Un processus de mondialisation observé à l'échelle locale au Népal central : transformations agricoles, économiques, politiques et sociales au bout du monde
Bibliographie | citer cet article
Le sous-continent indien (ou Asie du Sud) est le théâtre de profondes transformations depuis quelques décennies. Le processus de mondialisation y est en effet là aussi à l'oeuvre, modifiant les réalités quotidiennes, mais de façon inégale, selon les lieux, les contextes, les sociétés, fort diversifiés sur ce vaste espace. S'il existe bien des phénomènes globaux affectant le monde indien, tous passionnants à analyser, cet article peut permettre de participer à la compréhension du processus de mondialisation en y entrant par un lieu. L’idée est de tenter de déceler comment ce processus peut marquer les réalités locales, comment il s’internalise (selon l’expression d’Olivier Dollfus) dans un lieu, comment il exerce par tout un ensemble de médiations, des effets sur une population, des individus appartenant au même groupe ethnique, localisés dans un espace relativement restreint et délimité. Les observations de terrain, dont sont issues les données présentées ici, ont été réalisées dans deux vallées himalayennes, celle de l’Ankhu Khola et celle de la Salankhu Khola, situées au nord-ouest de Katmandou dans les districts de Nuwakot et de Dhading, au pied du massif du Ganesh Himal, et où vivent environ 35 000 habitants.
Le Népal et la zone d'étude
La proposition d'une analyse à deux niveaux, global et local, pour comprendre le monde, repose sur le paradigme que le monde procède de l'interaction des situations locales qu'il englobe. Il ne s’agit ici que d’une des innombrables facettes de la mondialisation, que l'on pourrait qualifier d'improbable tant nous sommes loin des images habituellement médiatisées, dans un de ces bouts du monde du Népal central. Les transformations de ces dernières décennies y sont dues à un ensemble de facteurs, selon une combinaison relativement aléatoire, loin d'un effet uniformisant souvent associé aux effets de la mondialisation [1].
Dans cet exemple, le processus de mondialisation emprunte, non pas comme ailleurs des voies souvent comparées à des autoroutes (autoroutes de l'information par exemple), mais de réels chemins escarpés de montagne, comme fréquemment dans l'Himalaya où la construction de routes pérennes coûte cher et n'a pas été une priorité du développement. En s’intéressant à une région lointaine parce qu’accessible uniquement à pied, en plusieurs jours de marche [2], à l’écart des grands circuits d’échanges, sans accès à l’électricité, à la route, à la télévision, au téléphone, quels impacts du processus de mondialisation peut-on repérer ? Il s'agit de présenter le processus de transformations observé ces dernières décennies, en comparant les observations des années 1990 et 2000 aux sources des années 1980. Ces transformations, bien que spécifiques à ce lieu dans la manière dont elles s'y déploient, sont en fait relativement représentatives d'un certain nombre de changements que l'on observe ici et là dans le sous-continent indien. Elles font appel aux ressorts de la Révolution Verte qui s'est développée en Inde dans les années 1960-70, aux migrations de travail (vers le reste de l’Asie du Sud, vers l'Asie du Sud-Est et plus récemment vers les pays du Golfe), à la question des fortes densités humaines dans un milieu naturel spécifique et aux problèmes éventuels de main-d'oeuvre, aux effets de la scolarisation de masse dans un contexte de démocratisation, à l'émergence de revendications identitaires de populations marginalisées, aux conséquences de la monétarisation des échanges, d'une individualisation des pratiques (tant politiques que religieuses, sociales et économiques) et d'une privatisation de l'espace. |
Se déplacer dans la Salankhu Khola (Népal central)Les chemins se pratiquent à pied, souvent pieds nus ou en tongs. Les charges se portent à dos d'homme, à l'aide d'un panier dont le poids repose sur le front par une lanière. Le chemin, suffisamment large, permettrait d'utiliser des mules, mais le fourrage ne serait pas suffisant pour les nourrir. La nouvelle piste creusée par les villageois. Peu stabilisée faute de moyens, elle est coupée à chaque mousson pendant plusieurs mois. |
Les sources de cet article sont tirées d’un travail de recherche sur le terrain au Népal central dans les districts de Nuwakot et de Dhading, réalisé en plusieurs séjours entre 1993 et 2000 (pour un total de 20 mois) pendant la recherche doctorale [3], puis lors de visites plus courtes en 2006, 2011 et 2012 et de comparaisons établies avec les résultats du Programme de Recherche « Versant » [4] réalisé dans le village de Salmé au début des années 1980. Les méthodes de travail ont été empruntées à l’anthropologie et à la géographie, avec des entretiens auprès des villageois réalisés en népali, et une observation participante et spatialisée [5].
1. Le Népal, de l’isolement à l'ouverture
Avant d’entrer dans le lieu, la présentation du contexte national est nécessaire à la compréhension des transformations à l'oeuvre et de leur diffusion dans l'espace et dans la société à l’échelle locale.
