Effet de lieu
Les effets de lieux sont l’ensemble des effets (positifs ou négatifs) qui dépendent de variables spatiales. Ils se pensent à toutes les échelles, et ils correspondent à la part explicative de l’espace dans les faits économiques et sociaux. Les effets de lieu ne doivent pas être limités à une contextualisation des phénomènes, au risque d'une pensée spatialiste ; ils ne sont pas automatiques ni mécaniques, au risque du déterminisme géographique. Ils sont le fruit d’une multiplicité de processus : il convient donc de parler d'effets de lieu au pluriel plutôt qu'au singulier.
Le concept d’effets de lieux a été introduit en géographie dès les années 1980 par les promoteurs d’une géographie sociale. L’ouvrage collectif Géographie sociale (Frémont et al., 1984) affirmait ainsi que la géographie devait tenir compte de « l’effet de lieu, l’effet de classe, l’effet de culture, l’effet de mobilité ». Mais c’est le sociologue Pierre Bourdieu qui en 1993 a théorisé ces « effets de lieu » en les reliant au concept de capital culturel, économique et relationnel. Bourdieu ne parle toutefois pas de capital spatial, une notion amenée en géographie par Jacques Lévy. Toutefois, pour Bourdieu, les effets de lieux font partie intégrante de cette inégale dotation des individus en ressources utilisables culturellement, relationnellement ou économiquement.
Depuis lors, on distingue habituellement quatre grands types d’effets de lieux (Vallée, 2019) : « les normes sociales en vigueur au sein de la population présente, l’exposition à des environnements nocifs (par exemple, violence, pollution), la situation géographique (et par extension la distance aux lieux de pouvoir, d’emploi, d’éducation, de soins etc.) ou les logiques institutionnelles, comme celles qui jouent sur la qualité des services ou la réputation des quartiers ».
(MCD), janvier 2014, réécriture partielle (SB et CB) mars 2024.
Références citées
- Bourdieu Pierre. « Effets de lieux ». In Bourdieu, P., La misère du monde. 1993. Le Seuil. Pages 159–167
- Frémont Armand, Jacques Chevallier, Robert Hérin, Jean Renard (1984). Géographie sociale. Masson, 387 pages.
- Vallée Julie (2019). Les effets de lieu au quotidien. Habilitation à diriger les recherches, Université Panthéon-Sorbonne. Volume 1, 152 pages.
Pour aller plus loin
- Mathis Stock et Léopold Lucas. « Capital spatial. Sept enjeux pour une contribution géographique à la théorie de la pratique de Pierre Bourdieu ». Espaces Temps, 2022
- Catherine Sélimanovski, « Effets de lieu et processus de disqualification sociale », Espace populations sociétés, 2009/1 | 2009, p. 119–133.