Îlot de chaleur urbain
L’effet d’« îlot de chaleur urbain » (ICU) désigne une « sorte de dôme d’air plus chaud couvrant la ville » qui est la « manifestation climatique la plus concrète de la présence et des activités de la ville » (Cantat, 2004, p. 75). La température en ville dépend de la température ambiante de la région, mais elle est augmentée à cause de la forme urbaine, l’architecture, les matériaux utilisés, l’absence de végétalisation (Reghezza-Zitt, 2023). Ainsi, les immeubles bloquent la circulation de l'air, les matériaux de construction emmagasinent la chaleur, que la climatisation rejette dans la rue. Interviennent aussi la circulation automobile, l'industrie, etc. L’ICU est plus important la nuit, car alors que la périphérie se refroidit, constructions et voirie rejettent la chaleur stockée pendant la journée. Il est aussi d'autant plus marqué (ibid.).
L'intensité de l'ICU varie selon la morphologie urbaine, les matériaux utilisés et l'occupation des sols, pouvant atteindre jusqu'à 10°C d'écart avec la campagne environnante lors des épisodes caniculaires (Météo France, 2024). Des chercheurs ont montré qu’à Caen, qui est loin d’être la ville la plus affectée par les vagues de chaleur, les écarts de température mesurée la nuit en avril peuvent atteindre 4,5°C à 3 km de distance (Cantat et al., 2024). L’ICU a des conséquences majeures en matière de santé publique, car il empêche les organismes de récupérer (Reghezza-Zitt, 2023).
Dans un contexte de changement climatique, la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur tendent à augmenter significativement dans tous les scénarios RCP (GIEC, 2021). Combinées à l'effet d'îlot de chaleur urbain, ces estimations posent des risques conséquents pour la santé et le confort des citadins, particulièrement les populations vulnérables (personnes âgées, malades, jeunes enfants). Les villes doivent adapter leur planification urbaine et leurs infrastructures pour mieux s’adapter aux variations à venir et favoriser les îlots de fraîcheur (végétalisation, espaces aquatiques, matériaux réfléchissants…).
Une étude portant sur 42 villes a montré que plus la commune est peuplée, plus elle est sujette à l’îlot de chaleur. Toutefois, de petites villes comme Belfort ou Beauvais sont également concernées. En effet, la densité du bâti n’est pas le seul facteur explicatif de l’ICU. À Paris, le phénomène est très marqué, du fait de la continuité urbaine, avec en outre une hauteur des bâtiments très importante qui freine la circulation de l’air. Inversement, Montpellier est la seule agglomération de plus de 400 000 habitants où l’ICU est négligeable.L’étude montre aussi que pour les communes-centre des agglomérations, la majorité de la population est exposée à un ICU fort ou très fort : Paris a 100 % de sa population concernée, Lille 88 %, Lyon 83 %. La lutte contre les ICU passe par une adaptation des politiques urbaines : politiques des transports, végétalisation de l'espace urbain, limitation des pertes de chaleur du bâti (Reghezza-Zitt, 2023).
(ST). Dernières modifications : (MCD) novembre 2015, (JBB) mars 2023, septembre 2024 (Lucie Kouadria), mai 2025.
Références citées
- Cantat Olivier (2004), « L’îlot de chaleur urbain parisien selon les types de temps », Norois, n°191, 2004, 75–102.
- Cantat Olivier, David Matthieu et Beauvais François (2024), « L’îlot de chaleur urbain à Caen : un phénomène d'intensité et de répartition géographique très variables, sous la dépendance des types de temps », Atlas social de Caen, 11 septembre 2024.
- GIEC, 2021. Changement climatique 2021 : Les bases scientifiques physiques. Contribution du Groupe de travail I au sixième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. IPCC.
- Magali Reghezza-Zitt (2023), « Sociétés humaines et territoires dans un climat qui change. Du réchauffement climatique global aux politiques climatiques », Géoconfluences, avril 2023.
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Météo France (2024), « Dossier de presse : Chaleur en ville ».
Pour compléter avec Géoconfluences
- L'exemple de la politique des toits végétalisés à Chicago : Mathilde Beaufils, Élias Burgel, Julie Chouraqui, Florence Costa, Sarah Dubeaux, Guillaume Frécaut, Luc Guibard, Marion Messador, Emilie Polak, Léo Sun, « Le toit végétalisé, marqueur des dynamiques de distinctions métropolitaines : le cas de Chicago », Géoconfluences, 2015.
- Jean-Pierre Besancenot, Une vague de chaleur meurtrière : les enseignements de l'été 2003 en France, 2004.