1.1. Le Népal, 182 années d’isolement avant une ouverture progressive
Coincé entre deux géants, l'Inde et la Chine (selon un dicton népalais « comme une patate qui tenterait de pousser entre deux blocs de pierre »), le Népal appartient au monde indien. Sa frontière avec l'Inde est ouverte (et non sécurisée) depuis le Traité de paix et d'amitié liant les deux pays en 1950, ce qui permet à de nombreux travailleurs de passer d'un pays à l'autre sans visa : ces mobilités participent à la forte dépendance économique du Népal vis-à-vis de l'Inde. L'influence culturelle et religieuse de l'Inde est ancienne, notamment par la présence de l'hindouisme, érigé en religion d'État jusqu'à l'abolition de la monarchie en 2008. L'hindouisme reste la religion dominante au Népal, en particulier du fait de la domination numérique et économique des populations dites indo-népalaises. Il n'en reste pas moins que de nombreux groupes, dits « tribaux » ou « ethniques » selon les dénominations, sont venus pour la plupart du Tibet s'installer à différentes époques, il y a plusieurs siècles, sur le versant sud de l'Himalaya, dans ce qui est devenu le royaume du Népal en 1769. Les groupes venus du nord, parlant majoritairement des langues d'origine tibéto-birmane, et donc très différentes des langues indo-européennes parlées plus au sud, ont apporté avec eux des pratiques religieuses issues de différentes traditions : le bouddhisme, qui avait quasiment disparu en Inde malgré sa naissance à Lumbini près de l'actuelle frontière entre Népal et de l'Inde, le chamanisme et des cultes locaux associés au terroir et à sa prospérité.
Les Tamang correspondent à l'un de ces groupes. Longtemps dominés politiquement et économiquement par les hautes castes hindoues des vallées, ces populations marginalisées des montagnes se sont pourtant insérées ces dernières décennies dans un marché mondial du travail, subissant et jouant tout à la fois des opportunités d'un processus de mondialisation qui ne les épargne pas.
Répartition des principales langues parlées par "commune" (Village Development Committee)
Source : Parshuram Tamang et al. Nepal Statistics and Indigenous Peoples. Kathmandu: Nepal Tamang Ghedung 2006.
http://www.nepalresearch.com/culture/language.html
Les Tamang (environ 1,4 million personnes, sur les 27 millions vivant au Népal en 2014) habitent les hautes vallées et les collines du Népal central, principalement autour et dans la vallée de Katmandou.
Complément 1 : Une société népalaise multiple et en pleine redéfinition
L'origine des populations ou des groupes n'est devenue que récemment un enjeu public au Népal, contrairement à ce qui se passe dans de nombreux autres pays d'Asie. La diversité des groupes ethniques y est très complexe : les catégories d’identité sont multiples et se chevauchent, les spécificités et les limites entre groupes ont changé avec le temps. Ethnicité, caste, religion, langue et lieux d’habitation sont les principaux axes de l'identité. Le recensement de 2001 enregistre les données d'une centaine de groupes ethniques et de castes, de 92 langues et de sept religions. Des divisions régionales partagent le pays entre la région de montagne (himal) dans le nord, la région de collines et moyennes montagnes (pahad) au centre et les plaines du Teraï au sud.
Il est d'usage d'utiliser le terme « groupe ethnique » (janajati en népali), tant parmi les anthropologues qu'au sein de la population et de l'administration, pour désigner les groupes dits minoritaires (par rapport aux castes hindoues dominantes démographiquement et politiquement). Ces groupes parlent leur propre langue, souvent d'origine tibéto-birmane (et donc très éloignée du népali), sont généralement bouddhistes, tout en ayant intégré à leur panthéon, à des degrés divers selon les groupes, des divinités hindoues et conservé des pratiques chamanistes et animistes. Parmi ces groupes figurent les Sherpas, qui se sont faits connaître comme porteurs lors des premières expéditions himalayennes, mais également les Gurung, les Magar, les Raï, les Limbou, les Néwar, etc.
Jusqu'en 1990, le Népal apparaissait comme un exemple de bonne entente entre ces différentes populations vivant sous l'égide hindoue. Cette image était rendue possible par un État réduisant au silence les voix dissidentes et imposant une domination politique et économique des hautes castes. Mais depuis quelques années, les groupes ethniques réclament une reconnaissance de leur identité spécifique, une meilleure inclusion dans la société népalaise ainsi qu'une meilleure représentation politique et un accès aux ressources du pays. Ils revendiquent maintenant une origine qui serait « indigène » (adivashi), du fait de l'ancienneté de leur présence et d'une domination subie non de la part des puissances coloniales occidentales, mais des castes indo-népalaises venues de l'Inde. Toutefois, l'ancienneté de la présence des uns et des autres, issue de migrations (du nord pour les janajati, du sud pour les Indo-népalais), est sujette à discussion. Cette nouvelle catégorie fait écho à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones adoptée en 2007 à New York par l'Assemblée générale des Nations Unies.
Ces questions, très sensibles, sont au coeur des débats qui font actuellement rage au Népal autour de l'écriture d'une nouvelle Constitution qui peine à voir le jour depuis 2008, et de la création d'un éventuel État fédéral, que certains de ces groupes revendiquent comme devant être fondé sur des bases ethniques. Ces débats participent à un processus d'ethnicisation de la vie politique et de délimitation des groupes les uns par rapport aux autres, au sein d'une nation en pleine redéfinition [6].
Pour comparer avec l’Union indienne, voir Bertrand Lefebvre, « Les minorités tribales dans le territoire indien », Géoconfluences, 2015
Bien que possédant peu de marges de manoeuvre politique à côté de ses deux voisins, le Népal a toujours été indépendant. Longtemps constitué de petits royaumes, il fut unifié et délimité selon les frontières actuelles en 1769, suite à la conquête de P.N. Shâh, premier roi d'une dynastie au pouvoir jusqu'à l'abrogation de la royauté en 2008 [7]. Entre 1769 et 1951, le pays s'est fermé à tout étranger, en devenant une monarchie absolue, particulièrement méfiante à l'égard des puissances occidentales présentes dans le sous-continent indien. Le pays a donc été tenu longtemps dans l'isolement, non du simple fait de sa géographie physique (montagnes au nord, forêt dense infestée de malaria au sud), mais du fait d'une décision politique reconduite 182 ans par le pouvoir en place. Le réseau de transport et de communication était alors peu développé, et permettait aux populations des déplacements uniqument à pied.
