Pôles, polarisation
En géographie astronomique, les pôles sont les deux points où l'axe de rotation de la Terre passe par la surface du géoïde. Ils sont aussi les deux points où se rejoignent la totalité des méridiens.
L'existence des pôles magnétiques a donné, par analogie, un sens figuré au mot pôle dont la géographie et l'économie spatiale ont fait le plus grand usage : celui d'un lieu qui attire les flux (de capitaux, de population, de marchandises...). L'usage d'un terme de physique et de ses dérivés (polarité, polarisation) pour décrire des faits sociaux peut risquer de conduire à une approche déterministe et mécaniste des phénomènes. La notion de polarité, qui implique nécessairement une attraction et une répulsion, permet de raisonner à partir de modèles qui ne sont pas la réalité, même si l'étude des écarts à ce modèle permet d'approcher une facette du réel. Les emprunts à la science physique se sont étendus aux relations entre le pôle et l'espace qui l'entoure, lesquels peuvent être alors pensées en termes de gravité, selon des modèles gravitaires.
En économie et en géographie, la notion de pôle en est venue à désigner des centres de production ou d'organisation de la production ayant des effets d'attraction et d'entraînement sur les espaces qui les entourent. Les pôles ont vocation à polariser une région, un État, voire l'espace mondial. Selon cette acception, un espace multipolaire est un espace soumis aux effets conjugués de plusieurs pôles. Un pôle ou un ensemble multipolaire contrôle une aire sur laquelle il exerce sa puissance (aire de puissance).
Dans le cadre de la grille de lecture centre-périphérie, la notion de polarisation désigne donc l’attraction qu’exerce un pôle (le centre) sur un ensemble d’espaces sous la domination de ce centre.
Un pôle de croissance repose sur l'existence d'une (ou plusieurs) unité dominante et motrice qui entraîne et favorise le développement économique et la modification des structures de production. Le concept a été développé par l'économiste François Perroux dans le cadre des théories de la croissance et de la polarisation et il s'appuie sur les processus d'impulsion, de diffusion quantitative et qualitative. Ces unités motrices sont localisées ou territorialisées, « agglomérées » à d'autres entreprises sur un territoire, d'où la double dimension économique et spatiale du pôle de croissance. La polarisation « s’opère par concentration de moyens en des points de croissance dans l’espace où irradient ensemble des faisceaux d’échanges » (Perroux, 1955).
La notion de pôle en géographie économique a donné naissance à plusieurs mots ou expressions tels que technopôle, technopole ou pôles de compétitivité.
(Coll.) Mises à jour : février 2014, janvier 2020, avril 2022.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Nicolas Lebrun, « Notion en débat : centralité », Géoconfluences, octobre 2022.
- Antoine Grandclement, « Les pôles de compétitivité : d’une géographie de l’innovation à une géographie de la production », Géoconfluences, décembre 2020.
Liens externes
- Bernard Ellissalde. « Polarisation ». Hypergéo, mai 2004