Malédiction des ressources
La malédiction des ressources, ou malédiction des matières premières, désigne l’ensemble des retombées négatives liées à leur exploitation.
Alors qu’intuitivement, on suppose généralement que l’abondance de matières minérales et biologiques génère de la richesse et du développement, c’est parfois l’inverse qui se produit, surtout lorsqu’une seule matière première est localement présente en très grandes quantités (gaz, pétrole, diamants, argent, cuivre, etc.). Parmi les espaces bien pourvus en ressources, certains se sont effectivement développés, au moins sur le plan de la croissance économique (pas toujours sur le plan humain), mais d’autres ont vu leur situation empirer. Par exemple, le secteur de l’énergie peut occuper une place si considérable dans les recettes fiscales et l’ensemble des exportations d’un État que cette manne entrave le développement des autres secteurs d’activités et donc la diversification de la production.
Le syndrome hollandais désigne la façon dont les autres pans de l’économie peuvent connaître un repli sous l’effet d’une rente extractive. La liste est longue des effets négatifs possibles de l’exploitation d’une ressource : accaparement par un groupe social, corruption et recul de la démocratie, exacerbation des conflits armés, intérieurs (entre groupes ethniques, religieux, etc.) ou extérieurs (déstabilisation des voisins), financement des groupes mafieux ou terroristes, destructions de l’environnement, fragilisation des communautés locales et de la capacité des autochtones à préserver leur territoire ou leur mode de vie…
La R.D.C. et ses diamants, la Russie (ou l’Alaska) et ses hydrocarbures, le Tchad ou le Niger et leur uranium, la Nouvelle-Calédonie et son nickel, peuvent être considérées comme touchées par cette « malédiction », certes à des degré divers. Non que la ressource n’apporte aucune richesse, mais cette richesse peut alimenter des processus négatifs pour l’environnement et pour les populations locales, sans que des réels bénéfices en matière de justice sociale et de développement humain ne compensent les dégâts occasionnés.
Plus généralement, la malédiction des ressources pose la question d’un fonctionnement extractiviste de l’économie capitaliste, dans laquelle l’environnement n’a de valeur que marchande, en tant que ressource à exploiter.
(JBB), janvier 2024.
Pour aller plus loin
- Carbonnier, Gilles. « La malédiction des ressources naturelles et ses antidotes », Revue internationale et stratégique, vol. 91, no. 3, 2013, p. 38–48.