L'ouverture du pays s'effectue en deux temps. En 1951, après la chute de l'Empire britannique et l'Indépendance de l'Inde (1947), un mouvement d'opposition au régime en place permet à la famille royale népalaise de retrouver son pouvoir, qu'elle démocratise, soutenue alors par l'Inde. Les frontières s'ouvrent aux étrangers et aux influences extérieures. L’expérience démocratique ne dure que 10 ans, mais les frontières restent ouvertes, tout du moins la frontière sud avec l’Inde, car celle du nord, fermée en 1959 avec l’occupation chinoise du Tibet, ne s’ouvre depuis que par intermittence. Depuis, le Népal diversifie ses relations diplomatiques et fait appel à l’aide internationale pour financer ses premiers programmes de développement et de modernisation. En 1991, suite à une insurrection populaire et un blocus économique imposé par l'Inde, le Népal devient une démocratie parlementaire sur le modèle de Westminster.
1.2. L’ouverture et ses répercussions politiques et économiques locales
Toute une série de grandes transformations liées à l’ouverture politique et économique du pays font sentir leus répercussions dans les villages de la région étudiée. La démocratisation permet la naissance d'une multitude de partis politiques, jusque-là interdits, ainsi qu'une politisation des habitants. L'ouverture économique, avec la libéralisation de certains secteurs, débouche sur une expansion de l’économie de marché et l'arrivée de produits étrangers sur les marchés locaux, notamment des produits chinois peu chers, accessibles à une population à faibles revenus. L’aide financière internationale se renforce, offrant un droit de regard nouveau des pays donateurs sur les politiques du Népal, notamment en matière environnementale. Dans les années 1990 émergent aussi une multitude d’ONG, soit locales soit internationales, venant concurrencer économiquement et politiquement le gouvernement népalais. Le tourisme, limité dans les années 1950 aux grandes expéditions vers les massifs des Annapurna et de l’Everest, se démocratise, attirant non plus seulement les alpinistes mais également les randonneurs, et devient la principale entrée de devises étrangères (Sacareau, 1997). Dans le domaine agricole, la Révolution Verte asiatique se diffuse lentement dans le pays.
Ces transformations, concomitantes mais pas forcément liées entre elles, ont des répercussions les unes sur les autres et agissent de manière non coordonnée et différenciée selon les lieux. Elles sont autant de contrecoups ou d’expositions à un contexte nouveau, qui entraînent certaines régions du Népal dans un processus de modernisation. C'est ce qui peut s'observer à l'échelle locale, dans la région du Népal central, parmi les Tamang, relativement représentatifs d'autres groupes du Népal.
2. Au Népal central, des transformations à l'échelle locale liées aux connexions à l'espace Monde
L’organisation sociale traditionnelle des Tamang repose sur la différenciation entre clans exogames, c'est-à-dire que l'on se marie de manière privilégiée avec un autre Tamang, mais d'un autre clan que le sien. Les villages, quasi mono-ethniques dans ces deux vallées (seules quelques familles de forgerons, de la caste indo-népalaise des Kami, sont ici également présentes) regroupent divers clans, ce qui permet malgré tout de se marier le plus souvent, dans son propre village. L’intérêt du groupe, ici du segment local du clan [8], prévaut sur celui de l’individu, tout du moins jusqu'à récemment. Dans ce monde qualifié par certains de « traditionnel », les transformations qui s'opèrent dans les années 1990 puis 2000 sont au premier regard, peu visibles. Certaines modifient pourtant en profondeur la vie quotidienne de ces villageois.
2.1. Des transformations agricoles peu visibles mais fondamentales
Au Népal central : la Salankhu Khola et l'Ankhu Khola
Voir le fichier .kmz de l'Ankhu Khola (Népal central), latitude 28° 6'14.76"N, longitude 85° 0'9.38"E
Les routes en jaune ne sont souvent que des pistes.
Dans la région étudiée, jusque dans les années 1990, les Tamang exploitaient collectivement selon un système agro-sylvo-pastoral le versant de leurs villages, situés entre 1 500 et 3 000 m d’altitude et comptant chacun entre 1 000 à 4 000 habitants. Les champs, bien qu’appartenant à des familles nucléaires, étaient exploités selon un système communautaire, dans lequel l’individu n’avait le choix ni de la culture ni du calendrier agricole, notamment à cause de la vaine pâture (c'est-à-dire la libre circulation du bétail dans les champs, qui ne possèdent ici aucune forme de clôture) pratiquée après les récoltes [9].
Les Tamang de cette région produisaient en moyenne suffisamment pour se nourrir 6 à 8 mois de l’année. Certains de leurs membres partaient en migrations saisonnières ou temporaires dans le nord du sous-continent indien, au terme desquelles ils rapportaient les céréales manquantes pour se nourrir toute l’année.
Dans les années 1980, les chercheurs français et plus particulièrement les agronomes avaient diagnostiqué une situation de crise, de paupérisation. En effet, la pression démographique, compte tenu des faibles ressources, était forte, les milieux naturels semblaient surexploités, la terre s’appauvrissait, la distance d'accès à la forêt augmentait (Dobremez, 1986). Ces conclusions, assez pessimistes concordaient tout à fait avec les discours alarmistes de l’époque, autour de la présumée « crise écologique himalayenne », remise en cause depuis [10].
