière va donc contribuer, là où elle est importante, à identifier fortement certains espaces par rapport à d'autres, en leur donnant un rythme de vie, des habitudes de consommation, une culture spécifiques (M.N. Denis, 2002), bref en créant un contexte où l'utilité que peut avoir la maîtrise de la langue du pays voisin en termes d'opportunité d'embauche, de salaire, de progression dans l'entreprise, etc. est rendue extrêmement sensible. |
Complément 2. Actualités de la frontière à l'heure du processus d'ouverture européen
L'ouverture de la frontière politique désigne ici un processus contemporain, amorcé dans le cadre de la construction et de l'intégration européennes et dont l'aboutissement a été consacré par la mise en place de la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux depuis 1993. La frontière d'État voit s'atténuer ou disparaître un certain nombre des fonctions qui lui sont traditionnellement attribuées, alors que d'autres persistent. Par exemple, la fonction "fiscale" (défense du marché national en prélevant des taxes sur les produits étrangers) et la fonction de "contrôle" (surveillance des hommes et des biens qui franchissent la frontière) définies par P. Guichonnet et C. Raffestin (1974) deviennent la plupart du temps obsolètes ; en revanche, la fonction "légale" (la frontière délimite une aire territoriale à l'intérieur de laquelle s'applique le droit positif d'un État donné) reste toujours d'actualité, puisque la frontière en tant que "limite articulée à l'exercice de pouvoirs [reste] capable de séparer des territoires" au fonctionnement spécifique (J.P. Renard, 2002). L'ouverture de la frontière signifie donc que l'effet de barrière, "lorsque la présence de la limite politique se traduit par une baisse brutale des flux entre les unités situées de part et d'autre" (C. Grasland, 1994) a tendance à s'atténuer de plus en plus comme le montre l'essor des flux transfrontaliers de différente nature. En revanche, la frontière reste une discontinuité, c'est-à-dire "une rupture apparaissant dans l'espace ou dans le temps" (R. Brunet, R. Ferras, H. Théry, 1992), qui se traduit notamment par "une baisse brutale de la similarité des unités situées de part et d'autre" (C. Grasland, 1994). Le paradoxe (apparent) résidant dans le fait que la plupart des flux transfrontaliers sont générés par les différentiels existant de part et d'autre de la limite d'État. .
Cécile Buxeda, pour Géoconfluences le 3 mars 2008
On comprend alors que les élèves (ou leurs parents) choisissent majoritairement une langue dont ils peuvent quotidiennement mesurer l'importance ou encore que les établissements du secondaire puissent développer des politiques actives en matière d'apprentissage de l'allemand, comme c'est par exemple le cas du lycée Stanislas de Wissembourg, au nord-est de l'Alsace, qui met en place des sections européennes [8] dans les filières professionnelles ou des sections Abibac [9] en filières générales. Cette zone rurale frontalière aurait véritablement "bascul[é] (…) dans l'orbite allemande" notamment par le développement du travail frontalier polarisé en grande partie par la métropole allemande de Karlsruhe toute proche (R. Kleinschmager, 1998).
On obtient des résultats similaires à propos du pouvoir explicatif des migrations résidentielles des Suisses dans le Haut-Rhin. Plus ce phénomène est important, plus on apprend l'allemand. Ainsi, 91% des collèges et lycées localisés dans des communes avec "beaucoup" de résidents suisses ont "beaucoup" de germanistes contre seulement 32% des établissements situés dans les autres communes. Tout comme le travail frontalier, ces flux migratoires sont en grande partie opportunistes, motivés par l'exploitation des différentiels existant de part et d'autre de la frontière (mais ils sont orientés en sens inverse). Dans le cas présent, ils traduisent l'influence de la métropole bâloise sur le sud Alsace pour lequel elle constitue non seulement un pôle d'emploi transfrontalier privilégié mais également sur lequel l'agglomération suisse "déverse" une partie de sa population, de ses entreprises, de ses infrastructures (aéroport trinational de Bâle-Mulhouse). Ce phénomène de périurbanisation transfrontalière est également favorisé par la réalisation d'infrastructures de communication facilitant la circulation transfrontalière (Regio-S-Bahn). Enfin, l'existence du projet ATB (Agglomération Trinationale de Bâle) qui, depuis 1997, tente de proposer une vision commune en matière d'aménagement montre bien que se développe une logique d'agglomération transfrontalière (B. Reitel, 2002). Les migrations résidentielles suisses exerceraient ainsi une influence très forte sur l'apprentissage de l'allemand mais qui resterait très concentrée (liées à l'aire d'influence de Bâle, voire au périmètre de l'ATB).
