Le Parc national de forêts face au dilemme de son acceptation sociale : une analyse géographique
Lionel Laslaz, maître de conférences HDR en géographie et aménagement - Université Savoie Mont Blanc
Bibliographie | mots-clés | citer cet article
Après dix années difficiles de mise en place, le Parc national de forêts fut créé par décret le 6 novembre 2019 et promulgué le 7 novembre 2019 par le Conseil d’État. La gestation du onzième parc national français entre Champagne et Bourgogne fut longue et parfois compliquée. Alors que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirmait le 4 juillet 2018 la création du parc à Paris, quelques dizaines d'agriculteurs entravaient le déroulement de l’assemblée générale du GIP (Groupement d'Intérêt Public) ((Groupement d'Intérêt Public, instance créée pour une durée de 9 ans et dont la mission est de jeter les bases du futur Établissement Public Administratif.)) qui devait se tenir à Vanvey (Côte d'Or) pour finaliser la charte ((La charte est un document contractuel, fixant des orientations dans l’aire d’adhésion, rappelant la réglementation du cœur, auquel adhèrent les communes qui le souhaitent, constituant ainsi l’aire d’adhésion. Que la charte soit votée ou non par les communes, cela ne change rien au cœur. Ce dispositif qui existe dans les parcs naturels régionaux de longue date a été adopté dans les parcs nationaux depuis la loi de 2006.)).
Document 1. Carte de localisation et chiffres clés des parcs nationaux en FranceSource de la carte : voir l'entrée de glossaire Parc national en France, parc naturel régional (PNR) |
Parc national |
Date de création | Superficie cœur (km2) | Superficie aire d’adhésion terrestre km2 (avant et après la loi de 2006) | Nombre communes cœur | Nombre communes de la zone périphérique (puis de l'aire optimale d’adhésion) | Population du cœur (1999) | Population de l'aire d’adhésion (1999) | Densité de l'aire d’adhésion (hab./km², 1999) |
Vanoise |
6 juillet 1963 |
528,39 | 1436,37 → 1465 | 20 | 29 | 0 | 37 700 | 22,33 |
Port-Cros |
14 décembre 1963 |
17 (+18 marins → 29) | / → 240 + 1230 (aire maritime adjacente) | 1 | → 11 | 48 | → 136 000 | 2,52 |
Pyrénées Occidentales |
23 mars 1967 |
457,07 | 2063,52 | 15 | 86 | 0 | 40 000 | 16,48 |
Cévennes |
2 septembre 1970 |
912,79 | 2297,26 → 2785 | 55 | 117 → 152 | 591 | 40 875 → 76 000 | 17,85 |
Ecrins |
27 mars 1973 |
918 | 1786,78 | 23 | 61 | 10 | 30 280 | 16,94 |
Mercantour |
18 août 1979 |
685 | 1463 | 27 | 28 | 0 | 28 000 | 19,13 |
Guadeloupe |
20 février 1989 |
173,8 → 218,5 | 162 → 940 + 1308 (aire maritime adjacente) | 11 | 3 → 21 | 0 | 21 833 | 134,77 |
amazonien de Guyane |
27 février 2007 |
20 300 | 14 000 | 4 | 5 | 0 | 7 000 | 0,2 |
des Hauts de la Réunion |
5 mars 2007 |
1054,47 (42 % de l’île) | limite administrative des Hauts | 23 | 24 | Cœur habité : 34 km² et 800 hab. | 706 300 | 804 |
des Calanques de Marseille et de Cassis |
18 avril 2012 |
85 et 435 marins | 82 et 978 (aire maritime adjacente) | 3 | 7 (Carnoux, Cassis, Ceyreste, La Ciotat, La Penne-sur-Huveaune, Marseille et Roquefort-la-Bédoule) | 0 | jusqu’à 1 800 000 | jusqu’à 2 195 |
de forêts (feuillues de plaine, Champagne et Bourgogne) |
8 novembre 2019 |
566 | 2 418 | 59 | 127 | 0 | 28 000 | 11,57 |
Réalisation : Lionel Laslaz, 2019, d’après INSEE, Atlas des Parcs Nationaux et Parcs nationaux de France.
Durant une dizaine d’années, les acteurs du territoire du futur Parc national de forêts ont tenté de rédiger une charte équilibrée, permettant de maintenir les activités économiques du secteur, tout en répondant aux ambitions de protection fixées par l’État. Cependant, cette initiative nationale, alors perçue comme la dernière chance du territoire pour certains, s’opposait à une lutte au quotidien pour d’autres. Évoluant dans un univers de défiance, entravé par des crispations et de la méfiance, le Groupement d’Intérêt Public a connu des passages difficiles et fut freiné par des événements parfois houleux.
La zone d’étude du cœur de Parc concernait les forêts domaniales d’Arc-en-Barrois, de Châtillon-sur-Seine et de La Chaume (document 2) et a connu des fluctuations de périmètre au fil du projet.
Document 2. Un périmètre initial très forestier (2009) qui a évolué sous l’effet des négociationsDocument 3. Frise chronologique du Parc national de forêts (2007-2021)Document 4. Mosaïque paysagère du territoire du Parc national de forêts |
« Plus tard des élus de la commune d’Auberive ont souhaité être rattachés au projet », précise un agent de l’ONF (entretien, 22 février 2021). Le Parc national de forêts est aujourd’hui composé d’une aire optimale d’adhésion de 184 474 ha, couverte à 52 % de forêts, ainsi qu’un cœur 56 614 hectares qui en comprend 96 % (document 4).