Paysages des versants des moyennes montagnes du Népal central
Cliquer sur l'image pour ouvrir le diaporama en mode automatique ou manuel |
1. Versant des contreforts himalayens, situé entre 1 350 m et 3 000 m, exposé au sud-est et aménagé en terrasses cultivées jusqu'à 2 400 m. À droite, un immense glissement de terrain a emporté une partie des terrasses. |
Mais à partir des années 1990, différentes transformations, caractéristiques d’un processus de modernisation, émergent grâce à de nouvelles pratiques, et à l'introduction de semences et d’outils par les villageois revenant de migration. Ces progrès agricoles, à l'origine de leur intégration dans le monde, ne relèvent pas pour autant d'une véritable révolution agricole, mais plutôt d’améliorations inspirées de la Révolution Verte, sans en avoir ni les moyens, ni les accompagnements financiers souvent observés en Inde [11].
Parmi les nouvelles semences introduites par les villageois eux-mêmes (sans passer par des programmes de diffusion liés à des organismes agricoles), le riz rouge d’altitude présente l'avantage de pouvoir être cultivé jusqu’à 2 100 mètres (dans les conditions géographiques du climat subtropical de mousson de la région), au lieu de 1 700 mètres pour les riz classiques jusque-là cultivés sur ces versants. Quasiment un tiers des terrasses de la partie supérieure des versants cultivés put être transformé en rizières pendant l'été, n'empêchant pas les cultures d'hiver (blé et orge) de prendre la suite après la période de mousson. Ces terrasses offrent ainsi désormais deux récoltes par an au lieu d'une seule. L'introduction d'autres semences améliorées à hauts rendements et aux cycles végétatifs plus courts (blé, maïs et éleusine) a permis l'intensification des cultures au cours de l'année. Un blé précoce par exemple, peut désormais être cultivé en bas de versant sur les rizières, après la culture de riz. L’usage d’engrais chimique, très peu présent dans les années 1980, est devenu systématique . Aujourd’hui, chaque exploitation (d’une surface moyenne d'un peu moins de 6 hectares) en achète 50 kg, voire 100 kg pour les plus riches, au bazar du bourg local, qu'il faut ensuite transporter à dos d'homme jusqu'au village et aux champs. Depuis quelques années aussi, la culture de légumes s’est généralisée ; des arbres fruitiers, des arbres fourragers ont été plantés entre les champs (Smadja, 1995), permettant une diversification de l'alimentation des hommes et du bétail. La particularité de ces innovations est qu’elles ont été introduites par les villageois eux-mêmes, de retour de migration ou de la ville, après les avoir observées ailleurs puis les avoir testées dans le village, avant que les autres villageois ne s'y intéressent et ne les adoptent.
Mutations des pratiques agricoles
Cliquer sur l'image pour ouvrir le diaporama en mode automatique ou manuel. |
1. À mi-pente, sur les terrasses, culture d'éleusine (céréale de type millet) qui sera suivie d'une culture de maïs (1995). |
Les conséquences de ces innovations sont nombreuses, rapides et agissantes. Les pratiques communautaires tendent à disparaître au profit des initiatives individuelles : par exemple, la vaîne pâture est remplacée de plus en plus par la stabulation fixe du bétail. En même temps, des clôtures de pierres commencent à apparaître entre les champs. Des abris fixes sont construits à proximité des champs, le bétail est nourri au fourrage et le fumier fabriqué à proximité avant d'être épandu sur les terres. Ces changements permettent à chacun de se libérer du calendrier agricole communautaire, et donc de planter les nouvelles semences choisies sur les terres adéquates au moment voulu. L'une des conséquences est la privatisation de l'espace, à l'échelle des versants et des champs [12].
Privatisation de l'espace
Cliquer sur l'image pour démarrer le diaporama en mode automatique ou manuel. |
1. Enclos muré d'une parcelle où sont cultivés des plants de cardamome (2013). |
Il en découle une nette augmentation des productions : un quasi-doublement en 10 ans [13] dans la région de la Salankhu Khola, alors que la surface cultivée s'est rétractée, du fait de la concentration des cultures sur les terres les plus proches des habitations. Ce changement permet à la majorité des villageois d'atteindre l’autosuffisance alimentaire. Dès lors, l’argent obtenu en travaillant à l’extérieur du village change totalement de statut : il ne sert plus à se nourrir une partie de l'année, mais à dégager un surplus, ce qui transforme en profondeur les pratiques économiques des familles. Jusque-là, le surplus, au demeurant fort rare, était le fait de quelques riches, qui se faisaient un devoir de le dépenser lors des cérémonies religieuses, principalement lors des funérailles. La reconnaissance sociale passait par une profusion d’offrandes à cette occasion, tout en permettant un certain rééquilibrage des richesses. Il y avait ainsi peu d’accumulation de richesses, qu'elle soit individuelle ou familiale, et peu d’investissement dans les exploitations agricoles. Mais depuis les années 1990 et l'émergence d'un choix désormais possible dans l'usage de l'argent, les dépenses se tournent vers des objets de consommation arrivés récemment sur le marché à un prix pour la première fois abordable pour ces populations pauvres : jeans, radio, bassine en plastique, montres, casseroles, lampes torche, bâches en plastique, etc. L’acquisition individuelle ou à l’échelle de la famille nucléaire prime la dépense collective. Posséder une belle maison de deux étages construite selon le modèle urbain, avec un toit en tôle ondulée acheté au bazar, peinte en bleu, vert ou rouge, porter des jeans, un anorak et des chaussures, est désormais mieux considéré que dépenser l’argent pendant les rituels collectifs. Les Tamang entrent ainsi, en quelques années, dans un contexte de marchandisation accrue et de dépenses individualisées.
