Courants marins

On appelle courants marins tout déplacement d'une masse d'eau océanique. Ceux-ci peuvent concerner des masses d’eau immenses (cas du Gulf Stream ou circulation de retournement), et avoir des origines variées.

Un courant de marée est, par exemple, un courant causé par le déplacement des masses d'eau au cours du cycle de marée. Un courant littoral ou dérive littorale est un courant créé dans l'eau en bordure immédiate du trait de côte par l'apport d'eau des vagues obliques. Il a pour effet de déplacer les matériaux des plages le long du littoral.

Les vents dominants jouent également un rôle (on parle parfois de courants d’impulsion) : ainsi, ceux de l’océan Atlantique suivent le trajet des alizés, du moins en surface. En profondeur, en effet, la direction des courants se modifie peu à peu et décrit un angle progressif (spirale d’Ekman) par rapport à l’impulsion de surface.

Les remontées d’eau profondes (upwelling) désigne la remontée d’eau froide entraînée par des vents forts qui poussent les eaux chaudes vers le large, libérant l’espace pour la remontée d’eau froide. Les littoraux concernés sont connus pour leurs eaux poissonneuses. Le downwelling désigne le phénomène inverse.

Les courants océaniques planétaires sont donc le résultat du déplacement des masses d'eau océaniques sous l’effet de la rotation de la Terre. Certains se déplacent en surface, quand les masses d’eau transportées sont chaudes, ou en profondeur, quand elles sont froides. Ce sont les mêmes à des étapes différentes : la dérive nord-atlantique, qui prolonge le Gulf Stream, se refroidit et plonge en profondeur dans l’océan arctique, avant de devenir le courant du Labrador, un courant froid qui redescend vers le sud. Les courants forment ainsi une grande boucle dans l’océan mondial : la circulation thermohaline. Celle-ci est engendrée par les différences de densité des eaux de mer liées à leur température ou à leur teneur en sel, d’où l’étymologie du terme (température, « thermo » et salinité, « halin »).

Document 1. La circulation thermohaline

En bleu, les courants froids de profondeur prennent naissance dans les océans Arctique et Austral. Ces eaux profondes s’écoulent le long de l’Atlantique sud et le long de l’Antarctique puis remontent vers les océans Indien et Pacifique. Les eaux remontent en surface, formant des courants chauds en rouge, dont la circulation dépend principalement des vents (circulation atmosphérique), notamment les alizés.

Les courants ont un impact sur les climats littoraux. Les courants chauds venant des tropiques, comme la dérive nord-atlantique du Golfe Stream, baignant la façade atlantique du Portugal à la Norvège, réchauffent sensiblement les littoraux européens. À l’inverse les courants froids, comme celui du Labrador, longeant la façade orientale de l’Amérique du Nord, les refroidissent. De ce fait, alors que New York est à la même latitude que Lisbonne, ou Montréal que Bordeaux, les premières ont des hivers beaucoup plus froids que les secondes, principalement en raison des courants marins. À l’échelle mondiale, les courants sont également en partie responsables de la répartition des écosystèmes marins de surface et donc des zones de pêche.

Dans le contexte du changement global, la circulation de ces courants évolue. Même si les conséquences précises de ces mutations restent encore en partie discutées, de nombreuses recherches montrent qu’elles sont importantes : le probable affaiblissement de la circulation de retournement de l’Atlantique nord au cours du XXI^e siècle aura d’importantes conséquences sur le climat de l’Europe occidentale.

(MCD) juillet 2014, réécriture partielle (SB, CB et JBB), octobre 2025.

Pour compléter avec Géoconfluences

• Jonathan Fieschi, « Les sargasses, un défi pour la Caraïbe », Géoconfluences, février 2025.
• Servane Gueben-Venière, « De l’équipement à la gestion du littoral, ou comment vivre avec les aléas météo-marins aux Pays-Bas ? », Géoconfluences, décembre 2015.

Sur le site partenaire Planet Terre

• Sylvain Pichat, Pierre Thomas, Jean-François Minster, 28 mars 2001. « Les courants thermohalins et les eaux océaniques profondes », Planet Terre. Comparaison des circulations thermohalines et de la formation des eaux profondes dans l'Atlantique Nord, le Pacifique Nord et l'Antarctique.

Pour aller plus loin

• Centre d’information sur l’eau. Les courants océaniques et le changement climatique : quelles conséquences ? 2 Juin 2021
• Bruno Voiturier, « Le Gulf Stream va-t-il s’arrêter et refroidir l’Europe ? », Le Climat en questions (École polytechnique), non daté.