Le Parc est doté d’une réserve intégrale (voir encadré 3) de 3 100 hectares, la plus vaste de France, qui devait également être « la première "réserve intégrale forestière" de France et d’Europe » ((Cette aspiration restera vaine : elle n’est que la 4e de France et la 2e forestière.)), développe un salarié de l’Établissement public du Parc national de forêts (entretien, 12 mars 2021). En effet, ces forêts, principales assises paysagères et économiques du territoire, sont une ressource qui a occupé une place importante dans l’organisation des sociétés humaines locales, sur le temps long. Ainsi, la sylviculture, l’agriculture, la chasse, la cueillette, l’extraction de la pierre sont tout autant des pratiques culturelles ancrées dans les habitudes que des activités structurantes de l’économie locale.
Le présent article propose d’analyser, sous l'angle de l'acceptation sociale, les dynamiques spatiales et temporelles ainsi que les étapes de ce projet de parc. De quelle manière les modalités d’intégration d’un cadre réglementaire ambitieux de protection de la nature par l’État, sur un territoire rural habité et pratiqué, sont-elles déterminantes dans le processus d’acceptation sociale ? Cette question implique d’interroger aussi en quoi la mise en place du Parc national de forêts a-t-elle révélé la difficulté de créer un projet équilibré et consensuel sur un territoire où l’économie locale dépend fortement de l’exploitation des ressources dites naturelles ? Une fois l’établissement public créé, quels sont les enjeux que doivent relever ses gestionnaires pour convaincre et assurer ses engagements auprès de la population locale ?
La première partie reviendra sur les modalités de création du parc national dans le contexte local quand la deuxième analysera le ressenti des habitants à son endroit. Enfin, la troisième partie esquissera un premier bilan de l’acceptation, après un temps de recul qui reste néanmoins court.
|
1. Un choix de territoire de faibles densités mais marqué par une multitude d’usages
Si la création du parc national fut erratique, son acceptation doit être remise en perspective au regard des usages antérieurs à sa mise en place.
Encadré 2. L’acceptation sociale des espaces protégés : origine et dimension épistémologique
L’acceptation sociale est une notion récente, qui ne concerne pas uniquement les espaces protégés. Elle s’est appliquée aussi et d’abord à des mesures sociales (taxes, conditions de travail), à des populations (accueil de réfugiés), au sort réservé aux animaux d’élevage ou à de nouvelles technologies (modifications génétiques, nanotechnologies ou énergies renouvelables) ; autant de questions interpellant les sociétés dans ce qu’elles jugent tolérables. Toute forme d’innovation est potentiellement concernée par les conditions sociales de plus ou moins grande réceptivité au changement (Laslaz, 2012).
Le terme n’a pas eu, à ce jour, de diffusion majeure. Jusqu’alors, il est surtout utilisé en psychologie et en sociologie : par exemple, les éoliennes animent un vif débat social, avec une acceptabilité sociale forte en faveur de la filière mais faible pour son implantation (Oiry, 2018). La géographie française le mobilise depuis le milieu des années 2000 (Depraz, 2005 ; Laslaz, 2005) avec des travaux qui démontrent la pertinence d’une analyse spatialisée et d’une lecture territorialisée de l’acceptation sociale des mesures de protection (Depraz & Laslaz, 2014 ; Laslaz et al., 2014 ; Depraz et al., 2016).
Le premier emploi de cette notion dans une conférence internationale sur la protection de l’environnement remonte au 6e Congrès mondial des parcs (Sydney, novembre 2014) : les participants ont en effet dégagé les « 6 grands axes de changement pour influencer l’effectivité de la conservation et l’acceptation sociale des espaces protégés ». L’idée est alors de sortir du ressenti de confiscation et de montrer les effets positifs des espaces protégés sur les sociétés. La notion s’est diffusée parmi les gestionnaires d’espaces protégés en France de manière tardive, ces derniers privilégiant les termes d’ancrage ou d’appropriation (Robert, 2017 ; thèse en cours).
Au Québec, la réflexion sur l’acceptabilité (à ne pas confondre avec l’acceptation, dont elle constitue le contexte et les conditions) fait les beaux jours des sociétés de consultance et de conseil aux entreprises.
>>> Voir le glossaire : acceptation sociale
1.1. Une stratégie politique conduisant au choix de l’espace champenois et bourguignon
Depuis longtemps, les forêts de Champagne et Bourgogne suscitent l'intérêt de nombreux scientifiques et des porteurs de projets de protection ; ainsi, l’un des maires du territoire a retrouvé dans les archives qu’un projet de Parc naturel régional de Champagne et Bourgogne avait été initié et abandonné. Alors que cet élu haut-marnais souhaitait relancer ce projet, une chance inespérée s’est offerte : un appel à candidatures pour un parc national de forêts a découlé du Grenelle de l’environnement de 2007 (ci-dessous). Parmi une trentaine de candidats, ce territoire a été retenu parmi les trois sites présélectionnés pour accueillir le parc national (document 3) ; l’annonce en a été faite le 27 juillet 2009 à Leuglay par François Fillon et Chantal Jouanno, respectivement Premier ministre et secrétaire d'État à l'écologie. Pour cause, de nombreux habitants se sont investis dans la rédaction du dossier afin de saisir ce qu’ils estimaient être « l’ultime chance du territoire » et « le projet des trente prochaines années » (entretien, chasseur, 22 février 2021).
