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Carbone (marché, taxe, empreinte, bilan, neutralité...)

Publié le 23/05/2024
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Le carbone est à tous les carrefours, politiques et médiatiques, des questions environnementales. Cela correspond aux dynamiques enclenchées par le protocole de Kyoto et les COP climat, mais aussi (voire surtout), d'une manière souvent plus implicite, à la quête d'indépendance énergétique et au souci d'économiser des ressources épuisables et importées. Les mesures et les dispositifs adoptés à court ou à plus long terme sont appelés à avoir des effets sur les choix individuels et collectifs en matière d'aménagement du territoire, de modes de production et de consommation des États, des entreprises, des collectivités, des particuliers : localisation des ressources, modes de transport et mobilités, etc. Il faut également y voir l'expérimentation de nouvelles méthodes de gouvernance géoéconomique et géopolitique locales, régionales et mondiales.

Le protocole de Kyoto (1997) avait prévu l'organisation d’un marché international de permis d’émission des gaz à effet de serre (GES) sur le principe du « cap and trade » (plafonnement et échange). Parmi les GES, le CO2 est apparu comme la cible prioritaire des politiques de maîtrise climatique à l'échelle mondiale et régionale, ce qui s'explique largement par son importance relative parmi les GES et par les études du GIEC établissant des corrélations entre concentration atmosphérique du CO2 et variation des températures sur Terre. D’autres gaz, comme le méthane, ont un pouvoir réchauffant bien supérieur, mais leur durée de vie dans l’atmosphère est aussi beaucoup plus courte.

Des systèmes d'échange d'émissions de GES ont pu être organisés : les marchés au carbone, qu’on peut qualifier d’« idée d’économiste mise en pratique » (Pottier, 2023, p. 215). L'Union européenne (UE), par exemple, fait figure de pionnière (Tabarly, 2007) avec son Système communautaire d’échange d’émissions de GES (SEQE-UE ; en anglais EU ETS). D'autres marchés, régulés ou volontaires, ont vu le jour en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, aux États-Unis. En fait, les marchés au carbone fonctionnent très peu comme des marchés (Pottier, 2023, p. 219) : il s’agit plutôt d’un « rationnement organisé » (ibid.), des quotas que les acteurs se partagent et dont la quantité émise doit diminuer dans le temps.

Parallèlement à ces marchés, des dispositifs d'incitation/sanction sont apparus, sous diverses formes comme les taxes carbone sur les carburants, les réductions d’impôts au titre des véhicules peu émetteurs de CO2 ou les subventions en faveur des énergies renouvelables, ou à l’inverse des taxes sur les véhicules les plus polluants (Adam, 2024).

Dans ce contexte, chacun, agent ou acteur, particulier ou entreprise, collectivité, etc., est incité à évaluer, à calculer l'empreinte (ou bilan) carbone de ses activités, de ses consommations, en tenant compte du cycle de vie des produits : globalité des filières de production et de leurs intrants, en prenant en compte leurs externalités, le coût des recyclages et traitements de leurs déchets, etc.

La neutralité carbone (compenser les émissions par des captations de CO2) est l'un des principaux objectifs affichés de la transition énergétique, mais elle est aussi le plus contestable dans les faits. Le verdissement (greenwashing) n'est jamais loin et l'atteinte d'une réelle neutralité carbone est rarement prouvée.

(ST) mars 2011. Dernières modifications (JBB), décembre 2023, février 2024.


Références citées
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