Ainsi, les deux exemples traités montrent que l'apprentissage de l'allemand est étroitement lié au développement de flux transfrontaliers de différente nature. Ainsi, l'intensité de cette pratique linguistique serait révélatrice de la constitution d'espaces frontaliers, caractérisés par l'importance des interactions transfrontalières impulsées notamment par d'importantes métropoles (trans) frontalières comme Bâle ou Karlsruhe.
L'apprentissage de l'allemand, une pratique liée à une structure socio-spatiale héritée ...
Un autre effet de la frontière sur les logiques spatiales de l'apprentissage de l'allemand pourrait tenir à un héritage socio-spatial, celui de la non-correspondance entre la limite d'État franco-allemande et la limite linguistique entre parlers germaniques et romans, qui a contribué à faire des espaces français frontaliers de l'Allemagne des espaces spécifiques sur le plan linguistique et peut contribuer à expliquer encore aujourd'hui les logiques spatiales de l'apprentissage de l'allemand (voir annexe ci-dessous).
Complément 3. La pratique des dialectes germaniques, alsacien et platt lorrain
La pratique de dialectes germaniques (alsacien et platt lorrain) a été jusque dans les années 1960 extrêmement répandue dans ces espaces frontaliers : la connaissance déclarée du dialecte alsacien reste relativement stable (85 à 90% de la population entre 1931 et 1962) (Bothorel-Witz, Huck, 2003), alors qu'en Moselle on recensait encore, en 1962, 360 000 dialectophones (Philipp, 2003). Les linguistes parlent d'une situation de diglossie, qui se définit par la cohabitation de deux langues (ici le français et le dialecte) dans un même groupe social (d'après Breton, 1995, Baggioni, 1997). L'allemand, langue de référence de ces dialectes d'un point de vue linguistique, a également bénéficié traditionnellement dans ces espaces frontaliers du statut de langue de l'écrit dans la presse quotidienne bilingue par exemple, le dialecte étant réservé à la communication orale. C'était également la langue cultuelle et pendant longtemps la langue de l'enseignement, à l'école primaire notamment.
L'État français, pour lequel cette situation linguistique s'avérait quelque peu gênante (surtout dans le conflit qui l'opposait à l'Allemagne pour la maîtrise de ces espaces frontaliers depuis le XIXe siècle), s'est attaché, afin d'affirmer sa souveraineté territoriale, de façon plus ou moins volontariste et avec plus ou moins de succès depuis la période révolutionnaire en théorie, mais surtout depuis la IIIe république en pratique, de "soumettre linguistiquement" ces espaces frontaliers. Largement contrariée par les périodes d'annexions allemandes (1870-1918, puis 1940 -1945), la mise en œuvre d'un tel programme linguistique (imposer le français à la fois contre le dialecte et contre l'allemand) ne s'est finalement révélée véritablement efficace qu'au lendemain de la Seconde guerre mondiale. L'attitude des autorités françaises est alors extrêmement ferme à l'égard des dialectes et de la langue allemande, sortis très dépréciés de la guerre (Wahl, Richez, 1993). Le dialecte est considéré comme un handicap scolaire et social, il est présenté comme un stigmate d'arriération et de rusticité et vécu comme une honte nationale à cause de son appartenance à la langue allemande (Vogler, 1994). C'est à cette époque que l'on voit fleurir les slogans du type "il est chic de parler français". L'allemand est quant à lui pour la première fois totalement exclu des matières enseignées, et a fortiori comme langue d'enseignement. Il faudra attendre 1952 pour voir à nouveau l'enseignement de l'allemand réintroduit dans les écoles primaires sous la forme d'un enseignement facultatif de 2h en CM qui aura très peu d'impact. Il amorcera également son déclin en tant que langue de l'écrit dans la presse bilingue dès les années 1970 (Bothorel-Witz, Huck, 2003-b).