« |
|
» |
Si le plateau de Langres et le Chatillonnais ont été désignés pour ce projet, la raison de son choix ne fait pas l’unanimité au sein de la population locale. Alors que pour certains habitants, cette décision était une évidence, pour d’autres, « cette grande victoire » (entretien, acteur filière bois, 14 avril 2021) serait le double résultat d’une décision prise par dépit – suite au refus des principaux acteurs des deux autres territoires présélectionnés, autour de Verdun (Meuse) et Bitche (Moselle) – ainsi que d’une influence politique locale forte ((Luc Chatel fut en effet député de la Haute-Marne (2002-2007 puis 2012-2017), maire de Chaumont (2008-2013), secrétaire d'État (2007-2009) puis ministre et porte-parole du gouvernement (2009-2012).)). Malgré ces divergences, l’état écologique du territoire était reconnu, puisque près de 23 % de la zone d’étude fait partie du réseau européen Natura 2000, quand 43 % est inventorié en ZNIEFF 1 et 2 et 4 % en site d’importance communautaire (GIP, 2013 et Parc national de forêts, 2019). Comme le précise ce même acteur de la filière bois, « tous ces éléments-là permettaient de dire que la biodiversité était conservée » et par conséquent « le Parc vient sur un territoire où l’on avait déjà des éléments de préservation » (entretien, op. cit.).
1.2. Un territoire de faibles densités caractérisé par des formes de déprise…
Marqués par un habitat groupé, enveloppés par des espaces agricoles et forestiers, les petits villages du territoire connaissent aujourd’hui une réalité amère de déprise démographique : de nombreuses habitations demeurent vacantes et des bâtiments restent sans usage. Effectivement, 70 % des communes du territoire de l’actuel Parc national ont perdu des habitants entre 2013 et 2018 (document 7).
Document 7. Évolution moyenne de la population entre 2013 et 2018 dans les communes du périmètre de l’actuel Parc national de forêts |
Les communes du centre de la zone d’étude ont subi une forte diminution de leur population durant cette période, notamment dans les cantons de Châtillon-sur-Seine et de Villegusien-le-Lac. Cette décroissance démographique régulière et ancienne est liée à des soldes migratoires et naturels négatifs. « Il ne faut pas avoir peur des mots, on peut même parler de désertification », précise un habitant (entretien, 19 février 2021). Dans le périmètre du Parc, près de la moitié des communes ont moins de 100 habitants, « et même moins de 50 habitants pour 20 % d’entre elles » (GIP, 2013, p. 6). En effet, d'un point de vue statistique, Châtillon-sur-Seine, avec ses quelque 5 000 habitants, se présente comme l’unique ville du territoire, suivie de quelques bourgs comme Châteauvillain (1 607 habitants) ou encore Saint-Colombe-sur-Seine (950 habitants). Le territoire du parc national, avec moins de 11 habitants au km2, est considéré comme rural, voire « hyper-rural » (Bertrand, 2014) puisqu’« un tiers des communes du périmètre d’étude ont moins de 5 hab./km2 » (GIP, 2013, p. 16). Ces pourcentages de perte sur 5 ans ne sont pas spectaculaires et conformes à la plupart des espaces ruraux du quart nord-est de la France. Toutefois, l’exode rural est tari en France depuis un demi-siècle en moyenne ; en outre, depuis au moins 10 ans, les communes peu denses sont celles qui gagnent de manière relative le plus de population (une tendance soulignée par Pierre Pistre, 2012, 2016), ce qui traduit une situation dégradée au regard de la plupart de ces dernières. Situé entre Paris, Lyon et Nancy, cet espace peu dense (Barthe et al., dir., 2007) proche de Dijon et en mal de dynamisme économique connaît, de surcroît, une polarisation urbaine en provenance de l’extérieur (document 8).
Document 8. Dynamiques migratoires entre 1975 et 1990 : un repli démographique sous l’effet de polarisations urbaines externes |
« Le département de la Haute-Marne compte 170 000 habitants, on a perdu 20 000 habitants en 20 ans donc c’est un département très très rural qui n’a pas du tout d’unité, ni d’identité entre Saint-Dizier et Langres » explique un Haut-Marnais (entretien, 7 avril 2021). Les locaux sont souvent contraints de partir pour le travail ou les études, notamment à Dijon, Troyes ou Chaumont.
1.3. … pourtant marqué par une multitude d’usages
Aux confins de la montagne châtillonnaise et du plateau de Langres, le long des cours d’eau, une mosaïque de paysages défile entre forêts, prés et grandes cultures (document 4). Ces espaces ruraux et agricoles offrent une grande multifonctionnalité d’usages : de la cueillette des champignons au ramassage des mues, en passant par la pêche, la photographie animalière (document 9) la randonnée ou encore la petite industrie. Par exemple, le canton de Châtillon-sur-Seine dispose d’unités industrielles liées à cette forêt (scieries, déroulage de hêtre) et de petit agroalimentaire. Ainsi, sur le territoire du Parc national de forêts subsistent certaines pratiques séculaires liées à la forêt : la chasse et de l’affouage notamment, résultant d’une transmission intergénérationnelle de connaissances et d’un savoir-faire.
Documents 9 et 10. Diversité écologique et paysagère au sein du parc
Document 9. Rencontre avec le « roi des forêts » (cerf élaphe) au détour d’un chemin. Cet animal majestueux et prestigieux représente une proie de choix pour les chasseurs. Devenu rare dans les forêts, il est également très convoité par les photographes animaliers qui passent des heures à chercher ses traces afin de l’observer et de tenter de réaliser ces prises de vue. Cliché de Romane Michaux, septembre 2017. |
Document 10. Champs de grandes cultures (tournesols) au milieu des espaces forestiers, paysage caractéristique du plateau de Langres (commune de Rolampont). Cliché Lionel Laslaz, août 2020. |
Ainsi, la diversité de ces ressources permet d’alimenter les différentes filières économiques présentes sur le périmètre du Parc : les filières bois, agricole et pierre demeurent les plus représentées. De ce fait, le Parc national de forêts a été « créé dans un territoire où l’économie locale est principalement basée sur la gestion et l’exploitation des ressources naturelles » (Parc national de forêts, 2019, p. 1), ce qui s’avère aussi le cas des parcs de montagne (Cévennes, Pyrénées, Alpes). En effet, son territoire (cœur et aire d’adhésion) est couvert à 95 % par des forêts largement anthropisées et des terres agricoles, il a donc « un caractère à être exploité quasiment sur tout le territoire à part demain la réserve intégrale », précise un maire d’une commune forestière (entretien, 23 février 2021). Le statut de parc national reconnaît alors l’action positive des acteurs locaux qui ont contribué à façonner et préserver les richesses patrimoniales du site tout en envisageant d’améliorer son état de conservation.