Nouvelles dépenses de consommation individuelle
Cliquer sur l'image pour démarrer le diaporama en mode automatique ou manuel.
1. Rue principale du bourg de Trisuli (27 000 h en 2011) avec les boutiques du bazar où les villageois de la région viennent faire leurs achats (2013).
2. À Trisuli, vendeuse ambulante d'origine sherpani qui vend un bijou au poids à un villageois tamang (2013).
3. Dans le village de Salmé, magasin qui vend quelques produits de consommation. Le premier est apparu en 1997 (2013).
4. Les magasins de village vendent du riz, avec une balance permettant de le peser (2013).
5. Modernisation de l'habitat : les toits en bardeaux de bois et en lauzes sont remplacés par des toits en tôle ondulée, ici au premier plan, ou en bidons martelés, ici à droite (1995).
6. Transformations architecturales : la maison du fond a un étage supplémentaire, un balcon travaillé par un menuisier et des murs de pierres tracés au cordeau (1995).
7. Transformations architecturales (2013).
8 et 9. Construction des premières toilettes de Salmé (2012 et 2013).
10. Maintien de l'intérieur traditionnel des maisons : la salle unique du rez-de-chaussée s'organise autour du foyer, autour duquel dort la famille, sur des paillasses en tiges de riz, posées sur un sol en terre battue (2013).
11. Foyer traditionnel (2013).
12. Apparition d'un foyer au gaz, mais finalement pas utilisé (2013).
13. Construction de cheminées pour évacuer la fumée, sans guère de succès (1999).
Mais l’accès aux objets de consommation, rendu possible par la mondialisation des échanges et l'ouverture économique du Népal, ne modifie pas à lui seul la manière de considérer les dépenses collectives.
2.2. Les migrations de travail des Tamang, un processus qui participe aux transformations
Les années 1990 sont aussi le moment où les migrations saisonnières et temporaires des Tamang vers l’étranger se sont amplifiées et ont considérablement atténué la pression démographique [14] sur les versants de montagne. Les migrations de travail ne sont ni nouvelles, ni isolées dans l'Himalaya : les économies de montagne ont toujours joué sur la complémentarité des milieux entre hautes et basses vallées, nécessitant des échanges, mais surtout des migrations saisonnières vers les régions où le marché du travail appelle une main-d'oeuvre plus nombreuse. La nouveauté réside dans les destinations, de plus en plus lointaines, dans le volume des flux et dans les durées d'absence, plus longues qu’auparavant, au point d’entrer aujourd'hui en concurrence avec le calendrier agricole des villages de départ. L'évolution de ces flux sur quarante ans est illustrée par les trois cartes qui suivent, établies à partir d'une enquête systématique auprès des 400 foyers de Salmé, puis d'une centaine dans l'Ankhu Khola, choisie de manière aléatoire.
Dans les années 1970-1985, les migrations étaient saisonnières, majoritairement hivernales lorsque les travaux des champs du village sont peu nombreux. Souvent collectives, elles se faisaient vers des destinations proches, dans le sud du Népal alors en plein développement, ou dans l'Inde du Nord et du Nord-Est. Les Tamang travaillaient comme porteurs sur les chemins de trek, ouvriers sur les chantiers de construction de routes ou encore ouvriers agricoles et gardiens. À la fin des années 1980 jusqu'au milieu des années 1990, les migrations de ces populations se sont tournées vers l'Himalaya de l'Ouest, tandis que les États du Nord-Est indien se fermaient aux migrants à la suite de tensions politiques locales. Le Nord-Ouest indien offrait du travail dans le transport à dos d'hommes de nourriture, d'armes et de matériaux de construction auprès de l'armée indienne engagée dans des combats en altitude à la frontière pakistanaise. Les migrations se sont également tournées vers le Sud-Est asiatique, en Thaïlande, à Hong-Kong et Singapour, jusqu'à la crise économique des "quatre dragons asiatiques" en 1997. Les migrants y étaient envoyés pour en rapporter des vêtements, des bijoux, des produits électroniques, souvent de manière illégale, au péril de leur sécurité. Depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui, les migrations se sont encore éloignées, en direction des pays du golfe Persique (particulièrement en Arabie Saoudite, au Koweït et au Qatar) pour plusieurs années de travail sur les chantiers de bâtiment, souvent dans des conditions extrêmes [15], de plus en plus décriées notamment par les média népalais. Les migrations se sont aussi étendues à l'extrême Sud-Est asiatique. De saisonnières, elles sont devenues temporaires, car le remboursement du prix du billet d'avion, souvent acheté à crédit, nécessite au moins une année de travail sur place. Des migrations définitives vers les villes népalaises, principalement Katmandou, la capitale, ou Trisuli, le bourg de la région, ont également commencé à apparaître pendant les années 2000 parmi les jeunes générations scolarisées, à la recherche d’un travail plus qualifié que leurs aînés ou désireuses d’échapper à l’enrôlement dans la guérilla maoïste active de 1996 à 2006 dans le pays. Aujourd'hui, il devient finalement difficile de trouver dans les villages la main-d'oeuvre nécessaire aux travaux des champs. Ainsi, si la migration était avant tout le moyen permettant aux familles de rester vivre au village, elle entre aujourd'hui en concurrence avec le système agro-sylvo-pastoral tel qu'il perdurait jusque-là. |
Les migrations de travail des Tamang1970-1985 : migrations de proximité dans l’Himalaya de l'Est
|
On pourrait parler aujourd’hui d’un éclatement des espaces de vie des Tamang (comme dans les cas décrits en Bolivie par Cortès, 2000), qui parcourent le monde de l’Asie du Sud-Est au golfe Persique, à la recherche d’un emploi temporaire à n’importe quelle condition.