Cette spécificité linguistique a donc profondément marqué ces espaces frontaliers : les dialectes, et l'allemand dans une moindre mesure, ont longtemps fait partie de la vie quotidienne des alsaciens, contribuant fortement à la constitution d'une identité alsacienne et mosellane "duale", exprimant bien la particularité de la situation d'entre-deux dans laquelle se trouvaient ces espaces frontaliers (Hoffet, 1951). Depuis les années 1960, la pratique dialectophone a connu une importante régression, mais la situation de l'alsacien (et dans une moindre mesure du platt lorrain) reste relativement beaucoup moins mauvaise que celle d'autres langues régionales. Selon Duée (2002), l'alsacien compterait 545 000 locuteurs, ce qui en ferait la deuxième langue régionale derrière l'occitan, mais le place loin devant le breton, les langues d'oïl, le catalan, le corse, le platt lorrain (78 000 locuteurs) et le basque (Héran, Filhon, Deprez, 2002). L'alsacien serait parlé en 1999 en Alsace par 39% des adultes (Duée, 2002).
Cécile Buxeda, pour Géoconfluences le 3 mars 2008
Nous avons pu montrer par exemple qu'une des caractéristiques de l'Alsace et de la Moselle est que l'on apprend autant l'allemand LV1 dans les lycées généraux que dans les lycées professionnels (alors que dans le reste du grand Est, plus la "professionnalisation" des filières est importante dans l'établissement, moins la proportion de germanistes LV1 est forte). Cela tiendrait en partie au fait que dans le reste du grand Est, comme dans le reste de la France, l'allemand reste une langue perçue comme difficile, et donc davantage choisie dans les filières générales que dans les filières professionnelles où le niveau des élèves est globalement moins élevé. En revanche, dans les départements frontaliers, comme nous l'ont confirmé de nombreux entretiens et enquêtes que nous avons pu effectuer, l'environnement dialectophone facilite l'apprentissage d'une langue perçue comme plus familière et donc plus accessible, d'autant plus qu'elle peut offrir des opportunités d'emplois intéressantes aux élèves des lycées professionnels par l'intermédiaire du travail frontalier (C. Buxeda, 2003-b et 2003-c).
Nous avons pu également démontrer à de nombreuses reprises, lors des analyses effectuées, que la limite dialectophone restait un facteur essentiel dans les logiques spatiales de l'apprentissage de l'allemand. Cela est particulièrement visible en Moselle où la limite linguistique coupe le département en deux. Ainsi, le modèle explicatif final des différenciations inter-établissements en matière d'apprentissage de l'allemand pour l'ensemble des établissements de Moselle retient comme significatives, toutes choses égales par ailleurs, les trois variables suivantes : l'équipement de l'établissement en section européenne allemand (la présence d'une telle section favorisant l'apprentissage de l'allemand), le travail frontalier vers l'Allemagne et la localisation par rapport à la limite linguistique (les établissements situés dans la zone dialectophone étant plus germanistes). Le fait que ces trois variables apparaissent conjointement dans le modèle signifie qu'elles ne sont pas redondantes entre elles et qu'elles ont un pouvoir explicatif propre. On serait donc dans une situation où la limite linguistique héritée reste pertinente pour différencier deux sous-ensembles aux comportements linguistiques très distincts : la Moselle dialectophone où les établissements sont très germanistes, la Moselle non germanophone où ils le sont moins. Mais d'autres facteurs explicatifs doivent être pris en compte pour la compréhension des mécanismes à l'œuvre : le travail frontalier qui renvoie quant à lui plutôt à l'effet des dynamiques contemporaines liées à l'ouverture de la frontière, ainsi que les politiques linguistiques des établissements (mise en place de filières d'excellence en matière d'apprentissage de l'allemand avec les sections européennes). Cette hypothèse est confirmée par les résultats du modèle explicatif final concernant cette fois uniquement les établissements de la zone germanophone de Moselle. Seule deux variables restent significatives toutes choses égales par ailleurs : le travail frontalier vers l'Allemagne et la distance à la frontière allemande. Ceci peut laisser supposer qu'au sein même de la zone dialectophone, les dynamiques transfrontalières contemporaines contribuent à l'individualisation d'une étroite bande frontalière (d'une vingtaine de kilomètres) où l'importance de l'apprentissage de l'allemand s'explique par l'intensité des interactions transfrontalières (dont le travail frontalier), impulsées notamment par la proximité de la métropole de Sarrebruck (C. Schulz, 2002).