2. Le ressenti des habitants par rapport au projet de parc national : la construction d’une acceptation progressive
Le parc national n’a pas été perçu par tous les acteurs concernés de manière enthousiaste et unanime. C’est dans le positionnement contrasté des habitants à son égard que peut être analysée son acceptation.
2.1. La perception du projet de parc national : de l’adhésion relative au sentiment de dépossession
À ses débuts, le projet de parc national a semble-t-il suscité une adhésion majoritaire sur le territoire puisque 60 % des habitants se déclaraient dans le cadre de notre enquête favorables ou très favorables à sa création (document 11). On doit toutefois prendre avec réserve ce souvenir d’avis sur le projet de parc national.
Document 11. Avis des habitants à propos du projet de Parc national de forêtsAvis exprimé par les personnes interrogées au moment de l’enquête, sur leur opinion à propos du projet de parc avant sa réalisation. Voir le document 22 pour les avis après réalisation. Réalisation : Romane Michaux, 2021. |
Document 12. Avis émis par les structures qui ont répondu lors de la consultation locale du 4 novembre 2011 au 4 janvier 2012 |
Quelle qu’en soit la raison, « il y avait une vraie volonté d’adhérer à ce projet », témoigne un membre du CESC ((Conseil Économique Social et Culturel, instance créée par la loi de 2006 et comprenant des représentants des activités socio-économiques (sportives, récréatives, agricoles, forestières, etc.) pour contrebalancer le conseil scientifique créé par la loi de 1960 et aux avis jugés souvent trop orientés vers une protection stricte. Comme ce dernier, le CESC n’émet que des avis, suivis ou non par la direction de l’établissement public. Cet organisme a connu un rôle très inégal d’un parc national à l’autre, certains d’entre eux n’ayant jamais réellement fonctionné.)) (entretien, 19 février 2021). La première prise en considération de 2012 a également reflété cet engouement local puisque 86 % des répondants étaient favorables au projet (documents 3 et 12) (Delcamp, 2021, p. 37).
Cet enthousiasme général s’est alors rapidement essoufflé à la suite d’un compte-rendu du CNPN ((Conseil national de Protection de la Nature, constitué d’experts et de scientifiques, qui émet un avis sur les projets et les chartes de parcs nationaux et de parcs naturels régionaux, et sur tout autre sujet relatif à la protection de l’environnement. Son positionnement est fréquemment jugé très strict.)) qui a jugé que le projet n’était pas assez ambitieux en l’état, et que la zone d’étude du cœur devait être établie sur une méthode dégressive (retirer ce qui ne pouvait relever d’un cœur de parc) et non plus agrégative (assembler des espaces de forte naturalité supposée), obligeant le GIP à modifier sa feuille de route. Alors que des terres agricoles, des forêts privées et communales étaient concernées par cette zone d’étude (assemblage d’espaces jugés dignes d’intérêt écologique), certains propriétaires privés ont eu le sentiment de se faire spolier leurs biens par l’État. En effet, aujourd’hui encore, la moitié des propriétaires interrogés craignent de ne plus se sentir « chez eux » (document 13).
Document 13. Crainte des propriétaires de ne plus se sentir « chez eux » un jour sur le territoire du Parc national en fonction du type de parcelle qu’ils possèdent |
Document 14. Crainte de certains acteurs du territoire de se faire spolier leurs biens par l’État |
Les expressions de « mise sous cloche » ou encore de « réserve d’Indiens » ont beaucoup été utilisées lors des entretiens conduits, notamment par les acteurs économiques du territoire, qui redoutaient ne plus pouvoir accéder aux ressources naturelles présentes dans le cœur, les privant ainsi de leur matière première. La modification de la feuille de route pour définir le périmètre du parc était sans doute une erreur stratégique, source d’un conflit naissant. Ce changement de méthode qui visait d’une certaine manière à améliorer l’acceptabilité du projet est finalement devenu une entrave à celle-ci.
2.2. Les facteurs explicatifs de la défiance et un positionnement des acteurs au gré des contraintes perçues
Selon le document 15, on peut affirmer que les acteurs locaux (qui nous ont répondu) connaissent très bien la charte, mais que les contraintes qu’elle induit « ont été mal comprises et mal expliquées », précise un propriétaire privé du territoire (entretien, 20 avril 2021).
Document 15. Contraintes de la charte du Parc national de forêts perçues par les acteurs économiques du territoirePour voir le tableau en grand format, cliquez ici. Document 16. Lien entre le niveau de renseignement acquis et le degré de contrainte perçu par les habitants au sujet du Parc national de forêts
Lecture : Parmi les enquêtés qui pensent avoir été plutôt bien renseignés sur les enjeux du Parc avant sa création, une vingtaine estime que le Parc n’est pas du tout une structure contraignante, et une vingtaine plutôt pas. Entre 11 et 15 pensent qu’elle l’a plutôt été ou qu’elle l’a été tout à fait. |
D’après le document 16, il semble exister un lien inverse entre le degré de renseignement acquis par les habitants et la perception contraignante qu’ils ont du Parc. En effet, de nombreux évènements ont contribué à alimenter cette incompréhension. Initialement perçu comme une chance inespérée, le projet de Parc est parfois devenu un combat du quotidien pour certains. Effectivement, face au manque de communication entre le GIP et les habitants, ainsi qu’à la prolifération de désinformations et de mensonges, adossés à un échec de la coordination entre les différentes instances de l’État, les acteurs du territoire ont entrepris des stratégies diverses pour défendre leurs intérêts (document 17).