L’éclatement des espaces de vie des Tamang, l’exemple des villageois de Salmé
Ces migrations sont un puissant vecteur de changement social. Elles participent au processus d’intégration des Tamang aux « économies-mondes » et au marché mondial du travail. Pendant leur mobilité, les Tamang découvrent des pays plus développés, et prennent conscience de leur extrême pauvreté par rapport au reste du monde. Ainsi s'explique l'apparition parmi les migrants des notions de gaspillage, de rentabilité, de perte de temps ou de profit économique, par exemple. C'est dans ce contexte également que le désir exprimé par un grand nombre d'entre eux de réduire les dépenses collectives doit être replacé. En voyageant, les Tamang mesurent également la relativité de leur organisation sociale, ainsi que de leur système religieux, ce qui n’est pas sans conséquences.
2.3. De Tamang à Népalais : l'éducation et la démocratisation vers une plus grande inclusion des minorités
Durant la même décennie et parallèlement aux transformations agricoles et économiques, le Népal s’est démocratisé. À l’échelle locale, les impacts de ce changement politique sont importants. Les notions de liberté, de choix politique individuel et non plus communautaire ou clanique selon le schéma traditionnel du pouvoir, se sont diffusées dans les villages à partir de la capitale. Cela apparaît très clairement au moment des élections des années 1990, qui mènent au pouvoir une nouvelle génération brouillant les règles habituelles. En effet, durant les années 1990, la première classe d’âge scolarisée dans le village puis à la ville atteint l'âge de la majorité. Ces « jeunes instruits », âgés de 15 à 30 ans, sachant lire et écrire contrairement aux autres villageois, ont acquis à l’école des références et des valeurs différentes de celles de leurs aînés. Leur scolarisation a d’une certaine façon laïcisé leur représentation du monde et modifié leur façon d’intervenir sur l’environnement naturel. La découverte des disciplines scientifiques - qui occupent une place de plus en plus importante dans les nouveaux manuels scolaires - a rationalisé leurs connaissances. L’apprentissage de la langue nationale, le népali, et la référence à une culture et à une histoire communes, diffusées dans les manuels, a népalisé les jeunes Tamang. Ils prennent de plus en plus de distance avec la culture tamang, qu’ils dénigrent ouvertement dans les discussions avec les aînés. Le sentiment d'appartenance à une société plus large prévaut alors parfois sur une appartenance au groupe tamang [16].
Éducation et mutations culturelles
Cliquer sur l'image pour démarrer le diaporama en mode automatique ou manuel. |
1. Enfants se rendant à l'école du village (2013). |
La maîtrise de l’écriture et du népali acquise à l’école permet à ces jeunes générations d’exercer une certaine domination sur la population en majorité analphabète. Jusqu’à présent, les formes d’autorité traditionnelles étaient fondées sur une organisation clanique et sur des chefferies recrutées dans le groupe de descendance de l’ancêtre fondateur de la localité. Malgré les réformes administratives, les anciens chefs de segment de clan ont pu conserver leur pouvoir communautaire en se faisant élire par la population à l’assemblée du village. L’émergence politique des jeunes instruits rompt avec ce pouvoir traditionnel et avec l’autorité des aînés qui prévaut au sein des familles.
En outre, ces jeunes instruits sont des acteurs importants d'un processus de christianisation qui se diffuse également dans les années 1990 dans la région, en devenant les pasteurs locaux, seuls à même de lire les récits de la Bible aux villageois plus âgés.
Complément 2 : le processus de conversion des Tamang au protestantisme
Une grande partie de la population tamang de cette région s'est convertie au protestantisme dans les années 1990. Ce vaste mouvement de conversion d'une population traditionnellement bouddhiste, ayant également recours à des pratiques chamanistes et animistes, est pour le moins étonnante, d'autant plus que les missionnaires, officiellement interdits au Népal, ont été peu nombreux à pénétrer dans cette région. Pour le comprendre, il faut replacer ce mouvement dans l'ensemble des transformations économiques, politiques et culturelles des années 1990. Les connaissances des lamas, prêtres bouddhistes maîtres de maison (et non moines), qui étaient les seuls lettrés du village à savoir lire les textes sacrés (écrits en tibétain ancien), ont été concurrencées par les jeunes instruits ayant appris à lire et écrire le népali : les pratiques telles que faire tomber la pluie, stopper la grêle ont été taxées de pratiques superstitieuses ; les chamanes ont été accusés de coûter trop cher en sacrifices sanglants, leurs pratiques de guérison ont été remises en cause par rapport à l'efficacité des médicaments ; les prêtres animistes ont été dévalorisés par opposition à la « modernité » des jeunes pasteurs instruits, etc. Dans ce contexte, et dans le cadre d'une pluralité religieuse nouvelle au Népal, le message des quelques missionnaires rencontrés en migration a convaincu un grand nombre de se tourner vers la religion d'un Occident qu'ils considèrent comme une réussite économique. C'est aussi sans doute pour les Tamang une manière de contourner la domination et la marginalisation imposées par le pouvoir hindou dominant au Népal (y compris la corvée jusque dans les années 1960) et de tenter d'échapper à une hiérarchie de castes. Les conversions dans la Salankhu et Ankhu Khola ont généralement suivi les transformations décrites dans cet article, et se sont réalisées le plus souvent collectivement dans les hautes vallées où le changement n'avait de sens que collectivement, et plus individuellement dans les basses vallées où les transformations politiques et le processus d'individualisation était le plus avancé. Depuis quelques années cependant, certains chrétiens tamang reviennent vers le bouddhisme, mais sous la forme réformée du bouddhisme theravada - et non plus le bouddhisme tibétain -, épuré des pratiques qu'ils ont considérées comme un syncrétisme de différentes traditions [17].
