Corvée d'eau
Une corvée d’eau est une mobilité contrainte relevant du travail domestique, révélatrice de la pénurie d’eau. L’expression désigne le déplacement effectué régulièrement pour s’approvisionner en eau à l’extérieur du domicile. Concernant pour l'essentiel les populations des États précaires, ou la frange la plus pauvre des États émergents ou favorisés (camps de migrants, bidonvilles), elle est très majoritairement assurée par les femmes et les filles, qui y passent quotidiennement 200 millions d'heures dans le monde selon l’Unicef (2016). Tout en reflétant les profondes inégalités de développement et d’accès aux services de base (27 % de la population mondiale ne dispose pas de l’eau courante au robinet à domicile, selon l’Observatoire des inégalités en 2024).
La corvée d’eau contribue aussi aux inégalités de genre en réduisant par exemple la scolarisation des filles. On peut établir un parallèle avec la corvée de bois qui permet de collecter le bois de feu encore indispensable à de nombreux ménages dans les pays des Suds pour cuisiner ou se chauffer, avec d’importantes conséquences sanitaires, comme des maladies respiratoires liées à la pollution de l’air intérieur.
Clara Loïzzo, juin 2024.
Références citées
- Unicef (2016) « La collecte de l’eau est souvent une immense perte de temps pour les femmes et les filles », 29 août 2016
- Observatoire des inégalités (2024) « L’accès à l’eau potable dans le monde », 30 janvier 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Blandine Ripert, « Un processus de mondialisation observé à l'échelle locale au Népal central : transformations agricoles, économiques, politiques et sociales au bout du monde », Géoconfluences, mars 2015.
- Lise Desvallées, Anne Rivière-Honegger et Sylviane Tabarly, « Quelles équités pour l'approvisionnement en eau des populations au Maroc ? L'exemple des fontaines à Marrakech », Géoconfluences, octobre 2011.