Les différents résultats illustrent donc des situations où les structures socio-spatiales héritées (limite et pratique dialectophones) et les dynamiques contemporaines d'ouverture de la frontière politique, tout en se conjuguant à d'autres facteurs comme les politiques linguistiques, expliquent les logiques spatiales de l'apprentissage de l'allemand.
… et "entretenue" : le rôle des politiques linguistiques
Les politiques linguistiques mises en place au niveau régional, en réactivant la spécificité linguistique de ces espaces frontaliers, vont jouer un rôle important dans la compréhension des logiques spatiales de l'apprentissage de l'allemand aujourd'hui.
À l'échelle du grand Est, elles permettent tout d'abord de comprendre la persistance de la limite dialectophone et plus largement l'existence des deux seuils dans l'extension actuelle de l'apprentissage de l'allemand, déjà soulignées (supra, partie 1). En effet, ces politiques linguistiques ont la particularité d'avoir été fondées, du moins à leurs débuts, sur la reconnaissance d'un lien entre dialectes et allemand. Ainsi, elles favorisent l'apprentissage de l'allemand en tant que langue régionale, ce qui lui confère un statut particulier par rapport au reste du territoire français, où il est simplement enseigné en tant que langue étrangère. "De même que le basque, le breton, l'occitan, le catalan dans d'autres régions françaises, l'allemand, langue de référence et langue écrite des dialectes alémaniques et franciques parlés en Alsace, est une des langues régionales de France" (J.P. De Gaudemar, 1999). C'est le Recteur alsacien P. Deyon qui sera à l'origine, au début des années 1980, de la définition de l'allemand comme langue régionale et donc d'une politique d'enseignement de l'allemand fondée sur les liens entre l'allemand, langue standard, et les dialectes régionaux. Ce statut particulier a permis à l'enseignement de l'allemand de bénéficier en Alsace et en Moselle, en sus des mesures classiques concernant les langues vivantes, de dispositifs spécifiques concernant l'enseignement des langues régionales en France. Ceci a permis notamment de mettre en place progressivement, à partir de 1991, une filière complète d'enseignement bilingue paritaire français-allemand de l'école primaire au lycée (débouchant sur l'obtention de l'Abibac), ou encore des sections trilingues en sixième (permettant d'apprendre simultanément deux premières langues vivantes, l'allemand et l'anglais). Cette dernière mesure en particulier peut jouer un rôle important pour comprendre le maintien d'une part importante de germanistes LV1 dans les établissements du secondaire en Alsace et en Moselle aujourd'hui, ce qui individualise fortement ces départements frontaliers comme on l'a vu. L'académie de Nancy-Metz a emboîté le pas à l'Alsace avec la Voie spécifique mosellane, qui reprend des dispositifs similaires bien que peut-être un peu moins poussés. L'existence des deux seuils (au niveau de la limite linguistique et de la limite administrative des départements alsaciens et mosellans) peut ainsi s'expliquer comme la simple traduction spatiale de la mise en œuvre de ces politiques linguistiques, par nature précisément circonscrite au sein de l'aire de compétence des autorités administratives et longtemps limitées en Moselle à la partie germanophone du département.
