Piège de la dette
Le piège de la dette désigne l’idée selon laquelle les prêts consentis par des pays riches et par des institutions internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale) à des pays en développement auraient enfermé ces derniers dans une dépendance vis-à-vis de leurs créanciers et de leurs décisions. S’agissant d’anciennes colonies face à d’anciennes puissances coloniales, on peut y voir une forme de néocolonialisme.
Derrière cette dénonciation, une partie du postulat est avéré : la dette a contraint de nombreux pays à se plier aux politiques d’ajustement structurel imposées par les institutions internationales, contrôlées par les pays du Nord et particulièrement par Washington. Ces dernières sont responsables de privatisation de pans entiers de l’économie, de rétractation des services publics, voire d’une « décennie perdue ». Le piège de la dette est donc partie prenante du piège de la pauvreté.
La question se pose toutefois de savoir si cette stratégie était délibérée ou si les créanciers se sont trouvés eux-mêmes piégés dans leur propre politique de prêts, sans trouver d’autre solution de sortie que lesdites politiques d’ajustement structurel, qui correspondaient par ailleurs à la doxa néolibérale prévalant dans l’ordre financier international à partir de la décennie 1980.
La question du piège de la dette se pose à nouveau à partir des années 2010, mais cette fois à propos de la politique de la Chine face aux pays en situation de précarité, et des prêts consentis dans le cadre des nouvelles routes de la soie (Belt and road initiative, BRI) (Lasserre et al., 2023). Les institutions concernées ne sont plus contrôlées depuis Washington mais depuis Pékin, telle la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures.
(JBB) juin 2023.
Références citées
- Lasserre Frédéric, Courmont Barthélémy et Mottet Éric (2023), « Les nouvelles routes de la soie : une nouvelle forme de coopération multipolaire ? », Géoconfluences, juin 2023.