Conclusion
Les transformations des toutes dernières années sont plus classiques, avec l'arrivée de l'électricité - fabriquée localement par des micro-centrales utilisant la force hydraulique des rivières, ce qui permet tout juste d'obtenir un peu de lumière dans les maisons le soir et de recharger un téléphone, mais pas d'alimenter une télévision ou d'autres appareils puissants -, du téléphone portable, de produits transportés par la piste. Mais le changement majeur, c'est le départ devenu massif des jeunes hommes, surtout les jeunes instruits, pour les pays du Golfe, où ils travaillent quelques années, avant de s'installer définitivement dans les banlieues de Katmandou ou de Trisuli où ils achètent des terres, construisent une maison et envoient leurs enfants à l'école. Les villages se sont donc vidés durablement d'une force de travail importante, remettant en cause une organisation du travail qui repose à présent davantage sur les femmes, qui travaillaient déjà beaucoup, et sur les personnes plus âgées. Il est probable que de nouveaux ajustements soient rapidement nécessaires pour permettre à la population restée au village de traverser ces nouvelles transformations.
Le processus de mondialisation à l'oeuvre chez les Tamang se perçoit donc dans l'introduction d’idées et de produits venus du reste du monde, diffusés par les villageois eux-mêmes de plus en plus mobiles, à la recherche de réponses aux difficultés auxquelles ils sont confrontés chez eux. Le processus de mondialisattion se mesure aussi dans le changement social induit : une communauté devenant société, avec l’émergence de l’individu moderne. Cette mutation se produit ici en une quinzaine d’années, alors qu’en Europe, elle n’est apparue qu’au terme d’un long processus, indissociable de la domination des hommes sur les forces de la nature, et de la différenciation progressive des fonctions sociales. En même temps, s'opère un décloisonnement du village se rapprochant de la ville, non par la construction d’infrastructures, mais par l’émergence de comportements et d’influences nouvelles venues d'ailleurs.
Notes
[6] Pour plus de détail sur ces questions, voir Gellner et Pfaff (1997), Gellner (2007 ; 2009).
Pour compléter
Ressources bibliographiques :
- Bruslé T., Aubriot O., 2012. « Agriculture paysanne népalaise et phénomènes migratoires : de la complémentarité a la rupture des liens ? ». Autrepart , n°.3 / 62, pp.141-158.
- Bruslé T., 2012 a. « Représentations d'un groupe national et insertion sur le marché du travail : le cas des Népalais au Qatar ». Espace, populations, sociétés, n°2, pp.47-58.
- Bruslé T., 2012 b. « What kind of place is this? Daily life, intimacy and the inmate metaphor in a Nepalese occupied labour camp (Qatar) ». South Asian Multidisciplinary Academic Journal, n°6 “South Asians on the move: migratory spaces and place building in the south Asian diaspora”, Varrel A. et Bruslé T. (eds)..
- Bruslé T., 2012. « Geographical, Cultural, and Professional Belonging of Nepalese Migrants in India and Qatar », in Toffin G. & Pfaff-Czamecka J. (eds.), Globalization, Belonging and the Politics of the self in the Himalayas. Delhi, Sage. La table des matières.
- Cortes G., 2000, Partir pour rester : survie et mutation des sociétés paysannes andines (Bolivie),Paris, IRD, 413 p.
- Dobremez, J-F.(ed.), 1986, Les collines du Népal Central, écosystème, structures sociales et systèmes agraires. Paris, INRA, 2 volumes.
- Dollfus, O. 1990. « Le système monde", in Brunet R. (éd.), Géographie universelle. Paris, Hachette/Reclus, Tome I Mondes nouveaux.
- Dollfus, O. 1997. La mondialisation. Paris, Presses de Sciences Po, 167 p.
- Gellner, D. N ., Pfaff-Czarnecka, J. and Whelpton, J. (eds), 1997. Nationalism and Ethnicity in a Hindu Kingdom: The Politics of Culture in Contemporary Nepal. Amsterdam, Harwood.
- Gellner, D. N. 2007, « Nepal: Towards a Democratic Republic: Caste, Ethnicity and Inequality in Nepal ». Economic and Political Weekly. pp. 1823-1828.
- Gellner, D.N. (ed.), 2009. Ethnic Activism and Civil Society in South Asia. Delhi, Sage. La table des matières.
- Gurung, H. 1987. "Factors Influencing Migration in Nepal". Journal of Development and Administrative Studies. 19: 94-124.
- Holmberg, D.H., 1989. Order in paradox: Myth, ritual and exchange among Nepal’s Tamang. Ithaca, Cornell University Press, 265 p. La table des matières.
- Ives, J.D., 1987. « The theory of himalayan environmental degradation : its validity and application challenged by recent research ». Mountain Research and Development. 7 (3), pp. 189-199.
- Ives, J.D. et Messerli, B., 1989. The Himalayan Dilemma. Reconciling Development and Conservation. Londres et New York, United Nations University, Routledge.
- Janin Eric, « Népal : difficile démocratisation sur le toit du monde », Carto n°22, mars-avril 2014.
- Kollmair, M., Manandhar, S., Subedi, B., Thieme, S. 2006. "New figures for old stories: Migration and remittances in Nepal". Migration Letters. 3(2), pp. 151–160.