Mais ces politiques linguistiques contribuent également à expliquer les différenciations inter-établissements en matière d'apprentissage de l'allemand au sein de l'ensemble Alsace-Moselle. Ainsi dans le Bas-Rhin, une variable explicative en particulier incarne l'effet discriminant des politiques linguistiques : le rôle de l'équipement des établissements en sections européennes en allemand. Or, on peut constater que le renforcement de l'apprentissage de l'allemand lié à cet équipement est beaucoup plus important lorsqu'il y a "peu" de frontaliers vers l'Allemagne dans les communes de scolarisation que lorsqu'il y en a beaucoup (graphique ci-dessous).
L'apprentissage de l'allemand LV1 en fonction de l'équipement des établissements
Ceci pourrait dénoter une sorte d'effet de "rééquilibrage", ce type de structure permettant de favoriser le choix de l'allemand, par une logique d'excellence (cela permet de se trouver dans une "bonne classe"), là où les dynamiques transfrontalières n'y poussent pas de façon spontanée. Ceci peut également aider à comprendre pourquoi, contre toute attente, dans le Bas-Rhin l'apprentissage de l'allemand a tendance à augmenter avec l'éloignement à la frontière politique. Ce résultat pourrait s'expliquer par le comportement des établissements de l'Alsace bossue et des environs de Saverne, relativement éloignés de la frontière politique, mais qui se trouvent dans une région traditionnellement assez dialectophone.
Certains établissements comme le lycée de Saverne justement ont cherché à valoriser cet atout en mettant en place des filières élitistes en matière d'apprentissage de l'allemand, comme une section Abibac. Celle-ci, recrutant essentiellement à l'origine parmi des élèves dialectophones, est d'ailleurs de plus en plus alimentée par des élèves (non dialectophones à l'origine) ayant fréquenté depuis l'école primaire les filières d'enseignement bilingue français-allemand (source : entretien personnel). Ainsi, la plus grande homogénéité linguistique du Bas-Rhin (persistance plus marquée du dialecte) ainsi que les politiques linguistiques (développement des filières bilingues) semblent même contribuer, dans le cas présent, à "diluer" l'effet structurel de la distance à la frontière.
Notes
[1] Professeure agrégée et docteure en géographie, associée à l'UMR Géographie-cités.
[2] La Moselle germanophone désigne la partie du département située, de façon approximative, au nord-est d'une ligne Thionville – Sarrebourg, qui correspond à l'aire d'extension et de pratique des dialectes germaniques.
[3] Il s'agit des proportions de germanistes LV1 en % des effectifs d'élèves apprenant une première langue vivante dans le second degré public et privé sous contrat (source : ministère de l'Education Nationale, DPD, 2004).
[4] Ces analyses, ainsi que celles qui vont suivre dans le reste de l'article, ont été réalisées à partir d'une base de données constituée grâce aux informations fournies par les Rectorats de Strasbourg, Nancy-Metz, Reims et Besançon pour l'année scolaire 2000-2001. Cette base de données recense pour les 1 250 collèges et lycées publics et privés sous contrat du grand Est, les effectifs d'élèves apprenant les différentes langues vivantes enseignées dans les établissements par statut (LV1, LV2 etc.).
[5] Une analyse de la variance est un modèle statistique explicatif qui permet d'étudier comment les valeurs de la "variable à expliquer" (ici : le taux d'apprentissage de l'allemand LV1 dans les établissements) se répartissent en fonction des modalités de la "variable explicative" (ici : la situation des établissements dans la bande des 30 km de part et d'autre de la frontière, côté Alsace-Moselle d'une part et côté reste du grand Est d'autre part). Cela permet d'évaluer quelle est la part de la variation de l'intensité de l'apprentissage de l'allemand expliquée par le découpage proposé. Les résultats étant ici significatifs, cela signifie que la limite administrative est un facteur explicatif pertinent des variations d'intensité d'apprentissage de l'allemand.
