Vous êtes ici : Accueil / Glossaire / –cène (suffixe), capitalocène, anglocène…

–cène (suffixe), capitalocène, anglocène…

Publié le 11/07/2024
PDF

>>> Voir aussi : anthropocène ; plantationocène

Le suffixe –cène, du grec καινός (kainós), « récent », est à l’origine accolé au terme ὅλος (hólos) pour former le mot Holocène, qui désigne officiellement l’ère géologique la plus récente (à partir de 12 000 AP).

Le même suffixe a servi ensuite à forger plusieurs mots-valises en variant le radical : l’anthropocène désigne ainsi, pour certains auteurs, l’âge industriel et post-industriel pendant lequel l’humanité a profondément transformé l’écoumène, et plus généralement la planète Terre. Sur le même modèle, les mots plantationocène (Tsing, 2015) et capitalocène (Malm, 2018) insistent sur la dimension économique de ces transformations, et fait le lien entre mondialisation et financiarisation d’une part, et changements globaux d’autre part. C’est également une façon de dénoncer une forme de dépolitisation de l’anthropocène. Le risque est de multiplier les expressions : Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz (2013), constatant que les émissions cumulées de la Grande Bretagne et des Etats-Unis représentent 55 % en 1900, 65 % en 1950 et encore près de 50 % du total mondial, affirment que « l’Anthropocène est un Anglocène » (p.134). D'autres mots-valises fleurissent dans la littérature, comme le chtulucène (Zitouni, 2019), inspiré de Cthulhu, une créature imaginée par l'écrivain américain Howard Phillips Lovecraft.

L’ensemble de ces concepts sont des « récits » (Boursier et Guimont, p. 19, 20 et 23) et sont présentés comme tels par leurs auteurs, dans le sens où ils sont une mise en perspective et en lumière des faits, au regard d’une problématique posée, dans une approche socio-constructiviste, ce qui ne remet pas en cause leur pertinence pour décrire les faits.

(JBB), mai 2024. Dernière modification : juillet 2024.


Références citées
  • Bonneuil Christophe et Fressoz Jean-Baptiste (2013). L’Événement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 304 p.
  • Boursier Philippe et Guimont Clémence (dir.) (2023). Écologies. Le vivant et le social. Paris, La Découverte, « Hors collection Sciences Humaines », 624 p.
  • Malm Andreas (2018). L’Anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital, La Fabrique, Paris.
  • Tsing Anna Lowenhaupt (2015 pour l’éd. originale). Le champignon de la fin du monde, Paris, La Découverte, 2017 pour l’éd. française, 416 p.
  • Zitouni, B., « Explorer le Chtulucène dans les interstices de l’Anthropocène », in Caeymaex, F., Despret, V. et Pieron, J., Habiter le trouble avec Donna Haraway, Bellevaux, Éditions Dehors, 2019.
Affiner les résultats par :