- Lévy, J., Poncet, P., Beaude, B., Dagorn, R.E., Dumont, M., Ripert, B., Stock, M., Vilaça, O., Andrieu, D., Hurel, K. 2008. L'invention du monde, Une géographie de la mondialisation. Paris, Presses de Sciences Po.
- Mohammad-Arif, A., Ripert, B. (eds.), 2014, « Ideas of South Asia, Symbolic Representations and Political Uses ». South Asia Multidisciplinary Academic Journal. Paris, 10.
- Ripert, B., 1997. « Christianisme et pouvoirs locaux dans une vallée tamang du Népal Central », in Toffin (ed.), Archives de Sciences Sociales des Religions, dossier thématique « Politique et Religion en Himalaya ». Paris, EHESS-CNRS, 99, pp. 69-86.
- Ripert, B., 2003. « Morcellement, privatisation mais nouvelle gestion collective de l'espace et des ressources naturelles sur le versant de Salmé », in Smadja J. (ed.), Histoires et devenirs de paysages en Himalaya. Des exemples au Népal et au Ladakh. Paris, Editions du CNRS, pp. 447-471.
- Ripert, B., 2003. « Si loin, si proche. ». EspacesTemps. net, Mensuelles, 05.10.2003.
- Ripert, B. 2004. "Le 'lama pasteurisé', Vers de nouvelles figures d'autorité religieuse chez les Tamang de l'Ouest", in Bouillier V., C. Servan-Schreiber (ed.), De l’Arabie à l’Himalaya, Chemins croisés en hommages à Marc Gaborieau. Paris, Maisonneuve & Larose.
- Ripert, B., 2006. « Si loin. ». EspacesTemps.net. Mensuelles, 05.04.2006
- Ripert, B., 2013. « Redefining Belonging and Bonds to Territory: Multiple Forms of Mobility and Itineraries among the Tamangs of Central Nepal », in Smadja J. (ed.), Territorial changes, territorial restructurings in the Himalayas. Delhi, Manohar.
- Ripert, B., 2014. "Improbable Globalization: Individualization and Christianization among the Tamangs of Central Nepal", in Toffin, G. & Pfaff-Czamecka, J. (eds.), Globalization, Belonging and the Politics of the self in the Himalayas. Delhi, Sage. La table des matières.
- Sacareau, I., 1997, Porteurs de l'Himalaya : le trekking au Népal, Belin, coll. Mappemonde.
- Sagant, P. 1978. "Ampleur et profondeur historique des migrations saisonnières népalaises", L’Ethnographie. Paris, CNRS, Gabalda, pp. 93-119.
- Seddon, D, Gurung, G, Adhikari, J. 2001. The New Lahures: Foreign Employment and Remittance Economy of Nepal. Kathmandu, Nepal, Nepal Institute of Development Studies.
- Smadja, J. 1995. "Sur une dégradation annoncée des milieux népalais : initiatives villageoises pour remplacer les ressources forestières". Nature, Sciences et Sociétés. Paris, n°3, vol. 3, pp 190-204.
- Smadja, J. (ed.), 2003, Histoires et devenirs de paysages en Himalaya. Des exemples au Népal et au Ladakh. Paris, Editions du CNRS. Compte-rendu par Grégoire Schlemmer in Moussons, 2008, n°12
- Smadja, J. (ed.), 2013. Territorial changes, territorial restructurings in the Himalayas. Delhi, Manohar.
- Thapa, P. 1990. Nepal: Socio-Economic Change and Rural Migration. Delhi, Vikas Publishing House Pvt. Ltd.
- Toffin, G. 1976. "The Phenomenon of Migration in a Himalayan Valley in Central Nepal". Mountain Environment and Development. Kathmandu, University Press, pp.31-44.
- Toffin, G. et Pfaff-Czarnecka, J. (eds.), 2011. The Politics of Belonging in the Himalayas. Local Attachments and Boundary Dynamics. Delhi, Sage Publications. La table des matières.
- Toffin, G. & Pfaff-Czamecka, J. (eds.), 2014, Globalization, Belonging and the Politics of the self in the Himalayas. Delhi, Sage. La table des matières.
Ressources webographiques :
- Nepal Central Bureau of Statistics, Census 2001
- France Diplomatie : présentation du Népal
- Direction générale du Trésor, services économiques à l'étranger : Informations pays, Népal. Des informations sur la situation économique et financière du pays.
- Centre d'Études Himalayennes, le laboratoire de recherches du CNRS
- European Bulletin of Himalayan Research, articles de chercheurs européens en libre accès (1991 à 2013)
- Nepal Research, site de ressources sur les études népalaises et himalayennes
- Contributions to Nepalese Studies : articles en libre accès pour les volumes 1 à 33 (1974 à 2006)
- Nepal Maps, SIG du site Digital Himalaya
- Nepal Maps, cartes de la Perry-Castañeda Library Map Collection, Université du Texas, Austin
Mise en oeuvre en classe :
- Un scénario pédagogique sur le site de l'Académie de Paris, par Jean-Luc Kharitonnoff : Habiter Salmé, 6e
Blandine RIPERT,
CNRS, Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (CNRS-EHESS)
Conception et réalisation de la page web : Marie-Christine Doceul,
pour Géoconfluences, le 4 mars 2015.
Pour citer cet article :
Blandine Ripert, « Un processus de mondialisation observé à l'échelle locale au Népal central : transformations agricoles, économiques, politiques et sociales au bout du monde », Géoconfluences, mars 2015.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/le-monde-indien-populations-et-espaces/articles-scientifiques/un-processus-de-mondialisation-observe-a-lechelle-locale-au-nepal-central