Document 17. Stratégies adoptées initialement par les acteurs du territoire pour défendre leurs intérêts lors de la rédaction de la charte Conception et réalisation : Romane Michaux, 2021. L’acceptance est le niveau maximal d’acceptation, la réactance l’opposition la plus forte (Depraz, 2005). |
Alors que la « réglementation particulière du Parc national de forêts autorise la chasse dans le cœur du Parc » (Charte, 2019, p. 44), certaines mesures qui contraignent la pratique ont été mises en place afin d’atteindre un équilibre agro-sylvo-cynégétique. De ce fait, « en tant que chasseur, c'est facile, il n'y a aucun avantage d'avoir un Parc, que des inconvénients, il n'y a rien à attendre », explique l’un d’entre eux (entretien, 16 février 2021). Pour ne pas être trop désavantagés, les chasseurs furent très actifs dans les négociations, leur permettant ainsi d’élaborer une charte peu contraignante pour leur pratique. En effet, avec celui des Cévennes (réglementée depuis sa création en 1970 ; Basset, 2010) et de Guyane (depuis 2007), il s’agit du seul parc national où la chasse est autorisée dans le cœur.
Certains acteurs économiques ont choisi de s’exclure un temps du débat, selon la stratégie classique de la chaise vide pour exprimer un désaccord. « Moi aussi j'ai manifesté de mon côté mais pas par le biais de manifestations mais par celui de la politique de la chaise vide », explique un carrier du secteur (entretien, 12 février 2021). Pour lui, le cœur établi pourrait plus tard s’apparenter à une entrave à son activité puisqu’il lui serait « impossible d’ouvrir de nouvelles carrières dans cette zone » (entretien, op. cit.).
Tout comme pour la filière pierre, les acteurs de la filière bois se sont longtemps absentés des débats, avant d’entrer dans les négociations pour trouver un compromis. Ces derniers déploraient la perte financière qu’engendrerait la création du parc qui, avec sa réserve intégrale notamment, les priverait d’une grande partie de la ressource forestière (document 18). Le document 15 permet aussi d’éclairer ces prises de position.
Document 18. Le Parc national de forêts : inconvénients et craintes pressenties par la filière boisEn forêt, un « îlot de sénescence » est une zone laissée en totale évolution naturelle, sans aucune intervention humaine, alors qu’un « îlot de vieillissement » est une zone où le gestionnaire laisse croître les arbres au-delà de leur âge d'exploitabilité. Le diamètre d’exploitabilité correspond à la circonférence optimale du tronc à laquelle l’arbre peut être abattu. Les « arbres biodiversité », pour la plupart des arbres morts, sont donc conservés lors du renouvellement des peuplements forestiers car ils constituent des habitats propices à certaines espèces (oiseaux, chauves-souris, insectes, champignons...). Ils se distinguent par la présence d’un triangle de peinture bleue sur le tronc. |
Les élus et les propriétaires privés, qui craignaient notamment de ne plus pouvoir exploiter librement leur bois, ont adopté des positions tangentes, s’incluant alors plus ou moins dans les sphères de discussion.
Bien que très peu de terres agricoles aient été incluses dans le périmètre du Parc, les agriculteurs syndiqués à la FNSEA ((De manière générale, et sans généralisation hâtive, la FNSEA soutenant l’agriculture intensive adopte une posture plus critique, voire résolument hostile, aux dispositifs de protection. La Confédération paysanne est plus nuancée, mais a adopté aussi des postures très fermes sur la prédation par le loup au sein des espaces protégés, une partie de ses membres exerçant dans l’élevage ovin extensif.)) craignaient que la règlementation en vigueur ne se durcisse avec le temps ; ils ont ainsi refusé en bloc le projet, n’acceptant aucune négociation et manifestant parfois de manière virulente leur désaccord (par exemple, le 4 juillet 2018, cf. accroche). Toutefois, toutes les positions ne sont pas nécessairement restées figées.
Document 19. Banderole sur la Maison de la forêt de Leuglay (Côte d’Or) qui a accueilli le siège du GIPLe siège du Parc national est désormais à Arc-en-Barrois (736 habitants en 2018 ; Haute-Marne), dans un département où l’adhésion des communes fut plus élevée. Cliché de Lionel Laslaz, août 2020. |
3. Quel bilan provisoire de l’acceptation sociale après deux années d’existence ?
Deux ans après la création de l’Établissement public et alors qu’une nouvelle étape est franchie depuis peu avec la création de la réserve intégrale (cf. encadré déroulant), un court état des lieux de l’acceptation sociale peut toutefois être dressé.
|
3.1. Un positionnement disparate des acteurs entre Côte d’Or et Haute-Marne
Afin de comprendre le positionnement actuel des acteurs du territoire vis-à-vis du Parc, il est essentiel d’étudier les niveaux de compromis que les différentes parties ont obtenu au sein du GIP (document 20).
