Lac
Un lac est défini comme « une étendue d’eau à l’intérieur des terres » par Roger Brunet (1993). En principe, il s’agit d’une étendue d’eau de grande taille, supérieure à celle d’un étang ou d’une mare. Le plus grand lac du monde est le lac Supérieur en Amérique du Nord, dans la région des Grands Lacs ; toutefois, le lac Baïkal, en Sibérie, contient une plus grande quantité d’eau douce, car il est plus profond (jusqu’à 1 940 m).
En principe, l’eau est douce. Si elle est salée, on a tendance à employer le terme de « mer » (par exemple, dans le cas de la mer Morte) mais il existe un Grand Lac salé dans l’Utah. La Caspienne et la mer d’Aral sont considérées comme des mers, même si en termes géophysiques, elles correspondent davantage à des lacs, le critère pour parler de « mer » étant d’être relié à l’océan mondial.
Il existe différents types de lacs, selon leur origine (George et Verger, 2004) :
- Les lacs tectoniques occupant des fossés d’effondrement ou des cuvettes de subsidence ;
- Les lacs glaciaires, qui occupent des zones surcreusées par les glaciers (lacs de cirque, par exemple) ou barrées par les moraines ;
- Les lacs volcaniques, qui occupent des cratères, ou retenus par une vallée barrée par une coulée de lave ou un volcan ;
- Les lacs karstiques, occupant le fond de dolines ou de poljés ;
- Les lacs artificiels, résultant de barrages construits par les sociétés humaines. Ces lacs peuvent être construits pour réguler l’écoulement d’un cours d’eau, pour irriguer les cultures, ou encore pour produire de l’énergie (et ils associent souvent plusieurs de ces fonctions).
Les lacs sont souvent inscrits dans un réseau hydrographique et présentent des mouvements d’eau. Les lacs ont généralement un exutoire en surface ou souterrain (exoréisme). Le lac est dit « endoréique » s’il n’a pas d’exutoire : les apports d’eau ne sont alors perdus que par évaporation ; c’est le cas du lac Eyre, en Australie, par exemple. Le lac est dit « eutrophe » si ses eaux sont verdâtres et qu’il présente un grand nombre de végétaux aquatiques. Le fond du lac est alors souvent couvert de matière organique dépourvue d’oxygène. Les lacs « oligotrophes » sont au contraire dépourvus de végétation aquatique, souvent plus profonds, pauvres en éléments fertilisants mais riches en oxygène. Le niveau d’un lac peut varier selon la dilatation de l’eau, qui varie elle-même avec la température. Il existe également des mouvements d’eau en profondeur, qui peuvent parfois provoquer des catastrophes comme ce fut le cas au Cameroun en 1986 autour du lac Nyos, qui a fait plus de 1 500 victimes, après la libération d’une grande quantité de dioxyde de carbone.
Les lacs sont des lieux d’activités humaines. Du fait de la présence de ressources halieutiques, la pêche y est souvent pratiquée, voire est le support de la vie économique comme autour du lac Victoria (Carnat et Tabarly, 2007). Les lacs peuvent aussi être des espaces agricoles, par la pratique de la riziculture comme dans la région du lac Alaotra à Madagascar (Penot et Rakotoarimanana, 2011). Ce sont aussi des lieux de loisirs et de tourisme. Les aménités paysagères des lacs entrainent aussi souvent une pression foncière sur ses rives, voire de privatisation de celles-ci (Nikolli, 2022).
Certains lacs sont aujourd’hui menacés par les activités humaines qui entraînent une dégradation de la qualité des eaux ainsi qu’une variation de leur niveau, et plus généralement par la pollution. Le lac Baïkal, par exemple, a été fortement endommagé par sa proximité avec les usines à bois. Les usages des eaux qui alimentent les lacs entraînent parfois une diminution de leur niveau, en même temps que le réchauffement climatique accentue le phénomène d’évaporation. L’exemple le plus connu est celui de la mer d’Aral, dont la superficie a été divisée par dix, suite, notamment, au détournement des cours d’eau qui l’alimentaient pour l’irrigation. Le lac Tchad fait aussi l’objet d’une attention particulière. À l’inverse, le niveau de certains lacs augmente, à la suite de l’augmentation des précipitations, dans le contexte du changement climatique : c’est par exemple le cas du lac Baringo, au Kenya.
Céline Massal, septembre 2024.
Références citées
- Brunet Roger, « Lac » (1993), in Brunet Roger, Ferras Robert et Théry Hervé (dir.), Les mots de la géographie. Dictionnaire critique. Reclus, La Documentation française (1re éd. 1992), p. 396.
- Carnat Jean-Louis et Tabarly Sylviane (2007), « La pêche dans le lac Victoria : un exemple de mal-développement », Géoconfluences, janvier 2007.
- George Pierre et Verger Fernand, « Lac » (2004), Dictionnaire de la Géographie, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige (1re éd. 1993), p. 237
- Nikolli Alice (2022), « Le lac d’Annecy, entre images et réalités : approche géographique d’un espace convoité », Géoconfluences, mars 2022.
- Penot Éric et Rakotoarimanana Andriatsitohaina (2011), « Savoirs, pratiques, innovations et changement de paradigme de l'agriculture dans la région du lac Alaotra (Madagascar) », Géoconfluences, juin 2011.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Bertrand Sajaloli, « Mares au diable et marais ensorcelés », Géoconfluences, octobre 2016.