[6] Selon P. Lévy (2004), l'existence de la limite linguistique entre l'aire germanique et l'aire romane est ancienne. Elle résulte des invasions puis de la sédentarisation des Alamans en Alsace et des Francs en Moselle au Ve siècle, dans des contrées habitées jusque-là par des populations celtes plus ou moins romanisées. La frontière linguistique, correspondant plutôt à une zone mixte au départ, évoluera rapidement vers une limite linéaire telle qu'elle apparaît au Xe siècle. Son tracé évoluera relativement peu par la suite. La seule modification importante sera la perte, pour l'allemand, d'un territoire assez considérable en Lorraine suite à la guerre de Trente ans (1618 – 1648).
[7] Les résultats fournis ici sont ceux d'un test d'indépendance du Chi2, opéré sur deux variables qualitatives, qui permet de vérifier la correspondance entre une variable "à expliquer" discrétisée (ici : le taux de germanistes dans l'établissement) et les modalités d'une variable "explicative" (ici : le travail frontalier vers l'Allemagne). La variable "taux de germanistes LV1 dans l'établissement" a ici, pour les besoins de l'analyse statistique, été discrétisée en deux classes : les établissements ayant "peu" de germanistes (c'est-à-dire avec un taux de germanistes LV1 inférieur à 45%) et ceux ayant "beaucoup" de germanistes (taux de germanistes LV1 supérieur à 45%). La même opération a été effectuée sur la variable explicative, ici les frontaliers vers l'Allemagne – en fonction de la médiane des proportions de travailleurs frontaliers les communes de scolarisation (à savoir 3% de la population active résidant dans la commune). Les résultats fournis ici sont ceux des analyses bivariées.
[8] Les sections européennes ont été mises en place depuis 1992 en France. Elles visent à offrir un enseignement linguistique renforcé qui passe notamment par l'enseignement de disciplines non linguistiques dans une langue étrangère. Les sections européennes existent essentiellement en lycées généraux. Sous l'impulsion de J. Lang, elles se sont développées dans les établissements professionnels. Elles permettent aux élèves de ces lycées d'obtenir une mention "section européenne" sur leur diplôme du baccalauréat professionnel. Ils bénéficient de stages et de périodes de formation en entreprise à l'étranger et les disciplines techniques sont privilégiées comme DNL. Mais selon le rapport de l'IGEN (août 2000), l'implantation de ces sections européennes en lycée professionnel reste relativement limité : les académies de Strasbourg et de Nancy-Metz compteraient 60% des sections européennes dans l'enseignement professionnel en France.
[9] Sections bilingues préparant à la délivrance simultanée du baccalauréat français et de l'Abitur allemand. À la rentrée 2005, 35 lycées français proposent une telle formation.
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Ressources en ligne
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- Eduscol, site de la Direction générale de l'enseignement scolaire au Ministère de l'éducation nationale :http://eduscol.education.fr
- AbiBac et dispositifs franco-allemands : http://eduscol.education.fr/D0201/accueil.htm
- L'académie (Rectorat) de Strasbourg : www.ac-strasbourg.fr
- L'académie de Nancy-Metz : www.ac-nancy-metz.fr
- Le Conseil régional d'Alsace : www.region-alsace.fr
- L'Office pour la lange et la culture d'Alsace (OLCA) : www.olcalsace.org
Cécile Buxeda, professeure agrégée et docteure en géographie,
associée à l'UMR Géographie-cités,
pour Géoconfluences le 11 mars 2008
Pour citer cet article :
Cécile Buxeda, « Les effets de la frontière sur l'apprentissage de l'allemand en Alsace et en Moselle », Géoconfluences, mars 2008.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/frontier/FrontScient2.htm