Document 20. Rapport entre le Parc national de forêts et les acteurs du territoireRéalisation : Romane Michaux, 2021. Inspiré de Depraz, 2005 ; Laslaz, 2005. |
En intégrant les débats et ayant trouvé un consensus avec le GIP, on peut considérer que les chasseurs, les industriels ou encore les agriculteurs de la Confédération paysanne ont accepté le projet de Parc. Dans une moindre mesure, et bien qu’insatisfaits, les maires ou encore les propriétaires privés ont fini par converger avec le GIP. « Avec les agriculteurs, là on a raté, on n’a pas réussi. Avec les forestiers ça s'est plutôt bien passé, ma foi ça s'est arrangé », explique un membre du CS (entretien, 19 mars 2021). Effectivement, J. Caron-Malenfant (2014) signalait que le « consensus peut évidemment conduire au rejet d’un projet autant qu’à son acceptation » : tel est le cas de celui qui a échoué entre le GIP et une partie des agriculteurs.
En outre, les salariés du GIP ont révélé la nécessité de mettre fin au débat et à la concertation dès lors que l’équilibre était trouvé. « Il faut rechercher le compromis sans compromission ni même aller trop loin dans le compromis », explique un membre du GIP (entretien, 24 mars 2021). En effet, J. Caron-Malenfant (2014) avance l’idée que « l’acceptabilité sociale d’un projet ne consiste pas à susciter une adhésion unanime des parties prenantes, mais plutôt à ce que celles-ci puissent faire émerger entre elles un consensus viable au sujet d’un projet ». Dans ce cadre, l’objectif du GIP était donc de trouver « un accord qui suscite un niveau relatif d’adhésion » (Caron-Malenfant, 2014) entre les différentes parties représentées. Pour autant, mettre fin au débat ne fige pas définitivement la position dernièrement adoptée par les acteurs : « toute forme d’acceptation peut se construire sur le temps long, ou parfois de manière rapide. L’acceptation est un construit social, qui n’est jamais définitif » (Laslaz, 2020). En cela, le modèle illustré par le document 20 souligne davantage un instantané, amené à évoluer dans le temps, qu’une situation pérenne.
Lors de la création du parc national, sur les 127 communes de l’aire optimale d’adhésion, 95 ont au final adhéré à la charte (document 21). Cependant, l’adhésion n’est pas aussi forte en Côte-d’Or qu’en Haute-Marne, puisque 86 % des communes haut-marnaises concernées ont adhéré à la charte contre seulement 66 % dans le premier département. Ces taux se situent dans la moyenne de ce qui est observable dans les dix autres parcs nationaux français (73 à 90 % des communes de l’aire optimale d’adhésion), exception faite de Port-Cros (45 %) et de la Vanoise (6,9 %) (Laslaz, 2016 et 2020).
Les avis des conseils municipaux consultés pour la prise en considération du parc national (octobre-décembre 2014) étaient à 81 % favorables dans l’aire optimale d’adhésion en Haute-Marne pour seulement 53 % en Côte d’or, ce qui traduit une légère amélioration des avis relatifs à ce dernier.
Document 21. Adhésion des communes à la charte du Parc national de forêts de 2020 à 2023 |
Cette adhésion plutôt élevée des communes au projet révèle-t-elle pour autant une acceptation totale du projet par tous les acteurs du territoire ? 60 % des habitants interrogés affirment être favorables ou très favorables à la présence du Parc (document 22), même taux que vis-à-vis du projet dans le cadre de notre enquête (document 11), ce qui traduit une certaine inertie dans l’acceptation.
Document 22. Avis des habitants à propos de la présence du Parc national de forêtsAvis exprimé par les personnes interrogées au moment de l’enquête, sur leur opinion à propos du parc. Réalisation : Romane Michaux, 2021. Voir le document 11 pour les avis avant réalisation du parc. Document 23. Avis émis par les répondants selon leur département de résidence à propos de la présence du Parc national de forêts |
Par ailleurs, d’après les résultats de l’enquête de terrain (document 23), la part d’avis favorables et très favorables est quasiment identique pour les deux départements. Cependant, 22,5 % de Côte-d'Oriens affirment être très défavorables à la création du Parc contre seulement 7,7 % de Haut-Marnais (document 23). En règle générale, ce taux de personnes très défavorables au Parc est bien plus élevé dans les deux départements qu’aux prémices du projet. Et pour cause, une partie de ces habitants qui n’avaient pas d’avis préalable sur le sujet ont basculé dans l’opposition au cours du temps, et on peut supposer que les avis des conseils municipaux retranscrivent en majorité ceux des populations qui les ont élus.
3.2. Un positionnement évolutif dans le temps : l’acceptation comme construction dans la durée
Document 24. Degré et manière dont a évolué le regard des habitants envers le Parc national depuis sa création à aujourd’hui |
Effectivement, l’enquête de terrain (document 24) a montré que 60 % des personnes disent avoir changé de regard vis-à-vis du Parc. Parmi les 11 % des individus qui ont complètement changé d’avis, 95 % d’entre eux ont évolué négativement. On peut supposer que le décalage entre le projet (ou l’image qu’on s’en fait) et la réalité (que l’on perçoit) explique que les positions se durcissent. Cependant, parmi ceux qui ont évolué « un peu » ou « beaucoup » de perception, celle-ci a évolué positivement pour plus de la moitié. Certaines personnes ont « ouvert les yeux au cours du temps, évolué et compris que ce n'était pas à vivre comme une brutalité, comme une violence, comme un viol » (entretien, élue, 24 février 2021), et sont devenues aujourd’hui, pour la plupart, des moteurs du projet. Quelle est la cause de cette évolution de la perception des individus ? Est-elle liée à une meilleure connaissance du parc par les habitants ?
Bien qu’une part importante des habitants interrogés estimaient bien (52,5 %) ou « tout à fait » (14,8 %) connaître en quoi consistait un Parc national avant son installation (document 25), aujourd’hui la majorité d’entre eux affirment ne pas très bien le savoir et quelles sont ses limites sur le terrain.
