BRICS+ (anciennement BRIC puis BRICS)
Les BRICS+ sont un groupe géopolitique regroupant dix pays du « Sud global », notamment des grands émergents (Brésil, Chine, Inde), des puissances régionales (Afrique du Sud, Égypte, Iran, Russie), des pétromonarchies (Arabie saoudite, Émirats arabes unis) ou des pays précaires à forte croissance économique (Éthiopie).
L'acronyme BRICS désigne initialement le rapprochement de quatre pays aux vastes territoires, les BRIC : le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, auxquels s'est intégré l'Afrique du Sud en 2011. Depuis le sommet de Iekaterinbourg en 2009 (Capdepuy, 2024), le groupe des BRICS a pris la forme d'une conférence diplomatique à part entière, donnant lieu à un sommet par an, se déroulant à tour de rôle dans chacun des cinq États. Le but de ces sommets est d'affirmer la place majeure de ces pays sur la scène internationale, et de mettre en scène leur poids économique et politique, en particulier au regard d'autres États ou groupes d'États comme les États-Unis ou l'Union européenne. Le 1er janvier 2024, le groupe s'est élargi à cinq nouveaux membres (BRICS+), ce qui représente un basculement important dans son histoire : Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, et Iran. Cela porte le nombre de membres de cinq à dix (Loïzzo, 2023).
L'acronyme est apparu pour la première fois en 2001 sous la plume de l'économiste britannique Jim O’Neill, dans un rapport de la banque d'investissement Goldman Sachs intitulé Building Better Global Economic BRICs (le "S" final étant celui du pluriel et ne désignant pas l'Afrique du Sud). L'article établissait une projection de croissance montrant que ces pays, déjà importants dans l'économie mondiale en raison de leurs vastes marchés intérieurs, étaient appelés à peser de plus en plus, étant donné leur croissance économique annuelle rapide. On peut y voir un exemple de performativité du discours, dans la mesure où l'annonce, par une grande banque d'investissement, du fort potentiel économique de ces pays, a pu encourager les investisseurs et contribuer à leur croissance et à leur émergence rapide. L'acronyme inventé par un économiste est finalement devenu une réalité économique et politique.
C'est surtout à partir de 2011, avec la tenue régulière de sommets et l'entrée de l'Afrique du Sud, que les BRICS sont devenus un groupe officiel. Sur le plan économique, ils se sont également dotés en 2014 d'une banque de développement, la Nouvelle banque de développement, basée à Shanghai. Parmi les thèmes qui ont pu être au centre de leurs préoccupations, on trouve la lutte contre le protectionnisme de certains de leurs partenaires du G20 (G8 élargi) ou la réforme de la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI) et du Système monétaire international. Ils ont pu également faire front commun contre certaines contraintes environnementales internationales jugées pénalisantes pour leurs économies. D'une manière générale, les BRICS sont l'une des instances promouvant une reconnaissance de la multipolarité des équilibres économiques et politiques mondiaux, en rupture avec les organisations héritées de l'après Seconde guerre mondiale.
Quelques indicateurs de la puissance des BRICS (à 5 membres) comparés à l'Union Européenne et aux États-Unis
Notes : (*) Depuis 1947, le Brésil s’exprime en premier lors des Assemblées générales (Le Monde, 2013) (**) L'Afrique du Sud possédait 6 ogives avant de mettre fin à son programme nucléaire en 1990. |
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Les quatre BRICS initiaux ont des points communs : population nombreuse et une vaste superficie (ils sont classés dans les dix pays les plus vastes et les plus peuplés du monde), importantes ressources naturelles (minerais, énergie, forêts, agriculture, pêche...), émergence d'une classe moyenne, croissance élevée, et insertion récente et rapide dans les circuits économiques mondiaux. L'Afrique du Sud tient à ce titre une place à part, mais importante en terme de symbole politique.
Les différences et les divergences n'en sont pas moins importantes entre ces différents pays. Régimes politiques démocratiques ou autoritaires, démographies dynamiques face au déclin démographique russe, situations économiques très variées (capacités de recherche et d'innovation, poids industriels inégaux)...
Les dirigeants des BRICS au 15 septembre 2023
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(JBB) novembre 2019. Dernières modifications : novembre 2023, janvier 2024.
Références citées
- Capdepuy, Vincent, à paraître dans Géoconfluences.
- Loïzzo Clara, « Les BRICS passent de 5 à 10 membres et deviennent les BRICS+ », brève de Géoconfluences, novembre 2023. Mise à jour en janvier 2024.
- O’Neill Jim, « Building Better Global Economic BRICs », Global Economics Paper No: 66, Goldman Sachs, 30 novembre 2001 [PDF].
Pour compléter avec Géoconfluences
- Dossier « Le Brésil, ferme du monde ? »
- Dossier « La Russie : des territoires en recomposition »
- Dossier « Le monde indien : populations et espaces »
- Dossier « La Chine, la modernisation encadrée d'un territoire global »
- Vincent Capdepuy, « La ligne Nord-Sud, permanence d’un clivage ancien et durable », Géoconfluences, janvier 2024.
- Vincent Capdepuy, « Le Sud global, un nouvel acteur de la géopolitique mondiale ? », Géoconfluences, septembre 2023.
- Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian, « Représenter et découper le monde : dépasser la limite Nord-Sud pour penser les inégalités de richesse et le développement », Géoconfluences, décembre 2022.
- Olga V. Alexeeva et Frédéric Lasserre, « Le concept de troisième pôle : cartes et représentations polaires de la Chine », Géoconfluences, octobre 2022.
- Baffi Solène, Vivet Jeanne, 2017, « L’Afrique australe : un ensemble composite, inégalement intégré à la mondialisation », 2017
- L’Afrique du Sud a un nouveau président (par intérim), brève de mars 2018
- Nashidil Rouiaï, « Sur les routes de l'influence : forces et faiblesses du soft power chinois », Géoconfluences, septembre 2018.