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Exode rural, migrations rurales, exode urbain

Publié le 20/09/2024
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L’exode rural désigne, dans le langage courant, le départ massif de populations rurales à destination des villes, motivé par la recherche d’un travail ou de meilleures conditions de vie. L’expression a été d’abord appliqués aux pays d’Europe et d’Amérique du Nord du début de l’âge industriel jusqu’à la fin des années 1970, pour être aujourd’hui utilisée principalement dans les pays dits « en développement », que ce développement soit d’origine industrielle ou non.

Si l’expression reste d’usage commode, on lui préfère aujourd’hui celle de migration rurale, pour plusieurs raisons :

  • Le terme « exode », d’origine biblique, n’est pas neutre et il est même lourdement chargé. Sa connotation est fortement négative (il a ainsi servi à désigner la fuite des civils français devant l’avancée de l’armée allemande lors de la débâcle de 1940). Or l’exode rural a été vécu par une partie des populations rurales comme un espoir, davantage que comme une défaite.
  • Le terme d’exode n’est applicable qu’à des situations où les espaces ruraux ont été significativement vidés de leur population. C’est le cas par exemple dans certaines montagnes sèches des campagnes méditerranéennes. Mais d’autres campagnes ont pu être touchées par un solde migratoire négatif tout au long de l’âge industriel sans se vider pour autant, en raison d’une natalité restée longtemps élevée, par exemple dans l’Ouest de la France.
  • L’expression « migration » réintègre cette forme de migration particulière, celle des ruraux vers les villes, dans le champ des études migratoires, et plus généralement dans celui de la mobilité. Ainsi, comme la plupart des migrations, la migration rurale est une circulation, qui peut comporter des étapes intermédiaires voire des retours. En France, certains migrants ayant quitté la campagne au cours des « Trente glorieuses » sont retournés y vivre à l’âge de la retraite. Au Kenya, Jean-Baptiste Lanne (2017) cite l’exemple de ruraux venus travaillés en ville qui, voyant leurs espoirs déçus, retournent au village.

L’expression a inspiré un opposé malheureux, l’exode urbain, très contestable et rarement utilisé, car le phénomène de renouveau démographique des espaces ruraux n’a presque nulle part la même ampleur que celle que le départ des ruraux vers les villes a pu avoir. Si un basculement démographique significatif a pu s’observer dans certaines campagnes, entraînant un regain de population grâce à des soldes migratoire et démographique positifs, cela n’entraîne pas de retournement dans la proportion des urbains et des ruraux dans la population totale. De plus, le jeu d’opposition entre « exode rural » et « exode urbain » masque un phénomène beaucoup plus important aujourd’hui, visible dans les pays post-industriels comme dans les pays émergents, en développement ou les plus pauvres, à savoir le dynamisme démographique des espaces périurbains.

(JBB) mai 2021, dernière modification : septembre 2024.


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