Document 25. Évolution des connaissances des habitants à propos du parc national de forêts |
D’ailleurs, 40 % des habitants n’ont pas évolué dans leur considération du parc et demeurent dubitatifs envers l’avenir de ce dernier : la réglementation se durcira-t-elle ? Quel comportement auront les touristes qui viennent visiter le territoire ? Le Parc arrivera-t-il vraiment à redynamiser l’économie locale par le biais d’une attractivité touristique nouvelle ? S’il est trop tôt pour répondre à ce stade, tous ces questionnements révèlent le niveau d’attentes qu’ont les habitants envers l’Établissement public récemment né.
Conclusion
La mise en place du Parc national de forêts a révélé la difficulté de créer un projet équilibré et consensuel sur un territoire où le développement économique dépend largement des ressources. Perçu comme une « mise sous cloche » progressive de la nature par une partie de la population locale, ce projet connut une mise en place longue et parfois difficile, cheminement assez classique pour les parcs nationaux et parcs naturels régionaux. Alors que la loi de 2006 ((Loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux, dite loi Giran, du nom du député à l’origine du rapport remis au Premier Ministre en 2003 qui a inspiré cette réforme de la loi de 1960.)) visait à intégrer davantage la société civile dans ce processus de création, afin notamment d’améliorer l’acceptation sociale de ces dispositifs de protection (Laslaz, 2007), ces modalités d’intégration des acteurs du territoire au projet de Parc national de forêts ont provoqué des conflits. Finalement créé, partiellement et inégalement accepté, ce parc national a permis de mettre en exergue les limites des ambitions portées par cette loi de 2006. Le manque d’intérêt des services ministériels pour les revendications locales a largement participé à la frustration de certains acteurs et a nourri le conflit. Cependant, il se dégage de ce dernier une certaine richesse, car il permet de questionner les modes de gestion et les prises de décisions (Laslaz, 2016). Ces conflits, ainsi que les modalités de la loi de 2006, éclairent un nouveau dynamisme social qui implique de trouver des solutions novatrices dans la mise en place des espaces protégés. Ainsi, au lieu de dénoncer cette loi comme une « réforme de façade » (Alban et Hubert, 2013) et de tenter d’enterrer ces conflits comme c’est encore trop souvent le cas du côté des gestionnaires d’espaces protégés, ne serait-il pas plus judicieux de rechercher une meilleure façon de les justifier et de les intégrer dans la construction commune et participative des projets ? Aujourd’hui encore, quelques acteurs du territoire restent insurgés face à la manière dont a été mis en place le parc et n’ont pas accepté sa présence, ce qui nécessitera une grande clarté dans la conduite de ses actions. Ce défi interpelle d’autant plus qu’il rejoint le questionnement, subitement suspendu en 2013, relatif au parc national de zones humides (Laslaz, coord., 2020, p. 103), fixé par le Grenelle de l’environnement et engagé suite à une prospective de sites (dossier de réponse à manifestation d’intérêt, 1/11/2012 [voir ci-dessus]). Les trois sites retenus (parmi 110 potentiels, puis douze présélectionnés) proposaient 24 000 à 72 000 hectares sous statut de protection mais, face aux levées de boucliers des chambres d’agriculture et des sociétés de chasse, toute évocation de ce projet a disparu du site du Ministère de la transition écologique jusqu’à son exhumation récente, mais timide, dans la Stratégie nationale des aires protégées 2030 : « en doublant la superficie des milieux humides sous protection forte en métropole, en n’excluant pas la possibilité de créer un parc national de zones humides » (Ministère de la Transition écologique, Ministère de la mer, 2021, p. 18). Elle a été réaffirmée par l secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité lors du congrès mondial de la nature (Marseille, septembre 2021) qui a demandé en octobre au Conseil général de l’environnement et du développement durable de s’en saisir avant la fin de cette même année. Cette soudaine relance répond à un affichage politique insistant d’atteindre 30 % du territoire national sous statut de protection dont 10 % forte ((Ainsi, la Stratégie Nationale pour les Aires Protégées 2030 proclame comme deux premières mesures : « Développer le réseau d’aires protégées pour atteindre au moins 30 % de couverture du territoire national et de nos espaces maritimes » et « Renforcer le réseau d’aires protégées pour atteindre 10 % du territoire national et de nos espaces maritimes protégés par des zones sous protection forte ».)), ce qui s’avère d’ici 8 ans fort ambitieux, voire irréaliste, sauf à édulcorer ce qu’on appelle la protection forte (cf. encadré déroulant réserves intégrales) ((Décret n° 2022-527 du 12 avril 2022 pris en application de l'article L. 110-4 du code de l'environnement et définissant la notion de protection forte et les modalités de la mise en œuvre de cette protection forte.)).
L’analyse de l’acceptation sociale des espaces protégés est aussi un outil de lecture des contradictions de nos sociétés et de leurs décideurs.
Bibliographie
Ouvrages et articles scientifiques
- Alban N., Hubert G., 2013, « Le modèle des parcs nationaux à l’épreuve du territoire », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], volume 13, n°2 | septembre 2013.
- Barthe L., Cavaillé F., Eychenne C., Pilleboue J., (dir.), 2007, Habiter et vivre dans les campagnes de faible densité, Actes du 2e colloque franco-espagnol de géographie rurale les 15 et 16 septembre 2004 à Foix, Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise Pascal, n° 23, 788 p.
- Basset K.-L., 2010, « Formes, acteurs et enjeux de la participation dans la genèse du Parc national des Cévennes (1950-1970) », Revue de Géographie Alpine | Journal of Alpine Research [En ligne], 98-1 | 2010.
- Caron‐Malenfant J., 2014, « Est‐ce que l’acceptabilité sociale est une forme de participation citoyenne ? », Institut du Nouveau Monde.
