Résidentialisation
La résidentialisation peut être la fixation dans un espace d'une population mobile, qui devient une population permanente au sens statistique du terme, ou l’essor de la fonction résidentielle dans un espace initialement voué à d’autres fonctions (touristique, agricole, industrielle…). Ce terme recoupe plusieurs réalités distinctes :
- en urbanisme, le fait de donner un caractère privé aux immeubles par l’aménagement de grilles, de jardins, (phénomène de communautés fermées ou gated communities), ce qui contribue à l’appropriation des lieux par les habitants (transformer un immeuble en « résidence »).
- en urbanisme également, la résidentialisation peut désigner une démarche d'aménagement destinée à améliorer l'image d'un quartier et à réduire le sentiment d'insécurité et d'abandon. Pour lui donner des dimensions plus humaines, l'habitat urbain est réorganisé en petites unités résidentielles confortables. En fonction des programmes, diverses options sont envisageables : matérialisation des limites de la résidence ; aménagement d'espaces de transition entre l’espace public, la rue et les parties communes de l’immeuble ; organisation de stationnements réservés aux habitants de la résidence, d'espaces verts, de jeux pour les enfants, etc.
- On parle également de résidentialisation lorsque des populations qui fréquentaient un espace pour des motifs touristiques, affinitaires ou de loisirs, font le choix de s'y installer définitivement. Cela concerne en particulier les espaces ruraux et périurbains attractifs. Observé dans le rural proche (ou le périurbain éloigné) des grandes villes, ce mouvement est moins massif qu’un exode rural inversé, mais il est désormais bien attesté. Il repose sur la recherche d’un foncier bon marché et sur la capacité des personnes à effectuer des mobilités pendulaires longues ou à télétravailler. C’est surtout la recherche d’un cadre de vie, ce qui reflète le retournement plus général des représentations associées aux campagnes.
- Sur le plan paysager, la résidentialisation est une évolution des paysages avec croissance du bâti résidentiel, lotissement des parcelles (c'est-à-dire partage de grandes parcelles en lots viabilisés et destinés à la construction), et parfois mitage résidentiel. Le bâti préexistant (fermes, usines, entrepôts...) peut aussi être réaménagé pour accueillir la fonction résidentielle (habitat, écoles, commerces de proximité...)
La résidentialisation se traduit par des retombées économiques. Les emplois fournis par les services publics, par les services privés à la personne, dans les loisirs du quotidien et dans le commerce de proximité, forment ce qu'on appelle une économie présentielle ou résidentielle. Dans certains cas ce secteur peut devenir prépondérant, la fonction touristique devenant alors secondaire. La gentrification peut parfois être l'une des conséquences à long terme d'une résidentialisation lorsqu'il y a un écart de capital (économique, culturel...) entre les populations arrivantes et celles anciennement installées.
Version d’origine (ST) : 2005. Modifications : (JBB), juillet 2017 ; (SB et CB), janvier 2022.
Pour compléter
- Un exemple localement sur un espace agricole en déprise : Anne Lascaux, « La plaine agricole de Berre : essor et déclin d’un espace productif maraîcher français (années 1970-2020) », carte à la une de Géoconfluences, février 2022.