Choke point, P.P.O., passage stratégique, goulet d'étranglement
Un point de passage obligé, en anglais « choke point » est un passage stratégique en matière de transport maritime. Les passages clés pour le transport maritime sont les goulets d’étranglement, étroits, peu profonds, talons d’Achille de l’économie mondialisée (Rodrigue et Notteboom, 2017). Ce sont principalement des détroits ou des canaux, parfois des caps, qui s’accompagnent souvent d’une limite de capacité des navires (désignér par le suffixe —max comme dans panamax ou suezmax).
Sur 150 à 180 passages maritimes internationaux retenant l'attention, on relève 28 passages de rang mondial dont 12 majeurs : détroit de Malacca, de Taïwan, Pas de Calais, détroit de Gibraltar, Bosphore, Dardanelles, détroit de Bab-el-Mandeb, canal de Suez, détroit de Macassar, d'Ormuz, cap de Bonne Espérance, canal de Panama (par ordre de fréquentation, Biaggi et Carroué, 2024). Ces passages représentent les quatre plus importants passages maritimes stratégiques du monde, d’une part du fait de l’étranglement qu'ils imposent à la circulation mondiale du fret et d’autre part à cause des activités et des ressources économiques auxquelles ils donnent accès aujourd’hui. En 2019, on estimait à 24 718 milliards de dollars la valeur des marchandises transitant par les grands passages maritimes stratégiques (ibid.).
Leur disponibilité permanente pour la circulation maritime mondiale est un défi majeur. En effet, les flux commerciaux sont soumis aux aléas de la situation politique et géopolitique de la région dans laquelle sont situés ces verrous. La fermeture d'un passage maritime dans l'économie mondiale actuelle, même si elle est temporaire, aurait d'importantes conséquences économiques avec la perturbation des flux commerciaux et même l'interruption de certaines chaînes d'approvisionnement telles celle du pétrole ou celle des pièces détachées.
Depuis ces lignes écrites en 2018, la fermeture du canal de Suez pendant une semaine en raison de l'échouage d'un porte-conteneur a permis de vérifier leur vocation prédictive (lire cette brève).
(MCD) d'après Rodrigue et Notteboom, 2018. Dernières modifications (JBB) 2021, juin 2024.
Références citées
- Biaggi Catherine et Carroué Laurent (2024), « Les grands détroits et canaux internationaux dans la géopolitique des mers et océans, un système très hiérarchisé sous tensions multiformes », Géoconfluences, juin 2024.
- Rodrigue Jean-Paul, et Notteboom Theo (2017), The Geography of Transport Systems, en ligne.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Marie-Christine Doceul et Sylviane Tabarly, « Le canal de Suez, les nouvelles dimensions d’une voie de passage stratégique », Géoconfluences, mars 2018.
- Marie Dougnac, « L’élection présidentielle à Taïwan ravive les tensions avec la Chine », Géoconfluences, février 2024.
- Clara Loïzzo, « La crise en mer Rouge, révélatrice de la vulnérabilité des grandes routes maritimes mondiales », Géoconfluences, janvier 2024.
- Un porte-conteneurs en travers du canal de Suez, révélateur de la maritimisation des échanges, brève de Géoconfluences, 2021.
- Vaimiti Goin, « L’espace indopacifique, un concept géopolitique à géométrie variable face aux rivalités de puissance », Géoconfluences, octobre 2021.
- Catherine Biaggi et Laurent Carroué, « Affirmer sa puissance : forces sous-marines et dissuasion nucléaire, enjeux géographiques et géostratégiques », Géoconfluences, septembre 2020.
- Nathalie Fau, « Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux stratégiques », Géoconfluences, 2004.
Liens externes
- La page de U.S. Energy Information Administration : les "choke points" sur les routes maritimes du pétrole