- Depraz S., 2005, « Le concept d’"Akzeptanz" et son utilité en géographie sociale. Exemple de l’acceptation locale des parcs nationaux allemands », L’Espace Géographique, 1-34, p. 1-16.
- Depraz S. & Laslaz L., 2014, « Une méthode en dix points pour comprendre l’acceptation sociale des espaces protégés », in Laslaz L. et al., dir., Les espaces protégés. Entre conflits et acceptation, Paris, Belin, coll. « Mappemonde », p. 49-66.
- Depraz S., Cornec U., Grabski-Kieron U., dir., 2016, Acceptation sociale et développement des territoires, Lyon, ENS Éditions, coll. « Sociétés, espaces, temps », 270 p.
- Laslaz L., 2005, Les zones centrales des Parcs Nationaux alpins français (Vanoise, Écrins, Mercantour) : des conflits au consensus social ? Contribution critique à l’analyse des processus territoriaux d’admission des espaces protégés et des rapports entre sociétés et politiques d’aménagement en milieux montagnards, thèse de doctorat en géographie, Chambéry, Université de Savoie, 644 p.
- Laslaz L., 2007, « Autour de la nouvelle loi sur les Parcs Nationaux français ; enjeux et conflits », Géoconfluences.
- Laslaz L., 2012, « acceptation sociale », in Gérardot M. et Prévélakis C., dir., Dictionnaire des conflits, Paris, Atlande, p. 13-14.
- Laslaz L., 2016, Avide d’espaces, vol. 2 - Mémoire inédit : Protéger en montagne. Une polémogéographie des politiques environnementales au défi de l’acceptation sociale. Habilitation à Diriger des Recherches, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, 437 p.
- Laslaz L., 2020, « La charte ou les apories de la concertation. La fabrique de l’acceptation sociale dans les parcs nationaux alpins français », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En Ligne], volume 20, n°1 | mai 2020.
- Laslaz L., Gauchon C., Duval M. & Héritier S. (dir.), 2014, Espaces protégés et territoires. Conflits et acceptation, Paris, Belin, coll. « Mappemonde », 432 p.
- Laslaz L. (coord.), Cadoret A., Milian J., 2020, Atlas des espaces protégés en France. Des territoires en partage ?, Paris, Publications scientifiques du Museum National d’Histoire Naturelle, coll. « Patrimoines naturels », vol. 82, 120 p.
- Michaux R., 2021, La mise en œuvre des conditions de l’acceptation sociale dans un espace rural récemment protégé : le Parc national de forêts (Champagne / Bourgogne), Mémoire de Master 1 Géographies et Montagnes, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, 111 p.
- Annaig Oiry, « Développer les énergies marines renouvelables sur la façade atlantique française : entre contestation et planification », Géoconfluences, novembre 2018.
- Pistre P., 2012, Renouveau des campagnes françaises. Évolutions démographiques, dynamiques spatiales et recompositions sociales, Thèse de doctorat en géographie, Université Paris Diderot.
- Pistre P., 2016, « Recensements de la population pour l’étude des reprises démographiques et des migrations résidentielles dans l'espace peu dense (1975-2011) », Insee, Économie et statistiques, n°483/485.
- Robert A., 2017, Le delta de la Dranse : acteurs, pratiques de l’espace et conflits d’usages. Une réserve naturelle décousue dans le tissu urbain ?, Mémoire de Master 1 Géographies et Montagnes, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, 210 p.
Documents de travail
- Bertrand A., 2014, Hyper-ruralité : un pacte national en 6 mesures et 4 recommandations pour restaurer l'égalité républicaine, rapport sénatorial au Premier ministre, 74 p.
- Delcamp M., 25 mars 2021, Pourquoi et comment mettre en place un outil « Parc national » sur un territoire forestier ?, Formation « Mise en œuvre des outils publics de gestion de la biodiversité en forêt », 98 p.
- GIP du futur Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne, 2013, Dossier d’enquête publique, Document 3, Projet de Parc national de forêts : état des lieux - diagnostic - enjeux, Diagnostic du territoire, 213 p.
- Parc national de forêts, 6 novembre 2019, Charte du Parc national de forêts, Livret 1 : Ambitions et défis du projet de territoire, 44 p.
- Parc national de forêts, 6 novembre 2019, Charte du Parc national de forêts, Livret 2 : Projet de territoire, Projet de préservation et projet de développement durable, 185 p.
- Parc national de forêts, 6 novembre 2019, Charte du Parc national de forêts, Livret 3 : Modalités d’application de la réglementation en cœur de parc national (MARCoeurs), 99 p.
- Ministère de la Transition écologique, Ministère de la mer, janvier 2021, Stratégie Nationale pour les Aires Protégées 2030, 82 p.
Mots-clés
Retrouvez les mots-clés de cet article dans le glossaire : Acceptation sociale | Espaces ruraux | Exode rural | Forêt | Hyper-rural | Multifonctionnalité | Parc national en France, parc naturel régional (PNR).
Romane MICHAUX
Masterante en géographie, master 2 géographie & aménagement de la montagne, Université Savoie Mont Blanc
Lionel LASLAZ
Maître de conférences HDR en géographie, Université Savoie Mont Blanc
Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :Romane Michaux et Lionel Laslaz, « Le Parc national de forêts face au dilemme de son acceptation sociale : une analyse géographique », Géoconfluences, juin 2022. |
Pour citer cet article :
Romane Michaux et Lionel Laslaz, « Le Parc national de forêts face au dilemme de son acceptation sociale : une analyse géographique », Géoconfluences, juin 2022.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/france-espaces-ruraux-periurbains/articles-scientifiques/parc-national-de-forets