Pauvreté et richesse
La pauvreté et la richesse sont toutes les deux l’expression d’une même inégalité économique, le plus souvent de revenu, mais le patrimoine ou l’épargne entrent aussi en ligne de compte. Elles sont deux notions relatives, et elles sont indissociables l’une de l’autre : il n’existe de pauvreté que comparativement à la richesse, et inversement… L’un des instruments de mesure de la pauvreté, le taux de pauvreté, est ainsi construit à partir d’un seuil calculé selon la médiane des revenus (ainsi, en France, le seuil de pauvreté est, pour l’INSEE, un revenu inférieur à 60 % du revenu médian, ce seuil est souvent celui retenu dans les comparaisons internationales). Cette évidence est parfois oubliée dans le langage courant lorsque « la pauvreté » et « la richesse » sont présentés comme des états différents et non les deux extrêmes d’un continuum. On peut toutefois définir une pauvreté absolue qui serait une incapacité à subvenir à ses besoins essentiels. À l'échelle mondiale, la lutte contre cette extrême pauvreté est l'un des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). La précarité est une situation de manque et de fragilité sociale qui peut déboucher sur la pauvreté.
La pauvreté et la richesse sont des notions transversales en géographie : elles sont souvent croisées avec d’autres thématiques comme l’accès à la ressource (eau, énergie), les modes d’habiter (nomadisme, sédentarité, polytopisme…), les conditions de vie et de bien-être (emploi, logement, hygiène, alimentation, santé…) et surtout les logiques de ségrégation. Elles sont aussi situées dans un espace, de l’échelle mondiale (comparaison interétatique) à l’échelle microlocale de l’individu et du foyer, en passant par le quartier, l’agglomération ou la région. La question de l’échelle implique des effets de seuil : on trouvera des inégalités de richesse à l’intérieur d’un quartier pauvre, ou des régions pauvres dans un pays riche. Dans une logique intersectionnelle, l’étude de la pauvreté est souvent croisée avec les questions de discrimination (liées au genre ou à l’assignation raciale par exemple).
L’étude de la pauvreté et de la richesse en géographie ne sont jamais dépourvues d’une dimension politique, au sens d’un engagement en faveur de l’action, puisque s’intéresser à l’une ou à l’autre revient à questionner les écarts économiques entre les individus, les populations ou les territoires, et à suggérer les changements possibles dans les décisions politiques.
(JBB), janvier 2022. Dernière modification : avril 2022.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Clara Loïzzo, « Trente ans après le génocide : un "miracle rwandais" ? », Géoconfluences, mai 2024.
- Fahad Idaroussi Tsimanda, « Migrer pour un bidonville. La vulnérabilité socio-économique des migrants comoriens à Mayotte », Géoconfluences, janvier 2023.
- Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian, « Représenter et découper le monde : dépasser la limite Nord-Sud pour penser les inégalités de richesse et le développement », Géoconfluences, décembre 2022.
- Virginie Chasles, « Les inégalités de santé dans les pays émergents, le cas de l’Inde », Géoconfluences, septembre 2022.
- Boris Lebeau et Marie Redon, « Géopolitique des jeux d'argent : la mondialisation sur le tapis », Géoconfluences, février 2022.
- Lise Desvallées, « La pauvreté énergétique en Espagne : d’un problème social national à une construction politique locale à Barcelone », Géoconfluences, février 2022.
- Les territoires de la pauvreté dans le monde (ENS Ulm 2022), ressources sur Géoconfluences
- Marion Mare, Les territoires de la pauvreté dans le monde (ENS Ulm 2022) indications bibliographiques