Himalaya
L‘Himalaya (en sanskrit : « demeure des neiges ») est la plus haute chaîne de montagne au monde : l’Everest (Chomolungma en népalais, Sagarmāthā en chinois) est le point culminant de la terre avec 8 849 m ; les 14 sommets dépassant les 8 000 mètres y sont situés, dont 7 au Népal ; plus de 1 000 sommets atteignent au moins 6 000 m, situés dans la moitié est de la chaîne. Cette muraille longue de 2 300 km est large de 350 km entre le sud du plateau tibétain et les franges nord des plaines de l'Indus, de la Sutlej, du Gange et du Brahmapoutre.
Cette architecture résulte de la rencontre, il y a 50 millions d'années, de la plaque du Deccan avec la plaque eurasiatique, et de la subduction de la première sous la deuxième. Là est l'origine de la surrection toujours en cours : l'Everest gagne 2 à 3 centimètres par an, et des séismes fréquents : celui de 2015 au Népal fit plus de 8 000 morts. Mais les risques les plus fréquents sont climatiques car une grande partie de la population qui habite les versants et les fonds de vallée dépend directement de l'agriculture. Les déficits pluviométriques annuels, longtemps dramatiques, ne sont plus autant redoutés aujourd'hui avec les transformations récentes de l'agriculture, mais les excès d'eau estivaux peuvent être désastreux : les débits des cours d'eau himalayens peuvent être multipliés par 30 en été, gonflés par la mousson et la fonte des glaciers himalayens, un phénomène largement aggravé par le réchauffement climatique et le changement global.
Comme dans toute montagne, le paysage himalayen est marqué par l'étagement : la limite des rizières se situe à 1 800—2 000 m et celle des cultures à 2 300—3 000 m ; les forêts de chênes et de conifères s’élèvent au-delà de 3 400 m, suivies par des champs de rhododendrons jusqu'à 4 000 m ; les pâturages d'altitude commencent alors et il faut aller jusqu'à 5 500 m pour trouver les glaciers.
Une partie de la chaîne sert de ligne de partage des eaux et de frontière, mais pas sur toute la longueur.
Cette barrière physique (climatique en particulier) et géopolitique sépare les mondes indien et chinois. Les cols à plus de 4 500 m ne sont praticables qu'en été par des convois de mulets ou de yacks, mais ils ont été le lieu de passage du bouddhisme venu d'Inde. À l'ouest, aux confins de l'Iran et de l'Afghanistan, la Quetta Pass et la Khyber Pass ont joué des rôles historiques considérables.
Malgré cette ample muraille, les limites politiques ne sont pas stabilisées, toute frontière étant un tracé politique et jamais naturel. La ligne Mac Mahon tracée en 1914 par les Britanniques entre l’Inde britannique et le Tibet n’est pas reconnue par la Chine. La frontière entre le Pakistan et l'Union indienne donne à un conflit au Cachemire depuis 1947. En revanche, la situation entre les deux géants ainsi que le relief montagnard et l’enclavement ont permis le maintien d’États-tampons : Népal et Bhoutan, longtemps isolés du monde extérieur. Le Royaume du Mustang, aujourd’hui province népalaise, jusqu’à peu interdite aux étrangers, est un exemple de cet isolement, même si aujourd’hui quelques centaines de visiteurs par an sont autorisés à y accéder.
Situé à la marge du territoire indien, l'Himalaya lui est pourtant fortement intégré par sa place dans les représentations de l'espace national et hindou (sources sacrées du Gange et de la Yamuna, lieux de pèlerinage de Haridvar). Le haut Himalaya redevient, depuis la fin du XXe siècle, un terrain d'échanges nord-sud en lien avec la construction de routes nouvelles et la réouverture de cols. Les migrations des populations montagnardes vers les zones d'emploi locales, régionales et mondiales intègrent l'Himalaya dans des espaces complémentaires par un jeu complexe d'échelles.
L'Himalaya fait aujourd'hui fonction de réserve de ressources minières, de bois, d'eau et d'énergie. Le patrimoine naturel protégé par une centaine d'aires, et le patrimoine culturel riche d'une grande diversité d'identités locales sont des gisements touristiques en cours d'exploitation.
(MCD) 2015, dernière modification (SB et CB) septembre 2023
Pour compléter avec Géoconfluences
- Olga V. Alexeeva et Frédéric Lasserre, « Le concept de troisième pôle : cartes et représentations polaires de la Chine », Géoconfluences, octobre 2022.
- Blandine Ripert, « Un processus de mondialisation observé à l'échelle locale au Népal Central : transformations agricoles, économiques, politiques et sociales au bout du monde », Géoconfluences, 2015.
- Martin Michalon, « Image à la une : au Ladakh, « une route dans le ciel » Géoconfluences, 2014
- Marie Gibert, « Les territoires du sacré, le sacre du territoire. Religion, urbanité, société : l’exemple de Katmandou », Géoconfluences, décembre 2008.