Altérité
L'altérité est un concept culturel qui renvoie à l'autre et à l'ailleurs. Elle s'oppose, au moins sur le plan étymologique, à notion d'identité (ce qui est identique). Elle est une clé de lecture majeure dans la construction de rapports sociaux entre personnes, communautés ou groupes de grande taille, en particulier les rapports de domination. Historiquement, c'est parce qu'un humain est autre, ou construit comme tel, qu'il est possible de le déposséder, de l'asservir ou de l'éliminer. L'altérité est ainsi un ingrédient important de nombreux concepts qui sont eux aussi des constructions sociales : le genre, l'ethnie, la communauté, la race, l'autochtonie... On pourrait dire que l'identité est le regard porté sur soi par soi-même, et que l'altérité est le regard porté par l'autre ou sur l'autre. Elle peut être porteuse de valeur négative ou positive, mais elle nécessite toujours un processus de traduction, c'est-à-dire de transformation de l'information pour lui donner un sens. Cela n'empêche pas les malentendus ou les idées reçues. Souligner l'altérité d'une personne ou d'un groupe peut conduire à son exotisation.
Selon l'Équipe MIT, le concept d'altérité appliqué au champ du tourisme permet « l’exploitation dynamique d’un différentiel d’identité géographique ou social à travers la mise en relation d’un individu avec des lieux ou des individus qui lui sont autres, dans un processus de mobilité. L’altérité est relative à un capital spatial accumulé au cours des déplacements. Elle exprime toutes les facettes de ce qui est autre : divers, disparate, dissemblable, différent, hétéroclite, hétérogène et étranger, voire autrui. Elle s’applique tant aux lieux qu’aux êtres humains. Constitutive des pratiques touristiques, elle implique une rencontre avec un autre soi-même, d’autres lieux, d’autres personnes, d’autres temps, un ailleurs, à la faveur du déplacement. L’altérité des lieux est un élément de définition de l’identité des lieux, laquelle est relative et évolutive (l’altérité des lieux évolue, selon l’accessibilité et les pratiques). Dans le domaine du tourisme, l’ailleurs comme dimension géographique de l’altérité joue un rôle essentiel dans l’imaginaire et la pulsion d’aller dans des lieux autres. »
(ST) janvier 2011, dernières modifications (JBB), novembre 2018, septembre 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Pascal Clerc, « Monastère, agora, forteresse ou nœud d’échanges. Quatre modèles pour définir les relations entre les écoles et leurs environnements », Géoconfluences, janvier 2021.
- Fabienne Joliet et Laine Chanteloup, « Le prisme des représentations paysagères arctiques des Inuits et des Qallunaat : l’exemple du Nunavik (Canada) », Géoconfluences, janvier 2020.